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Chapitre 2 : L’immigration au Québec : politiques, structures et informations

2.1 Le contexte du Québec par rapport à l’immigration

2.1.3 Les structures d’accueil

Le gouvernement du Québec a mis en place différentes structures pour accueillir, encadrer et faciliter l’intégration des personnes immigrantes : certaines d’entre elles relèvent du MICC, des organismes communautaires ou encore d’Emploi-Québec et du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) (Direction de la planification 2011 : 108-109). De même, certains organismes communautaires reçoivent l’appui du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Le MICC offre des services à l’attention des personnes immigrantes en amont du processus de migration et une fois qu’ils sont en sol québécois. Aussi, le MICC et les organismes communautaires sont liés par les programmes d’aide financière qui permettent aux organismes d’offrir des services à la clientèle immigrante et d’être reconnus comme tels par le Ministère. Un nombre important d’organismes communautaires offre des services pour les personnes immigrantes (exclusivement ou inclusivement pour différentes clientèles) sans nécessairement être liés au MICC. Le MSSS qui agit régionalement par l’Agence de la santé et des services sociaux, appuie quelques organismes dédiés spécifiquement à cette clientèle dans la région de la Capitale- Nationale. De plus, le volet de la francisation constitue un élément important de la structure d’accueil des nouveaux arrivants, notamment dans le cas des travailleurs qualifiés (faciliter l’accès au marché du travail). Les différents ministères et organismes québécois concernés travaillent de concert afin d’appuyer les personnes immigrantes, l’objectif étant de favoriser l’intégration de ces dernières par le biais notamment de la francisation, de la reconnaissance de leurs compétences professionnelles ainsi que par leur intégration au marché du travail.

2.1.3.1 Le ministère de l’Immigration et des Communautés Culturelles (MICC)18

Le MICC constitue le joueur incontournable au niveau de l’immigration au Québec. Il existe des bureaux de recrutement à l’étranger (j’y reviendrai dans la section 2.2.1.1) qui font la promotion de l’immigration au Québec auprès des travailleurs qualifiés. À cet égard, le site internet du Ministère, tout comme le site d’Immigration-Québec, constituent des outils promotionnels importants; il est intéressant de relever qu’ils sont disponibles en français, anglais et espagnol. Le MICC produit différents guides et documents informatifs (exemples des thèmes abordés : les valeurs communes de la société québécoise et les professions et métiers réglementés). Il offre aussi des cours de francisation en ligne et, dans différents pays, il est associé à des partenaires pour cette même offre de service.

Une fois au Québec, le Service Immigration-Québec se charge de l’accueil et des premières démarches d’installation; il organise en outre des séances d’information de groupe pour les nouveaux arrivants. Le MICC a aussi des programmes de régionalisation de l’immigration afin d’inciter les immigrants à s’installer hors de la Région Métropolitaine de Montréal. Au niveau de l’emploi, le Ministère diffuse de l’information sur les professions et les métiers réglementés (séances individuelles ou en groupes. Il a aussi développé un Centre d’expertise sur les formations acquises hors du Québec (CEFAHQ) afin d’évaluer de façon comparative les études réalisées hors du Québec.

2.1.3.2 Les organismes communautaires

Au moment de mener ma recherche sur le terrain, le MICC reconnaissait 150 organismes communautaires procurant divers services gratuitement aux nouveaux arrivants, sur l’ensemble du territoire de la province. Les domaines couverts par ceux-ci sont assez diversifiés et représentent les principaux besoins de base des immigrants : accueil; accompagnement personnalisé; aide à l'intégration; adaptation au marché du travail; cours de français adaptés; soutien à des clientèles particulières (par exemple, les femmes et les familles défavorisées) (MICC 2009a).

