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C HAPITRE II. L ES DEBUTS DE LA FORMATION

C) L’organisation de ces cours

S’intéresser à l’organisation des cours, tant du point de vue administratif que matériel permet d’approcher la réalité de l’enseignement obstétrical tel qu’il pouvait être pratiqué en Corrèze à la fin des années 1820. Les archives préfectorales livrent quantité d’informations sur les finances de ces cours, les achats de matériel pédagogique, les capacités des élèves, et les récriminations des enseignantes.

1) Étudier l’art des accouchements à Tulle, Meymac et Brive.

Les critères présidant aux choix des élèves sages-femmes des cours départementaux ont été détaillés. Mais les arrêtés de créations des cours, tous bâtis sur le modèle de celui du 21 juin 1827, ne se contentent pas de fixer ces critères, ils consacrent à ces jeunes femmes un autre article :

Il sera accordé chaque année aux élèves, proportionnellement aux fonds mis à notre disposition un secours à titre d’indemnité pour leurs frais de séjour293.

On retrouve ainsi la notion de secours aux élèves qui constitue un point constant de l’organisation des cours d’accouchement depuis la fin du XVIIIe siècle. Le cours de l’an X

l’avait réduit aux frais de voyage, mais les cours du siècle précédent prévoyaient une somme destinée à la nourriture et au logement des futures sages-femmes. Le texte de l’arrêté préfectoral ne précise pas de somme et ne promet pas la systématicité du versement. Par conséquent, le secours ne correspond pas au montant réel des frais qu’implique le suivi des cours d’accouchement pour les élèves. Aucun calcul du prix du logement et de la nourriture n’est présenté, et c’est là une des grandes différences avec les pratiques des intendants et des subdélégués.

Le niveau des secours accordés aux élèves varie dans le temps et en fonction de la situation de leur famille. En effet, l’appartenance à une famille relativement aisée divise de moitié le montant de l’aide départementale. C’est le cas en 1830 de Marie Dubernard et de Marie Duroix, élèves du cours de Brive294. Elles ne reçoivent que 50 francs d’indemnité lorsque leurs camarades en reçoivent 100. On note des différences importantes d’une année à l’autre dans le montant de ces indemnités avec une tendance à l’augmentation. Ainsi, en

293 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.

novembre 1828, première année pour laquelle il subsiste un arrêté de répartition des fonds, le secours remis aux élèves de Tulle qui ont suivi un cours est de 40 francs, mais de 50 francs pour celles qui en ont suivi deux295. En 1829, l’indemnité s’élève à 60 francs pour les élèves des trois cours corréziens296. Une nouvelle augmentation de la somme accordée a lieu en 1830 puisqu’elle passe à 100 francs pour les élèves de Tulle et de Brive et à 80 francs pour celles de Meymac297. Mais cette évolution positive s’interrompt à l’issue du cours de 1833. La création parallèle de l’école d’accouchement n’est sûrement pas étrangère à ce changement. En effet, le montant de la gratification accordée aux élèves est désormais et pour la dernière année calculé à partir d’une base mensuelle de 6 francs298.

Mais toutes les élèves ne reçoivent pas les sommes exposées au-dessus : certaines parce que l’administration considèrent qu’elles ne sont pas dans le besoin ; d’autres, dans le même ordre d’idées, parce qu’elles résident dans la localité où se tient le cours d’accouchement. Ce dernier élément pose la question de la nature de la somme accordée aux élèves. S’agit-il d’un secours pour les frais de séjour, formule qui la désigne dans les différents arrêtés, ou d’une indemnité liée simplement au suivi du cours et destinée à encourager les bonnes volontés ? Les deux manières d’envisager le problème alternent pendant ces quelques années. En 1829, quand ses camarades se voient verser la somme de 60 francs, Louise Chamboux, sœur de la directrice du cours de Meymac, n’en reçoit que 40, « à titre d’encouragement » car elle habite Meymac. Mais, l’année suivante, Marie Sambat et Antoinette Margerie, élèves à Brive, sont privées d’indemnités pour la même raison. Un compromis est trouvé avec l’arrêté du 7 décembre 1832 puisqu’il est décidé que les élèves résidant dans la localité du cours ne toucheront que la moitié de la somme accordée à celles venant de plus loin :

