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Le temps de la décision : quand Chronos rencontre Kaïros

Raccrocher après avoir décroché de l’école : le temps au service de la décision

D) Le temps de la décision : quand Chronos rencontre Kaïros

Cette quatrième phase s’ouvre sur une période de doutes qui se transforme rapidement en une période de crise. Le malaise est omniprésent et les questionnements sont nombreux et souvent douloureux car ils imposent un retour sur soi et des projections dans l’avenir dont les jeunes préféreraient se passer tant ils sont sources d’incertitudes. Loin de les apaiser, ce double mouvement de retour sur les trajectoires passées et d’appréhension de l’avenir provoque des angoisses et de la frustration. Certes, de tels sentiments ne sont pas nouveaux et sont souvent présents bien avant le décrochage. Mais ils prennent alors une acuité nouvelle car les jeunes ont tenté de les combattre. Depuis leur décrochage ils ont mis en œuvre diverses stratégies

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pour échapper à l’emprise de l’école sur le quotidien, sans qu’aucune des voies empruntées n’aient apportées les satisfactions escomptées. Ils sont donc à nouveau prisonniers de leur statut de décrocheur mais ils ont désormais épuisé les ressources à disposition pour tenter d’occuper le quotidien et pour lui donner un sens, si bien que l’espace des possibles s’est considérablement restreint depuis leur décrochage.

« À la fin, j’étais arrivé à un moment… Ma mère elle me manquait. Franchement, je pensais même au suicide. Je voyais pas du tout comment je pouvais m’en sortir. Je voyais pas du tout, pas du tout, pas du tout. Vraiment pas. J’étais là, je me suis dis « voilà, j’ai arrêté l’école, ma vie elle est foutue ». Bachir, 21 ans, E2C Paris depuis 7 mois

Cette phase correspond pleinement à ce que Catherine Négroni qualifie de « latence » et qui se caractérise par des moments « d’hésitations, de flottements, d’incertitudes (…) C’est un moment caractérisé par des doutes que l’on peut expliquer par la difficulté à « sauter le pas ». (Négroni, 2009, p. 176). Les jeunes questionnent leurs différentes insertions dans leurs réseaux sociaux, leurs projets, leur avenir et la crise ressentie contamine l’ensemble des domaines d’existence provoquant un « recouvrement de contextes » (Grossetti, 2006, p.16).

« Je me sentais hyper mal, je savais plus qui j’étais. Franchement, j’étais en perte d’identité de moi-même, je savais plus qui j’étais ! Je sais même pas… Je savais plus qui j’étais. Je me remettais en question souvent, je me posais des questions sur moi-même.

C’est quel genre de questions qu’on se pose ? C’est euh, « qu’est ce que je ferai

dans la vie ? Qu’est ce que je serai ? Est-ce que je ferai quelque chose de bien ou est-ce que je finirai mal ? » Des questions comme ça ou aussi « est ce que je sers à quelque chose » ? Samuel, 19 ans, Épide Bordeaux, sortie « positive » depuis 4 mois

« Des fois je dormais pas de la nuit, je passais mon temps à réfléchir : « Mais qu’est ce que je vais faire plus tard ? Qu’est ce que je vais faire ? » Parce que voilà, il y a ma mère qui m’attend au Maroc, mes sœurs. J’ai pas quitté mon pays et ma famille pour rester dans la maison. Rien que d’y penser là…Des fois même quand j’allais à Toulouse voir des amis j’allais avec eux dans les bibliothèques ou à la fac et ils me disaient « il faut faire un truc, il faut faire une formation ». Parce qu’ils me connaissaient avant, ils m’ont vu comment je suis devenu après parce que je suis quelqu’un qui aime bien rigoler avec tout le monde, je suis quelqu’un d’ouvert mais après ils ont vu que j’avais changé. J’avais pas le moral. J’avais la barbe jusque là, j’allais même plus chez le coiffeur. » Ali, 21 ans, microlycée d’Agen depuis 3 mois