À cette époque, il existait trois différents programmes d’aide financière pour des organismes communautaires partenaires du Ministère (MICC) car « [a]fin de soutenir et d’orienter l’action des organismes à but non lucratif souhaitant contribuer à l’accueil des immigrants et à leur insertion dans la société, le Ministère administre divers programmes d’aide financière » (MICC 2011d). Ces programmes étaient :

18 Aujourd’hui (2014) le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). La justification de l’emploi de

- le Programme d’Accompagnement des Nouveaux Arrivants (PANA), qui « est destiné à soutenir les organismes communautaires qui souhaitent apporter leur contribution à l’intégration sociale et économique des nouveaux arrivants à la société québécoise » (MICC 2011d);

- le Programme Régional d’Intégration (PRI) qui « soutient les actions concertées des partenaires locaux et régionaux en vue d’accroître l’apport de l’immigration au développement démographique, économique, social et culturel du Québec » (MICC 2011d);

- et le Programme Action Diversité (PAD) « à l’intention des organismes qui réalisent des projets structurants pouvant contribuer significativement à l’atteinte des objectifs du Ministère en matière de diversité afin de favoriser la pleine participation des Québécoises et des Québécois de toutes origines au développement de la société québécoise » (MICC 2011d).

Pour la région de la Capitale Nationale (03), les représentants régionaux du Ministère sont au nombre de huit, le tableau 4 présente cette liste.

Tableau 4 – Les organismes reconnus par le MICC dans la région de la Capitale Nationale (2011) Programmes du

MICC Organismes de la région 03 bénéficiant de ces programmes

PANA

Centre multiethnique de Québec inc.

Service d'aide à l'adaptation des immigrants et immigrantes (S.A.A.I.) Service d'orientation et d'intégration des immigrants au travail de Québec (SOIIT QUÉBEC)

Groupe Intervention Travail (GIT Société inc) Centre R.I.R.E. 2000

« R pour Rattrapage académique, I pour Intégration socioprofessionnelle, R pour Rapprochement interculturel et E pour Éveil aux technologies de l’informatique » (Centre R.I.R.E. 2014)

Centre de formation Option-Travail Ste-Foy PRI

Conférence régionale des élus de la Capitale-Nationale

Service d'orientation et d'intégration des immigrants au travail de Québec (SOIIT QUÉBEC)

PAD Bienvenue à Limoilou

(MICC 2011d)

Dans le cas particulier de la Conférence Régionale des Élus de la Capitale Nationale, l’organisation s’inscrit dans un partenariat avec Ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, le Bureau de la Capitale-

Nationale, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, le Forum jeunesse de la région de la Capitale- Nationale et la Ville de Québec, établissant l’Entente spécifique sur l'accueil et l'intégration des personnes

immigrantes dans la région de la Capitale-Nationale (MICC 2011g). Cette entente a permis à la CRÉ-CN de

mettre en place le Programme Actions Milieux Immigration (AMI) sur une période de deux ans et d’ainsi soutenir des projets novateurs d’organismes de la région, notamment le Réseau de soutien à l’intégration de

la clientèle immigrante (RICSI) du Centre multiethnique de Québec et PastecQ (Projet d’Accompagnement et de SensibilisaTion à l’Engagement Citoyen au Québec) du Centre d’action bénévole de Québec (CRÉ-CN

2011). Dans le cas de cette entente spécifique, le financement était de type ponctuel et donc non récurent, ce qui signifie qu’à la fin de celle-ci, les différents projets développés par les organismes communautaires de la région de Québec devaient se tourner vers d’autres sources de financement afin d’assurer un continuum de service.

Le labyrinthe des services

Au niveau des services sociaux et communautaires, les organismes qui accueillent et appuient les personnes immigrantes s’avèrent parfois difficiles à trouver ou à discerner pour les principaux intéressés. En effet, comment chercher un service dont on ne connaît ou n’imagine même pas l’existence?

Le manque d’information et de réseautage sont présents aussi au niveau des organismes : ils connaissent parfois mal ce que leurs homologues offrent comme activités ou comme services. Bien que certains organismes aient l’opportunité de siéger sur des tables de concertation, des comités ou autres instances qui valorisent les échanges entre les différentes organisations, il y en a plusieurs pour qui ces contacts sont moins fréquents. Dans la course constante aux subventions à laquelle ils doivent (tous) prendre part, il existe parfois une chasse gardée des initiatives qui empêche leur rayonnement et leur prise en compte par les autres organismes.

