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Le temps de la satisfaction : l’exploration du temps libre

Raccrocher après avoir décroché de l’école : le temps au service de la décision

A) Le temps de la satisfaction : l’exploration du temps libre

La première phase qui suit le décrochage scolaire est un temps de satisfaction au sein duquel les jeunes organisent leur temps libre de sorte à épouser les désirs qu’ils nourrissaient antérieurement et que le temps de scolarisation contraignait. C’est un temps où ils découvrent et explorent les avantages d’un temps libre sans contrainte, qui permet de faire face aux sentiments négatifs qui dominent à la sortie du système scolaire. En effet, si le décrochage

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marque la fin d’une période scolaire régie par les sentiments négatifs, il ne marque pas pour autant la disparition de ces sentiments. Rappelons que la décision de quitter l’école se fait au terme d’une scolarité pénible, teintée de difficultés de compréhension, d’un désintérêt pour les enseignements, de multiples conflits avec les professeurs, d’humiliations ou encore de harcèlements de la part des camarades. S’ils quittent donc l’école pour se protéger des jugements négatifs qu’elle produit, ceux-ci ont déjà eu le temps d’agir sur les représentations qu’ils ont d’eux-mêmes. Pendant des années ils ont essuyé, parfois en baissant la tête parfois en s’y opposant, les remarques déplaisantes du personnel éducatif et/ou des camarades, les remontrances parentales, les sanctions scolaires et les notes catastrophiques qui venaient leur rappeler leurs « faiblesses » et leurs « insuffisances » en tant qu’élève mais aussi en tant qu’individu. Leur expérience scolaire a façonné une identité stigmatisée qui a produit des sentiments de honte, de désespoir, de haine et de rage, sentiments toujours présents à la sortie du système éducatif. La grande majorité des jeunes quittent donc l’école en ayant pleinement intégré les jugements scolaires négatifs et avec une estime d’eux-mêmes particulièrement dégradée et négative.

« Et je bossais, je bossais, bossais, il y avait énormément de travail. Je dormais pas, je stressais, j’avais des sales notes ! Je dormais presque plus la nuit, j’étais totalement crevé. Ça me rendait malade, j’en vomissais le matin. Donc là au bout de deux mois, je lâche. J’en pouvais plus. Je pensais au suicide à ce moment-là. Et donc là j’arrête mais après c’était très difficile pour moi. Je suis quasiment en dépression, j’en pouvais plus. Je crois vraiment que j’étais tombé en dépression. » Louis, 20 ans, CEPMO depuis un an et demi

Le quotidien scolaire laisse donc des séquelles identitaires, morales et symboliques qu’il ne faut pas sous-estimer pour comprendre la durée de la séquence de raccrochage et l’articulation des différentes phases conduisant à la décision de raccrocher. Face à ces situations de mal-être il faut de se défaire de ces images négatives et réorganiser une perception de soi plus salvatrice. Or, pendant plusieurs mois voire plusieurs années le retour à la scolarité est incompatible avec cet objectif. Au regard des sentiments négatifs qu’ils en gardent, il est inimaginable de reprendre une scolarité, quelle qu’en soit la forme.

« À la fin de l’année, ils m’ont proposé un redoublement. J’ai pas accepté parce que c’était pas juste. Parce que j’avais des collègues à moi, elles avaient 8 de moyenne et elles passaient et moi j’avais 12 de moyenne et je suis pas passée. J’ai pas accepté du tout, j’ai fait un appel pour le redoublement, pour passer en première. Quand j’ai été voir le proviseur, il m’a donné l’adresse et la date pour le jour de mon appel mais à la fin, quand je suis partie ce jour-là, j’ai vu qu’il

