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Le second centre de formation : Bourges

C HAPITRE II. L ES DEBUTS DE LA FORMATION

D) Le second centre de formation : Bourges

Un second pôle d’enseignement pour les Corréziennes entre en scène à partir de 1818. Les années 1810 ont vu la floraison d’une multitude d’écoles créées sur le modèle de l’Hospice de la Maternité de Paris. L’Hospice de la Maternité de Bourges voit donc le jour en janvier 1818. Il a été fondé par arrêté du 27 mars de l’année précédente et approuvé par le ministre de l’Intérieur le 21 avril suivant. Le décalage entre ces dates et l’ouverture de l’établissement est lié au temps de construction de l’édifice. La mise en place de l’institution n’a pas subi de retard, ni d’obstacle particulier comme le rappelle le discours inaugural prononcé par le préfet :

Huit mois ont suffi à tout commencer, à tout finir. Peu de temps, peu de fonds ont tout fait, depuis l’idée première jusqu’à l’exécution complète241.

Dès le 1er décembre 1817 le préfet du Cher, marquis de Villeneuve242, informe son collègue corrézien de l’ouverture prochaine de l’hospice. Il développe les conditions de fondation de cet établissement. Le projet initial ne concernait qu’un cours théorique et pratique d’accouchement, mais « d’heureuses circonstances » ont permis à l’administration départementale d’envisager une réalisation plus conséquente. Or, il manifeste dès le départ la volonté d’étendre l’influence de l’établissement au-delà du département du Cher et de permettre aux jeunes femmes des départements alentour de venir s’y former. Cette pratique montre une volonté de rivaliser à moindre échelle avec l’Hospice de la Maternité de Paris. Lorsqu’il fonde son école, le marquis de Villeneuve sait pertinemment que son rayonnement risque d’être limité. C’est le destin de la plupart des écoles départementales et c’est la raison que le gouvernement a principalement avancée lorsqu’il s’est agi de fonder l’institution parisienne. Pourtant, l’administration préfectorale espère une aura régionale pour cet établissement, ayant pu transformer le projet initial d’un simple cours d’accouchement et mettre en place une véritable maternité :

J’ai pensé, Monsieur et cher collègue, que l’utilité d’un établissement de ce genre pourrait profiter aussi aux départements voisins de celui du Cher, et j’ai fait réserver des places pour deux ou même trois élèves de votre département dans le cas où vous jugeriez à propos d’accepter l’offre que je vous fais de les y admettre243.

241 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162.

242 François Pons Louis de Villeneuve, dit Villeneuve-Villeneuve, est préfet du Cher de 1816 à 1818. Après quelques années sans nomination, il devient en 1823 préfet de la Creuse, puis préfet de la Corrèze de septembre 1824 à avril 1830. Cent préfets pour la Corrèze...., p. 28.

La proposition est donc de mettre immédiatement à disposition des départements proches (car la Corrèze n’est pas contiguë du Cher) des places réservées à l’hospice. Cette manière d’agir laisse peu de latitude au préfet de la Corrèze car il paraît difficile de refuser ce qui est présenté comme une faveur. La sphère de rayonnement de l’hospice de la maternité de Bourges est relativement large. Elle se déploie sur les départements de l’Indre, de l’Allier244, de la Creuse, et de la Corrèze245. Les écoles fondées pendant la décennie 1810 ont l’avantage de former un maillage encore relativement lâche et de pouvoir de ce fait drainer des élèves extérieures à leur département246. Dans le cas du département de la Corrèze, le préfet du Cher sait faire jouer l’argument financier : envoyer des élèves à Bourges c’est dépenser moins d’argent en frais de voyage et payer une pension inférieure à celle réclamée par l’établissement parisien.

