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La succession de la dame du Coudray

C HAPITRE II. L ES DEBUTS DE LA FORMATION

C) La succession de la dame du Coudray

1) Des traces archivistiques ténues.

Lorsque Angélique du Coudray quitte le Limousin en 1763, l’intérêt pour la formation des sages-femmes ne disparaît pas. Les sources qui subsistent encore sur la poursuite des cours sont relativement réduites, mais elles renseignent malgré tout sur leur persistance.

C’est l’enregistrement d’un serment de sage-femme qui a permis de repérer l’existence d’un premier cours à Tulle en 177523. Cette pratique de l’enregistrement des serments de sage-femme est commune à la plupart des régions françaises et on la retrouve dans le domaine germanique24. Elle marque la volonté de contrôle des pouvoirs politique, religieux et médical sur le personnage de la sage-femme, caractéristique de la seconde moitié du XVIIIe siècle25.

Le serment prêté par la sage-femme la soumet à l’autorité devant laquelle elle le prête. On rencontre à cet égard des cas assez divers. Ainsi que l’a montré Jean-Michel Boehler pour l’Alsace, le serment peut être prêté devant le prêtre qui le transcrit à l’intérieur même du registre paroissial, devant la communauté des habitants, ou devant une instance judiciaire comme le prévôt26. Dans le cas présent, le pouvoir en jeu dans l’entreprise de contrôle de la sage-femme n’est pas d’essence religieuse mais de type judiciaire puisqu’il s’agit du juge de la ville et châtellenie de Beaulieu. En l’occurrence, le juge représente l’ensemble de la communauté, il reçoit le serment et enregistre le certificat délivré par le démonstrateur. Prêter serment devant un laïc n’exclut sans doute pas un strict encadrement religieux de la sage-femme. À cet égard, le type de sources utilisé infléchit sans doute la réalité de la surveillance qui s’exerce sur cette femme.

Ce serment est le seul du genre rencontré dans la série B. L’impossibilité de faire des sondages dans les registres paroissiaux de manière systématique a empêché de confirmer

23 Arch. dép. Corrèze, B 1040.

24 BOEHLER (Jean-Michel), « Sages-femmes de nos aïeules, qui êtes-vous donc ? 22 accoucheuses rurales en Alsace moyenne au 18ème siècle », dans Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-la-Ville, Barr, Obernai, t. 33, 1999, p. 53 et 56.

25 GELIS (Jacques), « L’accoucheuse rurale au XVIIIe siècle : transformation du rôle d’un intermédiaire entre culture rurale et culture urbaine », dans Les intermédiaires culturels. Actes du colloque du centre d’histoire sociale, des mentalités et des cultures, 1978. Aix-en-Provence, 1981, p. 128.

l’hypothèse de l’existence d’une pratique du serment devant un prêtre pour le Bas-Limousin, et par là même de découvrir éventuellement la trace d’autres cours dans les années 1764-1775.

Les autres sources sont administratives. En effet la gestion de l’organisation des cours d’Angélique du Coudray par l’intendant indiquait la voie à emprunter pour trouver des éléments sur de possibles cours postérieurs. Les archives de l’intendance pour la généralité de Limoges fournissent ainsi des informations sur l’organisation d’une série de cours entre 1786 et 178927. Tout comme le serment, les sources administratives sont lacunaires. Là où le premier permet d’appréhender le jeu des pouvoirs qui encadrent la sage-femme sans fournir beaucoup d’informations sur le contexte du cours qu’elle a suivi, les sources produites par l’intendance et les subdélégués des élections de Tulle, Brive et Ussel renseignent en priorité sur les questions de financement de ces cours. Cette caractéristique est à prendre en compte dans l’appréciation globale. Autre épave, une lettre du subdélégué d’Ussel adressée à l’intendant renseigne en 1787 sur l’opinion exprimée par les consuls sur les cours d’accouchement28.