Article 2 : A la fin de chaque année et proportionnellement aux fonds mis à notre disposition, un secours sera accordé, à titre d’indemnité, aux élèves qui auront fait preuve de zèle et d’assiduité. Cette indemnité sera comptée par mois de présence ; elle sera réduite de moitié pour les élèves non étrangères à la localité où elles auront suivi les cours, à moins de circonstances exceptionnelles que nous nous réservons d’apprécier299.

Il est confirmé par la répartition de février 1833300. Mais l’arrêté du 3 janvier 1834 qui répartit les fonds prévus pour le cours de 1833 revient sur la décision précédente pour la nuancer : les élèves recevront 6 francs par mois et 4 quand elles habiteront dans la ville du

295 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.

296 Arch. dép. Corrèze, 1 X 164.

297 Id.

298 Id.

299 Arch. dép. Corrèze, Recueil des actes administratifs de la préfecture, 1832.

cours. Une dernière raison peut venir réduire le montant de l’indemnité : la durée des leçons suivies. Ainsi, à Tulle en 1831, la somme passe de 100 à 60 francs pour les jeunes femmes ayant assisté à seulement cinq mois de cours301.

La générosité de l’administration départementale, si elle constitue une aide sans doute précieuse pour les élèves, intervient seulement à la fin du cours. En effet, tous les arrêtés de répartition des fonds que l’on possède sont datés du mois de novembre, quand le cours se termine officiellement le jour de la Toussaint302. Aucun versement intermédiaire n’a lieu et les futures sages-femmes doivent subvenir à leurs besoins pendant toute leur scolarité, l’aide finale se présentant comme le remboursement d’une partie de leurs frais. Cet état de fait entraîne des difficultés pour certaines élèves : une lettre de recommandation pour Marie Borie-Vedrenne datée de 1830 parle de ses « sacrifices pécuniaires »303.

Le coût de la formation réside essentiellement dans deux postes qui sont la nourriture et le logement. En ce qui concerne ce dernier, on sait qu’un certain nombre d’élèves prenaient pension chez la directrice du cours d’accouchement. Les élèves originaires de la ville où se tenaient les leçons continuaient à vivre chez leurs parents. Peu d’informations sont parvenues sur une éventuelle pension payée par les élèves à leur enseignante lorsque celle-ci acceptait de les loger. Marie Borie-Vedrenne est pensionnaire pendant presque deux ans chez Jeanne Fournial, ce qui signifie qu’elle ne quitte pas la ville de Tulle pour rentrer chez elle à Sérilhac entre deux cours. Le choix de résider chez la sage-femme prend aussi sa source dans la volonté de protéger les jeunes élèves des tentations extérieures. En 1830, Louise Lafon décide d’ouvrir sa maison à une de ses élèves pour cette raison :

Une jeune personne de 18 ans, qui est au nombre de ses élèves, appartenant à une famille honnête mais pauvre, avait été mise par ses parents dans un cabaret, où en fournissant son pain et une partie de son temps, elle était nourrie et payée. Mlle Lafon pensa que cette jeune fille qui a une jolie figure, courrait là quelques dangers, et elle la plaça dans une maison honnête, sur le même pied où elle était dans son cabaret ; par malheur, il y avait dans cette maison un jeune homme de vingt ans qui s’amouracha de la jeune fille ainsi cecidit in ?, Et que pouvait faire Mlle Lafon, elle prit cette jeune fille avec elle304.

Cet exemple montre néanmoins que certaines jeunes filles devaient travailler en parallèle de leur apprentissage pour subvenir à leurs besoins quand leurs parents ne le pouvaient pas. Le logement sur le lieu de cours n’est donc pas possible pour toutes les élèves, comme on vient de le voir pour Brive. À Tulle cependant, il semble que Jeanne Fournial ait

301 Id.

302 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.

