• Aucun résultat trouvé

Les trois maillons de la chaine de valeur de la Shari’a I.Maqassid (objectifs initiaux) : L’esprit de la Shari’a31

Section III. Les finalités économiques et sociales de la Shari’a : Les objectifs

Parag 1. Les trois maillons de la chaine de valeur de la Shari’a I.Maqassid (objectifs initiaux) : L’esprit de la Shari’a31

L'étude des objectifs de la Shari’a est important dans la mesure où ça reflète l’esprit de la Shari’a et permet aux jurisconsultes de déterminer l’interdiction ou la licéité de toute question dans le processus de l’Idjtihâd et du Kiyass.

31Muhammed Ayub (2007), Understanding islamic finance

Activité bancaire islamique Marché des capitaux islamiques

Assurance islamique

Institutions financières islamiques

IFSB-1 : Gestion des risques

IFSB-2 : Adéquation aux fonds propres

IFSB-3 : Gouvernance

IFSB-5 : Processus de surveillance

IFSB-7 : Exigences en fonds propres pour Sukuk, Titrisation et investissement en immobilier

IFSB-12 : Gestion du risque de liquidité (*)

IFSB-13 : Principes d’exercice de Stress tests (*) IFSB-15 : Révisé de l’adéquation en fonds propres IFSB-16 : Révisé du processus de supervision

IFSB-6 : Gouvernance des fonds d’investissement collectif

IFSB-8 : Gouvernance Takaful IFSB-11 : Solvabilité Takaful

IFSB-9 : Conduite d’activité

IFSB-10 : Système de gouvernance Charia

L’islam priorise la vie humaine en considérant l’être humain comme étant le lieutenant (khalifa ou mandatée) d’Allah Tout Puissant (mandataire) pour appliquer ses enseignements (règles du mandataire) et se soumettre à sa volonté. La Vertu ne signifie pas abandonner les grâces de la vie, mais d’en profiter tout en restant dans le cadre des valeurs islamiques qui maximisent le bien-être et le développement humain. L’islam exige une vie moralement responsable, basée sur les prescriptions de la Shari’a. Par conséquent, tout ce qui garantit le bien-être et répond aux intérêts suprêmes de l'humanité est inclus dans les objectifs de la Shari’a. Ces objectifs appelés Maqassid de la Shari’a ont été identifiés par les juristes comme Ghazali et d’autres par une étude inductive du Saint Coran et la Sunna. Ils sont regroupés dans deux finalités : la réalisation de l’intérêt commun (Jalb Al-Massalih, حلاصملا )بلج et la protection contre le mal (Dar’â Al Mafassid,دسافملاءرد).

En outre, les Maqassid de la Shari’a peuvent être divisés en objectifs primaires et secondaires.

Selon l’imam Ghazali, les Maqassid primaires de la Shari’a se résument en cinq

catégories : « Le but de la Shari’a est la promotion du bien-être des gens, qui consiste à préserver leur foi (Ad-Dîn), leur âme (Al Nafs), leur intellect (Al-Aql), leur progéniture (Al Nasl) et leurs biens (Al Mal). Tout ce qui garantit la préservation de ces cinq intérêts est souhaitable, et tout ce qui leur nuit est un mal qu’il faut chasser ».

Figure 18 : Les cinq objectifs initiaux (Maqassid) de la Shari’a

En effet, la protection de la religion signifie la réalisation de l'objectif de culte d'Allah (SWT). En Islam, il y a un système complet de croyances et de la Sharia, sous la responsabilité de l'État qui doit mettre en œuvre les exigences de la Sharia dans le respect des croyances.

La préservation de la vie humaine se réfère à la sainteté de la vie comme est souligné dans le Coran et la Sunna. Par exemple la loi du Qissas a été instaurée pour punir ceux causant un préjudice à la vie humaine. Cet objectif retourne également à la fourniture de produits de première nécessité à tous les êtres humains.

Pour ce qui est de la protection de la descendance de la famille, elle concerne le mariage et l'institution de la famille, dont les buts sont : la procréation, la protection contre le manque de

chasteté et la bonne éducation des enfants, qui leur permette de devenir de bons êtres humains et d’apporter la paix et la tranquillité à la société. Les moyens de réaliser cet objectif sont la promotion du contrat de mariage, des principes relatifs à la vie de famille et l'interdiction de l'adultère.

Concernant la richesse, sa protection se réfère à la sainteté de la richesse de tous les membres de la société, en mettant l'accent sur la licéité du gain et le découragement de la thésaurisation conduisant à un vaste écart entre les pauvres et les riches et générant l'incapacité de la première catégorie à répondre à leurs besoins fondamentaux comme la nourriture, la santé et l'éducation fondamentale. A cet effet, l'Islam fournit Fiqh Al Moumalat, une loi globale régissant les transactions entre les membres de la société.

La promotion de l'esprit humain se renvoie à l'acquisition de connaissances, permettant aux gens de différencier entre le bien et le mal et de jouer leur rôle dans l'amélioration du bien-être humain de la société dans son ensemble.

La dignité humaine, quant à elle, est à protéger par l'interdiction de fausses accusations, le droit à la vie privée et sa béatitude.

De plus, parmi les objectifs secondaires de la Shari’a on cite : -La mise en place de la justice et de l'équité dans la société.

-La promotion de la sécurité sociale, entraide et de solidarité, en particulier pour aider les pauvres et les nécessiteux à répondre à leurs besoins de base.

-Le maintien de la paix et de la sécurité.

-La promotion de la coopération en matière de bonté et de l'interdiction des actes et des actions infectes.

-La promotion des valeurs morales universelles suprêmes et toutes les mesures nécessaires pour la préservation de l'autorité de la nature.

