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L’étalement des mises bas : un élément de sécurisation des systèmes ovins-viande biologiques productifs et autonomes ?

PRACHE Sophie

1

, TOURNADRE Hervé

1

, BENOIT Marc

1

, LAIGNEL Gabriel

1

, HOSTIOU Nathalie

2

, CABARET Jacques

3

, SEPCHAT Bernard

1

,

PELLICER-RUBIO Maria-Teresa

4

, BOTREAU Raphaëlle

1

, ANDUEZA Donato

1

1 INRA, UMR1213 Herbivores, Site de Theix, 63122 Saint-Genès-Champanelle ; 2 INRA, UMR Métafort, VetAgro Sup, Campus Agronomique de Clermont- Ferrand, 89 av. de l’Europe, BP 35, 63370 Lempdes ; 3 INRA, UR RiTME, Centre de Recherches de Tours, 37380 Nouzilly ; 4 INRA, UMR Physiologie de la Reproduction et des Comportements, Centre de Recherches de Tours, 37380 Nouzilly

Contact : prache@clermont.inra.fr - 04 73 62 40 63

Résumé : Ce projet consiste en une expérimentation "système" pluridisciplinaire : nous avons mis à l’épreuve du réel, pour les évaluer sur différents critères, deux systèmes herbagers ovins biologiques, productifs et autonomes, dont l’un propose le fractionnement des périodes de mises-bas comme élément de sécurisation face aux aléas. L’hypothèse initiale, formulée par simulation ex-ante, n’a pas été validée. Le système fractionné a permis une meilleure productivité animale, mais les coûts de production, la charge de travail et sa complexité y ont été plus élevés que dans le système autonome. A signaler notamment une moindre récolte de stocks fourragers dans ce système, notamment en 2011 (printemps sec), due à une plus grande difficulté de gestion du pâturage.

Mots-clés : agroécologie, autonomie, ovin, système d’élevage

Projets dans lesquels s'intègrent vos travaux : Projet PERMYSSION-AB du programme INRA-AgriBio3 (2010-2012) : "Gestion des périodes de mises bas pour sécuriser des systèmes herbagers, productifs et autonomes, en élevage ovin allaitant biologique ; ANR Systerra DynRurABio (2011-1014)

Partenaires impliqués : INRA PHASE, UMR Herbivores ; INRA SAE2, UMR Herbivores ; INRA PHASE, UR Physiologie de la Reproduction ; INRA SA, UR Infectiologie Animale et Santé Publique ; INRA SAD, UMR Metafort

Contexte, objectifs et enjeux du travail de recherche

Les évolutions du contexte économique, des préoccupations environnementales et des demandes sociétales renforcent les enjeux autour des systèmes d’élevage herbagers agroécologiques. Ces systèmes cherchent à combiner une productivité animale et une autonomie alimentaire élevées, une faible empreinte carbone et la préservation des prairies. Ils peuvent cependant se révéler sensibles à des aléas climatiques, techniques et économiques (coût des intrants, prix de vente). Nous avons testé si l’étalement des mises-bas pouvait être un moyen de sécuriser de tels systèmes.

Démarche scientifique

Nous avons conçu et expérimenté deux systèmes d’élevage pour évaluer leurs performances technico-économiques, environnementales et de charge de travail. Un des systèmes est très autonome (système autonome, SA) mais sensible aux aléas, l’autre système propose des éléments potentiels de sécurisation face aux aléas (système fractionné, SF). L’approche est pluridisciplinaire et l’évaluation multidimensionnelle. Le système autonome ajuste les besoins des animaux aux disponibilités en herbe, avec 65% des mises-bas en avril et 35% des mises-bas en septembre ; le système fractionné étale davantage les mises-bas au cours de l’année, avec 32,5% des mises-bas en février, 32,5% en avril, 17,5% en septembre et 17,5% en novembre. Chaque système comprend un troupeau de 115 brebis de race Limousine sur 27 ha (57% de prairies naturelles, 14% de prairies temporaires, 22% de parcours et 8% de cultures annuelles – céréales+pois).

Acquis scientifiques

Nous avons rencontré des aléas climatiques, sanitaires, de prédation, ainsi que de réussite de la reproduction à contre saison. Globalement, le système fractionné a permis une meilleure productivité animale (1,46 versus 1,34 agneau produit/brebis/an ; Tableau), en lien avec une meilleure fertilité des brebis et une moindre mortalité des agneaux, mais les coûts de production (charges d’alimentation en moyenne de 46 et 30 €/brebis pour SF et SA respectivement), la charge de travail et sa complexité y ont été plus élevés que dans le système autonome. La marge brute par brebis a été plus élevée pour le système fractionné lors des 2 premières

années, mais plus faible lors des deux années suivantes, et au final en moyenne similaire pour les deux systèmes (75 €/brebis). Des verrous ont été identifiés : i) risques sanitaires et de prédation lors des agnelages à l’extérieur, plus fréquents dans le système autonome et ii) moindre récolte de stocks fourragers dans le système fractionné, notamment en 2011 (printemps sec), en lien avec une plus grande difficulté de gestion du pâturage ; le nombre plus important de lots d’animaux entraîne en effet une diminution du chargement instantané au pâturage, une augmentation du "gaspillage" d’herbe et une plus grande difficulté dans la décision au moment d’affecter les parcelles à la fauche. Au final, l’hypothèse de sécurisation du système d’élevage avec un fractionnement des mises-bas n’a pas été validée.

