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Les causes de la dépendance

2.2 La dépendance est-elle un risque ?

2.2.2 Les causes de la dépendance

La dépendance est la plupart du temps la conséquence de pathologies particulières, elle est accentuée par l’âge et le sexe mais elle résulte également de déterminants sociaux et comporte- mentaux.

H(t) t

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niveau de santé temps choc sanitaire

Fig. 2-2 –Les di¤érents types de choc sanitaires. Source : Cou¢ nhal 1999

Les déterminants pathologiques

Comme le mentionne le schéma de Wood, la dépendance est un enchaînement causal. Le premier élément de cette chaîne de causalité est une pathologie. Il convient donc de dé…nir les types de pathologies susceptibles d’entraîner une situation de dépendance. Une étude menée en Angleterre a permis de dé…nir une forte corrélation entre la dépendance et 4 groupes de pathologies (Wanless 2006) :

– les pathologies coronariennes ;

– les pathologies rhumatismales (arthrose) ; – les accidents vasculaires cérébraux ;

– les démences (maladie d’Alzheimer et plus généralement les MAMA).

Ces pathologies ont la particularité d’augmenter le risque de décès mais également le risque de dépendance, alors que d’autres pathologies comme le diabète augmenterait le risque de décès sans augmenter le risque de dépendance. Ces pathologies sont étudiées dans le tableau 2.2.

Sur ces quatre facteurs d’entrée en dépendance, les trois premiers devraient voir leur poids diminuer. En revanche, les démences sont beaucoup plus di¢ ciles à dé…nir et constituent la

A ¤e c tio n A u g m e nte le ris q u e A u g m e nt e le ris q u e d e d é p e n d a n c e d e d é c è s A c c id e nt va s c u la ire c é ré b ra l O u i O u i P a th o lo g ie s va s c u la ire s p é rip h é riq u e s N o n N o n P a th o lo g ie s c o ro n a rie n n e s O u i O u i H y p e rte n s io n (s i t ra ité e ) N o n N o n P a th o lo g ie s rhu m a tis m a le s O u i N o n D ia b è t e s (s i tra ité s ) N o n O u i O b s t ru c tio n s ch ro n iq u e s d e s vo ie s re s p ira to ire s O u i O u i M a la d ie d e P a rk in s o n O u i O u i P ro b lè m e s d ’a u d itio n N o n N o n P ro b lè m e s d e v u e O u i N o n D é …c ie n c e s c o g n itive s m oye n n e s O u i O u i D é …e n c e s c o g n itive s im p o rta nte s O u i O u i S o u rc e : ra p p o rt W a n le s s 2 0 0 6

Tab. 2.2 –Les déterminants sanitaires de la dépendance. Source : rapport Wanless 2006

principale inconnue des projections concernant la dépendance.

Une pathologie particulière : la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est responsable de nombreux cas de dépendance (Duée & Rebillard 2004a). Si la dépendance physique tend à diminuer sur les dernières années, la dépendance d’ori- gine psychique ou neuro-dégénérative tend à augmenter sans que l’on sache si cette tendance, en partie liée aux progrès du diagnostic précoce, va se poursuivre (Gisserot 2007). Concernant la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées, les estimations varient selon les sources entre 600 000 à 850 000 et entre 135 000 à 165 000 nouveaux cas par an (CdC 2005). 40 % des nonagénaires sont atteints de troubles psychiques et intellectuels. La maladie d’Alzheimer est susceptible d’être à terme à l’origine d’une majorité des demandes d’APA. Ce type de dépen- dance est, de plus, particulièrement di¢ cile à prendre en charge (Ennuyer 2006). Une grande incertitude demeure sur l’évolution de la dépendance psychique et neuro-dégénérative. L’allon- gement de l’espérance de vie aux âges élevés peut en e¤et s’accompagner d’une généralisation de la maladie d’Alzheimer. Dans le même temps, si un traitement est élaboré pour lutter contre cette pathologie, le nombre de dépendants pourrait très fortement diminuer.

Fig. 2-3 – Taux de prévalence de la dépendance (GIR 1 à 4) par âge et par sexe. Source : enquête HID 1999-2001.

Deux facteurs déterminants : l’âge et le sexe

On observe à l’aide de la Figure 2-3 que le taux de prévalence de la dépendance augmente fortement avec l’âge. La plus forte prévalence de la dépendance est chez les femmes. Elle s’ex- plique par des éléments épidémiologiques mais surtout par une espérance de vie supérieure (Duée & Rebillard 2004b).

Les déterminants sociaux et comportementaux

Une synthèse e¤ectuée par l’OMS révèle que certains comportements accentuent la probabi- lité de devenir dépendant. La dépression, la consommation de tabac, le faible niveau d’activité physique ainsi que le nombre de pathologies déjà subies par le patient augmente la probabilité de devenir dépendant comme l’indique le tableau 2.3.

Fa c te u r L ie n p ré d ic tif P o s s ib ilité d e p ré ve n ir la d é p e n d a n c e ave c la d é p e n d a n c e e n int e rve n a nt s u r c e fa c t e u r D é …c ie n c e c o g n itive + + + 0

D é p re s s io n + + + 0 N o m b re d e p a th o lo g ie s + + + + + Va ria tio n d e l’In d ic e d e M a s s e C o rp o re lle + + 0 Fa ib le s lim ita t io n s fo n c t io n n e lle s + + + + + Fa ib le fré q u e n c e d e s c o nt a c ts s o c ia u x + + Fa ib le n ive a u d ’a c tiv ité p hy s iq u e + + + + + +

A b s e n c e d e c o n s o m m a t io n d ’a lc c o l (c o m p a ré e à u n e c o n s o m m a t io n m o d é ré e ) + ? Ta b a c + + + + D é …c ie n c e v is u e lle + + + + S o u rc e : O M S E u ro p e 2 0 0 5

Tab. 2.3 –Les facteurs de dépendance. Source : OMS Europe 2005.

– La réduction rapide de la consommation de tabac dans les années récentes n’est pas susceptible d’avoir une in‡uence plus positive que prévue sur les projections de personnes âgées dépendantes.

– La réduction des contacts sociaux des personnes âgées, via notamment la réduction pré- visible des aidants naturels, ne devrait pas accroître le niveau de dépendance.

Parmi les autres caractéristiques susceptibles d’in‡uencer la probabilité de devenir dépen- dant, on retient le niveau d’étude. Avoir fait des études longues diminue signi…cativement le risque de dépendance (Duée & Rebillard 2004b). En réalité, le niveau d’étude exerce deux e¤ets contraires. Les personnes ayant fait des études ont une espérance de vie plus longue, ce qui augmente la probabilité de connaître la dépendance. D’autre part, elles font face à des niveaux de dépendance plus faibles à âge donné. Ce deuxième point est particulièrement marqué chez les hommes. Au total, pour les personnes nées entre 1940 et 1954, le second e¤et l’emporte chez les hommes. Les plus diplômés connaissent moins souvent la dépendance (26% contre 31% en moyenne). Chez les femmes en revanche, le premier e¤et prédomine. Celles qui ont fait des études connaissent plus souvent la dépendance (57% contre 48% en moyenne).

Le nombre d’enfants encore vivant a également un e¤et protecteur par rapport à la dépen- dance. Les femmes ayant deux ou trois enfants encore vivant, sont jusqu’à 80 ans, moins souvent dépendantes que les autres (Duée & Rebillard 2004b).