En effet, le niveau de la pension exigée pour une année d’études à l’hospice de la maternité de Bourges est de 400 francs par élève. Cette somme recouvre les frais de nourriture, de logement et toutes autres dépenses. Elle est payable en deux moitiés : la première à l’entrée de l’élève à l’école, et la seconde au bout de six mois247. En juin 1818, le préfet prépare un rapport destiné au conseil général de la Corrèze et présente les sommes respectivement engagées pour l’entretien d’une part de deux élèves à Bourges et d’autre part de deux élèves à Paris. Cela correspond pour les premières à une dépense totale de 960 francs, et pour les secondes de 1681 francs 30248. Le rapport entre les deux sommes est presque du simple au double, même si la pension de l’hospice de Bourges connaît une augmentation qui la fait passer de 400 à 450 francs à partir du 1er novembre 1818249.

La proposition du marquis de Villeneuve tend non seulement à ouvrir à l’administration corrézienne la possibilité d’un choix entre deux établissements, mais plus sûrement à récupérer au profit de son école les élèves que le département envoyait auparavant à Paris :

Elles seront logées, nourries et défrayées de tout, moyennant une pension de 400 francs pour les deux cours. Cette rétribution inférieure de la moitié à la dépense occasionnée par leur envoi à l’hospice de la Maternité de Paris, vous permettrait d’en faire instruire tous les ans un plus grand nombre.

244 L’Allier n’est concerné que peu de temps par l’influence berruyère, puisqu’une école y est fondée en 1819. BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 207.

245 AN, F17 2458.

246 BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), ibidem.

247 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162. Règlement organique et supplémentaire pour l’hospice de la maternité fondé à Bourges en 1817, titre III, article 22.

248 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162. Rapport sur les élèves sages-femmes à envoyer aux écoles d’accouchement de Bourges et de Paris. 16 juin 1818.

[...]Le conseil général applaudirait sans doute à une mesure qui comparée avec les frais qu’entraîne l’envoi des élèves à Paris lui présenterait le moyen d’en avoir deux au lieu d’une ; et vous verriez votre département recueillir dès l’année prochaine les fruits réels de cette institution250.

Cependant, si l’idée est clairement suggérée, la décision n’est jamais prise d’abandonner l’enseignement parisien pour l’école berruyère. Dans le rapport de juin 1818, déjà cité, il est d’ailleurs nettement précisé que l’envoi d’élèves à Bourges se fera « sans préjudice des deux autres que le département est dans l’usage d’envoyer chaque année à l’Hospice de la Maternité de Paris ». C’est l’inverse qui se produit puisqu’à partir de 1820, aucune élève n’est envoyée à Bourges251. Malgré la qualité de l’enseignement délivré, l’administration préfectorale préfère concentrer ses fonds disponibles sur la poursuite de l’envoi d’élèves à Paris.

L’épisode berruyer dure donc en tout et pour tout trois ans. Il est cependant intéressant de voir que l’administration préfectorale corrézienne n’hésite pas, à une période où ses finances le lui permettent, à diversifier ses filières de formation. Lorsque la proposition du préfet du Cher intervient, son homologue corrézien est déjà à la recherche d’un autre centre d’enseignement. Etienne Harmand d’Abancourt252 avait envisagé en effet la possibilité de se tourner vers l’école d’accouchement de Clermont-Ferrand :

J’avais déjà manifesté l’idée d’envoyer des élèves à Clermont, mais outre que l’établissement que j’ai organisé à Clermont n’est qu’un appendice à l’hospice et qu’il n’y a par conséquent pas autant de développement dans les avantages d’une instruction toute spéciale, il serait encore à craindre que des étrangères au département du Puy-de-Dôme n’y fussent pas admises253.

