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Le système de Copernic souffre d’une certaine imprécision liée au choix paradoxal de Copernic de faire passer les plans orbitaux des planètes par le centre de la Terre et non par le centre du soleil, un

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4.A.6 Le calcul infinitésimal

Copernic 1. Le système de Copernic souffre d’une certaine imprécision liée au choix paradoxal de Copernic de faire passer les plans orbitaux des planètes par le centre de la Terre et non par le centre du soleil, un

vestige de la théorie géocentrique. Kepler corrigera cette anomalie.

2. Si la Terre tourne et que les étoiles fixes ne sont pas très éloignées (ce qu’on croyait à l’époque), alors on devrait être capable d’observer un effet de parallaxe des étoiles fixes en fonction des saisons.

B. La révolution copernicienne Soleil A X Y A B B C C D D E E Figure 4.4

Schéma démontrant comment le système de Copernic explique facilement le mouvement rétrograde des planètes. La planète intérieure (X) se déplace plus rapidement que la planète extérieure (Y). Les deux planètes effectuent leur rotation autour du Soleil dans le même sens (le sens anti-horaire). Cependant, vu de X, le mouvement de Y sur le fond des étoiles fixes apparaît rétrograde entre A et C et direct entre C et E. Inversement, vu de Y, le mouvement de X apparaît direct entre A et C et rétrograde entre C et E.

Soleil Vénus Terre RT RV

α

Figure 4.5

Schéma démontrant comment la distance entre le Soleil et Vénus (RV peut être déterminée en fonction de la dis- tance Terre-Soleil (RT). L’angle maximalα que fait Vénus avec le Soleil est mesuré et ensuite RV = RTsinα.

Planète Période synodique moyenne Période sidérale Distance moyenne au Soleil (u.a.) Copernic valeur actuelle Copernic valeur actuelle Copernic valeur actuelle

Mercure 116 j. 116 j. 88 j. 87,91 j. 0,36 0,391

Vénus 584 j. 584 j. 225 j. 225,00 j. 0,72 0,721

Terre 365,25 j. 365,26 j. 1 1

Mars 780 j. 780 j. 687 j. 686,98 j. 1,5 1,52

Jupiter 399 j. 399 j. 12 ans 11,86 ans 5 5,2

Saturne 378 j. 378 j. 30 ans 29,51 ans 9 9,5

Table 4.1

Paramètres du système solaire dans la théorie de Copernic et valeurs modernes correspondantes. Note : la période

synodique d’une planète est l’intervalle séparant deux conjonctions de cette planète avec la Terre. La période sidérale

Autrement dit, les constellations devraient apparaître déformées en hiver par rapport à leur forme en été, car la distance entre la Terre et les étoiles n’est pas la même alors. Cette parallaxe n’étant pas observée (il ne le sera qu’au XIXe siècle), Copernic est réduit à supposer (correctement) que les étoiles fixes sont extrêmement éloignées : il augmente d’un facteur 2000 le rayon de la sphère des fixes. Ceci semble artificiel au XVIe siècle, comme au temps d’Aristarque

3. La physique d’Aristote ne peut expliquer pourquoi la Terre tourne autour du Soleil, car dans cette physique, tout objet tend naturellement vers la position indiquée par sa composition en air, feu, eau et terre (les quatre éléments). En fait, la Terre doit être immobile dans cette physique et ne peut même pas tourner sur elle-même. Copernic doit augmenter la physique d’Aristote d’un principe bizarre af- firmant que le mouvement naturel d’un objet sphérique est de tourner sur lui-même et autour du Soleil, ce que fait la Terre. Cependant, les objets terrestres doivent toujours tomber naturellement vers le centre de la Terre, même si celle-ci est en mouvement !