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Dans ce moment de « latence » où s’effondrent progressivement les certitudes passées, l’action est en suspension. Les ingrédients proposés par les expériences passées et qui ont poussé au décrochage s’entrechoquent avec ceux qui émergent de chacune des phases qu’ils viennent de traverser et qui poussent au raccrochage. Or, en se croisant, ces deux types d’ingrédients de l’action - ceux qui sont en faveur du décrochage et ceux en faveur du raccrochage - s’annihilent réciproquement, figeant les possibilités d’action. C’est dans ce contexte-là que l’avènement d’un événement relativement anodin conduit à évacuer l’un ou l’autre de ce type d’ingrédients de l’action, et permet de sortir de l’état d’indécision.

« À un moment ça m’a saoulé ! Je commençais vraiment à péter les plombs ! J’en avais marre de rien foutre ! Arrivé au bout d’un an je me suis dit « je suis au chômage, j’ai rien branlé ! Je vais devenir un putain de cassos ! ».

Mais pourquoi la croix [sur le dessin] vous la faites là et pas là ? Parce qu’en

fait… ce jour-là exactement, j’ai repris contact avec ma marraine. Voilà.

Et votre marraine elle vous dit quoi ? Ma marraine elle m’a demandé ce que je

faisais et je lui ai dit que j’étais au chômage, que l’école ça avait jamais fonctionné. Elle m’a dit « ça serait peut-être bien que tu t’actives à trouver une formation ou alors carrément retourner dans un lycée ». Je lui ai dit clairement que le lycée c’était plus pour moi. Que moi non, ça allait clasher. Mais du coup, je me suis remis à la recherche et là j’ai trouvé une formation.

Et pourquoi le fait de discuter avec votre marraine ça a déclenché cette volonté ? Je sais pas. Mais ça a été un élément déclencheur dans ma vie. Ca m’a

vraiment bouleversé. Je l’ai eu le matin au téléphone à 7h30, et bah à 8h30, j’avais CV, lettre de motiv’ et j’étais parti ! » Alessandro, 19 ans, Épide Bordeaux depuis 3 semaines

« Et puis à un moment, j’ai dit « non ! Stop ! C’est plus possible ! »

Et pourquoi à ce moment tu te dis « non, c’est plus possible » ? Pourquoi ça intervient là et pas là [sur le dessin] ? Tu vois ce que je veux dire ? Ouais, c’est

vrai. Je vois.

Il s’est passé quelque chose ? Franchement, c’est ma mère. Elle m’a pris la tête,

elle me disait qu’il fallait que je fasse quelque chose ! « C’est pour ton bien » et à un moment ça m’a fait réfléchir ! J’ai dit « je peux pas rester comme ça » ! J’ai trouvé qu’elle avait raison !

Avant elle te le disait pas ? Si, elle disait « trouve une école » ! Mais je m’en

foutais ! Tellement on m’avait mis dans couture alors que je voulais être coiffeuse !

Et pourquoi là tu t’en foutais pas ? Je sais pas... Parce que là ça m’a fait

réfléchir… Là, j’ai réfléchi ! » Souria, 19 ans, E2C Paris depuis 7 mois

Des événements de toutes natures et souvent peu signifiants en eux-mêmes sont susceptibles de produire le changement de séquence. Leur seul point commun est leur impact majeur sur le