En outre, les Scholars de la Shari’a ont indiqué qu'il ne suffit pas de hiérarchiser les objectifs de la Shari’a selon leurs angle de priorité, mais qu’il faut aussi envisager une autre dimension de classification basée sur le niveau d’urgence imposée par chaque objectif. Ainsi, une lecture synthétique des préceptes de la charia permet leur classement selon la hiérarchie ci-après :32

Le primordial (Dharouriat) : Tout ce dont l’être humain ne peut s’en passer sans mettre en péril l’un des cinq centres d’intérêt ;

Le nécessaire (Hadjiat) : Tout ce dont l’absence crée une contrainte majeure (Haradj) pour la réalisation d’un centre d’intérêt ;

Le complémentaire (Tahsiniat) : Tout ce qui contribue à améliorer la réalisation et l’épanouissement de l’un des cinq centres d’intérêt.

Il est important de signaler que la réalisation des Maqassid primaires ne peut se faire sans la réalisation des secondaires, une maxime Fiqhique stipule que « tout ce qui est indispensable à la réalisation d’une chose est lui aussi indispensable ». De plus, les objectifs secondaires, certes peuvent avoir, à court terme, moins de portée que d’autres, mais ils peuvent s’élargir et évoluer dans le temps. Par ailleurs, le développement durable de la société, passe par la préservation

perpétuelle du processus de réalisation des Maqassid aussi bien les primaires que les secondaires.

II. Ahkam (jurisprudence) : Les règles de la Shari’a

Dans une perspective de préservation des Maqassid de la Shari’a, l’islam exige des règles jurisprudentielles pour protéger les êtres humains contre les cruautés et injustices causées par des acteurs sans scrupules dans la société. Ces règles doivent être respectées dans le sens de la réalisation des droits socio-économiques. L'État doit également enrayer toute pratique nuisible. Le Coran et la Sunna spécifient les règles de la Shari’a, d’autres ont été déduites du processus d’Ijtihad des érudits de l’islam. Ces derniers ont développé un système normatif juridique des lois qui mène au respect de la Shari'a sur ce qui est halal (divinement autorisé) et ce qui est

Haram (interdit divinement). Ce registre de règles prend en considération les circonstances des lieux, des personnes, d'expériences spécifiques et de la coutume acceptée. Le principe de base cadrant ce système classe les règles charia en : obligatoire, recommandé, licite, répréhensible et interdite. Toutefois, tout est autorisé sauf ce qui a été explicitement interdit.

Dans le coran plusieurs versets rappellent à l’être humain le respect des règles jurisprudentielles édictées. Par exemple dans la Sourate Al Maidah-,verset 49, Allah, Tout Puissant, dit : « Juge alors parmi eux d'après ce qu'Allah a fait descendre. Ne suis pas leurs passions, et prends garde qu'ils ne tentent de t'éloigner d'une partie de ce qu'Allah t'a révélé. Et puis, s'ils refusent (le jugement révélé) sache qu'Allah veut les affliger pour une partie de leurs péchés. Beaucoup de gens, certes, sont des pervers.». De même dans la Sourate n°45, verset 18, où le Grand Dieu dit : «Puis Nous t'avons mis sur la voie de l'Ordre [une religion claire et parfaite]. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas.»

Cependant au niveau de Fiqh Al Moumalat Al Maliya, toute question nouvelle est rendue à consensus doctorum des érudits musulmans, en complément des conditions mises en place par un Madhhab, pour bénéficier d’une large approbation au sein de la communauté des jurisconsultes d’une même époque.

Dans ce cadre, on distingue les règles fondamentalistes constituant d’une manière particulière des algorithmes de déduction des avis juridiques et les règles globales qui les englobent.

III.Maalaat (Impacts finaux) : La correspondance des résultats à l’esprit de la charia

Pour compléter la chaine de valeur de la Shari’a, il est important d’analyser les Maalaat

(impacts finaux) de la Shari’a. Autrement, la correspondance des résultats finaux aux objectifs initiaux constituant l’esprit de la Shari’a.

Les impacts des objectifs de la Shari’a relatés précédemment, peuvent être regroupés principalement dans trois niveaux : social, économique et politique.

Sur le plan social, la Shari’a présente des orientations en matière de gestion des interactions entre les individus. Elle retrace le comportement de l’individu et oriente ses besoins. Puis, elle favorise la propagation des valeurs éthiques, la promotion de l’échange productif et la stimulation de l’esprit d’initiative. En outre, la Shari’a garantit la paix de l’âme et son bien être dans la vie et dans l’au-delà.

Les impacts de l’application de la Shari’a sur l’économie résident dans l’instauration de l’équité dans la répartition des richesses, la réduction de la spéculation et l’élimination de la thésaurisation. De plus, la promotion de l’échange productif et l’adossement des échanges sur les actifs réels assure la cohérence entre l’économie financière et l’économie réelle. Il est utile d’ajouter que la rupture des transactions financières basées sur le Riba et le Gharar garantit l’inclusion financière de la catégorie de la population non desservie par la finance classique. Au niveau politique, en préservant la religion, l’Etat assure l’agrégation du politique au religieux, la Shari’a deviendra donc la source principale de la législation et la règlementation. Par ailleurs, l’Etat en adoptant les consignes de la Shari’a dans son sens large, elle soutient la protection des biens des individus en prenant en charge la gestion des biens publics qui ne peuvent pas faire l’objet de propriété individuelle. A côté de cela, l’Etat islamique pourra mettre en pratique les principes économiques islamiques en assurant un équilibre entre les différents facteurs commandant l’offre, la demande, l’investissement, la production et la bonne répartition des richesses33.

Parag 2.Les trois responsabilités morales de la banque islamique