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Étude 4 Le syndrome d’Ehlers-Danlos type hypermobile : évolution des stratégies sensorielles en réponse à un programme de rééducation à visée

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sur le contrôle postural

II. 2.1.2.5 Analyse statistique

II.2.2. Étude 4 Le syndrome d’Ehlers-Danlos type hypermobile : évolution des stratégies sensorielles en réponse à un programme de rééducation à visée

proprioceptive (Étude Pilote)

Cette étude a fait l’objet d’une publication sous la référence suivante (voir Annexe 2) :

Dupuy, E. G., Maneuvrier, A., Vlamynck, E., Besnard, S., Bienvenu, B., & Decker, L. M. Le

syndrome d’Ehlers-Danlos type hypermobile : évolution des stratégies posturales en réponse à un programme de rééducation à visée somesthésique. Virtualia 2016. La réalité virtuelle au service de la

recherche, 52.

II.2.2.1. Introduction

En cohérence avec la littérature, notre précédente étude a confirmé la présence de troubles du contrôle postural chez les patients SEDh (Rigoldi et al. 2013 ; Galli et al. 2011 ; Rombaut,

Malfait, De Wandele, et al. 2011). Les résultats issus de cette étude suggèrent la modification des

stratégies sensorielles sous-tendant le contrôle postural. Par conséquent, nous avons, dans la présente étude, exploré l’évolution de ces dernières en réponse à une cure orientée spécifiquement sur la remédiation proprioceptive.

Comme nous l’avons précédemment spécifié, l’équilibre et le mouvement sont tous deux basés sur l’intégration d’informations sensorielles provenant de trois systèmes : visuel, vestibulaire et somesthésique. Ces informations sont partiellement redondantes et, malgré leur grande spécificité, certaines d’entre elles peuvent être utilisées de manière équivalente (Lacour et al. 1997 ;

Massion 1992). Afin de contrôler de manière optimale la stabilisation posturale et l’orientation du

corps, des mécanismes centraux assignent des pondérations aux différentes modalités sensorielles

(Logan, Kiemel, et Jeka 2014 ; Peterka et Loughlin 2003 ; Zupan, Merfeld, et Darlot 2002 ; van der

Kooij et al. 2001). De par ses apprentissages (e.g. pratique sportive) et son état fonctionnel (e.g.

pathologie, vieillissement), chaque individu développe une manière spécifique d’utiliser les informations sensorielles disponibles. De même, en cas de changements dans la disponibilité ou la fiabilité des capteurs sensoriels, la nouvelle pondération adoptée est spécifique à chacun (Peterka,

2002). Chiba et al. (2016) proposent de nommer ces adaptations à long terme du fonctionnement

sensorimoteur « dynamique lente ». Cette dynamique adaptative lente conditionne la « stratégie sensorielle » adoptée par le sujet pour s’adapter à des changements transitoires et contextuels dans la fiabilité ou la disponibilité des informations sensorielles reçues ; phénomène aussi nommé « dynamique rapide » ou repondération sensorielle (Chiba et al. 2016 ; Assländer et Peterka 2014 ;

Nashner 1976).La notion de « stratégie sensorielle » fait directement référence à cette dynamique

équilibre à toute situation. Ces stratégies évoluant en réponse à la pathologie, au vieillissement, ou à l’apprentissage, de nombreux travaux portant sur le contrôle postural ont investigué la question

(Freeman et al. 2016 ; Eikema et al. 2014 ; Oie, Kiemel, et Jeka 2002 ; Shumway-Cook et Woollacott

2000 ; Nashner et Peters 1990 ; Nashner, Black, et Wall 1982). C’est pourquoi nous avons cherché,

dans la présente étude, à déterminer si la stimulation des afférences proprioceptives induite par une reprogrammation sensorimotrice mettant l’emphase sur la pratique kinésithérapie proprioceptive, générait une dynamique lente à même de modifier les stratégies sensorielles employées par les patients SEDh pour leur contrôle postural.

Par le biais de perturbations visant à isoler la contribution d’une modalité sensorielle, de nombreuses études ont questionné la contribution des différentes entrées sensorielles au contrôle postural (e.g. vibrations tendineuses ; e.g. Caudron et al. 2008, stimulations galvaniques ; e.g. Séverac

Cauquil et al. 2000 ; vision stabilisée ; e.g. Nashner, Black, et Wall 1982, oscillations lentes du

support ; e.g. Vaugoyeau et al. 2007). Cette méthode repose sur le postulat selon lequel la réaction d’un individu à une perturbation sensorielle, permettrait de quantifier indirectement l’importance de la modalité perturbée au sein du contrôle postural. Dans cette optique, Vaugoyeau et al. (2007) ont développé un paradigme d’oscillations lentes du support, visant à isoler la contribution proprioceptive au contrôle postural. Durant cette tâche, le sujet doit maintenir son équilibre, en l’absence d’informations visuelles (yeux fermés) et vestibulaires (oscillations lentes du support se situant en dessous du seuil de détection du système vestibulaire canalaire, i.e. 0.2°/s2 ; Fitzpatrick