303 Arch. dép. Corrèze, 1 X 164.

pris en pension toutes ces élèves, à l’exception des tullistes puisqu’elle le rappelle dans une lettre au préfet à l’issue de son cours de 1829 :

S’il m’était permis, je vous observerais aussi que depuis que j’ai commencé à faire des cours d’accouchement, j’ai fourni aux élèves le logement pour la classe sans en recevoir aucune gratification305.

Les conditions d’étude pour les futures sages-femmes étaient donc variables d’une localité à l’autre. Dans tous les cas, le suivi des cours représentait une dépense importante, et un réel déracinement. Être élève dans son département, et généralement à moins de cinquante kilomètres de son domicile, ne peut se comparer avec le départ pour Paris ou Bourges. Cependant, les voyages étaient suffisamment longs et pénibles pour dissuader la plupart des élèves de rentrer dans leur famille entre deux cours comme l’illustre l’exemple déjà évoqué de Marie Borie-Vedrenne.

Avant d’aborder la situation des enseignantes, il est nécessaire de donner quelques éléments sur le niveau d’instruction des élèves et la manière dont elles sont perçues par ces mêmes enseignantes. La majorité des élèves sages-femmes savent lire, c’est particulièrement vrai pour les plus jeunes. Leur maîtrise de la lecture est certes variable : d’Antoinette Mas, on dit qu’elle sait « un peu lire » ; quant à Antoinette Soustre, elle a un « commencement de lecture ». Cependant, d’autres jeunes femmes ont reçu une instruction plus poussée : le maire d’Égletons déclare à propos d’Antoinette Chastagnier que « son intelligence surpasse son âge », précisant qu’elle sait lire et écrire. Le même écrit au sujet d’Elisabeth Lafon : « celle-ci fut bien élevée : lecture et écriture bonnes ». Marie Plaisance se présente elle-même comme ayant « reçu une assez bonne éducation, sachant suffisamment lire et écrire »306. On note aussi que le recours à un manuel ne semble pas poser problème, ou du moins les sages-femmes n’en signalent-elles aucun, ce qui permet d’envisager que les élèves sont à même de déchiffrer son contenu. Un exemple pourtant vient nuancer ce tableau assez positif. En 1829, Louise Lafon, à Brive, accueille parmi ses élèves une jeune fille originaire de Varetz, Marie Duroix. Or, cette élève peine à suivre ses leçons pour les raisons qu’elle détaille ici :

Mademoiselle Duroi de Varetz a eu une éducation très négligée, elle connaît très peu sa langue, elle a aussi beaucoup d’application, mais quoique je lui fasse une leçon à part, elle est restée bien loin de mes deux autres élèves307.

L’année suivante, la situation ne s’est pas complètement améliorée :

Mademoiselle Duroix, moins intelligente que ses compagnes a fait moins de progrès, ce que je peux attribuer en partie au défaut de connaissance de sa langue, circonstance qui m’a obligée à lui donner des leçons particulières308.

305 Arch. dép. Corrèze, 1 X 164.

306 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.

Le défaut de connaissance dont il est question ici ne renvoie à pas à la méconnaissance de la lecture ou de l’écriture mais bien à la maîtrise du français. Il est clair que cette jeune fille parle le patois quand ses camarades sont bilingues, ce qui la place en retrait. Mais ce cas reste le seul de la documentation. Cela amène à penser que, si défavorisée que soit la situation de certaines familles d’élèves, les jeunes filles admises au cours sont recrutées dans une catégorie moyenne de la population où l’instruction des filles, bien que réduite, est tout de même présente.

En fin de compte, les cours semblent être profitables aux élèves. Les appréciations des professeurs sont souvent enthousiastes, les félicitations pour l’application, le travail, les progrès des élèves reviennent régulièrement. Elles soulignent aussi avec plaisir les « dispositions les plus heureuses » ou « naturelles », « l’étonnante facilité » de certaines de leurs protégées309. Enfin, le jury médical qui les examine pour leur accorder une autorisation provisoire d’exercer en novembre 1830 se déclare selon les élèves : « satisfait », « très satisfait », « très bien satisfait » ou « parfaitement satisfait »310.