Le 9 juillet 1787, le subdélégué d’Ussel, Delmas, écrit à l’intendant pour une question d’achat de pompes à incendie. À première vue, le sujet est bien éloigné de l’enseignement obstétrical, mais dans le corps de la lettre, se plaignant de l’avarice des consuls d’Ussel, il rappelle leur refus quelques mois plus tôt d’organiser un cours d’accouchement. Il ne suffit donc pas que la volonté de l’administration royale s’exprime pour qu’elle soit exécutée. Le poids des résistances est fort. L’exemple ussellois est révélateur des obstacles parfois rencontrés dans la mise en place de cours. La seule raison mise en avant est la rapacité des consuls qui rechignent à débourser le moindre denier pour l’utilité commune. Cet événement prouve d’ailleurs qu’une participation était réclamée aux municipalités des villes où se déroulaient les cours, élément dont il n’y a pas d’autre mention dans les archives.

Les cours de 1775 et 1787-1789 sont éclairés par les sources. Cela ne signifie pas qu’entre temps, aucun autre cours n’ait eu lieu. Il paraît plausible que l’habitude de nommer des démonstrateurs et d’organiser des cours d’accouchement se soit prise dès le départ d’Angélique du Coudray. Turgot, précurseur par rapport à d’autres intendants, pourrait aussi être l’initiateur de cours plus ou moins permanents aux chefs-lieux des différentes élections qui constituent la généralité de Limoges. Cette pratique constitue dès lors d’une certaine façon

27 Arch. dép. Haute-Vienne, C 270.

un passage obligé du bon intendant. Elle est poursuivie par Daine à son arrivée en 1774, puis par Meulan d’Ablois à partir de 178329.

2) Le cours de 1775.

Angélique du Coudray était une sage-femme travaillant à titre privé. Ce sont des hommes qui lui succèdent et ces hommes sont nommés et payés par l’intendant. Il s’agit d’un changement complet d’optique dans la manière d’envisager et d’organiser les cours. Du cours privé, encouragé par l’administration royale, on passe à une tutelle de cette dernière sur l’enseignement obstétrical. On rejoint de ce point de vue la volonté de contrôle de ce métier évoqué plus haut.

L’accouchement est à l’époque moderne une affaire de femmes, l’homme, y compris le père, en est exclus. Jacques Gélis parle jusque vers 1650 d’un véritable monopole des sages-femmes sur l’accouchement30, monopole tant d’un point de vue pédagogique que pratique. L’intervention masculine n’est envisageable que dans des cas de force majeure, ceux où l’expérience de la sage-femme se trouve prise en défaut et où le secours de l’homme de l’art se révèle nécessaire. L’évolution qui amène peu à peu les chirurgiens à intervenir dans ce domaine, débute au sommet de la société française. Louise Bourgeois, sage-femme de Marie de Médicis, tombe en défaveur à la suite du décès de Marie de Montpensier, l’épouse de Gaston d’Orléans, peu après la naissance de sa fille, la Grande Mademoiselle. On lui impute cette mort et elle est vivement attaquée par les chirurgiens pour son incompétence. Un exemple un peu plus tardif vient confirmer la méfiance croissante qui s’exprime devant les accoucheuses. Louis XIV décide que Louise de La Vallière sera accouchée par un chirurgien. À cet égard, si Jacques Gélis met en garde contre une interprétation trop rapide des conséquences d’un tel geste sur les pratiques françaises, il souligne néanmoins à quel point ce choix est révélateur des craintes devant l’exclusivité laissée aux sages-femmes31.

Cette insertion progressive des accoucheurs, généralement chirurgiens, dans le domaine de l’obstétrique, explique largement le choix quasi systématique de démonstrateurs pour poursuivre la voie ouverte par Angélique du Coudray. Elle avait d’ailleurs anticipé d’une

29 ANTOINE (Michel). Le gouvernement et l’administration sous Louis XV.Dictionnaire biographique. Paris, CNRS, 1978, p. 78 et p. 185.

30 GELIS (Jacques). « Sages-femmes et accoucheurs : l’obstétrique populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans Annales. Economies, Sociétés, Civilisations, 1977, n°5, p.927.

31 GELIS (Jacques). La sage-femme ou le médecin. Une nouvelle conception de la vie. Paris, Fayard, 1988, p. 470-471.

certaine façon ce phénomène en professant un cours spécifique destiné aux médecins et chirurgiens dans les grandes villes où elle passait. La pionnière s’est forgée une succession masculine et on ne relève sur les quelques deux cents démonstrateurs en exercice entre la décennie 1760 et le Consulat que cinq démonstratrices32.