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m’avait pas donné ni la bonne adresse, ni la bonne date. Ça veut dire que mon conseil était déjà passé et que moi j’étais pas là ! Je leur ai dit « non, regardez ma feuille ! ». J’étais vraiment choquée ! (…) C’est volontaire pour moi. Les autres copines, elles ont eu la bonne adresse et la bonne date ! Comment ça se fait que je suis la seule qui a pas eu la bonne adresse et la bonne date ? C’est qu’il y a quelque chose qui va pas là ! (...) Et du coup, je l’ai pas digéré ! Pour moi, le lycée là, je le voyais noir. J’ai détesté le lycée ! J’ai détesté le lycée ! Pour moi c’était hors de question que j’y retourne ! J’étais triste, j’étais toujours en larmes. J’ai pas supporté. C’est pas juste ! C’est pas juste ! [Elle pleure]

Et c’est donc toujours douloureux, des années après. Ouais, c’est encore dur.

Parce que c’est pas juste ! Je peux même plus passer devant le lycée, même pas par cette rue ! Plus jamais de ma vie ! » Farida, 21 ans, E2C Paris depuis 3 semaines

Enserrés dans telles situations, aux prises avec une estime de soi aussi négative, la seule alternative pour les jeunes est de s’éloigner de l’école, de sortir du cadre de socialisation qu’elle impose et de l’identité négative qu’elle leur assigne. Il faut alors mettre le plus de distance possible entre soi et l’univers scolaire.

« J’avais besoin d’air, c’était le manque d’air, j’avais besoin de changer d’air, vraiment. J’en avais le besoin, de changer d’air, j’en avais besoin par-dessus tout ! Par-dessus tout j’en avais besoin ! » Farid, 22 ans, CEPMO depuis 5 mois « Il me fallait une pause. J’étais tellement tendu avant que j’avais besoin de souffler. C’était « stop stop stop il faut que je fasse une pause » ! Vraiment j’avais besoin d’une pause ! Une vraie pause ! » Gaston, 22 ans, CEPMO depuis 5 mois

« Faire une pause pour moi c’était nécessaire. C’est très très dur de continuer alors qu’il y a rien qui nous motive. Que ce soit long ou pas il en faut au moins une parce que le cerveau il a besoin de se reposer quoi. (...) Quand on sort de l’école, qu’on vient tout juste de sortir, on n’a pas eu son diplôme, on peut pas se dire « faut tout de suite que je trouve de travail ». C’est trop dur de se dire ça, pour moi personnellement c’était trop dur. Je préfère me dire « bon voilà j’ai loupé, c’est fini là. Je vais trouver autre chose mais je vais y aller doucement histoire de penser à autre chose (…) Moi pendant les deux premiers mois, je me suis dit non, je veux rien faire ! On m’aurait proposé quelque chose, j’aurais dit « non ! Je veux pas ! ». Maël, 21 ans, E2C Paris, sortie « positive » depuis 10 mois

Si le décrochage se conjugue par définition avec une désertion de la sphère scolaire, cette prise de distance avec l’école n’est pas que spatiale, elle est aussi temporelle. L’emploi du mot « pause » pour qualifier la phase qui suit l’arrêt scolaire est particulièrement révélateur.