À l’intérieur du cadre bien défini par les subventions, il est important de considérer que les clientèles sont spécifiquement et explicitement défendues : vous pouvez aider cette catégorie d’immigrants, mais pas cette autre; vous pouvez les accompagner, mais pour un maximum d’heures défini; vous devez fournir ce type d’aide ou de service, mais pas un autre. Malheureusement, il devient souvent difficile pour les personnes immigrantes de naviguer dans ce sectionnement de services, et ce, de l’aveu même des femmes interrogées.

Et puis, il y a les services qui s’adressent à la population en général, auxquels les personnes immigrantes devraient aussi, théoriquement, avoir accès. Toutefois, on omet parfois de transmettre cette information d’intérêt aux nouveaux arrivants.

2.1.3.3 Les organismes soutenus par le MSSS

Le ministère de la Santé et des Services sociaux est représenté régionalement par les Agences. En effet, l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale Nationale soutient de façon récurrente certains organismes communautaires de son territoire. « L’Agence s’est dotée, le 12 mars 1998 (résolution 45-CA-07) de la Politique de reconnaissance et de soutien des organismes communautaires. [Le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) peut être accessible aux] organismes communautaires qui agissent dans le secteur de la santé et des services sociaux dans la région de la Capitale-Nationale » (ASSS CN 2011 : 112). Ainsi, pour l’année budgétaire 2010-2011, l’enveloppe du PSOC était de 36,5 M $ et elle se répartit entre 235 organismes qui ont bénéficié du soutien financier du PSOC dans la région de la Capitale-Nationale : 206 organismes en promotion et services et 29 en maintien à domicile. (ASSS CN 2011 : 112)

Bien qu’il n’y ait pas d’enveloppe spécifiquement orientée vers les personnes immigrantes, selon les volets subventionnés présentés dans le rapport annuel de gestion, cette thématique est évidemment couverte par certains organismes. Le financement accordé aux organismes se fait selon deux volets précis : le financement de base et le financement par objectif. Du côté du financement de base, celui-ci est décomposé en quatre catégories distinctes : aide et entraide, sensibilisation, promotion et défense des droits, hébergement communautaire et milieu de vie. Au niveau des organismes dont la mission vise plus particulièrement les personnes immigrantes, il y a notamment : le Service d'aide à l'adaptation des immigrants et immigrantes (S.A.A.I.) ainsi que le Mieux‐être des immigrants qui se trouvent dans la catégorie aide et entraide, la Maison des femmes immigrantes (MFI) dans hébergement communautaire et le Centre international des femmes (CIFQ) dans milieu de vie (ASSS CN 2011 : 165-172). Par contre, je ne suis pas en mesure déterminer d’autres organismes qui se situent dans cette perspective au niveau de sensibilisation, promotion et défense

des droits, ni dans le financement par objectif. Puisque les organismes sont présentés sous forme de listes,

sans indication quant à leur mission ou les clientèles desservies, il est ardu d’identifier ceux qui pourraient desservir la clientèle immigrante, outre ceux qui portent cette « distinction » dans leur appellation même. Néanmoins, dans un rapport portant sur les subventions aux catégories d'organismes communautaires régionaux et nationaux du Québec en 2010-2011, on retrouve la catégorie « communautés culturelles et autochtones ». Les organismes qui s’y retrouvent ont reçu près de 1,7 M $ pour l’entièreté du territoire québécois pour cette période, par rapport à l’ensemble des 463,8 M$ reçus par les 3 608 organismes (MSSS 2011 : 12). Évidemment, compte tenu de la quantité d’organismes qui offrent des services déterminés pour la clientèle immigrante à travers la province, il y a fort à parier que d’autres sommes, provenant de différentes catégories du PSOC, ont soutenu une partie de ces organismes.

À l’évidence, l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale Nationale possède une sensibilité à l’égard des besoins des nouveaux arrivants, puisque différents organismes de la région bénéficient de son soutien financier. Par le fait même, dans la section services à la population, une page de son site internet est dédiée aux services aux communautés ethnoculturelles, aux autochtones et aux personnes d’expression

anglaise, qui expose plus en détail les services du CFIQ, de la MFI, du Mieux-être des immigrants et du

S.A.A.I., de même que la Commission de la santé et des services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador et les Services communautaires de langue anglaise Jeffery Hale (ces deux derniers n’étant pas indiqués dans la liste des organismes subventionnés spécifiquement par le PSOC en 2010-2011). Malgré l’identification de certaines ressources précises, il ne faut pas perdre de vue que d’autres organismes qui ne sont pas étiquetés « clientèle immigrante » peuvent aussi avoir des services accessibles à l’ensemble de la population (incluant les immigrants).