Le Bas-Limousin ne fait pas exception à cette tendance nationale. Il confirme l’évolution constatée ailleurs. D’une part, ce sont des hommes qu’on découvre à la tête des cours d’accouchement, et d’autre part, ce sont des chirurgiens. Cet aspect s’inscrit dans une double logique : du point de vue professionnel, les chirurgiens peuvent avoir recours à des instruments dans le cadre de l’accouchement, pratique interdite aux médecins, et du point de vue sociologique, les chirurgiens sont généralement en supériorité numérique par rapport aux médecins33.

La nomination du démonstrateur est donc le fait de l’intendant qui lui remet un brevet. Après 1787, ce sont les commissions intermédiaires des assemblées provinciales qui délivrent ce brevet. Le Limousin ne semble pas suivre ce modèle puisque les archives subsistantes présentent toujours le choix du démonstrateur comme une décision de l’intendant34.

Le cours de 1775 est professé à Tulle. L’une des élèves, Toinette Bellegarde prête serment devant le juge de la ville et châtellenie de Beaulieu en 177635, et l’enregistrement de ce serment constitue la seule trace matérielle de ce cours.

Le démonstrateur est maître ès arts et maître en chirurgie, il se nomme Léonard Villadard. Du point de vue sociologique, il correspond parfaitement au modèle du démonstrateur de ce dernier tiers du XVIIIe siècle. En 1775, au moment du cours, il est veuf depuis un peu plus d’un an36. C’est donc un homme mûr, père de trois filles, qui est choisi pour transmettre ses connaissances. Il appartient à un milieu relativement aisé puisque son beau-père était notaire royal à Tulle, et on le voit intervenir au moment du règlement de la succession de ce dernier37.

En ce qui concerne l’élève, Toinette Bellegarde, peu d’informations subsistent. À l’occasion de sa prestation de serment, elle met en valeur l’ancienneté de sa pratique – elle exerce depuis dix ans – et sa récente reconnaissance à la suite du cours auquel elle a assisté à

32 GELIS (Jacques). La sage-femme ou..., p. 128.

33 Id., p.124.

34 Le Limousin n’applique pas cette réforme. En effet, la généralité de Limoges appartient au ressort du parlement de Bordeaux qui refuse l’enregistrement de la réforme en 1787, dans MOUSNIER (Roland), Les institutions de la France sous la monarchie absolue, 1598-1789, Paris, 1974, t. 1, p. 493.

35 Arch. dép. Corrèze, B 1040

36 Arch. dép. Corrèze, B 726.

Tulle l’année précédente. Elle fait partie de ces femmes qui, bénéficiant de la confiance de la communauté villageoise ou urbaine depuis longtemps, accèdent à un statut officiel par le suivi du cours d’accouchement38. Le maître Léonard Villadard l’a soumise, après son cours, à un examen. Elle a reçu en outre un certificat qui constate ses capacités. Le texte du certificat qu’il lui a remis est retranscrit à la suite de celui de la prestation de serment :

Nous, Léonard Villadard, maître es arts et en chirurgie, démonstrateur en l’art des accouchements, nommé à ces fins par M. l’intendant, certifions à qui l’apprendra que la nommée Toinette Bellegarde native de la paroisse Saint-Julien de Tulle, épouse de Martin Bouyssou, habitante de la ville de Beaulieu qui exerce l’art des accouchements depuis dix ans consécutifs est venue se présenter à nous pour apprendre à exercer ledit art avec méthode, après l’avoir examinée et faite manœuvrer sur la machine, elle nous a paru joindre à beaucoup d’émulation, beaucoup de discernement. C’est pourquoi par le pouvoir à nous donné, nous lui permettons d’exercer la profession de sage-femme partout où son ministère sera requis sans qu’on puisse la troubler dans ses fonctions. En foi de quoi nous lui avons accordé le présent certificat pour lui servir et valoir ce que de raison à Tulle le 20 septembre 1775. Signé Villadard, maître es arts et en chirurgie.

