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Les conditions d’envoi des élèves corréziennes à Paris

C HAPITRE II. L ES DEBUTS DE LA FORMATION

C) Les conditions d’envoi des élèves corréziennes à Paris

1) Les élèves corréziennes à Paris.

Jusqu’en 1818, la destination des Corréziennes qui désirent étudier l’art des accouchements est Paris. L’existence d’un second cours recevant des Corréziennes à Bourges, à partir de cette date, ne tarit pas l’envoi d’élèves vers la capitale. L’école de l’Hospice de la Maternité joue bien pendant ce premier tiers du XIXe siècle son rôle de pôle enseignant pour le département de la Corrèze. Les dossiers des jeunes femmes parties se former à Paris sont pour l’essentiel conservés dans les archives issues de la Préfecture193. Les noms de ces élèves ont été répertoriés et on arrive à un total de trente-quatre personnes entre l’an XI et juillet 1830. Il est possible que quelques noms aient échappé étant donné la présence de deux intervalles non renseignés pour cette période : le premier semestre de l’an XII et les années 1808 et 1809. Une liste d’enregistrement du personnel médical des arrondissements de Brive et d’Ussel signale une Jeanne Saint-Germain diplômée à Paris dont il n’y a pas trace dans les dossiers de scolarité194. Cela prouve la possibilité de lacunes dans la source principale. Il est néanmoins impossible que ces manques puissent changer fondamentalement l’ordre de grandeur du nombre présenté à l’instant. En un peu plus de vingt ans, il n’y eut même pas quarante Corréziennes formées à l’Hospice de la Maternité de Paris195. Encore faut-il préciser que si on retrouve trente-quatre admissions d’élèves du département à Paris, elles n’ont pas toutes suivi une scolarité complète. En effet, deux jeunes femmes décèdent pendant leur séjour à l’Hospice de la Maternité et une troisième est renvoyée car elle ne sait pas suffisamment lire pour suivre l’enseignement dispensé. Cela ramène à 31 le nombre de sages-femmes diplômées connues avec certitude.

Le règlement de l’établissement qui fixe les conditions d’études des élèves sages-femmes date pour sa première version du 11 messidor an XI. Il est modifié à deux reprises au cours de la période : une première fois le 17 janvier 1807 et une seconde, en 1810196. Quelques conditions restent stables, elles ont déjà été évoquées : les élèves doivent être âgées

193 Arch. dép. Corrèze, 1X 161 à 163.

194 Arch. dép. Corrèze, 5 M 3.

195 Lorsqu’elle recense les élèves de la Maternité selon leur origine départementale, Scarlett Beauvalet-Boutouyrie recense 51 Corréziennes sur le siècle et seulement 22 entre 1804 et 1829, dans Naître à l’hôpital..., p. 397.

d’au moins 18 ans et maîtriser lecture et écriture. En 1810, un plafond est fixé à l’admission. Les femmes de plus de 35 ans se voient refuser l’entrée à la Maternité. Le nombre maximum d’élèves correspond à celui que peuvent accueillir les locaux de l’établissement197. De la même façon, le nombre d’élèves par département dépend des fonds mis à disposition des préfets pour l’instruction des futures sages-femmes198. En ce qui concerne la Corrèze, l’administration préfectorale n’entretient jamais plus de trois élèves à la fois à Paris. La moyenne est d’ailleurs à partir de 1811 de deux jeunes femmes par an. Dans les cas où une élève est renvoyée ou décède en cours de scolarité, une autre est nommée à sa place.

Il est possible de comparer la représentation corrézienne à celle des autres départements à partir des relevés faits par Scarlett Beauvalet-Boutouyrie dans les archives de l’Hospice de la Maternité199. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie a examiné les 85 départements français et a suivi le nombre d’élèves originaires de chacun d’entre eux par tranche chronologique de dix ans. Pendant la période 1804-1829, la Corrèze envoie, d’après le recensement de l’auteur, vingt-deux jeunes femmes se former à Paris, réparties de la manière suivante :

Période 1804-1809 1810-1819 1820-1829

Nombre d’élèves sages-femmes 3 8 11

Tableau 9 : Répartition des élèves sages-femmes corréziennes à Paris entre 1804 et 1829.

