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Tourbillonnement d’une lecture :

Du miroir au mythe

I- Tourbillonnement d’une lecture :

Un autre roman de Mohammed Khaïr-Eddine : Une odeur de

mantèque paraît ordinaire dans sa forme. Il se compose de trente-trois

chapitres. Aucune titrologie ne leur est attribuée. Un déséquilibre domine quant à la longueur des chapitres. Le nombre de pages varie entre une page pour certains chapitres et onze pour d’autres. Le brouillage générique caractérise de même ce roman mais, d’une manière plus atténuée. Seule la poésie côtoie la narration. Le théâtre est omis de ce roman. Devant cette atténuation du brouillage générique, une accentuation du brouillage sémantique règne dans le roman.

Le récit s’ouvre sur une demande adressée à un miroir. On lui demande de s’asseoir, de regarder et d’écouter. Que cette demande soit à l’intention du miroir ou du lecteur, nous allons nous asseoir car le roman de Khaïr-Eddine exige toutes les acrobaties pour saisir ou du moins lire ce qui paraît illisible.

Le narrateur raconte au miroir comment il l’a obtenu. Le vol est le seul moyen d’obtenir ce miroir car un fkih a expliqué au vieux possesseur du miroir et narrateur du premier chapitre qu’un tel miroir ne doit pas être échangé contre de la monnaie mais doit plutôt être volé. Le vieux s’est soumis aux instructions du fkih et a volé le miroir après avoir tué le marchand.

Un miroir exceptionnel. Il regarde, il écoute et il tombe. Plus précisément, il saute des mains mais il ne se brise pas. Le vieux rétorque qu’il s’agit d’un miroir hanté. Au moment où il prononça ces paroles, « il eut un

sursaut qui lui fit mal aux reins1».

Après avoir relaté l’histoire du vol du miroir au miroir même, le vieux essaye de se rattraper : « Que c’est loin tout ça ! C’est trop loin maintenant. N’en parlons plus. Ou plutôt, effaçons ça une fois pour toutes. Malgré toutes les tentatives visant à détruire l’objet volé, celui-ci demeure résistant et refuse d’obéir et d’être écrasé. Le miroir subit des coups innombrables et le vieux réalise qu’« il lui résiste, (il) (lui) résiste, le fils du djin2». A la prononciation

du mot « djin », le vieux reçoit un coup de poing fulgurant et tombe. A peine relevé, il constate que : « le miroir s’est métamorphosé en une colonne de feu

1 Mohamed Khair-Eddine, Une odeur de mantèque, Ed. Seuil, Paris, 2004, p. 08

qui le dominait de toute sa taille1». La peur l’envahit et la fuite devient son ultime désir, néanmoins, il est secoué dans tous les sens et, une voix lui dit : « Nous t’emmenons,(…)Nous allons te montrer quelque chose dont tu te

souviendras longtemps sale voleur 2!». Le vieux est soulevé pour entamer un

voyage infligé mais il perd connaissance.

Le voyage commence dans ses rêves. Il reprend connaissance et se voit dans un lieu qu’il n’arrive pas à situer : « Etait-ce le paradis ou l’enfer 3?».

Le vieux est paralysé au point de ne pas pouvoir bouger sa paupière. Il n’éprouve aucune terreur devant un spectacle censé être des plus terrifiants : des chauves-souris géantes froufroutent au-dessus de lui sans qu’il arrive à les voir. Un nuage, en s’élevant, fait trembler la salle. Ce nuage est noir et puant. Il se compose de poux rouges et d’un crapaud pustuleux et gluant, grouillant de ces êtres de petite taille.