2.1.3.4 Les institutions de francisation

Différentes institutions d’enseignement situées dans la Ville de Québec offrent des cours de francisation. C’est le MICC qui oriente les étudiants et qui choisit d’inscrire les étudiants chez l’un ou l’autre de ses partenaires : cégeps, universités, organismes communautaires et commissions scolaires. Les facteurs qui guident le MICC dans le choix d’un milieu de francisation pour un étudiant spécifique sont la scolarité de celui-ci, sa connaissance d’une autre langue et sa connaissance de la graphie latine. Toutes les femmes de mon échantillon qui ont eu besoin de cours de francisation se sont prévalues des services offerts par l’Université Laval. Seule Magda a fréquenté le Cégep, à une époque où elle résidait en Montérégie. Le niveau de scolarisation préalable des personnes immigrantes justifie cette orientation. En effet, le programme offert à l’Université répond à des critères très précis; il « rejoint les adultes immigrants scolarisés ayant le statut de résidents permanents et habitant au Québec depuis cinq ans ou moins » (École de Langues 2011). Au Cégep de Sainte-Foy par exemple, différentes approches sont offertes : le Programme d’intégration linguistique des immigrants (PILI) et le Centre d’auto-apprentissage du français pour immigrants (CAFI). Le PILI propose deux programmes différents de francisation : l’un de trois sessions pour un total de 990 heures (donc 330 heures par session) pour la clientèle ayant plus de neuf années de scolarités et un autre de quatre sessions représentant un total de 1100 heures (donc 275 heures par session) destiné à la clientèle qui a une scolarité inférieure à neuf années (Cégep de Sainte-Foy 2014). Le PILI offre donc des cours intensifs à temps complet. Le CAFI, comme son nom l’indique, est axé sur l’auto-apprentissage; sa formule flexible est accessible gratuitement aux adultes non-francophones qui souhaitent améliorer leur français, autant à l’oral qu’à l’écrit.

2.1.3.5 Emploi Québec et MELS : mesures facilitatrices pour l’emploi

Des partenariats ministériels entre le MICC et Emploi-Québec ainsi que le MELS permettent au MICC de s’assurer que des services sont dispensés pour les clientèles immigrantes au niveau de la facilitation professionnelle.

Au niveau d’Emploi-Québec, le service de placement en ligne fait partie des services généraux que peuvent utiliser les immigrants. Cependant, il existe des programmes spécifiquement créés pour cette clientèle comme PRIIME (Programme d'aide à l'intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi) pour faciliter la première expérience de travail québécoise du nouvel arrivant dans son domaine de spécialisation professionnelle et IPOP (projet Intégration en emploi de personnes formées à l'étranger référées par un ordre professionnel). Il y a aussi différentes passerelles pour favoriser l’emploi en région ainsi que des services d’accompagnement personnalisé et de maillage professionnel offerts par les Centres Locaux d’Emploi (CLÉ).

Du côté du MELS, il existe les Services d’accueil, de référence, de conseil et d’accompagnement (SARCA) dans les centres d’éducation aux adultes et de formation continue qui fournissent un support à la clientèle âgée de seize ans ou plus, peu importe qu’elle soit d’origine immigrante ou non.

L’ensemble des SARCA (accueil de premier niveau, accueil de second niveau, information, exploration des acquis, orientation professionnelle et accompagnement) viennent soutenir l’adulte, inscrit ou non en formation générale ou en formation professionnelle, dans sa démarche de réalisation d’un projet professionnel ou de formation. (MELS 2014)

Le MELS, par le biais de ces institutions d’enseignements pour la clientèle, offre aussi de la reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) ainsi que des formations d’appoints par rapport à certains ordres professionnels.

Il est important de relever que la francisation se retrouve aussi dans ces partenariats, car Emploi-Québec et le MELS œuvrent à différents niveaux de cette thématique, l’un sur le plan professionnel et l’autre éducationnel.