La méthode d’enseignement est donc celle d’Angélique du Coudray, elle est fondée sur la capacité à maîtriser la pratique et le principal instrument de cette pédagogie est une machine sur laquelle l’élève est amenée à répéter les gestes adéquats. L’utilisation du déterminant « la » peut éventuellement renvoyer à la machine de la dame du Coudray. Il est en effet probable que quelques années plus tôt le subdélégué en ait acheté un exemplaire. Aucune précision n’est donnée sur la durée du cours, ni sur l’utilisation d’un manuel. Il est fort possible que dans une région comme le Bas-Limousin, où le niveau d’alphabétisation est extrêmement bas, le démonstrateur renonce à s’aider d’un manuel qui ne serait pas accessible aux élèves. Le démonstrateur doit concentrer ses efforts pour faire acquérir aux jeunes femmes un minimum de connaissances empiriques de l’anatomie féminine et des réflexes de prudence.

Pour ce qui est des élèves concernées par ces cours, l’absence d’archives et donc de listes nominatives empêche de cerner leur profil. La sage-femme qui vient se faire enregistrer et prêter serment à Beaulieu est mariée mais elle ne donne pas son âge. On sait qu’elle exerce depuis dix ans, ce qui laisse penser qu’il ne s’agit pas d’une jeune femme, mais plutôt d’une femme dans la cinquantaine qui cherche à s’assurer sa clientèle par le suivi d’un cours de démonstration et par l’obtention d’une reconnaissance officielle. À cet égard, la rédaction de l’acte enregistré comporte une clause prohibitive :

[...] ce faisant permettons à ladite Bellegarde d’exercer le susdit art dans l’étendue de notre juridiction avec inhibitions et défenses à toutes personnes de l’y troubler à telles peines que de droit.

38 GELIS (Jacques). « L’accoucheuse rurale au XVIIIe siècle : transformation du rôle d’un intermédiaire entre culture rurale et culture urbaine »..., op. cit., p. 133.

Cette évocation de personnes pouvant venir « troubler » la sage-femme dans l’exercice de son métier renvoie clairement à la volonté de préserver une sorte de monopole de cette sage-femme nouvellement diplômée dans le ressort de la juridiction. Le choix de l’élève sage-femme est généralement le fait du prêtre et de la communauté villageoise. Il s’agit d’instituer une intermédiaire privilégiée entre les populations et les instances de contrôle religieux et politique, la conséquence naturelle est donc la volonté de mettre à l’écart les autres matrones39. De plus, la possession d’un savoir spécifique implique pour cette femme l’espérance d’une rémunération de celui-ci et la crainte de la concurrence40. Il semble peu probable que les personnes visées par la défense soient des médecins ou des chirurgiens, même si l’absence de précision laisse un certain flou. Par ailleurs, on peut avancer l’hypothèse que la faible représentation du corps médical en Bas-Limousin évite en grande part la possible concurrence entre médecins, chirurgiens et sages-femmes.

3) Les cours de 1787 à 1789.

Douze années séparent les deux périodes éclairées par la documentation. Les années 1787, 1788 et 1789 voient l’organisation de cours dont les archives de l’intendance de la généralité de Limoges conservent d’importantes traces. À partir de janvier 1787, des cours théoriques et pratiques d’accouchement sont mis en place par l’intendant dans les chefs-lieux de cinq élections de la généralité de Limoges : Limoges, Angoulême, Tulle, Brive et Bourganeuf. Ces cours rayonnent donc sur les pays de Haut-Limousin, d’Angoumois, de Bas-Limousin et de la Marche. On peut d’ores et déjà noter que le Bas-Bas-Limousin est bien représenté puisque des cours sont établis dans ses deux principales villes. Les sources permettent de suivre les cours pendant trois années consécutives.

Si l’on examine la question des liens entre l’existence de cours en 1775 et à partir de 1787, rien ne permet d’affirmer l’existence d’une continuité ou au contraire d’une solution de continuité entre ces cours. Un élément de réponse peut être cherché dans l’évolution et le renouvellement du personnel de l’administration royale en Limousin. À Turgot succède en 1774 Marius Jean-Baptiste Nicolas Daine41. Ce dernier appartient à la noblesse de robe parisienne. Apparenté au baron d’Holbach, marié à la fille d’un officier de finances, secrétaire

39 GELIS (Jacques). « L’accoucheuse rurale au XVIIIe siècle : transformation du rôle d’un intermédiaire entre culture rurale et culture urbaine »..., op. cit., p. 131.

