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1.2.2.5 Analyse statistique

Dans le document en fr (Page 158-163)

sur la perception de la verticale

II. 1.2.2.5 Analyse statistique

La variable dépendante (i.e. degré de déviation angulaire moyen) présentant une distribution normale (test de Shapiro-Wilk), un test T de Student pour échantillons indépendants a été utilisé pour évaluer l’impact du groupe (SC vs SEDh) sur le degré de dépendance à l’égard du champ visuel. Le seuil de signification a été fixé à 0,05. L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel JASP (IPSS, Inc., Chicago, IL, USA).

II.1.2.3. Résultats

Les patients SEDh présentent un degré de déviation angulaire vis-à-vis de la verticale gravitaire significativement plus important que les sujets contrôles (SED vs SC : t = -2,502, p = 0,018, Cd = -0,899 ; Figure 24).

Figure 24. Degré de déviation angulaire moyen (moyenne ± écart-type) au test de la baguette et du cadre chez les patients SEDh et les sujets contrôles. * p < 0,05.

D é v iat io n an g ul ai re ( °)

II.1.2.4. Discussion

La présence d’un degré de déviation angulaire moyen au test de la baguette et du cadre plus important chez les patients SEDh comparativement aux sujets contrôles, indique une plus grande utilisation des informations visuelles pour la perception de la verticale. Ainsi, chez ces patients, la perception de la verticale repose sur des références externes (i.e. référentiel allocentré), plutôt que des références internes (i.e. référentiels égocentré et géocentré ; Paillard 1991). Or, comme mentionné précédemment, l’utilisation préférentielle du référentiel allocentré répond bien souvent à la perte, ou la détérioration, de l’une des modalités sensorielles ; dans le cas du SEDh, la modalité somesthésique (Bergin et al. 1995 ; Redfern et Furman 1994). Le résultat observé chez les patients SEDh est ainsi cohérent avec les précédents travaux s’intéressant aux populations touchées par des pathologies génératrices de troubles touchant l’intégration des afférences somesthésiques et vestibulaires (Agathos et al. 2015 ; Lopez et al. 2007 ; Azulay et al. 2002 ; Bisdorff et al. 1996). Ce phénomène pourrait résulter d’un comportement adaptatif par défaut ou d’une stratégie de compensation ; ces deux mécanismes auraient en commun la sous-pondération de la modalité sensorielle compromise (i.e. somesthésique) au profit de celles plus fiables (visuelle et vestibulaire), mais divergeraient par leur nature « passive » ou « active » (Bonan et al. 2006). Dans le cas d’un

comportement adaptatif par défaut, l’individu n’a pas le choix de la stratégie à adopter, et faute de bénéficier de stratégies alternatives il exprimera alors le comportement observé. Dans le cas d’un comportement compensatoire, l’individu à le choix de la stratégie à adopter ; il adopte alors une stratégie de façon préférentielle au détriment d’une autre, sachant que les deux peuvent être mises en œuvre. Ainsi, en fonction des ressources, ici sensorielles, que lui offre le contexte dans lequel se déroule la tâche à accomplir, l’individu pourra tantôt exprimer un comportement adaptatif par défaut ou une stratégie de compensation. Selon le modèle d’intégration multisensorielle en combinaison linéaire pondérée (Deneve et Pouget 2004 ; Ernst et Bülthoff 2004 ; Körding et Wolpert 2004 ; Battaglia, Jacobs, et Aslin 2003 ; Ernst et Banks 2002 ; Zupan, Peterka, et Merfeld 2000), le SNC, accorderait un poids plus ou moins important aux différents signaux sensoriels en fonction de leur degré de fiabilité respectif avant de les combiner. Chez les patients SEDh, les récepteurs somesthésiques étant altérés, les signaux transmis par ces derniers perdent en fiabilité. Par conséquent, il est raisonnable de présumer que le SNC sous-pondère les informations somesthésiques en raison de leur manque de fiabilité, et compense par une surpondération des informations visuelles et vestibulaires. Lors de la réalisation du test de la baguette et du cadre, le sujet dispose à la fois d’informations sur l’axe longitudinal du corps, fournies par le système somesthésique, mais également des informations gravitaires, fournies par le système vestibulaire, afin de contrecarrer l’effet biaisant du cadre incliné. Le phénomène de dépendance à l’égard du

champ visuel, tel que mesuré par ce test, suppose donc que les sujets dépendants du champ utilisent préférentiellement les indices visuels au détriment des indices somesthésiques (i.e. orientation du corps) et vestibulaires (i.e. gravité ; Isableu et al. 2010). Dans notre première étude, nous avions observé qu’en l’absence de la vision, lorsque la tâche perceptive se complexifiait, la perception de la verticale reposait de façon prédominante sur les informations vestibulaires chez les patients SEDh. A l’inverse, lorsque les informations visuelles sont présentes mais incongruentes (présence d’un cadre incliné) avec les informations issues de l’oreille interne, les patients SEDh favorisent l’utilisation des informations visuelles. En conséquence, si l’utilisation des informations vestibulaires pour déterminer la verticale visuelle semble s’apparenter à un comportement adaptatif par défaut (étude 1), les résultats de la présente étude laissent à penser que le recours aux informations visuelles relève, pour sa part, davantage d’une stratégie de compensation.

Limites de l'étude. Cette étude exploratoire, amorce d'une recherche plus vaste, a cherché

à quantifier le degré de dépendance à l’égard du champ visuel chez des patients SEDh à partir du test de la baguette et du cadre, en modifiant uniquement l’orientation de la baguette (variant entre 15 et 20° vers la droite ou la gauche) et en gardant systématiquement l’orientation du cadre fixe. La manipulation du degré d’incongruence entre l’orientation du cadre et celle de la gravité aurait pu nous permettre une quantification plus fine du degré de dépendance à l’égard du champ visuel, et ce dans les deux groupes.

Conclusion. Cette étude a révélé que la plus grande dépendance à l’égard du champ visuel observée chez les patients SEDh relèverait d’une stratégie active de compensation, plus que d’un comportement passif d’adaptation, consistant à « surutiliser » les informations visuelles dans le but de pallier le manque de fiabilité des informations somesthésiques.

RESUME DE LA PARTIE 1: Impact du SEDh sur la perception de la verticale

Ensemble, les études 1 et 2 nous indiquent que le déficit somesthésique modifie la contribution relative des afférences sensorielles à la représentation de la verticale visuelle. Cette modification se traduit par une baisse de la contribution somesthésique poussant les patients à mettre en place des stratégies de compensation basées sur l’utilisation des informations visuelles ; informations qui prennent alors le pas sur celles transmises par les afférences vestibulaires.

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2. Impact du Syndrome d’Ehlers-Danlos de type hypermobile

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