Ces créatures, qui sont à l’origine du nuage, sautent sur le dos du vieillard. A ce moment, il commence à bouger. Il a mal. Il essaye de se lever mais sans résultat. D’autres crapauds font leur apparition. La source de ces bêtes paraît énigmatique. De la bouche du voleur jaillit la tête des crapauds. Il les crache, entourés de poux rouges et, entre poux et crapauds, une bataille naît et finit par l’extermination de tout sauf des débris du miroir qui gisent parterre. Le vieux les ramasse et les noue dans un vieux mouchoir. Il est désormais conscient de ce qu’il doit faire.

Sa première destination est la montagne, plus précisément le souk. Son objectif est de retrouver le fkih. Il marche en direction de cette montagne mais, plus il avance, plus il se rend compte qu’elle s’éloigne. A ce constat, il regrette le fait de ne pas avoir ramené son ânesse avec lui. L’évocation de sa bête le plonge dans ses souvenirs d’enfance : Sa grand-mère, ses fugues, ses vols,… et à un certain âge, à ses luttes, ses combats, sa participation à des guerres…

Il continue son chemin en avançant vers la montagne mais celle-ci s’éloigne encore. Des chants, plutôt des tintamarres provoqués par des serpents et des cigales les poussent à se demander : « Ne serait-ce pas

1 Ibid, p. 09

2 Ibid. pp.09-10.

Chapitre IV : Du miroir au mythe

voix de l’enfer1? » Ou peut-être : « Ne s’est-il pas trompé de chemin2?».

Certainement pas car la montagne lui apparaît. Il s’agit d’un rocher énorme. Il réalise que c’est une crête qu’il n’arrive pas à bien distinguer. Epuisé, il se permet une pause, puis reprend son voyage. Le chemin devient oblique. Il monte à présent. Il devient un ravin puis le ravin s’estompe pour devenir un précipice puis, un gouffre.

Le vieux renonce au voyage mais non pas à la rencontre du fkih. Deux jours se sont écoulés depuis qu’il a entamé un autre voyage ayant toujours comme objectif, les retrouvailles du fkih. Il s’agit d’un voyage qui se réalise dans son cerveau.

L’aspect énigmatique commence à envahir l’écrit. Ce troisième chapitre se clôt sur un évènement identique à un autre événement du premier chapitre. Le vieux veut à tout prix arriver au souk : « Oui, j’y arriverai, j’arriverai au

souk, certainement. Par tous les Djnouns, j’y…3». Au moment où le vieux

prononce encore une fois le mot « Djnouns » la terre bouge et la montagne disparaît. Les crapauds réenvahissent la présence du vieux. Le voyage est encore raté mais il recommencera certainement.

Apparemment, ce n’est pas uniquement le voyage qui recommencera mais, aussi l’introduction des crapauds dans le corps du vieux. Pour lui, il s’agit d’un châtiment suprême qu’il encourt ou d’une coïncidence diabolique. Ses pensées l’emmènent très loin. Il essaye de trouver une cause au sort qu’on lui a jeté. Egorgeur de femmes et d’enfants, très avare malgré tout ce qu’il possède, haï par les vieilles de son village, ce voleur ne peut avoir un sort autre que celui-ci.

Les crapauds, qui sont à l’intérieur de son corps et qui l’entourent poussent un râle épouvantable. L’assourdissement du râle fait que le vieux se met à vomir n’importe quoi : ce sont surtout des serpents de petite taille. Ceux-ci grossissent au fur et à mesure que le vieux les vomit. Les crapauds se mettent à leur tâche et dévorent les serpents. Ce qui reste de ces petites bêtes grandit et forme une sorte de soleil gisant. Cette source de lumière lui renvoie, non pas des idées ou des pensées, « mais des spasmes de vies désintégrées,

des errements4». Il revoit son village, la montagne, les maisons, les terrasses.

1 Ibid. p.17.

2 Ibid. p.17.

3 Ibid. p.17.

Il est retiré de ses souvenirs par une sorte de cordon qui le cingle : « Il tomba,

se remit vite debout et vit : devant lui, là-même où s’était entouré le soleil de

serpents, se tenait maintenant le fkih- sorcier qu’il avait cherché en vain1 ».