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processus : qu’il s’agisse d’une conversation, d’une dispute, de l’obtention d’un diplôme par un frère, du mariage d’un cousin, de la mort d’un animal de compagnie, tous ces événements provoquent la mise à distance critique de sa situation. L’analyse du contenu de ces évènements n’a donc que peu d’intérêt d’une part car ils ne sont pas porteurs d’un sens objectif qui permettrait spontanément de les associer au raccrochage et d’autre part car leur appréhension par les jeunes est variable selon leur contexte d’émergence. Si Alessandro avait reçu un coup de fil de sa marraine quelques jours après qu’il ait quitté l’école, il est fort probable que celui-ci n’aurait pas déclenché la prise de décision. Ce n’est donc pas aux caractéristiques propres de l’événement qu’il faut s’intéresser mais à sa rationalisation c’est-à-dire aux manières par lesquelles il est approprié et incorporé au processus de raccrochage ; une opération subjective que Deleuze appelait la « contre-effectuation de l’événement » et dont la définition qu’il proposait est complétée par Négroni : « Face à l’effectuation objective de l’événement, l’individu humain double ce qui s’est passé par une autre effectuation qui ne garde de l’événement que le sens. Ce n’est pas directement de ce qui arrive objectivement que nous pouvons tirer quelque chose pour définir notre comportement : « Contre-effectuer l’événement, c’est trouver le sens de notre propre devenir par rapport à lui » [Deleuze, 1997] » (Négroni, 2009, p.181).

Quelle que soit la nature objective de l’événement, son pouvoir décisif sur le processus est donc dépendant de la manière dont il est appréhendé. Or, ce travail de rationalisation de l’événement conduit tous les jeunes à lui imputer le même sens subjectif : ils transforment cet événement objectivement banal en Kaïros. Kaïros est tout à la fois l’à-propos, l’occasion, l’émergence ou l’opportunité. Cette dimension particulière du temps fait référence à un dieu ailé de la mythologie grecque que l’on présente sous les traits d’un jeune homme se distinguant par une abondante chevelure située sur le devant du crâne et par ses déplacements particulièrement rapides. Se saisir de Kaïros, dieu « du moment opportun », réclame à la fois qu’il soit à proximité, qu’il puisse être vu par les individus et que ceux-ci soient en mesure de saisir sa chevelure afin d’arrêter sa course. Stopper le déplacement de Kaïros n’est donc pas aisé car comme l’écrit Isabelle Châtelet « si Kaïros est dans le temps, en Kaïros il y a peu de temps » (2010, p.67).

Un certain nombre de conditions doivent donc être remplies pour que le travail de rationalisation conduise à transformer un événement banal en Kaïros. Comme le précise Marc Bessin, si « l’occasion a été saisie, si ce moment opportun a été choisi parmi d’autres, c’est que, consciemment ou non, des différenciations, un tri et des priorités ont été effectués »

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(1998, p.64). C’est ici que la rencontre de Chronos et de Kaïros est décisive car si Kaïros déjoue la linéarité de Chronos, c’est bien Chronos qui va autoriser l’émergence de Kaïros dans le parcours. Alors que Kaïros représente la figure du temps court qui agit, provoque et date la réorientation des parcours, Chronos personnifie le temps dans sa dimension purement chronologique et représente ainsi la figure du temps long. Or, Chronos permet l’installation de conditions propices à l’apparition de Kaïros et à son saisissement par les jeunes. En effet, c’est parce que le temps long du parcours a permis l’apparition d’ingrédients du raccrochage que l’événement a un tel impact sur le processus. Si les jeunes ont la possibilité de voir Kaïros et de s’agripper à lui c’est qu’ils ont auparavant exploré et éprouvé leur temps libre, que l’incompatibilité du statut de décrocheur avec les impératifs sociaux leur a été rappelée à maintes et maintes reprises, qu’ils ont tenté sans succès de s’insérer sur le marché du travail ou qu’ils ont obtenu un emploi qui n’a pas permis de rassurer l’estime de soi. Dans tous les cas, leurs différentes tentatives pour donner un sens à leur quotidien en échappant à l’emprise de l’école ont échoué, et chacun de ces échecs a donné lieu à la naissance d’un ingrédient du raccrochage.