Le contexte est donc favorable à l’ouverture vers un nouvel hospice. Lorsqu’il écrit les lignes ci-dessus, le préfet de la Corrèze se montre objectif sur le niveau de la formation telle que l’école de Clermont-Ferrand est à même de la délivrer. L’enseignement obstétrical n’est pas à l’origine du projet et de ce fait, l’apprentissage des sages-femmes vient se greffer par raccroc à un hospice déjà existant. Bourges, en revanche, a mis au centre de ses préoccupations l’art des accouchements, puisqu’à l’origine seul un cours théorique et pratique d’accouchement était prévu. La réception des femmes enceintes vient s’ajouter dans un contexte où les fonds ne manquent pas et où la main d’œuvre est disponible à peu de frais :

Peu de fonds étaient accordés : ils ne sont pas même épuisés. Par quels moyens s’est donc opérée cette heureuse et rare multiplication ? Et comment, le prix et l’ouvrage comparés, a-t-on pu obtenir un ouvrage à peu près quadruple de son prix ? [...] Le secret d’une riche économie a

250 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162.

251 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.

252 Anne Etienne Louis Harmand d’Abancourt, préfet de la Corrèze d’avril 1817 à février 1819, a été auparavant préfet du Puy-de-Dôme de 1815 à 1817. C’est alors qu’il se trouve en poste à Clermont-Ferrand qu’il fonde en 1816 une école d’accouchement. Cent préfets pour la Corrèze...., p. 27, et BEAUVALET-BOUTOUYRIE

(Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 207.

été trouvé et exploité dans le silence. C’est au sein du malheur même qu’ont été puisés les moyens de soulager le malheur. Ce sont des condamnés, des homme sur la voie du crime, des êtres qui, dénués de ressources, n’étaient plus qu’une charge pour la société ; c’est le rebut de l’espèce humaine dans les deux sexes, par qui s’est élevé presque sans frais et développé dans toutes ses dimensions un édifice d’où l’instruction, l’assistance, des consolations affectives, vont peu à peu atteindre les points les plus solitaires de nos campagnes254.

Le modèle parisien est primordial. Le choix même de la dénomination de l’établissement se veut rappel de la prestigieuse institution de la capitale. Le règlement de l’hospice de Bourges est largement calqué sur celui de l’Hospice de la Maternité de Paris. Les archives départementales de la Corrèze conservent le Règlement organique et supplémentaire

pour l’hospice de la maternité fondé à Bourges en 1817, qui date du 20 novembre 1817255. Au niveau départemental, on peut établir un parallèle presque parfait entre le personnel parisien et le personnel berruyer. À l’agent de surveillance répond le régisseur de la maison de Refuge. Dans chaque école, on rencontre à la tête de l’enseignement un docteur en médecine, assisté d’un docteur en chirurgie, et pour la surveillance des études une sage-femme en chef. La différence principale réside dans la présence de sœurs de la Charité à Bourges quand le personnel de l’Hospice de la Maternité de Paris est laïc256. Les modalités d’entrée des femmes en couches dans les deux hospices sont comparables, les régimes alimentaires de même. On peut aussi rapprocher les soins dus par les élèves aux femmes enceintes et accouchées. Il s’agit d’une adaptation du règlement parisien à une situation locale, donc plus petite, mais avec des moyens proportionnellement comparables.

En ce qui concerne la section des élèves sages-femmes, il faut noter quelques spécificités qui font tout l’intérêt de l’enseignement dispensé à Bourges. Si, tout comme à Paris, les matières principales sont « la théorie et pratique des accouchements, la vaccination, la saignée et la connaissance des plantes usuelles plus particulièrement destinées aux femmes enceintes et en couches »257, viennent s’y adjoindre des notions sur le régime propre aux femmes près d’accoucher, sur celui propre aux accouchées, mais aussi l’apprentissage des « soins habituels propres à former de bonnes gardes-malades », de la « manière la plus convenable d’emmailloter les nouveaux-nés », et de « quelques notions et instructions relatives aux premières maladies des enfants, aux vers et à la dentition »258.Faire des élèves des sages-femmes, infirmières et puéricultrices : l’ambition est vaste, à l’échelle des besoins

254 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162.

