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Section II. Les trois dimensions d’excellence appliquées aux banques islamiques

Parag 1. Supériorité produit

Analyse du concept des produits islamiques comparativement à leurs homologues conventionnels. Précisément, il s’agit de la manière d'utiliser des techniques et des produits propres à chaque industrie.

133 Enquête IFSB 2010 : guidance note on the practice of smoothing the profits payout to Investment Account Holders

I. Nouveau paradigme vs Cadre conventionnel

Le résultat de la comparaison entre la conception rationnelle des produits islamiques par rapport aux produits conventionnels ressortira sans doute une large différence entre les deux, du fait que les produits islamiques se basent sur des préceptes minutieuse de la Shari’a interdisant de Riba, Gharar et activités licites, comme nous l’avons relaté dans la première partie du présent rapport.

Toutefois, les pratiques actuelle en fait en sorte que le concept des banques islamiques s’approche majoritairement de celui des banques classiques. Le mécanisme d’intermédiation financière est le même dans les deux instituions avec quelques nuances concernant les composantes utilisées et les restrictions imposées.

De plus, étant donné les difficultés pratiques d’application du système basé sur le 3P, des produits calqués sur les produits conventionnels, ont été élaborés pour permettre d’offrir marginalement, ou de manière transitoire, des revenus aux banques islamiques nouvellement créées.

Aussi, il y a un recours important au principe de nécessité afin de proposer une offre se rapprochant le plus possible de celle du secteur conventionnel. Cette similitude au cadre conventionnel apparait clairement dans plusieurs pratiques comme : la règle de partage du profit et perte qui est remplacée par une marge forfaitaire, la marge fixée par référence aux taux d’intérêts, la tolérance de seuils d’endettement, la tolérance de pratiques d’intérêts en cas de retard de paiement et le lissage de résultats. Les banques se sont même allez plus loin en adoptant certains produits pour répondre aux besoins d’une clientèle faisant l’arbitrage entre l’islamique et le conventionnel. Ces produits peuvent être non conforme à la Shari’a comme le cas du Tawarruq et le Bai Bithaman Ajil.

En outre, l'analyse de la littérature montre que la pratique actuelle des banques islamiques est largement critiquée en raison de la sur utilisation des astuces juridiques (hiyal) pour imiter les produits conventionnels et de prioriser le financement par la dette sur le financement participatif135.

Dans ce contexte, la finance islamique doit repenser des nouvelles stratégies de recherche et d’innovation et rompre avec l’isomorphisme ambiant, par exemple, l’amélioration de l’offre de produits distinctifs existants basés sur le 3P.

Pour neutraliser de recours à l’adaptation du conventionnel islamisé, les autorités devraient se focaliser sur la mise en place d’une réglementation spécifique liée aux banques islamiques par rapport à la réglementation bancaire en vigueur. Il est également nécessaire de différencier Murabaha des prêts normaux ainsi que la différence Mucharaka des participations etc.

II. Innovation vs Similitude

L’innovation dans les institutions financières islamiques est plus qu’un luxe, mais plutôt un besoin vitale. En effet, l’économie et la finance islamiques se situent encore loin de l’objectif escompté, puisque leur contribution à la résolution des problèmes économiques des sociétés

musulmanes est minime. On peut souligner le fait qu’une attention particulière a été donnée à la finance islamique, mais son développement n’a pas été compensé.

En outre, même la finance islamique a été incapable de se débarrasser de l’influence de la finance conventionnelle. La plupart de ce qui se passe dans le secteur de la finance islamique est similaire à ce qui se fait dans la finance conventionnelle.

D'une manière générale, le développement de produits reste un domaine où les institutions financières islamiques ont pris du retard sur leurs homologues bancaires et financiers classiques. Ainsi, lors où les opposants au système financier islamique le qualifie de structure d’adaptation non évolutive, il est claire qu’un travail doit être fait sur la consolidation financière du système islamique.

Eu égard à la absence de Shari’a Board à double compétence financière et Shariatique, la recherche et le développement reste très timide. L’innovation est entravée fréquemment par la faible maitrise financière des Scholars. Il en est de même pour les controverses persistantes entres les jurisconsultes des quatre écoles qui découragent également les initiatives d’innovation. Autre frein majeur de l’innovation en finance islamique, C’est de basculer d’une gamme de produits Sharia Compliant, résultat d’une ingénierie réplicative, à une véritable innovation d’une toute nouvelle gamme de produits Shari’a based. Cela passe certainement par la capacité de se détacher du modèle conventionnel et de créer des instruments propres basé sur l’esprit du Fiqh Muamalat, plutôt que de répliquer et remanier l’offre conventionnelle selon les principes du droit commercial islamique136.