En outre, Chronos contribue à faire émerger au fil de cette séquence des sentiments « d’anormalité » qui sont autant d’ingrédients du raccrochage. La « police des âges » assurée de façon explicite par l’État et de façon implicite par la famille et les pairs fixe un ordre biographique et un calendrier social à respecter (Zunigo, 2013, p.229). À chaque âge de la vie correspond ainsi une étape marquant le déroulement « normal » du parcours biographique : avoir un diplôme, avoir le permis, obtenir un emploi, avoir son propre logement, se mettre en ménage, se marier, avoir un enfant, etc. Ainsi, à mesure que le temps passe, les décrocheurs constatent qu’ils sont « en décalage » avec ce programme biographique alors même qu’ils aspirent à s’y soumettre, ce qui les a notamment conduits à tenter de s’insérer sur le marché du travail, sans succès. Ce faisant, plus le temps passe, plus le retard pris sur le calendrier social est important et plus l’inactivité est vécue douloureusement :

« J’avais envie d’avoir le permis. Je voyais mes copines qui réussissaient à l’école, qui avaient leur BEP et même pour certaines le bac et même des appartements. Là je me dis il faut que je fasse quelque chose, il faut que je me bouge, je peux pas rester comme ça ! Je partais voir mes copines « et tu sais quoi ? Je viens d’avoir le bac ! », « et moi j’ai eu mon permis ». Et là, on se dit « ah ouais, elle elle a quelque chose, elle a fait quelque chose, elle a travaillé pour et pourtant, on était dans la même classe, on a fait les même choses, mais elle elle a réussi et pas moi ». Et là à ce moment-là, je me dis « c’est moi, c’est moi qui ait merdé en fait ». Donc je réfléchis beaucoup, je me pose des

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questions, j’essaie de comprendre. En fait, dans ma tête je me dis « à ce moment là normalement je devrais avoir ça et ça ». Et je me dis « Pourquoi tu l’as pas ? » Et je sais que c’est à cause de tout mon parcours donc réflexions, remise en question. Quand j’ai eu 19 ans je me disais « bon, je commence à grandir. » Et quand j’ai eu 20 ans, là je me suis dit « c’est la vingtaine quand même ». Et là je me dis que de 16 à 20 ans je suis toujours au même stade. Il y a un problème. Pas d’emploi, pas avoir réussi quelque chose.

Parce que vous la vingtaine c’est quoi ? Normalement, on s’amuse, on est

content parce qu’on fête son diplôme, son permis. Et moi j’ai ni le diplôme, ni le permis. » Romane, 20 ans, E2C Paris depuis 2 mois

« Tu passes ta journée chez toi, tu fais rien, tu fais ta lessive. J’avais l’impression d’avoir 80 balais et d’être à la retraite tu vois ! (...) J’appelais ma mère qui elle faisait ses activités de retraité et j’avais l’impression d’avoir la même vie qu’elle ! De dire à ma mère « tu vas faire quoi ? oh bah je vais faire à manger pour tout le monde ! » Ah, ouais, merde, bah moi aussi. Je me sentais vraiment vieille. J’avais l’impression d’avoir pris 50 balais. Je me suis dit « mais merde, mais non toi t’as 20 ans ! » Stéphanie, 20 ans, E2C Paris depuis 2 semaines

Indexés à ces sensations d’anormalité, les sentiments de honte deviennent de plus en plus prégnants. Les moments d’ennui, les expériences professionnelles dévalorisantes et les disputes familiales ont fait émerger de nombreuses tensions identitaires :

« « On se rend compte qu’on n’a pas vraiment envie de finir comme les gens avec qui on traîne, à rien faire, à galérer, à pas avoir d’argent, à pas être indépendant à voir les autres grandir, à voir les gens qui étaient dans nos classes devenir des adultes ! Moi j’avais l’impression de devenir un enfant ! Je les vois, ils ont tous grandi ! Les gens avec qui j’étais au collège ou au lycée ils ont un appart, leur permis, ils sont avec leur copine, ils sont installés et je trouve que quand on n’a pas de vie comme ça, quand on travaille pas, on développe rien de tout ça ! On reste jeune j’ai l’impression, tout seul dans son coin. J’étais vachement mal dans ma peau et t’as envie de sortir de ça. (…) J’avais vraiment une mauvaise image de moi-même. On se regarde dans la glace et on se dit « ouais, c’est pas beau ». On regarde autour de soi et on se dit « putain mais en fait je suis une merde ». Le matin j’avais même plus envie de me réveiller, je me disais « putain j’ai pas envie que ma mère me voit et qu’elle se dise que lui il fait rien ». Vincent, 22 ans, E2C Paris, sortie « positive » depuis 8 mois