Le fkih retrouvé est décrit comme un sorcier. A la place du turban, il porte une vaste auréole autour de laquelle dansent des oiseaux-mouches, des délires bariolés, des guêpes et des araignées. Sa ceinture est formée d’un grand nombre de scorpions noirs très poilus et de vipères à dards trempés. Quant à son corps : « [Il] rayonnait et dégageait une phosphorescence

inexpugnable2».

Le sorcier étale ses pouvoirs devant le vieux : des jets d’étincelles brûlent la joue de ce dernier, des êtres neufs apparaissent et obéissent aux ordres du fkih présumé. Le vieillard n’est pas impressionné car il ne doute nullement qu’il s’agit bel et bien d’un sorcier. Son apparition reste douteuse pour le vieux, surtout qu’il ne fait que rire bruyamment. Le voleur réplique par des injures qui ne trouvent pas le bout de son gosier. Pour lui, ce sorcier n’est autre qu’un chien d’hyène. Le sorcier lit la pensée de son interlocuteur et au moment où les injures dominent l’esprit du voleur ; « il vomit tripes et

mémoire 3». Toute la florescence du fkih s’anéantit et se dissout et il disparait

laissant derrière lui un grouillement de scorpions et quelques têtes de vipères.

Le vieillard, déçu de la disparition du sorcier, regrette le fait de ne pas pouvoir lui parler. Il veut l’attraper et pour le faire, il prononce les blasphèmes et fait toutes les prières mais, tous ses efforts demeurent inopérants. Ce n’est pas le sorcier qui n’apparaît plus, c’est plutôt un fkih qui se plante devant le vieillard. Une djellaba blanche le couvre. Des insultes s’échangent entre les deux hommes. Et puis, le vieillard sort un mouchoir, le dénoue et étale sur la tête du fkih son contenu : les bris du miroir qu’il a volé. Le miroir se reconstitue. Le fkih le montre au vieux et lui dit : « Vieille

chiffe ; vieil assassin, tu mérites vraiment que je te fasse connaître le paradis et l’enfer4».

Trainé par le sorcier qui obtient une nouvelle appellation « le supervieux », le vieil homme entame une visite du paradis. Les martyrs, les Houris et toutes sortes d’êtres de l’ancien monde et ceux de son village se

1 Ibid. p.21.

2 Ibid. p.21.

3 Ibid. p.22.

Chapitre IV : Du miroir au mythe

retrouvent dans une grande salle, la même salle où il s’est retrouvé avant la rencontre du supervieux. Docile et obéissant, le vieillard suit le supervieux dans cette promenade et à un moment donné, tous deux entendent un éclatement. Le supervieux chante une prière et le vieillard se livre à sa pensée. L’image de son enfance surgit : le supervieux, écrivain public et guérisseur au souk, donne une amulette à la mère d’un enfant malade et lui confie qu’avec ce gris-gris son fils sera protégé de tous les maux : le mauvais œil, les Djnouns, les maladies, les morsures,… Il précise même que cet enfant rêvera de l’enfer sans quitter le monde réel. Cet enfant n’est autre que le voleur du miroir.

Une image des superstitions, des fourberies exercées par l’esprit naïf des femmes villageoises, des moyens de guérison rudimentaires et des croyances ancestrales sont évoqués.