40 Id., p. 135.

du roi, le parcours au sein de l’administration royale qui mène Daine au poste d’intendant n’a rien de particulièrement original. Procureur du roi au bureau des finances de Paris en 1751, il devient en 1757 conseiller au Grand Conseil avant d’être nommé maître des requêtes puis commis intendant. À son arrivée à Limoges, il possède déjà une certaine expérience de la fonction puisqu’il vient de passer sept ans à la tête de l’intendance d’Auch. Son statut de membre associé à l’Académie de Berlin et son œuvre de traducteur le signale comme un proche des Lumières, et éclaire sans doute l’intérêt qu’il porte, dans un esprit philanthrope, à la tenue de cours d’accouchement dans sa généralité. La date de son entrée en fonction peut être mise en relation avec la date du premier cours repéré à Tulle. Au vu de la situation de la fin des années 1780, il semble plus que plausible d’envisager que des cours parallèles à celui de Tulle ont eu lieu en 1775 à Brive, Limoges, Angoulême et Bourganeuf.

Daine quitte Limoges en 1783. À cette date est nommé Marie Pierre Charles Meulan d’Ablois42. Ce nouvel intendant, fils d’un receveur général des finances, secrétaire du roi, a connu une carrière assez proche de son prédécesseur. Il débute en 1759 au parquet comme avocat du roi au Châtelet de Paris, avant d’entrer comme conseiller au Parlement de Paris. La suite correspond au parcours ordinaire du futur intendant avec une nomination comme maître des requêtes en 1764. Tout comme Daine, Meulan d’Ablois a une certaine expérience des fonctions d’intendant lorsqu’il reçoit la généralité de Limoges puisqu’il les a exercées à La Rochelle et à Montauban. Il reste intendant du Limousin jusqu’à la Révolution.

Si dans le premier cas, la proximité des dates pouvait être signifiante, dans le second, le début des cours intervient quatre ans après l’arrivée de l’intendant. On peut avancer l’hypothèse que le décalage entre la prise de fonction et les premières traces archivistiques de cours corresponde à une réelle continuité de cette pratique d’enseignement et qu’on la saisit dans sa gestion ordinaire, les vides reflétant les pertes dues aux aléas de la conservation.

Quelle est l’audience réelle de ces cours de 1787, 1788 et 1789 ? Un compte général des recettes et dépenses faites pour les cours d’accouchement dans la généralité de Limoges renseigne sur le nombre d’élèves qui les ont fréquentés par élection et par année. Ainsi, en 1787, on recense 53 élèves dans les cinq élections, autant en 1788 et 57 en 1789.

Election Nombre d’élèves en

1787 Nombre d’élèves en 1788 Nombre d’élèves en 1789 Total

Limoges 11 10 10 31

Angoulême 10 10 10 30

42 Id., p. 185.

Tulle 10 16 14 40

Brive 13 11 12 36

Bourganeuf 10 6 10 26

Tableau 7 : Répartition des élèves des cours 1787-1789 dans la généralité de Limoges en fonction de l’élection.

On observe que les nombres d’élèves restent stables au fil des années et qu’à l’exception du Bas-Limousin qui semble constituer un ensemble à part, on ne note pas d’évolution marquée des effectifs entre 1787 et 1789. Cette stabilité peut être vue comme un aspect positif, puisqu’elle montre la persévérance de l’administration dans sa volonté de former un nombre suffisant de sages-femmes. Il est aussi possible d’envisager cette stabilité comme une stagnation, mais la pauvreté de la généralité ne peut guère faire espérer un développement de cet enseignement et il ne faut donc pas se montrer trop sévère avec l’évolution observée.

La situation du Bas-Limousin est privilégiée avec la tenue de deux cours parallèles pour un ensemble géographique équivalent à celui du Haut-Limousin. Cette spécificité tient sans doute à la particularité du réseau urbain en Bas-Limousin. Alors que la plupart des