2) Enseigner l’art des accouchements : Jeanne, Joséphine, Louise et Antoinette.

Les sages-femmes choisies pour assurer les cours d’accouchement ont toutes fait une scolarité d’un an et demi à deux ans à l’Hospice de la Maternité de Paris. Ce sont des femmes assez jeunes dans l’ensemble puisque Jeanne Fournial et Joséphine Chamboux sont nées respectivement en 1805 et 1804. Les sœurs Lafon, Antoinette l’aînée et Louise, sont un peu plus âgées puisque la première est née en 1790. Les cours de Tulle et d’Ussel sont donc professés par des femmes qui ont à peu de choses près l’âge de leurs élèves. Lors de l’ouverture des trois cours, aucune des sages-femmes n’est mariée. Ce détail est significatif. L’évolution a eu raison du stéréotype ancien. L’élève sage-femme est dans la plupart des cas une jeune fille et à présent, son professeur est elle aussi une jeune fille. L’une d’entre elles, Jeanne Fournial, se marie en 1830311, et son premier enfant naît l’année suivante312. Elle n’interrompt pourtant pas son enseignement. Il n’est d’ailleurs jamais fait mention de cela dans la correspondance qu’elle entretient avec l’administration. Sa vie familiale ne remet pas

308 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163, lettre de Louise Lafon au sous-préfet, 1830 (non datée précisément)

309 Ibidem.

310 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.

311 Arch. dép. Corrèze, 2E272/26.

en cause son statut professionnel pas plus qu’elle ne le confirme. En 1831, après la démission de Louise Lafon, lui succède à Brive sa sœur, Antoinette Pascal. C’est à présent une femme mariée, qui a eu de nombreux enfants, qui dirige le cours. Mais ce choix s’explique essentiellement par le lien de parenté avec la précédente enseignante et son passage à Paris en 1810-1811313. C’est définitivement la compétence qui prime dans les décisions de l’administration préfectorale.

Il est plus que probable que les méthodes pédagogiques de ces sages-femmes se soient inspirées des cours reçus à l’Hospice de la Maternité, et sans doute particulièrement des démonstrations de la sage-femme en chef, pivot de l’enseignement parisien. Elle donne deux fois plus de leçons que l’accoucheur en chef puisqu’elle assure six cours théoriques par semaine, sans compter l’étude pratique sur le mannequin314. Quelques éléments confirment cette influence. Ainsi, les enseignantes corréziennes prennent l’habitude de confier à leurs élèves les plus avancées la reprise des leçons pour leurs camarades, pratique dont Louise Lafon informe le sous-préfet de Brive en 1830 :

Vous apprendrez peut-être avec plaisir, Monsieur le sous-préfet, que Mesdemoiselles Meillard et Dubernard, sont assez instruites pour faire tous les jours à leurs compagnes une répétition de mes leçons315.

Durant les deux années qu’elles ont passées à Paris, les sages-femmes corréziennes ont eu la possibilité d’observer des centaines d’accouchements, aisés ou laborieux. Elles exercent de surcroît depuis quelques années et ont donc une connaissance large et variée des situations auxquelles leurs élèves peuvent se trouver confrontées. À propos d’Antoinette Lafon-Pascal, le sous-préfet de Brive déclare :

Elle est très instruite dans sa partie ; reçue depuis 1810 ou 1811, elle a continuellement avec beaucoup de succès exercé à Brive la profession de sage-femme. Son mari est un ancien militaire. Ils n’ont pas de fortune. Elle s’est rendue, et se rend chaque jour, très utile, notamment à l’hospice, et cela gratuitement316.

