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GRESSIER Estelle 1 , PATOUT Olivier 1 , HAZARD Laurent

1 AVEM, Cap du Cres, 12100 Millau, 2 INRA-UMR1248 AGIR, 31320 Castanet-Tolosan.

Contacts :

avem12@gmail.com

- 05 65 60 93 31,

hazard@toulouse.inra.fr

– 05 61 28 54 68

Résumé : En janvier 2012, Divherba – Maison de la Semence de l’AVEM – a été créée dans le Sud-Aveyron. Cette action collective vise à gérer ses propres ressources génétiques en matière d’espèces fourragères utilisées sur la zone. En collaboration avec l’INRA, elle met en œuvre un projet de sélection original.

Mots-clés : sélection participative, gestion dynamique, ressources phytogénétiques, maison de la semence, conception innovante Projets dans lesquels s'intègrent les travaux :

Projet Casdar Pro-Abiodiv (ITAB) portant sur le prototypage de la gestion collective et locale de l’agrobiodiversité par et pour l’agriculture biologique et à faibles intrants (2012-2014).

Projet ANR-O2LA Organismes et Organisations Localement Adaptés (INRA) qui étudie les nouveaux modes de gestion de la diversité au sein des élevages (2009-2013).

Partenaires impliqués : Association Vétérinaire Eleveurs du Millavois (AVEM) : E. Gressier et O. Patout - INRA – UMR AGIR, Toulouse : L. Hazard

Contexte

Accroître et organiser la biodiversité au sein des systèmes agricoles est une solution à explorer pour restaurer les services écosystémiques permettant notamment de limiter l’usage des intrants et de renforcer la résilience de ces systèmes aux aléas via la redondance fonctionnelle et l’adaptabilité des espèces cultivées (Lewis et al., 1997; Jackson et al., 2007). Néanmoins, la modernisation agricole, en simplifiant les systèmes, a aussi considérablement réduit la diversité fonctionnelle tant spécifique que variétale disponible pour les agriculteurs engagés en AB.

Enjeux et objectifs du travail de recherche

L’enjeu de ce travail est de proposer un modèle alternatif à celui dominant de gestion des ressources phytogénétiques permettant de créer la diversité des espèces nécessaires à la production agricole sur un territoire, tout en travaillant à leur adaptation à ce territoire. L’objectif du projet est de concevoir et de tester le dispositif permettant cette gestion.

Démarche scientifique

Notre stratégie procède du prototypage. Nous développons une démarche de conception pour créer et faire vivre un artéfact dans le "grand" monde, ici une "Maison de la Semence", en opposition aux études en microcosmes et aux démarches de modélisation. La création et l’accompagnement de cette maison de la semence engendre une production de connaissances et de savoir-faire dans l’action, sur le mode "apprendre en faisant". Cette démarche est participative, il s’agit ici d’une co-conception avec les éleveurs du Sud-Aveyron. Loin de les instrumentaliser, le prototypage de cette maison de la semence se construit pour répondre à leur quête de semences bio, d’espèces plus pérennes, et d’une plus grande diversité dans leurs systèmes fourragers pour augmenter leurs résiliences aux aléas, et à leur désir d’animation sur les fourrages. Pour réaliser ce travail, nous avons adapté au monde agricole la conception innovante formalisée dans le domaine industriel, et plus particulièrement la méthode K-C-P (Lemasson et al., 2009). Nous avons mis en place une chronique de projet pour analyser l’ensemble des connaissances et des transformations produites par ce dispositif. Enfin, un suivi de la dynamique génétique des populations végétales gérées est en cours, mobilisant phénotypage in situ et en jardin commun, et analyse moléculaire.

Acquis scientifiques

La constitution d’une Maison de la Semence au sein de l’AVEM pour gérer collectivement une diversité de ressources génétiques est le résultat d’un travail de conception s’étalant sur 2 ans, allant de l’analyse de la demande à l’explicitation des règles de fonctionnement (Muratet, 2012). Cette maison de la semence fonctionne comme un club où chaque adhérent paie une cotisation et

rémunère le travail de production de semences réalisé par les membres. La semence est considérée comme un bien collectif et elle n’est pas mise sur le marché. Cette organisation regroupe l’ensemble des éleveurs de l’AVEM, soit 140 fermes dont la moitié en AB. Elle est le support à un travail de sélection sur des espèces ou des usages non travaillés par les sélectionneurs privés. Ainsi, nous avons développé un schéma de sélection récurrente, évolutive et participative pour sélectionner des sainfoins et des luzernes plus pérennes en association et au pâturage (Parenti, 2011 ; Hazard, 2012) à partir de populations de pays présentant déjà de bonnes performances agronomiques (Tableau).

Tableau : Production cumulée sur 5 coupes successives (t MS/ha) de mélanges luzerne - sainfoin - dactyle en fonction de l’origine du sainfoin et de la luzerne. Les moyennes ayant les mêmes lettres en exposant ne sont pas

significativement différentes (P>0,05) ; pp : population de pays, pe :population de pays exogène, c : variété commerciale (source : Gressier et al., sous presse)

Sainfoin

pp1 pp2 pe1 se1 c1 c2 c3 moy.

