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Section III. Les filiales financières spécialisées : Le puzzle

Parag 5. Filiales financières solidaires I.Low Income Banking (LIB)

V. Fondations de la zakat 123

La charité occupe une position centrale dans le régime islamique de lutte contre la pauvreté. Le terme général pour la charité dans l'Islam est Sadaqah /Zakat. La Zakat est le troisième des cinq piliers de l'islam, elle est une obligation sur la richesse de tous les musulmans sur la base de critères précis. Aussi, il existe des règles de la Shari’a assez claires et définissent les concernées par la zakat, le taux et les bénéficiaires. Littéralement, la Zakat est la part prescrite d’une richesse à répartir entre les catégories de personnes habilitées à le recevoir. L’individu payeur

de la zakat est appelé Muzakki et l'individu la recevant est un Mustahiq. Les programmes de microfinance islamiques visent à transformer le Mustahiq en Muzakki dans un temps réduit. Par ailleurs, l’Islam impose des restrictions sur l'utilisation des fonds de la Zakat et exige que les fonds collectés doivent clairement être distribués uniquement à certaines catégories de bénéficiaires. Les fonds Zakat doivent être clairement distingués des fonds islamique issus des impôts et des recettes de l'Etat et ne peut pas être en aucun cas utilisés pour financer des projets d'infrastructure, des services publics ou pour satisfaire les dépenses administratives de l'Etat. Le verset 60 de la sourate n° 9 du Saint Coran définit les bénéficiaires éligibles de la Zakat :

« Les offres (Zakat) donnés pour l'amour d'Allah sont seulement pour les faibles et les nécessiteux, et ceux qui en sont en charge, et ceux dont les cœurs sont à gagner, et pour la libération des êtres humains de l'esclavage, et ceux qui sont surchargés de dettes, et pour toutes les luttes dans la cause d'Allah, et pour le voyageur sans direction définie : ce qui est une ordonnance d'Allah et Allah est omniscient, sage ».

Figure 94 : Catégories de distribution des fonds de la Zakat

S’agissant de l'environnement institutionnel et réglementaire pour la mobilisation et l'utilisation de la Zakat, celui-ci diffère d’un pays à un autre.

0%

12% 5% 0%

83% Brunei

Mussafir Gharimun Mu'allaf Amil Poor 12% 16% 31% 41% Indonésie

Economic Programme Health Programme Humaintarian Aid Education Programme

0% 40% 1% 14% 1% 7% 37% Singapore

Ibnus Sabil Fi Sabillah Gharimun Riqab Mu'allaf Amil Poor 1% 38% 4% 1% 4% 10% 42% Malaisie

Ibnus Sabil Fi Sabillah Gharimun Riqab Mu'allaf Amil Poor 9% 17% 31% 43% Pakistan Admin Healthcare Education Social Safety Net 5% 8% 10% 10% 17% 19% 23% 7% Inde

Economic need Poor relatives Orphanage Direct help to poor Healthcare Religious Education

Figure 95 : Structure des institutions de gestion de la Zakat

Pour accompagner l’activité de ces fondations de la Zakat, des infrastructures de support ont été mises en place. En Indonésie le World Zakat Forum (WZF) est fondé en 2010 pour discuter et partager toutes les questions de la Zakat questions tout en impliquant diverses parties prenantes de l'Etat et ou du Gouvernement, des organisations gouvernementales de la Zakat, des organisations non gouvernementales, des académiciens, des Ulama, et d'autres. S’ajoute l'Indonésie Magnificence Zakat (IMZ) qui engage une gamme complète de programmes de formation dans la gestion de la Zakat sous plusieurs aspects (Fiqh de la Zakat, collecte de fonds, transparence et gouvernance, etc…). En Malaisie, l’International Zakat Organization (IZO) crée en 2007 a pour vocation l’encouragement à la collecte de la Zakat et la promotion des programmes de distribution de celle-ci.