255 Id. Il constitue un complément au Règlement général soumis au ministre de l’Intérieur, auquel il renvoie régulièrement sous forme de notes pour préciser certains articles.

256 BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 84.

257 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161. Règlement général pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité, à Paris, titre I, article 2.

258 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162. Règlement organique et supplémentaire pour l’hospice de la maternité fondé à Bourges en 1817, titre III, article 27.

d’un monde rural où la sage-femme se fait l’instrument de la médicalisation. Mais toutes ces connaissances paraissent s’intégrer naturellement dans une formation générale de la future sage-femme. Le niveau des élèves est d’ailleurs suffisamment haut pour être remarqué par une personnalité du monde médical parisien : le docteur Leroux, doyen de la faculté de médecine de Paris :

Les élèves m’ont paru mériter les éloges qu’elle reçurent l’an passé, de M. le docteur Leroux, doyen de la faculté de médecine de Paris, et président du jury médical du département du Cher, qui après les avoir interrogées, déclara qu’il n’avait trouvé qu’à Paris des élèves aussi fortes, et nulle part plus de zèle pour l’instruction.

Un autre élément, plus original celui-là, mérite d’être souligné : l’introduction de l’instruction primaire au sein de l’hospice. Si de leur côté, les élèves parisiennes ont l’obligation de savoir lire et écrire, et si l’étendue de leur savoir primaire se limite à ces deux compétences minimales, le préfet du Cher, pour sa part, nourrit de plus larges espoirs pour ses élèves :

Les élèves se perfectionneront en outre dans la lecture et l’écriture, dans les ouvrages d’aiguille et de filature.

Pour assurer le succès de ces différentes branches de connaissances pratiques mais surtout pour veiller sur la conduite des élèves, les plier à l’accomplissement de tous les devoirs trop négligés peut-être dans les autres hospices de ce genre, et les disposer à pouvoir ensuite être elles-mêmes institutrices des enfants de leur sexe dans les campagnes, j’ai formé dans la maison un établissement pour deux sœurs de la charité qui en seront en quelque sorte les supérieures : ces sœurs seront nourries, défrayées et pensionnées259.

Seules quatre élèves de la Corrèze fréquentent cette institution entre 1818 et 1820. Sur ces quatre femmes, trois redoublent leur année d’études, même en ayant reçu leur diplôme, à l’issue de leur première année. Cette pratique de redoublement est donc aussi présente qu’à Paris. Les modalités n’en sont pas précisées dans le règlement de l’hospice. Les décisions se prennent au cas par cas, selon le travail des élèves pendant le cours de leur scolarité. La possibilité de prolonger le temps passé à l’école apparaît toujours comme une récompense, et non comme la sanction de difficultés. On peut le rapprocher de ce qui avait été souligné pour Paris dans le cadre du règlement de 1807 qui faisait du prolongement de la scolarité l’objet du premier prix à l’issue des examens. L’exemple des deux premières élèves corréziennes à Bourges, Catherine Soirat et Julie Broussouloux, épouse Poulroy, se place complètement dans cette optique comme le montre une lettre du préfet de la Corrèze à son collègue du Cher le 23 octobre 1818 :

J’ai vu avec satisfaction que les demoiselles Soirat et Poulroy avaient eu leur part aux éloges décernés à toute l’école et obtenu leur diplôme, ce qui m’a déterminé à accorder à ces élèves à titre de récompense la faveur qu’elles sollicitent de doubler leur cours260.

259 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162.

