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Une tari…cation supérieure au prix actuariel peut-elle expliquer à elle seule

4.3 Le rationnement par les prix : un taux de chargement élevé

4.3.6 Une tari…cation supérieure au prix actuariel peut-elle expliquer à elle seule

Les résultats précédents indiquent que la grande majorité des contrats souscrits proposent des prix bien supérieurs au prix actuariel. Bien qu’un taux de chargement élevé indique l’exis- tence d’une défaillance de marché du côté de l’o¤re, les auteurs apportent des preuves supplé- mentaires qui nous laissent penser que ces défaillances de marché ne su¢ sent pas à expliquer la taille limitée du marché car l’élasticité-prix de la demande d’assurance semble très faible. Finkelstein et Brown observent en e¤et des di¤érences de chargement très importantes entre les sexes. Cependant, ces di¤érences dans le prix de l’assurance ne se traduisent pas par des di¤érences importantes dans les taux d’équipement entre les sexes.

Si la tari…cation ne varie pas en fonction du sexe, cette variable détermine fortement le recours aux soins. Les taux de chargement e¤ectifs varient donc fortement entre les sexes. Les auteurs estiment que le taux de chargement typique pour un homme âgé de 65 ans est de 0,44. Cela signi…e donc qu’un homme type qui achète 1 dollar d’assurance dépendance ne peut s’attendre à recevoir en moyenne10 que 0,56 cents de prestations. A l’inverse, le niveau des primes pour les femmes est inférieure à la prime pure. Une femme âgée de 65 ans qui achète pour 1 dollar d’assurance dépendance recevra en moyenne 1,04 dollars. Ce résultat est robuste à d’autres hypothèses mais pas à toutes. C’est pourquoi les auteurs restent prudents quant au fait que les primes sont inférieures à la prime actuarielle pour les femmes. En revanche, la di¤érence

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de taux de chargement entre les hommes et les femmes est un résultat robuste. Il est véri…é sous les autres hypothèses alternatives. Cette di¤érence varie entre 25 et 50 cents en fonction des hypothèses retenues.

En dépit de ces énormes di¤érences du prix e¤ectif de l’assurance selon le sexe, la propension à souscrire des contrats varie peu en fonction du sexe. La probabilité de recourir à l’assurance est légérement plus élevée pour les femmes que pour les hommes. Les contrats souscrits par les femmes sont légérement moins généreux que les contrats souscrits par les hommes. Les disparités selon le sexe relatives au taux de couverture combinées avec les similitudes dans le taux d’équipement nous laissent penser que l’élasticité-prix de l’assurance dépendance est faible. Par conséquent, les prix supérieurs aux prix actuariels ne peuvent expliquer à eux seuls la taille restreinte du marché. Certains facteurs de demande doivent augmenter le taux de chargement e¤ectif des femmes par rapport à celui des hommes. Sans cela, les di¤érences dans les taux de chargement devraient se traduire par des di¤érences dans les taux de souscription. Avant de s’intéresser aux facteurs de demande, certaines explications relatives à l’o¤re sont susceptibles d’expliquer cette très faible élasticité-prix de la demande d’assurance dépendance.

1. Une première possibilité est que puisque les taux de chargement augmentent avec l’âge, si les femmes tendent à souscrire les contrats à des âges plus élevés que les hommes, les taux de chargement e¤ectifs entre hommes et femmes seraient davantage proches que ceux que nous avons estimés. Cependant les études réalisées par LifePlans nous ont montré que les âges moyens entre les hommes et les femmes étaient proches, voire inférieurs pour les femmes (66 pour les femmes contre 68 pour les hommes).

2. Une autre possibilité est que le risque d’augmentation des taux, bien que di¢ cile à quan- ti…er, augmente le taux de chargement e¤ectif. Il serait alors supérieur à celui que nous avons estimé. Cependant, cet impact ne devrait pas être di¤érent entre les sexes puisque les hommes et les femmes souscrivent à peu près au même âge et consomment les soins à des âges également similaires.

3. La corrélation dans les décisions d’assurance pourrait être forte au sein d’un même foyer. La lecture des données nous montre néanmoins que la corrélation des décisions d’assurance ne su¢ t pas à expliquer les similitudes entre sexes dans le taux de souscription. A l’aide des données HRS de 2000, nous constatons qu’au sein d’un couple marié où un des deux époux

a souscrit une assurance, la probabilité pour que l’autre époux ait également souscrit est seulement de 60%. Bien que ce taux soit bien supérieur à la probabilité pour des individus mariés d’avoir une assurance, il indique aussi que de nombreux individus mariés prennent des décisions d’assurance di¤érentes de celles de leur époux. En outre, puisque seulement 80% des contrats sont détenus par des individus mariés, de manière générale moins de la moitié des contrats sont détenus par des couples dont les deux époux sont couverts. De plus, parmi les 40% de couples dans lesquels l’un est couvert contre la dépendance et l’autre ne l’est pas, la probabilité pour que ce soit la femme qui soit couverte est inférieure à 0,5. Ceci en dépit du fait que les femmes sont confrontées à des taux de chargement inférieurs à ceux des hommes. Par ailleurs, il est di¢ cile de tirer des conclusions sur les taux de souscription des célibataires. Ils pouvaient très bien être mariés au moment de la souscription. Si l’on s’intéresse en revanche au sous-échantillon d’individus qui n’ont jamais été mariés (soit 3% des 60-70 ans), les taux de détention des contrats dépendance ne sont pas plus élevés pour les femmes, même après avoir contrôlé par l’âge de l’individu et son niveau de richesse. Bien sûr il est toujours possible que la demande d’assurance soit di¤érente entre les sexes même si rien ne nous l’indique a priori. Les femmes tendent à vivre plus longtemps que leur mari. D’un côté, cela devrait diminuer leur demande d’assurance puisqu’elles ont moins besoin d’assurer leur patrimoine pour l’époux restant. Elles sont en moyenne les dernières survivantes du couple donc elles n’ont pas besoin d’assurer leur patrimoine a…n de le léguer à leur époux. D’un autre côté, cela devrait augmenter leur demande d’assurance dans la mesure où elles ne béné…cient pas comme leur époux d’une aide informelle et gratuite fournie par leur conjoint. Or, les hommes ont très souvent accès à ce type d’aide. Le fait que les taux de détention soient similaires entre les sexes, même parmi les individus qui n’ont jamais été mariés, limite considérablement la portée de cette explication.

L’e¤et couple ne su¢ t pas à expliquer les similitudes de comportements en matière de demande d’assurance. Il reste que pour les individus non soumis à l’e¤et couple, le prix de l’assurance n’apparaît pas comme une variable déterminante du comportement d’achat. Cette élasticité-prix très faible de la demande d’assurance dépendance pourrait s’expliquer par des facteurs propres à la demande. Notamment par des facteurs de demande qui réduiraient la

demande d’assurance chez les femmes par rapport à la demande d’assurance chez les hommes. Ce comportement pourrait également s’expliquer par le rôle de la "taxe implicite" imposée par le programme Medicaid sur l’assurance privée qui serait plus fort pour les femmes que pour les hommes.

4.4

Le rationnement par les quantités : un niveau de couverture