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Le décrochage ne se conjugue pas seulement avec une « coupure » spatiale et un éloignement territorial de l’espace scolaire car l’école n’est pas qu’un espace ; elle est aussi une temporalité qui prend le pas sur l’ensemble des univers sociaux des jeunes. Joël Zaffran montre que l’apparition d’une école démocratique de masse va de pair avec une scolarisation de la société qui se traduit par une emprise croissante du temps scolaire sur les temps sociaux des individus (2000 ; 2010). L’école est une institution omniprésente dans le quotidien des jeunes. D’abord, la norme juridique impose un temps scolaire obligatoire et en délimite les bornes temporelles : il faut être présent dans l’espace scolaire à une heure fixe non négociable et attendre la sonnerie qui annonce la fin des cours pour être autorisé à en sortir. Ce temps scolaire formalisé et juridiquement imposé investit une partie importante du quotidien puisque sur une année complète un adolescent passe 48% de son temps au collège (Zaffran, 2000, p.73). Et lorsque les jeunes quittent l’enceinte scolaire, ils ne se soustraient pas encore à l’emprise de l’école. En effet, à ce temps scolaire formalisé qui impose conjointement une temporalité et un espace, se superpose un autre temps dédié à la scolarité mais désolidarisé de l’espace scolaire : il s’agit du temps passé à effectuer les trajets pour se rendre à l’école et en revenir et de celui consacré à réviser ou à faire les devoirs demandés par les enseignants. Si bien qu’au total les jeunes consacrent en moyenne 11h30 par jour à l’école (Ibid., p.74). Pour comprendre la dominance de la sphère scolaire sur le quotidien des jeunes il faut aussi ajouter à ce décompte un autre temps : le temps libre. Alors que par définition le temps libre autorise à « faire les choses tout à loisir » (Ibid., p.95), la maîtrise de ce temps n’est que relative. Les manières de l’occuper sont elles aussi marquées du sceau de la scolarité, de sorte que celui-ci devient souvent un « temps semi-scolaire » c'est-à-dire une plage du temps libre converti en temps scolaire. Le temps accordé à la scolarité ne saurait donc être réduit à un temps de présence au sein de l’enceinte scolaire : il envahit aussi le temps hors de l’école de manière explicite en imposant du travail à la maison et de manière implicite en produisant un cadre de référence qui pousse à l’investissement d’activités orientées autour des impératifs scolaires.

Se défaire de l’emprise de l’école et des images négatives qu’elle renvoie conduit donc non seulement à s’en éloigner physiquement mais aussi à se détacher de toutes formes d’activités qui de par leur organisation ou leurs objectifs rappelleraient les contraintes temporelles et sociales de la scolarité : être ponctuel, se coucher tôt, se lever tôt, se soumettre à des ordres, tenir une cadence, etc. Dès lors, si le retour à l’école est inenvisageable, il est également inconcevable à ce moment-là de se diriger vers des dispositifs d’accompagnement tels que la

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Mission locale - si tant est qu’ils aient connaissance de leur existence - ou encore de se lancer à la recherche d’un emploi.

« Donc là j’arrête, complètement paumée, complètement ! Je savais pas quoi faire, j’étais vraiment mal. Je me disais mais qu’est ce que je vais devenir ?

Donc là tu t’inscris tout de suite à la mission locale du coup ? Non, non, pas

tout de suite. Il me fallait du temps. J’ai attendu quelques mois je crois.

Du temps pour quoi ? Je sais pas… Du temps pour que ça aille mieux en fait. »

Marie, 23 ans, E2C bordeaux depuis 8 mois

La « vraie pause » ou le « besoin de prendre l’air » que réclament les jeunes peut être interprété comme le désir d’accéder à un « réel » temps libre, non soumis de quelle que façon que ce soit à l’éthos du travail scolaire. Décrocher de l’école c’est aussi se soustraire à une temporalité organisatrice du quotidien qui est vécue comme une entrave à la liberté d’action : « l’école pour moi c’était de la prison ! ».

Le détachement de toute temporalité contrainte constitue ainsi une première ressource pour compenser le mal-être qui suit le décrochage. Alors que l’école compartimente les différents temps de vie, planifie le quotidien, la déprise scolaire permet de récupérer une emprise sur le temps et de prendre le pouvoir sur son quotidien. Contrôler les investissements temporels, décider d’agir ou de ne rien faire constitue pour les jeunes la preuve d’une liberté totale. Ils ont le sentiment de maîtriser leur existence par contraste avec l’aliénation et la domination qu’ils subissaient dans l’enceinte scolaire.

« Tu te sentais comment à ce moment-là ? Je me sentais bien ! Ouais, je me sentais bien ! J’étais dans ma matrice ! C’était moi mon propre chef et ça c’est très agréable. » Romain, 20 ans, E2C Paris depuis 3 mois

« Je fuguais, j’allais à Paris pendant je sais pas combien de temps, je revenais, je repartais.

Et tu faisais quoi à Paris ? J’étais chez des amis. Je me couchais super tard et je

me levais le soir, vers 18h. Après je me re-préparais pour ressortir en soirée. On buvait, on écouter de la musique, on fumait.