La moins expérimentée est sans doute Joséphine Chamboux qui revient de Paris seulement en 1827, soit à peine un an avant de se voir confier le cours de Meymac317. Néanmoins, il faut rappeler qu’avant d’être nommée élève du département à l’Hospice de la Maternité, elle avait suivi pendant deux ans les cours de l’école d’accouchement de Limoges et mérité l’estime de ses professeurs. Sa formation a duré au total quatre années, ce qui explique l’insistance de l’administration départementale à la voir prendre en charge le cours de l’arrondissement d’Ussel, quitte à en déplacer le siège pour lui convenir.

313 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161.

314 BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 162.

315 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163.

316 Arch. dép. Corrèze, 1 X 164.

Les sages-femmes utilisent pour leurs cours à la fois des ouvrages de référence et des objets de démonstration. Des courriers à ce sujet ainsi que des factures permettent de connaître précisément leur matériel pédagogique. Le manuel qui sert de base aux leçons est celui qu’elles ont possédé pendant leur propre scolarité à Paris, à savoir le Catéchisme des

sages-femmes de Baudelocque. L’Art des accouchements, aussi dit « grand Baudelocque », est employé pour les élèves plus avancées, comme l’explique Louise Lafon dans une lettre au sous-préfet en 1830 :

J’ai reçu les trois exemplaires du petit Baudelocque que vous avez eu la bonté de m’envoyer, et les ai distribués à celles de mes élèves qui moins instruites que leurs compagnes m’obligent à borner les leçons particulières que je leur fais aux objets dont la connaissance est essentiellement nécessaire ; quelques unes, douées de plus de capacité, étudient un ouvrage, beaucoup plus étendu, mais par le même auteur318.

En octobre 1828, l’état des dépenses pour l’achat d’objets nécessaires au cours de Meymac porte la mention de six « petits Baudelocque », dont le prix s’élève à 36 francs, soit 6 francs l’unité, le prix n’ayant pas varié depuis 1807. Aucun autre ouvrage n’est mentionné, mais il est fait en sorte que chaque jeune fille ait à sa disposition un exemplaire : « Les livres aussi, il n’y en a que six, s’il se présente plus d’élèves que le nombre de livres n’est grand, les dernières arrivées n’en auront pas »319.

Mais une question se pose au sujet de ces livres : les élèves ont-elles la possibilité de les garder à la fin de leur scolarité ? Les manuels leur sont éminemment nécessaires pendant la durée de leurs études, mais ils le sont tout autant lorsqu’elles sont amenées à exercer leur métier, faisant fonction d’aide-mémoire. Joséphine Chamboux expose ce problème au préfet :

Je vous demanderai même, Monsieur, si lorsque les élèves s’en iront et qu’elles auront fini leur cours, vous exigez qu’elles laissent les livres dont elles sont munies, ou bien qu’elles les emportent. Peut-être que vous trouverez mauvais que je fasse cette observation mais c’est pour savoir à quoi m’en tenir, ne voulant rien faire contre vos ordres, ni rien qui puisse vous déplaire320.

L’administration préfectorale accorde aux enseignantes l’autorisation de laisser les ouvrages aux élèves à l’issue des cours. Une lettre d’Elisabeth Lafon qui a suivi les cours de Jeanne Fournial à Tulle le confirme. En effet, elle écrit au préfet car elle vient de tout perdre dans l’incendie de sa maison, et donc son manuel sur l’art des accouchements qui lui avait été donné à la fin de ses études321.

Le reste du matériel des cours est conservé par les maîtresses sages-femmes. Il est commandé un peu avant l’ouverture du cours à Tulle, ce qui permet son utilisation dès le

318 Id.

319 Id., lettre de Joséphine Chamboux au préfet à la fin de l’année 1828.

320 Arch. dép. Corrèze, 1 X 163, lettre de Joséphine Chamboux au préfet à la fin de l’année 1828.

départ. Mais cette précaution n’est pas prise pour les cours de Meymac et de Brive, puisque les deux directrices se voient contraintes d’attendre plusieurs mois avant de recevoir les objets nécessaires. Dans une de ses lettres au préfet en septembre 1829, soit plusieurs mois après le début du cours, Louise Lafon s’en plaint :

Mais les livres et les mannequins que vous avez eu la bonté de me promettre me sont à