Un autre facteur entre en ligne de compte dans la volonté de voir les élèves rester une année supplémentaire entre les murs de l’hospice de la maternité de Bourges. Les élèves qui fréquentent cette institution sont jeunes et les médecins qui les forment ont conscience des problèmes qu’elles risquent de rencontrer en commençant leur carrière. Le manque de confiance lié à leur jeunesse constitue une réelle entrave à l’exercice de leur profession. En effet, si au sein des structures de formation, il est admis et de plus en plus souhaité que l’élève sage-femme soit jeune et de préférence célibataire, la défiance est toujours de mise lorsqu’elle se trouve face à une clientèle réticente face à ces mêmes spécificités. En 1819, Radegonde Buzeaud termine son année à la maternité. Elle est l’une des trois élèves corréziennes, puisque Catherine Soirat et Julie Broussouloux-Poulroy ont doublé le cours. Le 7 avril 1819, le docteur en chirurgie Charrette, directeur de l’hospice de la maternité, écrit à un certain Lagrénerie pour évoquer le cas de la jeune fille et proposer qu’elle reste à l’école pour l’année scolaire 1819-1820 :

Ce qu’elle a fait jusqu’à présent ne doit pas lui faire craindre de n’être pas reçue à la fin de l’année. Serait-ce un avantage pour elle ? J’en doute très fort. Sa jeunesse sera un grand obstacle à ce qu’elle exerce de suite, ou du moins qu’elle obtienne une entière confiance. Ses succès seraient bien plus certains, si elle séjournait un cours de plus à l’école261.

Sa demande est acceptée et un arrêté du 26 août de la même année la nomme élève de l’hospice de la maternité de Bourges pour un second cours. Elle obtient son diplôme à l’issue de cette deuxième année et refuse pour l’occasion de profiter de sa nomination comme élève de la Maternité de Paris. Il est rare que les états d’âmes percent l’épaisseur du style administratif, mais lorsqu’il lui revient de transmettre le refus de Radegonde Buzeaud, le préfet du Cher sait rendre les craintes de la jeune femme. Elle ne souhaite pas quitter une école où elle se plaît, et où elle réussit. Accepter une place à Paris, c’est renoncer à être la meilleure élève et il est évident que cette perspective ne la réjouit guère. C’est le seul cas parmi tous les dossiers d’élèves envoyées hors du département où la question d’une nomination dans les deux écoles se trouve posée :

Cette élève m’écrit aujourd’hui pour me prier de suspendre son départ jusqu’à ce que vous ayez fait réponse à la lettre qu’elle vient de vous adresser. Il paraît qu’elle ne désirerait point aller à Paris. Elle dit qu’elle perdrait le fruit de deux années de travail attendu que si elle restait ici, elle pourrait être reçue avant trois mois et obtenir des prix, tandis qu’en allant à Paris elle n’en apprendra pas davantage et aura le désagrément de rentrer dans une section au lieu d’être la première. Elle ajoute que l’ennui et le chagrin qu’elle en aurait l’empêcherait d’apprendre, et que d’ailleurs si elle croyait avoir besoin d’une troisième année, elle préfèrerait rester dans une école où on lui témoigne de l’intérêt, plutôt que d’aller dans une autre où elle ignore comment elle sera262.

261 Id.

Témoignage intéressant si on le compare avec les requêtes déjà citées des élèves parisiennes qui manifestent au plus haut point leur souhait de revenir dans leur famille.

III. Le retour vers la Corrèze : 1827.

Le 21 juin 1827, un arrêté du préfet Pons de Villeneuve crée à Tulle un cours d’accouchement théorique et pratique gratuit263. C’est la première fois depuis l’an X que le département de la Corrèze organise officiellement un cours de ce type et ce geste signe la fin d’un quart de siècle d’enseignement à l’extérieur. Le retour vers la Corrèze rejoint le projet des législateurs de l’an XI de permettre aux sages-femmes de se former au plus près de chez elles. C’est le signe du dépassement de l’institution parisienne et cela marque le souhait de l’administration préfectorale de prendre en charge cette bonne œuvre que constitue la formation des sages-femmes. On assiste ainsi pendant quelques années à une démultiplication des cours d’accouchement. Le mouvement décentralisateur est complet puisqu’il fait naître une structure dans chaque arrondissement.

263 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.