Les Corréziennes sont présentes à l’école parisienne dès l’année de sa création, et en l’occurrence dès le second cours qui y est professé, à partir du 1er nivôse de l’an XI200. Cependant, pendant la période 1804-1809, vingt-trois départements n’envoient aucune élève, c’est-à-dire plus d’un quart des 85 départements. Parmi les soixante-deux départements restant et toujours pour ces cinq années, les envois se divisent ainsi :

Nombre d’élèves 1 2-5 6-10 11-15 16-20 40 99

Nombre de départements 11 24 11 11 3 1 1

Pourcentage sur le total de 85 départements 13% 28% 13% 13% 3,5% 1,2 1,2

197 BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 119.

198 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161.

199 BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 397 à 401. Même si nos chiffres ne coïncident pas totalement avec les siens, une comparaison à l’intérieur d’un même corpus garde son sens pour situer la Corrèze par rapport au reste de la France.

200 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161. Le préfet Milet-Mureau annonce dans un avis du 11 nivôse an XI que trois élèves ont quitté la Corrèze pour rejoindre l’Hospice de la Maternité.

Tableau 10 : Répartition du nombre moyen d’élèves envoyées à l’Hospice de la Maternité entre 1804-1809 selon les données concernant 85 départements.

Si le nombre moyen d’élèves par département est d’environ 8,3201, les départements de la Seine (avec 40 représentantes) et du Nord (avec 99 élèves) font gonfler artificiellement ce chiffre. En les retirant du compte total, on obtient en effet une moyenne de 6. La Corrèze se place donc nettement en dessous mais elle appartient au contingent le plus important, c’est-à-dire celui des départements envoyant entre 2 et 5 élèves.

En effectuant les mêmes observations pour les deux décennies suivantes, 1810-1819 et 1820-1829, on obtient respectivement un taux de non représentation de 17,6% et 37,6%, et la moyenne des élèves envoyées s’établit à 13 pour 1810-1819 et 14 pour 1820-1829, quand la Corrèze envoie 8 puis 11 élèves. Ce département est en retrait par rapport à la moyenne nationale. Cela s’explique sans doute par sa pauvreté et les fonds réduits que la préfecture peut mettre à disposition pour la formation des sages-femmes. L’augmentation du taux des départements non représentés s’explique par les nombreuses créations qui sont intervenues dans les décennies 1810 et 1820202.

2) Le coût de l’envoi d’élèves à Paris.

Le séjour des élèves à l’Hospice de la Maternité implique pour l’administration préfectorale le paiement d’une pension. Celle-ci évolue au cours du premier quart du XIXe

siècle. En l’an XI, la pension se monte à 250 francs par semestre et par élève. Mais les frais de voyage et de blanchissage ne sont pas compris dans cette somme203. En effet, la pension ne recouvre que le coût du logement, de la nourriture, du chauffage et de la lumière. Elle augmente lors de la modification de règlement en 1807 et passe à 300 francs par semestre. La somme doit être adressée par la préfecture au receveur général des hospices civils de Paris. L’argent du voyage de retour est lui aussi transmis au receveur qui le remet aux élèves au moment de leur départ204. Le problème des frais de scolarité est récurrent dans la

201 Le calcul est fait à partir du nombre de départements envoyant des élèves à Paris pendant les années 1804-1809. De manière générale, tout calcul de moyenne du nombre d’élèves envoyées par département ne prend pas en compte les départements non représentés.

202 BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 207. Vingt-huit écoles s’ouvrent en 1810 et 1829.

203 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161.