Et c’est des bons souvenirs pour toi ? Ah oui, c’était bien ! J’avais l’impression

d’être libre ! » Agata, 19 ans, Épide Bordeaux depuis 5 mois

« Je voyais mes copines, je faisais que dormir et sortir avec mes copines. On

s’enfuyait ! On allait à Lyon, au Cap d’Agde, on allait un peu partout ! On était des aventurières ! On se sentait vraiment comme des aventurières !

163 C’est un bon souvenir du coup cette période ? Les voyages, ça oui. Je regrette

pas ! J’allais partout et ça je regrette pas. » Mathilde, 19 ans, Épide Bordeaux, abandon, sortie depuis 4 mois

Cette maîtrise du temps leur donne les moyens d’étayer positivement leur nouvelle identité de décrocheur. Ils ont l’impression de devenir des jeunes authentiques car libres de s’inventer, de se construire en dehors des sentiers battus par les normes scolaires ou sociales. Cette maîtrise du temps leur permet de revêtir le costume du rebelle hédoniste qui ne craint pas de défier l’école pour devenir lui-même. La dissidence scolaire devient donc salvatrice car la cause qu’elle sert paraît juste : affirmer son individualité et revendiquer son indépendance. Dans une culture jeune qui valorise l’expérimentation et la quête du soi véritable, rompre avec toutes formes d’activités contraintes, braver les normes, profiter intensivement du moment présent en allant à la recherche de plaisirs immédiats (Barrère, 2011) permet de valoriser son statut de décrocheur, notamment auprès des amis restés à l’école.

« Après pendant 5 mois je fais rien. Je foutais vraiment rien !

Et tu te sentais comment à ce moment-là ? Au début ça allait. Ouais, au début

franchement j’étais bien, j’aimais vraiment bien. Je faisais le rêve de tous les enfants !

C’est quoi le rêve de tous les enfants ? Bah d’avoir des vacances pendant je sais

pas combien de temps ! » Paolo, 19 ans, E2C Paris depuis 2 semaines

Si cette mise à distance de toutes formes d’activités contraintes leur donne la possibilité d’organiser leur journée comme bon leur semble, tous choisissent en définitive la même option : « ne rien faire ». Il faut toutefois rappeler la prégnance du temps scolaire sur les temporalités sociales et individuelles pour comprendre ces affirmations. Ne « rien faire » n’est pas une manière de décrire un temps qui serait « creux », au sein duquel ne se déroulerait aucune activité sociale et subjective. Par cette expression, ils soulignent que leurs activités ne s’organisent plus autour de la scolarité et qu’elles ne sont plus encadrées par quelle qu’institution que ce soit.

« Je suis resté un an à rien foutre, j’avais envie de rien. Vraiment, rien du tout !

Rien foutre, ça veut dire quoi ? Bah je faisais rien !

C'est-à-dire ? C’était quoi une journée type à ce moment-là ? Je me lève, il est

14h. Je me barre. Je reviens et il est 6h du matin.

Vous vous barrez où ? Je trace ! À ce moment-là on était beaucoup qui faisait

rien donc c’était facile. Des soirées… Pleins de soirées !

Donc beaucoup de sorties ? Oui des sorties et du repos. Je crois que je me suis

jamais autant reposé dans ma vie ! » Rémi, 21 ans, Épide Bordeaux depuis 8 mois

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Alors qu’ils affirment qu’ils « ne font rien », on observe que deux activités principales structurent bel et bien leur quotidien : le sommeil et les pratiques festives. Si de prime abord de telles activités paraissent n’avoir aucune consistance sociale, qu’elles prennent l’allure d’une vacuité fort peu rentable, elles jouent pourtant un rôle à part entière dans le processus de raccrochage car elles fournissent aux jeunes diverses ressources pour faire face aux sentiments négatifs qui suivent le décrochage.