et McCloskey 1994 ; Henn, Cohen, et Young 1980). Les informations vestibulaires ne sont bien-

sûr pas totalement absentes, mais en raison de la lenteur des oscillations celles-ci ne permettent pas au sujet d’être renseigné sur l’orientation du support. En conséquence, ce dernier doit s’adapter à cette perturbation en se basant uniquement sur ses informations proprioceptives. L’utilisation de ce paradigme expérimental a notamment permis de révéler la baisse de contribution des informations proprioceptives au contrôle postural, chez les patients atteints de la maladie de Parkinson (Vaugoyeau et al. 2011 ; 2008 ; Valkovič, Krafczyk, et Bötzel 2006).

Chez ces mêmes patients (i.e. atteints de la maladie de Parkinson), il a également observé la mise en place de stratégies sensorielles de compensation basés sur une utilisation accrue des informations visuelles (Azulay et al.2002). Cette implication privilégiée des informations visuelles a aussi été observée chez des sujets âgés ou atteints de déficiences sensorielles (Isableu et al. 1998

; Lord et Webster 1990). La présence de troubles sensorimoteurs semble donc induire une

utilisation accrue, voire excessive, des informations visuelles pour le contrôle postural (i.e. phénomène de visuodépendance ; Bonan et al. 2004a,b). La privation visuelle demeure la méthode la plus utilisée pour quantifier sa contribution au contrôle postural (Bronstein et al. 1990 ; Chong

et al. 1999). Néanmoins, si cette méthode permet de quantifier la contribution de l’entrée visuelle,

elle ne permet pas de déterminer si celle-ci est excessive. En effet, on peut raisonnablement émettre l’hypothèse que si une utilisation excessive des informations visuelles pour le contrôle postural présuppose nécessairement sa contribution accrue, la réciproque n’est, quant à elle, pas obligatoirement vraie. Dans ce sens, la réaction à une perturbation visuelle permet une quantification plus directe de la capacité de l’individu à se soustraire aux afférences visuelles si celles-ci ne sont pas fiables. Ce faisant, celle-ci permet d’observer directement la dépendance du sujet vis-à-vis des informations visuelles. En matière de perturbation sensorielle, la mise en mouvement de l’environnement visuel durant le contrôle postural, est une technique qui fut fréquemment utilisée pour quantifier la contribution de ces informations (Oie, Kiemel, et Jeka 2002

; Delorme et Martin 1986 ; Mauritz, Dichgans, et Hufschmidt 1977 ; Lee et Lishman 1975). La

présentation d’une information visuelle incongruente durant le contrôle postural a, par ailleurs, permis de démontrer la présence d’une visuodépendance chez les patients présentant des troubles sensorimoteurs, ou encore chez des individus à risque de chute (Bonan, Yelnik, et al. 2004b ;

Vouriot et al. 2004).

L’objectif principal de cette étude était donc d’observer si le renforcement proprioceptif induit par une reprogrammation sensorimotrice modifiait les stratégies sensorielles utilisées par les patients pour leur contrôle postural. Nous avons émis l’hypothèse qu’en réponse à leur déficit somesthésique, les patientes présenteraient une moindre capacité à utiliser les informations proprioceptives pour le contrôle postural ; phénomène favorisant chez ces patients le développement d’une visuodépendance. En réponse la rééducation permettrait, via la mise en jeu d’afférences proprioceptives multiples, d’augmenter la contribution de cette entrée sensorielle au contrôle postural, et par voie de conséquence, de diminuer la visuodépendance de ces patients.

II.2.2.2. Matériel et Méthodes

II.2.2.2.1. Participants

Six patients atteints du SEDh (6 femmes (âge moyen ± écart-type) : 42.6 ± 12.0 ans) et six sujets contrôles en bonne santé, appariés en âge et en sexe (6 femmes : 43 ± 15.4 ans) ont participé à cette étude. La sélection des patients a été effectuée dans le département de médecine interne du CHU de Caen sur la base des critères de Villefranche révisés. Les critères d’inclusion étaient donc la présence : i) d’une hypermobilité articulaire généralisée, ii) d’une hyperélasticité cutanée, iii) de douleurs musculosquelettiques chroniques, iv) d’une histoire familiale positive (Beighton et al., 1998). Les critères d’exclusion étaient : i) une incapacité à se tenir debout pendant une minute, et

maladie de Ménière). Les sujets contrôles (SC) ont été recrutés à l’aide d’un appel local à participation. Les sujets contrôles ont été exclus s’ils présentaient un trouble neurologique ou orthopédique pouvant affecter leur équilibre postural ou une hypermobilité articulaire généralisée (i.e. score de Beighton supérieur à 4/9). Tous les participants ont été traités dans le strict respect de la déclaration d’Helsinki. Le protocole a été approuvé par le comité d’éthique de la recherche de l’Université de Caen Normandie. Le consentement éclairé des participants a été obtenu avant le début de l’étude.

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