Sans aucune introduction et d’une manière brusque le vieil homme revient. Il est au centre de la narration. Il se rappelle le conseil qu’on lui a toujours donné, « N’approche jamais les Djnouns1». Il n’a jamais pris en considération ce conseil. Il patauge dans la lave des Djnouns. Il a bu de l’eau sale. Celle ayant servi à la toilette d’un mort. Le vieux se demande comment il a pu s’en sortir. Néanmoins, il réalise qu’il n’a pas vraiment échappé au désastre. En se levant, il voit qu’il est en plein contact avec le démon, un contact corporel, plus précisément, un rapport sexuel. L’acte de sodomisation se réalise dans les ténèbres. En luttant, le vieux arrive à se libérer du démon et se lève mais n’arrive pas à se situer. L’obscurité l’entoure et les obstacles s’interposent devant lui. Il n’évolue pas. Il stagne : « C’est atroce ! On dirait

que je ne me déplace pas. Je suis enfermé dans un cercle vicieux […] ce n’était pas un cercle vicieux […] mais un monde sans fin, une immensité sans

pareille […] du noir, toujours du noir2».

Dans ce monde étrange et dans l’incapacité d’avancer ou de recouler, dans une situation où la voix devient muette, le vieux pense à son miroir et regrette de ne pas l’avoir sur lui. A cette pensée, les ténèbres se dissipent et la lumière baigne le nouveau paysage : une lumière jaunâtre, un paysage et des voix étranges. Le vieux qui ne s’est jamais drogué, comprend qu’il est dans le monde des âmes mortes, des hommes dévalisés et désincarnés. Il est dans l’enfer. Une rencontre avec le fkih surprend le vieux. Le sorcier grimace, bave

1 Ibid, p.28

et arrache la peau de son visage et la retourne. Le vieux l’insulte. Le sorcier réagit violemment et lui crache dessus. Il le menace de l’emmener à un endroit où lui seul sera capable de le sauver. Furieux, le vieux essaye de le frapper mais ne saura l’atteindre. Il finit par se raisonner et le suit sans résistance. Le vieux éprouve une certaine inquiétude car il ne sait pas où va l’emmener le supervieux. Ce dernier le rassure : « Allons bon ! Je te mène là

où jamais homme n’a été. Non pas en enfer, non pas au paradis, mais dans une autre texture différente1».

Ces paroles ont relativement rassuré le vieux qui n’a pas cessé de penser à son miroir et de le réclamer au supervieux. Celui-ci lui promet de le lui rendre après avoir visité le monde des Houris. A l’entrée de ce monde un être luminescent responsable de l’entrée, vérifie sur un livre aux tranches dorées, les comptes du vieux : assassin, voleur, menteur, mais pauvre, c’est pourquoi il aura l’autorisation d’accès. Le supervieux intervient et explique que le vieux n’a jamais agi par lui-même et qu’il a toujours été manipulé par le supervieux pour le compte du Grand-Maître. Et c’est grâce à lui que le miroir énigmatique est entre leurs mains. Ce miroir est donné à l’être de lumière qui le prend et se mire.

Le sorcier et le vieux entrent et entament la visite des lieux. Une description détaillée de l’endroit est fournie par le narrateur. Les Houris, les tapis, l’or, les fruits, le vin, la viande, le miel, tout est évoqué.

Le vieux est attiré par un chant du supervieux. Ce chant met en scène un couple d’enfant. Le lieu de l’histoire chantée est l’Espagne. Après quelques détails sur la péripétie, le narrateur annonce « le rêve » que le couple va vivre. Il se tourne d’abord dans un gouffre, se métamorphose par la suite en un nuage. Ensuite, il est dans un palais où on embaume un mort. La salle dans laquelle se déroule l’action est identique à celles des temples les plus noirs. Un voyage mène le couple loin de la salle. En présence d’une mère, d’un grand-père et d’un enfant, le couple est guidé vers une table à la recherche des diamants emportés en Amérique par le père de l’enfant. Le couple revoit le cadavre embaumé sur une plaque de marbre. Il s’agit bel et bien de l’ancien tueur.

Le voyage continue et les lieux se métamorphosent. Le couple traverse une eau roulante et aboutit à une villa. Escortés par des valets, l’homme et la

Chapitre IV : Du miroir au mythe

femme sont conduits vers une grande chambre où d’autres personnes sont présentées, un enfant et sa mère. La mère de l’enfant chante. Le chant ne s’interrompt qu’à la fin de ce sixième chapitre.