Le marché islamique est fortement pénaliser par le non utilisation des produits dérivés. En effet la modernisation et l’efficience de la gestion actif-passif des Banques Islamiques est tributaire de l’emploi d’instruments structurés innovants, répondant aux besoins cruciaux de ces jeunes institutions à relever de grands défis de gouvernance et de gestion bilancielle.

La force d’innovation de la finance islamique doit être orientée dans une optique de ciblage des segments d’une clientèle, qui prennent soin profondément du respect de la Sharia dans leurs rapports financiers, pour lui offrir des produits et services répondant à leurs besoins spécifiques. Cette clientèle peut être les muftis, les employés Awqaf, ou les employés des ministères des affaires islamiques, les compagnies de l’industrie Halal, les organismes de bienfaisance, etc. Aussi, il y a un « espace blanc » (figure 12), laissé par les produits de financement de base, dans d’autres domaines plus sophistiqués (par exemple la gestion des actifs et la richesse) pour puiser des produits adaptés aux besoins spécifiques des musulmans fournissant une plate-forme de véritable différenciation, comme les produits de l’épargne du Hajj (exemple l’organisation gouvernementale indépendante de la Malaisie, Tabung Haji,) et la gestion des actifs des Awqaf.

136 Khalil LABNIOURI (2012), L’innovation en ingénierie financière islamique. Revue scientifique du Centre de Recherches Juridiques Economiques et Sociales, Université Mohamed V Rabat.

Figure 108 : Opportunités d’innovation des produits islamiques

En outre la finance islamique doit se focaliser plus sur l’innovation de nouveaux mécanismes plutôt «Shari’a Based » que « Shari’a Compliant » de même à rendre possible les effets positifs macro et micro économique de la finance islamique, profitant à toute la société.

III.Valeur ajoutée commerciale vs Similitude

Du côté de la banque commerciale la valeur ajoutée de la finance islamique ressemble plus ou moins à celle de la banque conventionnelle notamment en matière de couverture des clients Retail. Toutefois, la finance islamique se rapproche plus de la configuration des banques d’investissement mais avec un mode de distribution plutôt Retail. Un modèle touchant l’ensemble des segments, Particuliers et professionnels, GE, PME, TPE et même Micro entreprises. Cela soit à travers des modèles classiques de capital-risque et capital développement ou bien de souscription en Sukuk customisés émise par des SPV taillées sur mesure, ou même encore à travers la segmentation par le rendement des comptes d’investissements bancaires basés sur la Mudaraba restrictive (orientée précisément à un projet ou un secteur) selon des paliers de niveau de risque et surtout de maturité des cycles d’investissement, neutralisant ainsi à la même occasion tout risques ALM en la matière. La finance islamique s’est imposée d’elle-même à travers ses larges possibilités de drainer des capitaux, sa stabilité, son taux de croissance à deux chiffres et aussi les niveaux intéressants de rentabilité de l’ensemble des opérateurs, aussi bien les banques que les assurances, les sociétés d’Ijara, celles de micro finance ou encore les fonds d’investissements.

Ainsi, la principale valeur ajoutée de la finance islamique se contemple dans les résultats de la capacitation économique islamique qui consistait à faire du business avec un groupement structuré de micro entrepreneurs acceptant des ratios de partage plus avantageux pour le financier, en compensation de l’accompagnement de la banque entant que partenaire (capitalistique et technique) sur l’ensemble des étapes du circuit. A partir du choix de projet, jusqu’à la production, la prospection de débouchés, la commercialisation et même la gestion financière. Dépassant ainsi le cadre classique et limitatif de la micro finance par la dette. Côté ressources, la banque islamique a facilement affecté des fonds plutôt dédiées en provenance des placements de la zakat collectée et des comptes d’investissement du Waqf. La mobilisation de ces mécanismes ont augmenté plus au moins l’inclusion financière et ont développé le niveau social des pays islamiques, principalement en Malaisie, Singapour, Pakistan et Brunei.