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Section III. L’écart par rapport au potentiel du marché

Parag 3. Population non musulmane

La finance islamique ne se limite pas seulement aux musulmans, les non-musulmans aussi, peuvent bénéficier des services conforme à la Sharia (ne se basent pas sur le Riba et découragent l'activité spéculative) comme l'absence de ces pratiques permet de réduire l'écart de richesse entre les riches et les pauvres.

Plusieurs études constatent l'intérêt que portent les non-musulmans pour la finance islamique depuis le début de la crise mondiale. En effet, ce système financier est perçu par une partie de cette cible comme une alternative aux techniques de financement conventionnelles. Convaincu de la viabilité et la durabilité financière de ce système bancaire, (comme en témoigne à l’unanimité tous les derniers rapports des agences Ernest & Young et Standard & Poors, en plus de ceux du FMI et de la Banque mondiale) ce segment se tourne davantage vers les banques islamiques. Haron et al. (1994) indiquent que 75 % des non-musulmans connaissent l'existence des banques islamiques en Malaisie. Un résultat corroboré par les travaux d’Abdullah et al. (2010) qui confirment la popularité grandissante des services et produits bancaires islamiques auprès de cette cible. Celle-ci constitue 50 % du portefeuille client des banques islamiques malaisiennes150.

En dépit de son puissant potentiel, force est de constater que cette cible reste aujourd'hui, peu prise en compte par la grande majorité des institutions financières islamiques et ce dans nombreux pays. Pourtant, la compétitivité croissante sur ce secteur impose aux banques islamiques d'élargir leur marché par la satisfaction des besoins et des attentes spécifiques de ce segment. Il est à ajouter aussi que les clients non musulmans viennent souvent pour des

148 http://www.boursier.com/actualites/economie

149 Thomson Reuters et Dinar Standard (2015/2016), State of the global Islamic economy report.

150Souheila KAABACHI (2015), Le comportement du consommateur envers les banques islamiques : une méta-analyse des perceptions, des attitudes et des critères de choix des individus. Les Cahiers de la finance islamique N°8

questions de prix. À la banque par la ensuite, par son service et sa communication, de mettre en avant les caractéristiques éthiques de ses produits et de créer une fidélité.

I. Sukuk et fonds d’investissement

Le marché des Sukuk et fonds d’investissement s’est développée ces dernières années et un nombre croissant d’investisseurs ont franchis les frontières (et les limites) des marchés traditionnels pour intégrer ses fonds dans leurs portefeuilles. Paradoxalement, les émissions ne sont pas très importantes car ce marché est généralement concentré sur une poignée d’émetteurs. Toutefois, le secteur de la finance islamique devrait continuer à progresser d’environ 20 % par an et le nombre d’investisseurs intéressés par les titres conformes à la Shari’a devrait suivre la même trajectoire151.

Les souscripteurs aux capitaux islamiques sont surtout des investisseurs musulmans, mais ces titres suscitent désormais un intérêt qui va bien au-delà du monde islamique. D’après certaines estimations, les investisseurs traditionnels pourraient représenter de 40 à 60 % de l’offre des capitaux islamiques152. Ces fonds peuvent constituer des opportunités attrayantes pour les investisseurs non islamiques, cherchant à diversifier leurs portefeuilles. Non seulement leurs performances sont attractives par rapport aux obligations traditionnelles, mais leur volatilité est historiquement plus faible, ce qui peut se révéler important dans un environnement de hausse des taux d’intérêt.

Du fait de leur structure unique et de la dynamique de leur marché, les performances des fonds islamiques ont aussi tendance à être moins corrélées à d’autres segments du marché conventionnel. En raison de tous ces facteurs, les fonds islamiques pourraient être tout à fait appropriés pour compléter les allocations existantes aux actions ou aux obligations internationales des investisseurs.

Conscients du potentiel de cette classe d’actifs unique, les autorités islamiques devraient renforcer d’avantage le cadre règlementaire du marché des capitaux pour populariser ce marché auprès des pays non musulmans et d’encourager les émetteurs à franchir leurs seuils de sécurité qui les obligent à limiter leurs émissions à des fonds de petites tailles.

Un autre élément à ajouter pour le démarchage des pays non musulmans est le marché du pétrole. Car tant que le pétrole sera cher, les banques islamiques continueront de croître, et le marché des capitaux poursuivra sa dynamique d’expansion.

II. Niche de l’éthique

Concurrencer les banques conventionnelles ne signifie pas que se focaliser sur les produits, mais aussi sur la clientèle à cibler pour ses produits .un potentiel important d’expansion des banques islamiques est celui de l’éthique. Les banques islamiques devraient identifier les segments de clients non musulmans ouverts à l’éthique.

La niche de l’éthique peut être utilisé également pour servir la population musulmane attirer plaçant moins d'importance sur le respect de la Sharia dans leurs rapports financiers mais plus sur les produits concurrents et des services présentant un niveau élevé de l’éthique. Ces clients

151 Thomson Reuters, Global Islamic management report 2014.

mettent plus l'accent sur les valeurs éthiques et les efforts sociaux ou environnementaux (énergie durable,…) vont toucher le plus grand des deux clients musulmans et non musulmans.

Après des années de croissance rapide dans lequel les banques islamiques ont dépassé les banques classiques dans la plupart des marchés, la croissance reste en stagnation dans les régions géographiques clés, y compris en Arabie Saoudite et les EAU. La croissance dans le secteur bancaire islamique correspond à celle du marché en général, privilégiant les instruments de dette par rapport aux montages participatifs.

En matière de couvertures des clients, certaines couches de la pyramide sociale continue d’être non desservies par les services de la finance islamique notamment les PME et TPE.

Les trois dimensions d’excellence des banques islamiques, à savoir la supériorité produit, l’excellence opérationnelle et l’intimité client, sont maintenus à un niveau assez satisfaisant. Les banques islamiques continuent leurs efforts en matière d’innovation des produits islamiques et d’instauration de nouveau paradigme mais ceci reste entravé par des contraintes Shariatique et règlementaire. Un travail également reste à faire consternant la qualité des services et l’extension du réseau des banques islamiques. En outre, la sensibilisation des clients et mise en place politique de démarchage des clients avec l’orientation et l’accompagnement de leurs besoins est nécessaire pour gagner en crédibilité auprès de la clientèle existante et aussi celle cible non encore intéressée par les produits islamiques.

Finalement, et malgré l’expansion de la finance islamique, celle-ci néglige un potentiel important résidant dans la couverture des autres segments du marché Halal, dans l’élargissement de leurs taux de pénétration à la population musulmane au niveau national qu’à la population dispersée à l’international. Dans une autre perspective, les banques islamiques devraient s’intéresser davantage à la population non musulmane via la promotion du volet éthique de la finance islamique, les Sukuk et les fonds d’investissement.