En termes de succès, des programmes ont marqué l’histoire par leurs contributions dans l’enrichissement des fonds de la Zakat. Le Shaukat Khanum Cancer Hospital Memorial

(SKMCH) créé en 1994 à Lahore, au Pakistan, est un des programmes témoins. Sa mission consiste à traiter les patients atteints de cancer et mener des recherches sur les causes et les

traitements de cette maladie. Un autre exemple est la Dompet Dhuafa Republika (DDR), une

institution philanthropique qui sert à aider les pauvres en utilisant la Zakat, Sadaqa et Waqf des individus, des groupes, des entreprises ou des institutions. Il redistribue les fonds reçus pour soutenir les nombreuses activités sociocommunautaires, y compris les activités visant à réduire la pauvreté, ceux favorisant l'éducation, la santé et la recherche.

Enfin, Le présent chapitre explicite les différentes filiales financières islamiques qui ont vu le jour pour accompagner le développement la finance islamique. Ces institutions ont contribué, explicitement et implicitement, tout au long des dernières décennies dans la croissance de

Inde Indonésie

Malaisie, Singapore, Brunei

l’industrie de la finance islamique comme en témoigne la taille croissante en glissement annuel des actifs sous gestion.

Conclusion de la partie I (Quatre siècles d’intermédiation bancaire : Le bilan)

Face aux démonstrations régulières de la fragilité de la finance conventionnelle, ainsi que les multiples interrogations quant à son rôle sensé être développemental, la finance islamique a gagné une attention considérable et une acceptation mondiale durant ces quatre décennies. La croissance a été positive et les actifs de l'industrie continuent de croître. La capacité pour les institutions financières islamiques pour résister aux tempêtes a été reconnue.

Toutefois, elle reste relativement peu connue et peu expérimentée même par les musulmans du milieu professionnel de la finance. Au mieux, cette connaissance reste limitée au principe de l’interdiction du taux d’intérêt, et au pire elle alimente, par ignorance les prés jugements négatifs.

Au-delà des chiffres et des perspectives positives, la taille de la finance islamique ne dépasse pas 1% des actifs financiers mondiaux concentré dans la Malaisie et les pays du Golfe. De plus la finance islamique présente beaucoup d’écarts par rapport aux percepts de la Shari’a et comparativement aux objectifs sociaux économiques définis initialement.

Les banques islamiques, en se basant sur une intermédiation quasi-conventionnelle, ont développé une présence commerciale importante sur le marché en matière de financement de la consommation d’une population très jeune, notamment en termes d’équipement, de logement, de loisir et de tourisme. Néanmoins, les banques islamiques évitent volontairement de franchir l'étape de ce que les économistes anglophones appellent "the mark up phase" ou étape de la marge bénéficiaire calculée ex-ante, pour passer à l'étape de la participation aux résultats (profit & Loss sharing –PLS- phase).

La déviation entre la théorie et la pratique peut constituer un obstacle. Les modes de financement participatif sont rares dans la pratique, ce qui a fait de l’expérience des banques islamiques un terrain propice à toutes les critiques. Les institutions financières islamiques doivent investir davantage dans la recherche et développement et s’ingénier à offrir des produits attractifs en matière de mobilisation et de fructification des fonds collectés dans le respect de la Shari’a.

De même, concentrant l'attention sur les finances conformes à la Shari’a ne concerne pas seulement un système financier alternatif et une passerelle vers de nouvelles sources de financement favorisant les instruments de dette. Les mécanismes fondamentaux doivent tourner autour d'un écosystème participatif qui maintient la capacité de viabilité à long terme, surtout que le monde est menacé par la conjoncture économique et la volatilité des prix mandatant un besoin urgent de diversification économique.

En outre, la finance islamique semble une solution de rechange convenable au système actuel. Cependant, il incombe à la finance islamique la responsabilité de tirer les leçons de la crise et de ne pas les répéter. Il faut donc prévoir les futurs dysfonctionnements dans ce système pour ne pas essuyer les mêmes échecs. Rien ne peut lui être plus fatal qu’un mimétisme aveugle.