204 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161, Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre Ier, articles 8, 9, 10 et 13.

correspondance entre le préfet et l’agent de surveillance de la Maternité ou avec les élèves. En effet, des dépenses viennent se greffer aux sommes déjà évoquées : ce sont les livres nécessaires aux études des futures sages-femmes. En 1807, le règlement évoque le

Catéchisme des sages-femmes205, de Baudelocque, dont le prix s’élève à 6 francs, à la charge du département206. Or, l’Hospice exige plus des sages-femmes. Dès 1805, au Catéchisme vient s’ajouter l’Art des accouchements207 du même auteur, dit son « grand ouvrage ». Ce dernier coûte 20 francs qui sont réclamés au préfet par l’agent de surveillance, Hucherard. L’administration préfectorale semble hésiter et tente de faire en sorte que l’élève concernée, Marie Soumaille, paie cette dépense. Il s’attire une digne fin de non recevoir :

Vous avés écris à monsieur Urchard208, notre agan de surveilliance qui faloit que je produise un sertificat qui constate que mes moiens ne me permette pas de me fournir se qui m’est nésecaire. Je ne suis pas entièrement dans la détrese més je ne crois pas qu’en me sacrifiant pour le bien public, pour secourir l’umanité, je me trouve obligée de dépenser le peu que je posède209. À partir de 1812, deux autres ouvrages complètent la bibliothèque des futures sages-femmes : le Mémoire historique et instructif sur l’hospice de la Maternité, d’une valeur de 6 francs et le Mémorial sur l’art des accouchements de Marie-Anne Boivin, 10 francs210. Ainsi, les frais de livres sont passés en moins de dix ans de 6 francs à 41 francs 75.

Un autre poste entraîne de nombreuses récriminations de la part des Corréziennes. C’est celui du blanchissage qui n’est pas compris dans la pension payée par le département. Les élèves sages-femmes considèrent qu’elles ne peuvent y subvenir et que l’administration préfectorale doit prendre en charge ces frais. Plusieurs plaintes nous sont parvenues. À trois reprises en l’an XI et en l’an XII, les élèves corréziennes écrivent au préfet pour lui demander le versement d’une somme de 12 francs par mois211. La somme semble particulièrement importante, surtout si l’on se réfère à celle qui est fixée pour un mois dans le règlement de 1807, c’est-à-dire 75 centimes212. L’argument qui est mis en avant dans ces lettres est la générosité des autres préfets envers leurs protégées, ce qui ne doit pas manquer d’éveiller

205 BAUDELOCQUE (Jean-Louis), Principes sur l’art des accouchements, espèce de catéchisme par demandes et réponses, Paris, 1775.

206 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161, Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre Ier, article 12.

207 BAUDELOCQUE (Jean-Louis), L’Art des accouchements, Paris, 1781.

208 En fait, Hucherard.

209 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161. L’orthographe de l’auteur a été respectée, car, pour pittoresque qu’elle soit, n’empêche pas la compréhension du sens. La seule modification apportée est le rétablissement de l’unité des mots comme « l’umanité » que la jeune femme avait écrit : « lu manité ».

210 Id.

211 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161.

212 Id., Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre Ier, article 11.

celle de leur correspondant. En 1805, le problème se pose de nouveau et c’est la même rhétorique qui est employée :

Quand je me décidés a prendre l’état de sage-femme, je m’étés flatée que vous feriés a mon égard se que tous les autres préfet font a l’égard de leurs élèves, ils se font tous un plésir de fournir à tous mes compagnes l’argen nésecaire pour leurs entretien, tan pour leurs livres que pour leurs blanchisage. Elle ont toutes apersu cinqquante frans vint pour leur livres et trente pour le blanchisage, j’espère que vous tenés asés a vottre élève pour qu’elle jouisse du même avantage que toutes les autres213.

Lors de la seconde révision du règlement, les frais de blanchissage sont établis à une somme précise : 36 francs pour 12 mois, à savoir 3 francs par mois qui seront délivrés au fur et à mesure aux élèves par l’agent de surveillance214. Cette somme n’est toujours pas intégrée dans la pension, mais elle constitue un poste fixe à partir de ce moment. La lettre qui accompagne l’envoi du règlement de 1810 l’explique de la manière suivante :

Il [le règlement] établit des règles uniformes pour la fixation des menues dépenses des élèves, indépendantes du prix de leurs pensions. Il existait à cet égard, suivant les départements, des différences qui ne pouvaient qu’exciter des rivalités entre les élèves215.