4. Si le mouvement naturel des planètes (et des objets célestes) est de tourner en cercle autour du Soleil, pourquoi la Lune tourne-t-elle autour de la Terre ? Copernic n’apporte aucune réponse. A posteriori, la lacune essentielle du système de Copernic, comme de tous ceux qui le précèdent, est qu’il n’explique pas pourquoi les astres tournent ; il ne fait que décrire leur mouvement de la manière qui lui semble la plus simple possible. Il faudra attendre Newton pour dénouer l’impasse des systèmes du monde. Réactions au système de

Copernic

Ces raisons firent que la théorie de Copernic ne reçut pas un accueil univer- sellement favorable. D’un point de vue plus général, il est difficile pour les gens instruits du XVIe siècle d’admettre que la Terre soit une planète parmi d’autres. Les planètes ne sont-elles pas que de grosses étoiles errantes ? Enlever sa position centrale à la Terre enlève sa position centrale à l’espèce humaine. Dans un univers copernicien, rien n’empêche à priori que d’autres planètes soient habitées ! Ces habitants font-ils partie de l’alliance que Dieu a conclue avec les hommes ? Les conséquences religieuses d’une telle affirmation peuvent être sérieuses. C’est pourquoi l’Allemand Andreas

Osiander, qui supervisa la publication du livre de Copernic, écrivit, sans demander l’avis de l’auteur, une

préface précautionneuse, non signée, dans laquelle il affirmait que ce système ne devait pas être considéré comme une description de la réalité, mais simplement comme un outil de calcul permettant de retracer la position des planètes avec plus de précision. Cette affirmation a été reprise quatre siècles plus tard à pro- pos de la mécanique quantique et peut servir de point de départ à une longue discussion sur la nature des théories scientifiques. Elle dénote une attitude positiviste face à la science. Tout porte à croire que Copernic ne partageait pas cette vision. Il est cependant intéressant de citer ce que Thomas d’Aquin affirmait trois siècles plus tôt sur le système de Ptolémée, affirmation étonnamment prophétique :

Bien que ces hypothèses [celles de Ptolémée] paraissent sauver les apparences, il ne faut pas affirmer qu’elles sont vraies, car on pourrait peut-être expliquer les mouvements apparents des astres par quelque autre procédé que les hommes n’ont point encore conçu.

La réaction la plus négative à la théorie de Copernic vint de Martin Luther, qui la condamna parce qu’elle contredit la Sainte Écriture. Il aurait affirmé ceci à ses convives lors d’un dîner :

Celui qui veut être intelligent ne doit pas se satisfaire de l’opinion des autres. Il doit toujours avancer quelque chose de son cru, comme le fait celui-là [Copernic] qui veut renverser toute l’as- trologie. Mais quoique l’astrologie ait été bouleversée, je crois, quant à moi, à l’Écriture sainte, car Josué a commandé au soleil et non à la terre de s’arrêter.8.

En effet, dans un passage de l’Ancien Testament, Josué obtient de Yahvé qu’il arrête temporairement la course du Soleil autour de la Terre, afin de lui permettre de poursuivre le massacre qu’il inflige à ses ennemis !

B. La révolution copernicienne

En général, les catholiques ont une interprétation moins littérale de la Bible qui leur permet de contourner cette difficulté, ce qui fait qu’initialement, la théorie de Copernic ne fut pas défavorablement reçue dans les pays catholiques, pour des raisons religieuses du moins. Cet état de choses changea en raison de l’attitude d’un ex-dominicain exalté, Giordano Bruno (1548/1600), qui adopta la théorie de Copernic et la dépassa en affirmant la pluralité des mondes habités et le caractère infini de l’Univers. De plus, Bruno professait des idées religieuses tout à fait étrangères à l’Église catholique : une forme de panthéisme dans laquelle Dieu est assimilé à l’Univers. Bruno fut jugé par l’inquisition et brûlé comme hérétique en 1600. Dès lors, l’Église se méfia des coperniciens, qu’elle associait à l’hérésie de Bruno. C’est pour cette raison que, plus tard, Galilée eut maille à partir avec l’inquisition. Il reste que Copernic eut des adversaires et des partisans à la fois chez les catholiques et les protestants.

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