Ces différents événements éclairent donc leur parcours sous un jour nouveau, non pour ce qu’ils sont mais pour le moment auquel ils interviennent dans le processus. Ils apparaissent au « bon moment » c'est-à-dire dans un contexte où des ingrédients du raccrochage ont déjà émergé et que les ingrédients du décrochage sont questionnés.

189 « J’apprends la grossesse de ma mère et voilà, je me dis maintenant « j’arrête

les conneries, je vais commencer à me bouger ! ». Je me suis rendu compte que voilà pour mon petit frère fallait que je sois un exemple ! Je voulais pas qu’il me voit comme je sais pas quoi ! Je voulais qu’il me voit comme quelqu’un de bien ! Comme quelqu’un qu’il fallait suivre ! Comme son héros ! Fallait pas lui montrer ça ! Et puis c’était vraiment le bon moment de recommencer un truc !

Pourquoi le bon moment ? Parce que c’était juste avant l’été, parce que j’avais

assez d’argent pour me relancer à la rentrée de septembre. Parce que je venais de comprendre aussi que je percerai jamais dans la musique ! Au niveau du timing c’était parfait ! » Brahim, 19 ans, Épide Bordeaux depuis 2 mois

La rationalisation de l’événement est temporellement structurée : elle est le produit de l’ensemble de leurs expériences passées qui ont toutes à leur manière contribué à ouvrir cette période de crise intense. Comme le souligne Bidart, « un moment de crise précède en général la bifurcation. Malaise, conflit, désenchantement, latence, tension, montée en pression… s’accumulent. Le « coup de tonnerre » n’arrive généralement pas dans un ciel serein, ou alors n’y a que peu d’effet » (Bidart, 2009, p.227). Ainsi, lorsque l’on questionne les jeunes sur les conditions nécessaires au raccrochage, la réponse est unanime : il faut avoir multiplié les expériences et enduré « la galère », avoir constaté par soi-même les multiples implications du décrochage scolaire.

« Et vos amis ils ont raccroché aussi ? Non, je leur dis mais soit ils ont trop la

flemme soit ils ont pas encore assez galéré parce qu’il y en a ils aiment toujours se lever tard ! C’est une habitude, quand on a pris cette habitude de se coucher tard, de se lever tard, de rien faire de la journée, quand on casse ça d’un coup c’est dur ! Y’en a ils sont pas prêts, ils sont pas prêts !

C’est quoi être prêt alors ? Être prêt c’est… Faut l’envie, la motivation ! Et il

faut se remettre en question ! Il faut beaucoup de temps de galère ! Le jour où ils se rendront compte qu’il faut quelque chose alors ils feront quelque chose.

Vous dites en fait qu’ils raccrochent pas parce qu’ils ont pas assez galéré ?

Ouais, c’est grave de dire ça mais voilà, c’est comme ça. Faut que le temps il passe. En fait, je pense que plus on a galéré, plus t’as de chances de t’en sortir. Moi j’ai découvert la vie, j’ai découvert d’autres expériences vraiment hors cadre de l’école. J’ai découvert d’autres choses. Et je pense des fois il faut… Il faut partir ! Faut s’évader ! Après j’aurais pas dû le faire parce que je devais être dans une formation mais il y a des fois il faut décompresser, il faut partir, il faut réfléchir ! » Nathan, 20 ans, E2C Paris depuis 8 mois

Si l’événement est donc une opportunité, il est de manière plus précise une opportunité de bifurquer et de s’extraire de cette période de doutes. À ce titre et pour reprendre l’expression de Bidart et Brochier, quelle que soit sa nature objective, l’événement est ici de type résolutif:

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dans une « situation de crise [qui] est déjà largement visible et engagée depuis longtemps,