En premier lieu, ce temps libre devient un temps de satisfaction car il est aussi un temps de récupération. De par son emprise sur le quotidien, l’école provoque une charge cognitive importante, qui épuise. Même si celui-ci peut paraître peu louable au regard des impératifs sociaux de performance qui imprègnent l’hypermodernité et qui prohibent l’inactivité, le temps libre auquel les jeunes ont désormais accès a un objectif central : se reposer.

« Et donc après il se passe quoi ? Je dors, tout simplement.

Vous dormez ? Ouais ! Dormir. J’aime bien dormir. Dormir…dormir de longues

durées. Dormir, dormir ! Que ça !

Que ça ? Ah mais moi j’étais fan du lit madame, je vous le dis direct ! Moi je

l’aime le lit ! Je suis amoureux ! » Cédric, 23 ans, E2C Paris depuis 7 mois

Il faut insister sur le fait que ce temps de repos est apprécié car il est perçu comme un temps conquis et non subi. Les jeunes considèrent en effet que celui-ci est amplement mérité au regard des épreuves scolaires qu’ils viennent d’affronter. Et puisqu’il a été conquis, ils peuvent en disposer à leur guise, sans sentiments de culpabilité.

« Quand j’ai arrêté, j’étais KO. J’ai voulu prendre des vacances. Des longues vacances qui étaient bien méritées Et donc là j’ai passé mes journées à sortir, à picoler, à m’enfumer le crâne, à me défoncer, à faire que ça ! » Tom, 26 ans, E2C Bordeaux depuis 8 mois

Outre un temps de récupération qui passe par le sommeil, ce temps libre est également un temps d’évasion qui vise le repos cognitif. Les pratiques festives et les excès qui les accompagnent souvent permettent de fuir les différentes injonctions qu’ils n’ont pu tenir et l’image de soi malheureuse que la défaite scolaire leur renvoie. Comme le souligne Dagnaud, la fête et la « défonce » permettent une déconnexion fugace et jouissive de la réalité sociale : « les saisons s’égrènent et pendant ce temps des adolescents et posts-adolescents s’étourdissent de musique, d’alcool et de drogues dans d’interminables virées nocturnes où les chaos de la planète ne les atteignent pas. Ils se sont bouchés les oreilles, ont détourné le regard. Leur esprit vole ailleurs » (2008, p.11).

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« C’était quoi une journée type à ce moment-là ? Je me réveillais tard, je me couchais tard, je sortais, j’allais voir des amis et je m’ambiançais.

Tu t’ambiançais ? Ouais, genre, je buvais de l’alcool et tout, je fumais. Je

rentrais chez moi, je dormais mais des fois je rentrais pas chez moi, je dormais chez des copines à moi. Et ainsi de suite. Après, c’était lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche. J’allais en boite tous les jours mais tous les jours ! Vraiment, tous les jours. Tous les jours. C’était que ça ! » Bahya, 20 ans, E2C Paris depuis 6 mois

« Tous les soirs je me foutais la tête en l’air avec tous mes potes. La fête tous les jours. J’étais pas net, je me mettais la tête complètement à l’ouest ! Je rentrais juste pour prendre ma douche, manger et dormir. Et manger ça devenait de plus en plus rare. Parce que je me nourrissais que de liquide. Que de l’alcool et des stups ! » Alessandro, 19 ans, Épide Bordeaux depuis 3 semaines

Ces pratiques permettent d’ouvrir une parenthèse dans le monde social et de mettre à distance tous les impératifs qui y sont associés. La fête s’inscrit pleinement dans une logique de fuite et de mise à l’abri tout en marquant l’investissement du temps présent. Le quotidien n’est planifié d’aucune sorte : il n’y a ni réveil, ni planning, ni projet à court, moyen ou long terme. Les journées n’obéissent à aucune forme de structuration. L’unique souci des jeunes est de gérer l’instant présent en faisant de la spontanéité le principal ressort de l’action.

« Je me disais « mon avenir c’est aujourd’hui. Demain, c’est aujourd’hui,