Enfin, il faut évoquer les frais de voyage. Le règlement de 1807 décide que leur paiement se fera à raison de 60 centimes par kilomètre216 ; lorsqu’il est remanié quelques années plus tard, ce point n’est pas repris. Désormais les préfets sont libres de fixer le coût selon les localités217. Ce poste représente lui aussi une lourde dépense puisqu’en l’an XI, Marguerite Veysseix, qui vient de terminer sa scolarité, écrit au préfet pour lui signaler que la somme de 40 francs envoyée pour ses frais de retour n’est pas suffisante218. Cette somme s’accroît d’ailleurs au fil des années puisqu’en 1820, le montant des frais de retour des deux élèves corréziennes est de 144 francs, soit 77 francs chacune219. Une lettre de la commission administrative des hôpitaux et hospices civils de Paris signale ainsi à la fin de l’année scolaire 1819-1820 que la pension d’une élève sage-femme entretenue par le département de la Corrèze est de 936 francs220. Ce montant, qui rassemble toutes les dépenses obligatoires pour la scolarité et sans doute les frais de retour, montre le poids de cette pratique de l’entretien d’élèves à Paris sur les finances départementales.

213 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161.

214 Id., Règlement général pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité, à Paris, titre

IV, article 5.

215 Id., Lettre du ministre de l’Intérieur au préfet, 8 novembre 1810.

216 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161, Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre Ier, article 8.

217 Id., Lettre du ministre de l’Intérieur au préfet, 8 novembre 1810.

218 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161.

219 Arch. dép. Corrèze, 1 X 162.

3) Éloignement et durée de la scolarité.

Pour les jeunes femmes qui partent ainsi dans la capitale faire leurs études, le dépaysement est complet. Au siècle précédent le fait de quitter pendant quelques semaines famille et paroisse constituait pour une jeune fille une difficulté de taille. La situation est la même en ce tout début de XIXe siècle, à la différence près que le séjour hors du cadre familier dure au bas mot six mois et que la destination n’est ni Tulle, ni Limoges, mais Paris, la grande ville par excellence. Les inquiétudes des parents s’expriment à l’idée de voir leur fille perdue dans cette immense cité, sans point d’attache. La question de la surveillance des élèves sages-femmes se pose alors de manière aiguë. Le 2 brumaire an XI221, le sous-préfet de Brive retraduit au préfet les angoisses de la famille de Marguerite Lafon-Duroux :

Les parents de la jeune fille désirent cependant savoir avant de consentir au départ de leur fille si les élèves sont logées ensemble à l’hospice de la maternité, si leur conduite sera sévèrement surveillée222.

Or, de même que les voyages se faisaient d’ordinaire conjointement, à l’exception de certains retours lorsqu’ils ne concernaient qu’une seule élève, le logement était collectif. Si l’on examine de nouveau sur les règlements de l’école de l’Hospice de la Maternité, on observe que l’internat est la norme. Si les bâtiments de la maison d’accouchement ne suffisent pas à abriter toutes les élèves, celles en surnombre sont logées à la maison d’allaitement. Le règlement de 1807 prévoit les cas de logement à l’extérieur de l’établissement, mais ceux-ci sont soumis à l’autorisation écrite de la maîtresse sage-femme223. Cette possibilité est supprimée dans la nouvelle version du règlement de 1810224. De la même manière, les sorties sont strictement contrôlées et la sévérité augmente au fil des modifications réglementaires. En 1807, la sortie d’une élève, qui ne peut se renouveler plus de deux fois par mois, est subordonnée à la permission écrite de la maîtresse sage-femme225. Quelques années plus tard, le nombre de permissions est réduit à quatre par année scolaire, et l’élève doit être accompagnée d’un de ses parents ou de son mari. L’agent de surveillance de la Maternité contrôle l’identité de la personne qui prend en charge la jeune femme à sa sortie et de celle

221 24 octobre 1802.

222 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161.

