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1.2.2.2 Contribution du système visuel : explorations expérimentales

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La modalité visuelle étant une modalité sensorielle facilement manipulable sur le plan expérimental, sa contribution au contrôle postural a été largement explorée. Les évaluations du contrôle postural ont ainsi révélé que si le retrait des informations visuelles n’entrainait pas la chute du sujet, il se traduisait toutefois par une perte de stabilité posturale (i.e. augmentation de la variabilité des oscillations posturales telle que mesurée par les déplacements du CdP sur plateforme stabilométrique ; Lacour et al. 1997 ; Collins et De Luca 1995 ; Black et Wall 1981 ; Litvinenkova

fréquentielles effectuées sur le signal postural (i.e. déplacements du CdP) montrent également une augmentation globale des fréquences exprimées (i.e. hautes comme basses) lors de la privation visuelle (Amblard et al. 1985 ; Nashner et Berthoz 1978). Ensemble ces deux observations révèlent donc que la privation visuelle lors du contrôle postural induit à la fois une baisse de sa stabilité et une augmentation de la dépense énergétique qui y est associée. Bien que les informations visuelles n’apparaissent pas indispensables au maintien de l’équilibre postural, elles semblent, de fait, y contribuer en le facilitant et en le stabilisant (Amblard et al. 1985). Contribution d’autant plus

importante lorsqu’une perturbation vient complexifier le maintien de l’équilibre postural en compromettant l’entrée somesthésique ou en réduisant la surface d’appui (Christine Assaiante, Marchand, et Amblard 1989 ; Woollacott, Shumway-Cook, et Nashner 1986 ; Amblard et al. 1985

; Berthoz, Lacour, et Soechting 1979 ; Lee et Lishman 1975).

Les recherches sur la contribution des informations visuelles au contrôle postural poursuivent un objectif majeur qui consiste à déterminer l’influence exercée par les différentes natures d’indices visuels. Pour ce faire les chercheurs mettent en place des paradigmes expérimentaux reposant sur la manipulation sélective des diverses caractéristiques des informations visuelles (e.g. manipulation des informations relatives à la position ou aux mouvements effectués par l’environnement visuel). Dans cette veine, Amblard et al. (1985) ont utilisé des environnements visuels constitués de lumière stroboscopique afin de différencier l’influence exercée par les indices visuels de nature statique ou dynamique. De cette façon, ces auteurs ont démontré que ces deux catégories d’indices visuels impactaient distinctement les oscillationsposturales de basse fréquence (< 2 Hz) et de haute fréquence (>4Hz). Or, selon cet auteur les basses et les hautes fréquences correspondent respectivement à des oscillations posturales lentes, relatives à l’orientation de la posture, et à des oscillations posturales rapides, relatives à sa stabilisation. Ainsi, Amblard et al.

(1985) distinguent la contribution des indices visuels statiques principalement impliqués dans l’orientation posturale, de celle des indices visuels dynamiques responsables de sa stabilisation. Ce faisant, ces auteurs démontrent qu’au sein d’une seule et même modalité sensorielle, ici la vision, les différentes informations qui en sont extraites peuvent contribuer de façon distincte à l’équilibre. De nombreux travaux montrent une implication privilégiée de la vision périphérique, et notamment du flux visuel, dans le contrôle postural (Nougier et al. 1997 ; Stoffregen 1985 ; Paulus,

Straube, et Brandt 1984 ; Amblard et Carblanc 1980). A l’aide de stimulation optocinétique (i.e.

scène visuelle en mouvement), ces explorations ont notamment démontré que cette influence était en partie induite par la sensation de vection générée par les flux visuels. Ainsi, cette sensation de vection serait à l’origine de réajustements postaux réalisés dans le sens de la perturbation, lorsqu’elle effectue des mouvements de rotation (e.g. Howard et Childerson 1994) ou de translation (e.g.

Delorme et Martin 1986 ; Berthoz, Pavard, et Young 1975 ; Brandt, Dichgans, et Koenig 1973). Plus précisément, ce phénomène provoquerait chez le sujet une sensation d’inclinaison, ou de translation de leurs corps, inversée par rapport à la perturbation présentée (Oie, Kiemel, et Jeka

2002 ; Delorme et Martin 1986 ; Mauritz, Dichgans, et Hufschmidt 1977 ; Lee et Lishman 1975).

Par conséquent, lorsque l’environnement visuel effectue des mouvements de rotation ou de translation, les sujets produisent une réponse posturale inversement orientée, et en phase, avec les mouvements effectués par l’environnement (Isableu et al. 2011 ; Ravaioli et al. 2005 ; Oie, Kiemel,

et Jeka 2002 ; Dijkstra et al. 1994). Toutefois, si la réponse posturale observée dépend des

caractéristiques globales du mouvement effectué par l’environnement visuel, elle dépend également de caractéristiques plus fines (e.g. vitesse, amplitude des mouvements) et de la richesse structurelle de l’environnement (Massion et al. 1995 ; Lestienne, Soechting, et Berthoz 1976 ;1977). Les caractéristiques temporelles (e.g. vitesse de translation) et spatiales (e.g. amplitude) des mouvements effectués par l’environnement visuel influencent donc, de façon significative, la réponse posturale observée (Carver, Kiemel, et Jeka 2006 ; Jeka et al. 2006 ; Christoph Maurer et Peterka 2005 ; Oie,

Kiemel, et Jeka 2002 ; Dietz et al. 1994 ; van Asten, Gielen, et Denier van der Gon 1988).

Parallèlement, la perturbation des informations visuelles, telle que produite par les mouvements de l’environnement, s’accompagne généralement d’une modification plus globale du comportement postural du sujet ; modification se traduisant par une perte de stabilité posturale (Mauritz,

Dichgans, et Hufschmidt 1977 ; Dichgans et al. 1972). En dehors de son effet stabilisant lors de la

présence de repères verticaux, la vision centrale opère, en comparaison, un impact tout à fait minime sur le contrôle postural (Amblard et Carabanc 1980). Impact qui augmente toutefois dans la direction médiolatérale lorsque les afférences somesthésiques sont compromises (Nougier et al.

1997).

Ainsi, si la vision n’apparait pas strictement indispensable au maintien de l’équilibre postural, elle semble néanmoins y contribuer de façon importante. Ensemble, les informations statiques et dynamiques, centrales et périphériques, contenues dans l’environnement visuel contribuent de façon plus ou moins importantes, et plus ou moins spécifiques, à la stabilisation et à l’orientation de l’équilibre postural. Cette contribution semble d’autant plus significative que les autres modalités sensorielles sont compromises.

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