La capacité de favoriser l'expansion devrait se concentrer sur la sensibilisation des acteurs sur la finance islamique tant musulmans que non musulmans, la croissance durable et l’inclusive financière réelle de différentes couches sociales et des PME étant donné que seulement 20% des musulmans du monde entier qui sont desservies par les services de la finance islamiques. Aussi, l’intégration de la finance islamique dans le système financier international est conditionnée par la révolution de la méthodologie de jurisprudence, l’harmonisation des avis Fiqhiques et la bonne interaction des règles de la Shari’a islamique avec les systèmes juridiques et le droit civil en place. Cette action permettra au chemin de la conformité Shari’a de ne pas être controversée vers la crédibilité Shari’a confirmée.

Ainsi, après les quatre décennies de pratique bancaires islamiques, il est temps de penser à un nouveau type d'intermédiaire financier, ou carrément un modèle financier désintérmédié capable de prendre en charge le financement de projets longs en acceptant de développer les modes de financement participatifs et connectifs, souvent inadaptés aux opérations de financement pratiquées par les banques de détail.

Le défi réel de la finance islamique serait sa capacité de se transformer en finance de demain et jouer un rôle plus grand dans le marché financier. Cette industrie a tous les éléments de base étant donné que l’islam a clairement indiqué les règles de bon vivre ensemble dans l’intérêt mutuel, équilibré et durable aussi bien de la communauté financière que des autres agents économiques, dans un cadre d’éthique, de justice et d’équité économico-financière propice à un développement durable dont profite l’ensemble de ceux qui le construisent.

Partie II : Analyse de la fiabilité du model d’intermédiation

islamique : Les écarts

Introduction de la partie II :

Les deux derniers chapitres de la première partie avaient pour objectif de donner une vue globale sur les concepts et règlementation de base de la finance islamique ainsi que la déclinaison de ces éléments sur le business model actuel et dès la création des premières banques islamiques.

Cette deuxième partie de la thèse est consacrée à l’examen des résultats concrets du business model actuel des banques islamiques ayant été opérationnelles depuis quatre décennies. L’analyse portera sur le niveau de pénétration de la finance islamique sur le marché financier, sa viabilité et son impact économique et social effectifs.

Au niveau de la pénétration du marché, l’analyse s’étale sur l’expansion de la finance islamique. Le but est d’évaluer d’une part le développement de la finance islamique, l’évolution des parts de marchés de ses lignes métiers et le degré d’opérationnalisation des produits ainsi que leur conformité à la Shari’a. L’objectif étant de faire un état des lieux de l’industrie de la finance islamique durant les dernières années. Comme moyen de bord, nous nous sommes référés à des indicateurs globaux publiés par Thomson Reuters et d’autres spécialistes dans le domaine. D’autre part, l’analyse porte également sur les écarts de la pénétration de la finance islamique comparativement à la cible potentielle du marché.

La viabilité d’un projet se réfère à sa pérennité et à son fonctionnement de développement. Ainsi, l’industrie de la finance islamique, étant un projet ayant quatre décennies d’existence, nécessite un passage en revue et une hiérarchisation des différents critères économiques et financiers qui permettent de faire une idée de l'intérêt et de la viabilité de ce projet. Compte tenu caractère opérationnel de notre étude, nous assimilons les facteurs de viabilité de la finance islamique à son niveau de stabilité, son degré de rentabilité et sa capacité à concurrencer dans le marché financier.

Après avoir mesuré la viabilité du modèle actuel de la finance islamique, le dernier chapitre de cette partie étudiera l’impact économique et social du business model actuel de la finance islamique.

En effet cette partie de la recherche revêt un caractère important de par ses résultats qui vont conditionner les conclusions à tirer aux niveaux de la dernière partie de la thèse à savoir les clés de réussite du model alternatifs voire disruptif qui sera proposé comme antithèse de l’intermédiation aussi bien dans sa forme conventionnelle que celle dite islamique en référence à ces sources charaiques qui se veulent éthiques et développementales.

Or l’étude des chapitres précédents ont bien démontré que les pratiques actuelles des banques islamiques dans le monde se sont beaucoup éloignées des principes sacro saints du fikh al Muamalat. De ce fait les modèles d’intermédiation islamiques étudiés révèlent plus une finance esthétique plutôt qu’une finance éthique. Quid donc du résultat concret de ce dérapage par rapports aux sources de la vraie charia ?