Luzerne pp1 15,6 12,3 12,9 15,0 13,6 12,6 15,3 13,8 a pp2 15,2 12,0 12,8 12,6 14,6 14,8 12,8 14,1 ab c1 11,6 9,9 11,7 10,9 10,3 11,6 11,8 11,2 d c2 12,8 14,2 10,8 11,8 11,2 12,2 13,3 12,3 bcd c3 13,0 11,9 10,7 12,3 13,6 11,7 12,8 12,7 bcd c4 12,1 13,1 12,2 12,8 13,9 16,3 12,8 14,3 ac moy. 12,5 a 12,0 ab 11,1 b 11,7 ab 11,7 ab 11,8 ab 12,6 ab 12,1

En 2012, un mélange de 10 populations de sainfoin et un mélange de 9 populations de luzerne ont été mis en multiplication chez 15 éleveurs. Nous avons également engagé un travail sur les céréales pour un usage fourrager. Si les éleveurs peuvent s’accommoder des variétés commerciales en ce qui concerne l’orge et le blé, nous avons montré que l’offre variétale est inadéquate pour l’avoine et le seigle. Une sélection d’avoine à double fin et de seigle à pâturer est en cours à partir de populations de pays et de ressources conservées dans les banques de graines.

Impact des résultats / applications / résultats opérationnels

La conception d’un mode de gestion dynamique locale des ressources phytogénétiques fourragères, hébergé au sein d’une Maison de la Semence, est une expérience originale démontrant la possibilité de 1) créer des populations de fourragères mieux adaptées à leurs conditions locales d’utilisation, 2) renforcer un réseau d’apprentissage social, et 3) conserver l’agrobiodiversité en la valorisant. Si les populations améliorées ne sont pas transposables à d’autres contextes, en revanche la méthodologie de conception testée ici est généralisable. Un ouvrage s’appuyant pour partie sur cette expérience est en cours de rédaction. Il permettra d’outiller les collectifs désireux de gérer leurs propres ressources phytogénétiques, tant pour la démarche de conception de leur dispositif que pour la gestion de ces ressources.

Ce travail montre aussi à travers l’exemple de l’AVEM que bio et conventionnels peuvent travailler ensemble et converger vers un modèle d’agriculture agroécologique. C’est aussi une logique que nous portons au sein de l’enseignement agricole en valorisant cette expérience par la construction de modules communs entre filières bio et non bio. Loin de dévoyer la bio, ce genre d’initiative vise à faire tomber les clivages psychologiques, et devrait participer à son développement.

Perspectives

Les semences sont un formidable moyen de rassembler autour d’une action collective. Divers acteurs peuvent alors rejoindre la démarche en portant de nouveaux enjeux : enjeux environnementaux, territoriaux, etc. Dans cette dynamique, les pratiques et les systèmes dans lesquels les semences sont utilisées se trouvent questionnés. La perspective à ce travail est, via les semences, d’engager un travail de re-conception des systèmes ovins-lait. L’AVEM et l’INRA se sont associés à de nouveaux partenaires comme le CETA "l’herbe au lait" et le PNR des Grands Causses, pour coupler conception innovante et évaluation technico- économique afin d’engager les élevages dans une transition agroécologique garantissant le revenu des éleveurs (projet SALSA). Pour en savoir plus

Figureau E., 2013. Evaluation et conception de céréales à paille. Mémoire ingénieur ENSAT

Gressier E., LaurentP., ParentiT., HazardL. Produire du fourrage avec des populations de pays : exemple de la luzerne et du sainfoin cultivés à faibles intrants dans le Sud-Aveyron. A paraître dans Fourrages

Hazard L. 2012. Graines de troupeaux. Vidéo de 20 min : http://vimeo.com/49692901

Le Masson P., Segrestin B., Weil B., 2009. A new approach of collaborative innovative design: the KCP experiences. SIG Design Theory of the International Design Society

Session "Semences et sélection" Présentation orale

Résultats Article IA

Quelle(s) sélection(s) du blé tendre pour l’agriculture biologique ? Résultats et perspectives d’un

comparatif avec les performances variétales en conduite "faibles intrants"

LE CAMPION Antonin

1

, OURY François-Xavier

2

, MORLAIS Jean-Yves

1

, WALCZAK Patrice

3

, GARDET Olivier

4

, GILLES Stéphane

4

,

PICHARD Alexandre

4

, ROLLAND Bernard

1

1 INRA, UMR 1349 IGEPP, 35653 Le Rheu ; 2 INRA, UMR 1095 GDEC, Clermont-Ferrand ; 3 INRA, UE Fourrages et Environnement, Lusignan ; 4 Agri-Obtention

Contact : alecampion@rennes.inra.fr - 02 23 48 51 48

Résumé : Pour tirer le bilan de huit années d’évaluation et de sélection variétale en AB, l’étude comparative de la réponse d’une large gamme de génotypes de blé tendre dans une conduite "faibles intrants" et en AB montre l’intérêt en sélection de combiner ces deux conduites pour identifier des variétés mieux adaptées à l’AB.

