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d'Hères cedex

alpins en AB nous montrons que, quelles que soient les productions, le passage à l’AB est un processus long qui s’accompagne d’une forte recomposition des tâches et de nombreux apprentissages ganisationnels. Cette recomposition est mise à l’épreuve tout au long du parcours par les valeurs de l’AB, les demandes sociétales adressées aux agriculteurs et les impératifs économiques, Elle s’accompagne d’une activité réflexive sur le métier

eur. L’analyse des cheminements dans l’AB a permis d’identifier différentes évolutions du rapport au métier.

… un prototype d’agriculture pour un Alpes.

B, continue d’encourager le développement de et des points de blocage aux de leurs capacités d’adaptation lors de la conversion et dans leur parcours en AB, n et la diversité des motivations au moment de l’engagement dans l’AB (Lamine et Bellon, 2009). D’autres recherches ont montré que le passage à l’AB relève d’une mprévisibles et d’opportunités qui se Mornas, 2011). Mais peu de travaux ont cherché à naient le sens donné à leur métier par les

pagne de changements dans l’exercice du métier. Pour cela, nous proposons de croiser une analyse du sens du métier à partir de la sociologie interactionniste du travail et du métier (Dubar et

d’agriculteurs biologiques ou qui l’ont été à un interviews ont porté sur le parcours passage à l’AB. Nous avons cherché à les éléments individuels, subjectifs, et les éléments du r cohérence à travers le choix de pratiques, la

professionnel, les relations de travail, la reconnaissance sociale et l’intégration des enjeux sociétaux. des évolutions dans la vision du métier et de son exercice lors du cheminement Ils permettent de montrer les convergences entre pratiques et représentations du métier, les décalages ou les tensions.

Acquis scientifiques

L’analyse des entretiens montre une grande diversité des cheminements dans le passage et dans les formes d’AB pratiquées. Cette diversité est au carrefour de l’histoire personnelle de l’agriculteur, du collectif de travail sur l’exploitation, des interrelations avec l’environnement socio-professionnel et d’évènements prévus ou imprévus dans les trajectoires professionnelle ou familiale. Le passage à l’AB s’accompagne de nombreuses expérimentations individuelles ou collectives, d’un travail conséquent de ré- articulation des tâches et de reconstruction d’une cohérence à l’échelle de l’exploitation. Il nécessite de multiples apprentissages techniques et organisationnels. Les liens des agriculteurs avec des réseaux socio-professionnels jouent un rôle essentiel dans les apprentissages. Quelles que soient les productions, le parcours dans l’AB questionne le sens du métier et le fait évoluer, et l’analyse des cheminements dans l’AB a permis d’identifier différentes évolutions du rapport au métier que nous illustrons par la description de 4 cas :

• Un sens retrouvé : le passage à l’AB permet de résoudre des tensions identitaires générées par le décalage entre les attentes de l’agriculteur vis-à-vis du métier (être autonome, prendre des décisions) et les pratiques, la réalité du métier en agriculture conventionnelle. La figure illustre ce cas de figure avec le parcours de Guy, qui abandonne les productions agro-industrielles pour se tourner vers le bio-local.

Figure : Approche processuelle pour rendre compte des changements dans l’exercice du métier

• Une revalorisation du sens donné au métier : l’agriculteur considère que le passage à l’AB lui permet d’être en phase avec la demande de la filière et les attentes sociétales (qualité du produit, environnement), la vision qu’il a de son métier est ainsi revalorisée. L’apprentissage repose alors sur de nombreuses formations, visites d’exploitation et échanges au sein de réseaux de dialogue.

• Un sens en négociation : souvent dans le contexte d’une forme sociétaire, l’un des membres opte pour l’AB mais pour les autres membres l’AB est un modèle d’agriculture parmi d’autres, pas toujours souhaité. L’AB peut alors représenter un défi technique et économique, un challenge. L’observation, l’analyse des pratiques, l’expérimentation et l’accompagnement par les organisations professionnelles permettent de développer de nouvelles compétences. Le passage à l’AB, sur tout ou partie de l'exploitation, est discuté autour de questions de rentabilité et d’organisation du travail. Ainsi, par exemple, la mise en place des cultures en AB a été acceptée tandis que l’élevage est resté en conventionnel.