Tableau : Résultats technico-économiques des systèmes expérimentés

Système Autonome Système Fractionné

Année 2009 2010 2011 2012 2009 2010 2011 2012

Nombre brebis de plus de 12 mois 117 118 116 121 116 120 127 129

Chargement (UGB/ha SFP) 0,75 0,76 0,74 0,72 0,75 0,79 0,81 0,78

Productivité numérique (nombre agneaux/brebis) 1,32 1,26 1,43 1,36 1,34 1,43 1,65 1,41

moyenne 1,34 1,46

Concentrés consommés (kg/brebis) 52 57 71 65 60 70 90 91

moyenne 61 80

Autonomie fourragère UF (%) 92 91 88 89 90 89 72 79

moyenne 90 82.5

Autonomie alimentaire UF (%) 95 95 95 95 95 94 80 86

moyenne 95 89

Total produit ovin (€/brebis) 112 123 130 131 126 141 154 137

dont ventes d’animaux (€/brebis) 95 105 106 109 106 114 133 115

Total charges ovines (€/brebis) 39 40 53 63 41 47 85 84

dont alimentation (€/brebis) 22 26 37 34 25 33 71 56

dont foin acheté (€/brebis) 25 9

dont concentrés achetés (€/brebis) 13 16 18 15 15 21 23 26

dont concentrés produits (€/brebis) 7 9 13 12 8 10 17 14

Marge brute ovine (€/brebis) 73 83 77 68 85 94 69 54

moyenne 75,25 75,50

Marge brute troupeau ovin (€) 8 541 9 794 8 816 8 288 9 860 11 280 8 763 6 966

moyenne 8 845 9 217

Impact des résultats / applications / résultats opérationnels

Même si le mode de production biologique est encore faiblement représenté en production ovine en France, sa progression est importante, et ses principes, ses engagements et ses impératifs économiques liés au coût des aliments concentrés biologiques conduisent à le considérer comme un prototype pour la recherche de l’optimisation de systèmes agro-écologiques durables. La sécurisation des systèmes très autonomes est plus délicate en AB, car les moyens sont plus limités pour faire face aux aléas : i) coût des concentrés qui limite les possibilités de les utiliser en périodes d’aléas climatiques, ii) limitation de l’utilisation des traitements médicamenteux de synthèse, réduisant la marge de manœuvre face à un aléa sanitaire et iii) interdiction des traitements hormonaux, ce qui réduit les moyens de maîtriser la réussite de la reproduction à contre-saison sexuelle (risque d’aléa de fertilité). Dans cette expérimentation, l’étalement des mises-bas n’a pas permis d’apporter d’éléments de sécurisation, mais le système autonome a montré une autonomie alimentaire très élevée et stable (95% ; Tableau). Ces recherches intéressent également l’élevage conventionnel, très consommateur d’aliments concentrés, alors que le prix des intrants augmente fortement.

Perspectives

Cette expérimentation se poursuit jusqu’en avril 2014, ce qui permettra une meilleure robustesse des conclusions liées à la nature et l’importance des divers aléas rencontrés.

Publications

Benoit M., Laignel G., 2011. Analyse sur le long terme de systèmes d’élevage ovins allaitants en France. Quelles trajectoires et quels facteurs de réussite économique ? INRA Productions Animales, 24(3), 211-220.

Benoit M., Prache S., 2010. La production de viande ovine en France. Quels systèmes de production pour quels produits ? In : Muscle et Viande de Ruminants, D. Bauchart & B. Picard éd., Editions Quae, 15-24.

Pottier E., Tournadre H., Benoit M., Prache S., 2009. Maximiser la part du pâturage dans l’alimentation des ovins : intérêt pour l’autonomie alimentaire, l’environnement et la qualité des produits. Fourrages, 199, 349-371.

Prache S., Benoit M., Tournadre H., Cabaret J., Laignel G., Ballet J., Thomas Y., Hoste H., Pellicer M., Andueza D., Hostiou N., Giraud J.M., Sepchat B., 2011. Plateforme INRA de recherches en production ovine allaitante AB : de l’étude de verrous techniques à la conception de systèmes d’élevage innovants. Rencontres Recherches Ruminants, 18, 61-64.

Session " Innovations en élevage" Poster 39

Résultats

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