Mots-clés : sélection, itinéraire technique, blé tendre, rendement, interactions génotype × conduite

Projets dans lesquels s'intègrent les travaux : Innovation Variétale blé tendre INRA-Agri-Obtentions ; Contrat de plan Etat-Région Bretagne

Partenaires impliqués : Réseau ITAB

Contexte

Pour évoluer vers une agriculture durable car productive, il sera nécessaire de mettre en place des systèmes de culture innovants et respectueux de l’environnement pour lesquels la variété sera un des éléments-clés. Cet apport variétal est souvent minoré voire ignoré dans les travaux d’agroécologie. La variabilité des conditions rencontrées en AB nécessite la recherche de variétés adaptées, aux performances stables sous contraintes de facteurs limitants nombreux et variés.

Objectifs et enjeux du travail de recherche

Dans le cadre de son programme de sélection dédié à des systèmes de culture économes en intrants, le groupe d’innovation variétale "blé tendre" de l’INRA mène depuis 2000 des essais de sélection variétale (lignées pures) en AB dans le but de mieux comprendre les interactions entre les différentes conduites testées et de sélectionner puis de proposer des variétés mieux adaptées aux conditions de l’AB.

Démarche scientifique

De 2004 à 2011, nous avons testé chaque année la réponse de 25 à 30 génotypes selon deux conduites et plusieurs lieux, afin d’évaluer si la conduite "faibles intrants" (FI) est adaptée pour cribler des génotypes performants en AB. Cette démarche expérimentale permet d’évaluer l’opportunité ou non de mettre en place un programme de sélection spécifique à l’AB.

Acquis scientifiques

Par l’analyse de 34 essais, soit 17 couples de conduites FI / AB, nous avons montré qu’il y avait une corrélation relativement forte entre les performances des génotypes dans les deux conduites pour des critères importants comme le rendement, la teneur en protéines et le poids spécifique. A défaut d’apporter une information optimale, la conduite "faibles intrants" fournit une bonne prédiction du comportement des génotypes en AB, notamment sur la teneur en protéines, comme l’indique la figure.

L’analyse des mesures de panification de génotypes issus des essais AB révèle cependant une forte variabilité des comportements variétaux quant à l’aptitude à la panification. Certains génotypes panifiables en conditions "intensives" standards perdent cette aptitude en AB alors que d’autres, comme Renan, variété la plus cultivée en AB, affichent des performances élevées et surtout régulières.

Figure : Efficacité de la sélection indirecte pour l’AB en moyenne sur 17 couples d’essais FI / AB pour le rendement (a) et la teneur en protéines des grains (b) en fonction de l’intensité de sélection exercée

(nombre de génotypes les mieux classés conservé lors de la sélection)

Impact des résultats / applications / résultats opérationnels

Nos résultats indiquent que la conduite "faibles intrants" permet de cribler en début de sélection les génotypes prometteurs en AB, notamment sur les critères "rendement" et "teneur en protéines des grains". Ces travaux montrent qu’une sélection indirecte peut être efficace à condition d’éliminer ensuite les nombreux génotypes qui sont impanifiables ou irrégulièrement panifiables en AB. Le passage en AB, au moins en fin de sélection, est donc indispensable pour obtenir des variétés productives ET régulièrement panifiables en AB, ce dernier critère étant capital pour la valorisation du blé tendre par les producteurs.

Perspectives

Dans ce type d’étude, les résultats sont tributaires des séries variétales mises en essai. Les variétés "AB" testées provenaient essentiellement d’Autriche, de Suisse ou d’Allemagne, exprimant rarement toutes leurs potentialités dans les conditions du nord- ouest de la France. Aurions-nous eu les mêmes résultats avec un panel de génotypes issus d’une sélection française spécifique AB (panel encore inexistant en juillet 2013) ?

Publications issues de ces travaux

Rolland B., Le Campion A., Oury F.X., 2012. Pourquoi sélectionner de nouvelles variétés de blé tendre adaptées à l’agriculture biologique ? Courrier de l'Environnement de l'INRA 62, 71-85.

Rolland B., Oury F.X., Bouchard C., Loyce C., 2006. Vers une évolution de la création variétale pour répondre aux besoins de l’agriculture durable ? L’exemple du blé tendre. Les Dossiers de l’Environnement de l’INRA, "Quelles variétés et semences pour des agricultures paysannes durables ?" 30, 79-90.

Autres références sur le sujet

Messmer M., Hildermann I., Thorup-Kristensen K., Rengel Z., 2011. Nutrient Management in Organic Farming and Consequences for Direct and Indirect Selection Strategies. In: Lammerts van Bueren E.T. and Myers J.R. (Eds.), Organic Crop Breeding. Wiley-Blackwell, Oxford, UK, 15- 38.

Przystalski M., Osman A., Thiemt E.M., Rolland B., Ericson L., Ostergard H., Levy L., Wolfe M., Buechse A., Piepho H.P., Krajewski P., 2008. Comparing the performance of cereal varieties in organic and non-organic cropping systems in different European countries. Euphytica 163, 417-433.

Session "Semences et sélection" Présentation orale

Résultats Article IA

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