Une autre destination interpelle le rêveur au septième chapitre. Il est jeté par une houri dans un lit où : « tout ce qu’ (il) a tenté d’oublier, de passer

sous silence affleure maintenant. Tout dans ce monde, (le) sollicite1».

Le huitième chapitre nous renvoie à un nouveau couple : l’homme rêveur et une femme, suivis par un enfant de sept ans, un autre enfant car le premier est mort.

La femme suivie par la petite ombre humaine effeuille les fleurs, les contemple puis les décrit. Quant à l’homme, rien : « l’homme marchait, un

point c’est tout. Il errait une fois encore2».

Pour le neuvième chapitre, un constat particulier marque son début. Il s’agit d’une insulte émise par le vieil homme à l’encontre du fkih sorcier. La réaction de ce dernier est un chant à travers lequel il étale ce qu’il adviendra du pays du voleur. Tout le pays va trembler. Toutes les armes feront leur apparition. « Les hommes ne meurent jamais, ils marchent3». Le roi suscite la jalousie du diable car il est plus diabolique que lui. Avec ses batailles injustes et non justifiées, sa cruauté démesurée et son oppression exagérée, il pousse le diable à demander ceci à Dieu :

« Pour une fois je veux être de ton avis, roi du ciel et des terres torturées et assassines, j’entends qu’un tel roi meure en ses piètres dédales ! Qu’il lui advienne donc une révolution plus

sanglante et plus dure que la couronne solaire ! Que partout en ses villes brandissent ses têtes d’hydre et qu’on fasse de ses tripes les cordes sûres d’un arc capable de projeter son peuple vers un futur qu’aucun autre peuple ne connut 4».

1Ibid. p.51.

2Ibid. p.52.

3Ibid. p.54.

En rêvant d’un chant, le fkih relate comment Dieu exauce le vœu du diable. Du séisme aux révolutions, tout est infligé au roi et à son pays, le tremblement de terre qui a renversé la ville d’Agadir, les évènements du Rif et de Casablanca, rien n’a échappé au chant du vieillard.

Le dixième chapitre évoque une scène différente de celles évoquées dans les chapitres précédents. Un père et son enfant (le narrateur redevenu enfant) sont sur le chemin. Leur destination est l’école. L’enfant doit passer un examen. Malheureusement, le bus qu’ils ont emprunté ne mène pas à l’école. Ils ont pris ce bus, portant le numéro 08, en sens inverse. Au cours du chemin, le père s’évapore. Le bus s’arrête devant un bâtiment. Toutes ses pièces sont occupées par des menuisiers en plein travail. Un chien surgit du fond d’un couloir. Il tient le bras à l’enfant et lui annonce qu’il est là pour un examen qui n’a pas eu lieu.

Un paragraphe forme le onzième chapitre. Celui-ci expose la situation de la femme villageoise. Elle fait les tâches ménagères, s’occupe du potager, trait les vaches, les brebis et les chèvres, et cède aux caprices sexuels de l’homme. Le narrateur clôt ce chapitre-paragraphe en se demandant s’il peut se souvenir d’un pays qu’il a quitté.

Le chapitre suivant, long de trois pages, rend compte de la mort du voleur, une mort rêvée par le voleur lui-même. Il prétend avoir vu Dieu ou le diable avant sa mort. Il relate comment son fils lui a fermé les paupières et comment sa femme l’a pleuré.

Cependant, le mort est là. Assis sur le tertre, il regarde ses proches qui se prosternent, le bénissent et effacent de sa vie les péchés. Son âme a vu les fossoyeurs enterrer son cadavre. Elle a assisté à son embaumement. L’âme explique que dès que tout est fini et que le mort est bien installé dans sa tombe, on arrache l’âme à la terre, et quelqu’un lui retire le droit à la parole :