• Un sens questionné : c’est le cas des exploitants dont la finalité de l’activité agricole est sous-tendue par une éthique, et qui s’interrogent sur le bien-fondé des politiques incitatives pour favoriser le développement de l’AB. La certification re-présente une étape de leur parcours, en réponse à la demande des consommateurs, qui les incite à aller plus loin dans leur engagement dans l’AB. En participant aux débats professionnels de l’AB, ils s’inquiètent d’une banalisation de l’AB.

Dans les deux derniers cas, on n’est pas loin de basculer vers un autre changement de sens qui est celui du sens perdu, que nous avons également rencontré dans nos cas et qui amène les exploitants à sortir de l’AB (Madelrieux et Alavoine Mornas, 2013). Impact des résultats / applications / résultats opérationnels

L’analyse des parcours permet de souligner l’importance de l’accompagnement dans la durée, non seulement au moment de la conversion mais tout au long du parcours en raison des évolutions des productions, du contenu du travail et des formes de réappropriation du métier. Cet accompagnement pourrait aider le collectif de travail de l’exploitation à prendre la mesure des changements impliqués par le passage à l’AB. Il jouerait un rôle essentiel pour les agriculteurs qui, au moment du passage et dans leur parcours en l’AB, s’éloignent de leurs pairs. Ces résultats plaident pour le développement de dispositifs d’accompagnement multidimensionnels de manière à ce que les agriculteurs puissent trouver les ressources (savoir-faire, débouché…) nécessaires pour évoluer dans l’AB.

Perspectives

Ces travaux ont permis de montrer la diversité des formes de réappropriation du métier. Ils viennent nuancer l’opposition entre une vision du métier : "bio-éthique" versus "bio-conventionnel" (Darnhofer, 2006). Celle-ci n’est pas définie au moment du passage à l’AB mais elle se construit et évolue tout au long du parcours de l’agriculteur, de l’exploitation et de la famille. Un prolongement serait d’explorer d’autres dimensions de la dynamique professionnelle, notamment l’analyse des débats au sein des organismes professionnels de la bio dans un contexte de multiplication des modèles d’excellence en agriculture.

Publications issues de ces travaux

Alavoine-Mornas F., Madelrieux S., à paraître. Passages à l’agriculture biologique : diversité des circonstances et des cheminements. Economie Rurale.

Madelrieux S., Alavoine-Mornas F., 2013. Withdrawal from organic farming in France. Agronomy for Sustainable Development, 33 (3), 457-468. Nettier B., Dufour A., Chabrat S. Madelrieux S., 2012. Conversion to organic farming and consequences on work organization and work perception.

Colloque IFSA

Chabrat S., Dufour A., Nettier B., 2013. Travail et sens du métier : des visions qui changent lors du passage à l’AB. In : ISARA-Lyon (Eds), L'agriculture biologique… un prototype d'agriculture pour un développement durable, 2009-2012. 55-60

Godet J., Mestrallet L., Michaux H.,2013. "Le diagnostic de conversion : un enjeu aux appropriations diverses, étude d’un dispositif d’accompagnement". Enquêtes et ateliers réalisés en 2011 et 2012 dans plusieurs régions. . In : ISARA-Lyon (Eds), L'agriculture biologique… un prototype d'agriculture pour un développement durable, 2009-2012. 61-65

Références citées

Darnhofer I., 2006. Organic farming between professionalisation and conventionalisation: The need for a more discerning view of farmer practices.

European Joint Organic Congress, Odense (DK, 2 p.

http://www.boku.ac.at/fileadmin/_/H73/H733/pub/Biolandbau/2006_Darnhofer_Odense.pdf

Dubar C., Tripier P., 1999. Sociologies des professions. A. Colin, 255 p.

Lamine C., Bellon S., 2009. Conversion to organic farming: a multidimensional research object at the crossroads of agricultural and social sciences. A review. Agron. Sustain. Dev., 29, 97-112.

Lémery B., 2011. Les agriculteurs : une profession en travail. In : Le travail en agriculture : son organisation et ses valeurs face à l’innovation. Béguin P., Dedieu B., Sabourin E. (éds), Paris, L’Harmattan, 85-98.

Madelrieux S., Alavoine-Mornas F., 2013. Withdrawal from organic farming in France. Agronomy for Sustainable Development, 33 (3), 457-468. Pettigrew A.M., 1990. Longitudinal field research on change: theory and practice. Organization science 1 (3) : 267-292.

Session "Trajectoires et conversion"

Résultats

Performance économique sous mode conventionnel et décision de conversion

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