223 Id., Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre IV, articles 3 et 4.

224 Id., Règlement général pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité, à Paris, titre

I, article 5.

225 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161, Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre IV, article 6.

qui la ramène. Si l’absence se prolonge au-delà d’une journée, l’élève est renvoyée226. Il est possible d’affirmer que les élèves corréziennes n’ont sans doute guère bénéficié des possibilités de sortie accordées par les règlements. Ni leurs parents, ni leur mari, pour les rares femmes dans cette situation, ne se sont déplacés à Paris pendant le temps de la scolarité.

Le cours est à l’origine limité à une durée de six mois, mais très rapidement, la nécessité pour bon nombre d’élèves de doubler le cours se fait sentir. C’est le cas dès l’an XI

d’Hélène Ventéjoux et de Marguerite Lafon-Duroux qui suivent deux sessions de cours consécutives. La division de l’enseignement en semestre perdure puisqu’on la retrouve dans le règlement de 1807227, mais il est désormais acquis que la plupart des élèves suivent deux cours pour pouvoir briguer le diplôme de sage-femme. Le passage officiel à une scolarité d’un an se fait dans le règlement de 1810228. Les cours sont dispensés par le professeur, en l’occurrence Baudelocque jusqu’en 1810 puis Antoine Dubois et Paul Antoine Dubois229, à raison de deux heures par semaine. En parallèle, la sage-femme en chef initie les élèves à l’aspect pratique de l’art des accouchements230. Les futures sages-femmes corréziennes ont généralement suivi au moins deux cours. Dans le tableau suivant, sont réparties les trente-et-une élèves ayant effectué trente-et-une scolarité complète entre l’an XI et 1830.

Nombre de semestres 1 2 3 4 Nombre d’élèves 3 14 2 10

Tableau 11 : Répartition des élèves corréziennes à l’Hospice de la Maternité selon leur durée de scolarité.

Les élèves n’ayant suivi qu’un seul cours sont largement minoritaires puisqu’elles représentent moins de 10% du total. De surcroît on les rencontre logiquement en début de période, et ce phénomène ne se reproduit pas au-delà de l’an XIII. De façon générale, il est rare de suivre un nombre impair de sessions. Les cas de séjour d’un an et demi à l’Hospice de la Maternité sont apparemment peu fréquents, pour la Corrèze du moins, car une lettre de l’agent de surveillance au préfet en juin 1806 déclare :

226 Id., Règlement général pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité, à Paris, titre IX, articles 2 à 5

227 Id., Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre II, article 1er.

228 Id., Règlement général pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité, à Paris, titre I, article 4.

229 BEAUVALET-BOUTOUYRIE (Scarlett), Naître à l’hôpital..., p. 396.

230 Arch. dép. Corrèze, 1 X 161. Règlement pour l’école d’accouchement établie à l’Hospice de la Maternité à Paris, titre II, articles 1 à 3.

Je dois ajouter, Monsieur le Préfet, que beaucoup d’élèves passent dix-huit mois à l’hospice, et qu’il en est dans le nombre qui sous le rapport de l’âge, ne mériteraient pas autant que Mlle Ventéjoux ce témoignage d’indulgence et de bonté231.

L’un des deux cas relevés s’explique par l’entrée de l’élève en janvier et le fait que les examens généraux ne peuvent se passer qu’à la fin du mois de juin. À moins de se contenter de six mois de cours, la future sage-femme ne peut rester moins d’un an et demi à l’école. Néanmoins, les durées de scolarité les plus fréquentes sont de deux cours, c’est-à-dire un an, ce qui correspond aux exigences des règlements, mais elles se prolongent souvent jusqu’à quatre cours, soit deux ans, en l’occurrence dans près d’un tiers des cas. Cette pratique du redoublement quasi systématique s’instaure à partir de 1817. Elle concerne presque toutes les élèves, à l’exception des femmes mariées qui ne passent pas plus d’un an à Paris. Ces dernières ont dû laisser derrière elles mari et enfants et leur absence ne peut se prolonger comme pour les élèves célibataires. Prenons l’exemple de Marie Dupeyroux,