2.1.3.6 Les services spécifiques du quartier

Bien que relativement limités, les organismes et activités communautaires du quartier, et de la paroisse plus spécifiquement, ont permis de relier les femmes immigrantes aux ressources et services accessibles dans la communauté. J’étais bien consciente de cette réalité lors du choix de l’arrondissement. À travers leurs propos, j’ai pu recenser les structures suivantes : l’organisme-contact, la Saint-Vincent de Paul et le Café Rencontre, ainsi que l’école primaire.

La première ressource mentionnée est l’organisme-contact qui fût ma porte d’entrée dans le quartier. Grâce à des activités et diverses fêtes (de quartier et de Noël), c’est un organisme dynamique et présent spécifiquement à l’échelle du quartier.

Par ses responsabilités de l’aide alimentaire et du vestiaire communautaire, la Société Saint-Vincent de Paul est bien souvent présente hebdomadairement dans la vie de plusieurs femmes de l’échantillon. Un parrain ou une marraine est identifié pour chaque bénéficiaire. C’est cette personne qui s’occupe du dossier (visite du logement, évaluation des besoins et des ressources financières), qui peut aussi faire les accompagnements en véhicule pour le retour à la maison avec des denrées. Il ne faut pas croire que le recours à l’aide alimentaire se fait de gaieté de cœur. Pour certaines, le constat est difficile à faire, comme pour Reanna qui s’impliquait bénévolement pour ce type de cause dans son pays et qui, ici, en devenait la bénéficiaire. Dans les femmes qui été rencontrées lors de la recherche, au moins la moitié d’entre elles ont bénéficié du soutien de l’aide alimentaire, à un moment ou à un autre. Comme le soulignait Tremblay, la nécessité de cette demande d’aide témoigne d’un échec dans le processus, d’une incapacité de subvenir à ses besoins par ses propres moyens (Tremblay 2007 : 52). Mais au-delà de la première demande, certaines femmes doivent aussi composer avec des lendemains un peu plus difficiles lorsque cet apport de denrées s’arrête sans préavis apparent. Les relations avec la Saint-Vincent de Paul ne sont pas toujours faciles, dépendamment des personnes responsables des dossiers, car aux dires de certaines femmes, les critères d’admissibilités et les raisons pour mettre fin à l’aide ne sont pas toujours clairs (clairement compris ou expliqués, difficile à dire).

Ces éléments trouvent écho dans les propos de Tremblay (2007); malgré le fait qu’il n’indique pas l’origine des personnes interviewées, les gens qui font appel à l’aide alimentaire semblent connaître des expériences similaires. Même si les intervenants rencontrés par Tremblay parlent de pauvreté chez les usagers, celle-ci se décline, comme le mentionne l’auteur, en pauvreté économique, mais aussi sociale. La « pauvreté » des femmes immigrantes se situe, au même titre que les usagers de l’aide alimentaire au Saguenay-Lac-St-Jean, au niveau des connaissances, de l’information, des droits, et évidemment au niveau des services qui leur sont accessibles (Tremblay 2007 : 47). De plus, dans cette recherche, il est possible de constater que les intervenants et les usagers ont des perceptions totalement différentes par rapport à la « participation » aux services d’aide alimentaire.

Les intervenants mettent le service au centre de leurs interprétations, tendant à définir les usagers par leur pauvreté et à ne les envisager qu’en tant que personnes recevant des services. À l’inverse, les usagers se placent dans une position de stratège utilisant plusieurs types de ressources et plusieurs modes de solidarité. Les positions de sujets recherchées par ces types d’acteurs sont donc fort différentes, ce qui peut expliquer les divergences quant à l’utilisation des services offerts par les organisations. (Tremblay 2007 : 45, emphase originale)

Ces explications mettent en perspective les propos des femmes immigrantes interrogées dans ma propre recherche, certaines amères ou d’autres satisfaites des services et de l’encadrement reçus par la Saint- Vincent de Paul, car leurs rapports avec leurs parrains-marraines étaient très variables.

Troisièmement, instauré par des bénévoles du quartier, le « Café Rencontre » se tient tous les jeudis avant la distribution alimentaire, dans la même salle située sous l’église de la paroisse, au moment où je mène ma