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Les réseaux sociaux : moyens ou fins de l’intégration?

Chapitre 4 : Les stratégies d’intégration : réseaux sociaux et autres avenues, les femmes immigrantes en tant

4.4 Les réseaux sociaux : moyens ou fins de l’intégration?

Dans la section conceptuelle de ce mémoire, je ne souhaitais pas m’attarder longuement aux explications et définitions que différents auteurs pouvaient donner au concept d’intégration, car je souhaitais faire éclore des définitions empiriques, à partir des propos des femmes qui ont participé à ma recherche. Par contre, il est maintenant temps de mettre en parallèle ce que d’autres auteurs ont pu concevoir comme mise en liens de l’intégration avec les réseaux sociaux et ce que mes répondantes ont indiqué. Ce faisant, il sera possible de me positionner de façon éclairée par rapport à la question finale de cette recherche, à savoir si, pour les personnes immigrantes de mon échantillon, les réseaux sociaux sont un moyen, donc une stratégie pour atteindre l’intégration ou encore si le développement d’un réseau social local correspond à l’aboutissement de l’intégration.

Propositions d’autres auteurs

Il est intéressant de constater que certains auteurs, comme Vatz Laaroussi, témoignent de l’importance du rôle des femmes (ou des mères) dans les stratégies d’intégration de leurs familles et dans le développement des réseaux :

Les stratégies mises en œuvre par les familles pour s’insérer dans un nouveau milieu sont très souvent portées par les femmes qui sont, selon plusieurs recherches, particulièrement compétentes dans la mise en place de réseaux informels et dans les médiations avec les institutions de la société d’accueil [Vatz Laaroussi et al., 1996, 1999, 2007 ; Bergeron et Potter, 2006]. Elles sont ainsi celles qui portent et développent un capital social qu’elles partagent avec les membres de leur famille […] (Vatz Laaroussi 2008 : 53).

J’ai colligé les propos de différents auteurs pour comprendre de quelles façons ceux-ci tissent des liens entre les réseaux sociaux et l’intégration des personnes immigrantes. Il semble que les deux volets qui sont majoritairement traités sont l’aspect social de l’intégration ainsi que l’aspect économique (l’emploi).

Les réseaux sociaux dans l’intégration sociale des immigrants

Deville-Stoetzel, Montgomery et Rachédi se sont penchées sur le rôle des réseaux dans le processus

d’établissement de familles maghrébines au Québec (Deville-Stoetzel et al. 2012) en observant plus

spécifiquement le volet social de l’établissement.

La migration internationale représente une mise à l’épreuve et une remise en question de toutes les sphères de la vie sociale : relations au quotidien, insertion résidentielle et professionnelle. Ces sphères sont interreliées, mais les réseaux semblent néanmoins se démarquer d’un point de vue analytique par leurs caractère transversal, multiplexe et mobilisable immédiatement. (Deville-Stoetzel et al. 2012 : 79)

Par contre, en présentant les réseaux comme mobilisables immédiatement, les auteures suggèrent que les réseaux sont (pré)existants. Dans leur étude, elles se sont intéressées à des familles installées au Québec depuis dix ans et moins. Cependant, lorsqu’elles présentent les cas spécifiques de certains répondants, ceux- ci ont quatre années ou huit années d’installation québécoise. Cet échantillon et leurs propos peuvent donc être légèrement divergents par rapport à ceux de mon propre échantillon, dont la moyenne de temps d’établissement se situait autour de deux ans. Ainsi, ces auteures proposent que

[L]’urgence de la situation et la nécessité de rétablir une certaine routine, lui permettant [à la personne qui vit une période d’instabilité dans un processus d’établissement dans un nouveau pays] de gérer la confrontation de l’épreuve de la migration sans heurts, l’engagerait plutôt dans un processus de quête de compétences, d’informations et de ressources variées, dans lequel la capacité à reconstruire un réseau de relations efficaces peut jouer un rôle central. Cette quête pourrait être pensée en termes de rapports sociaux. Cette perspective propose de concevoir l’insertion non pas comme relevant des compétences individuelles, mais plutôt des processus d’affiliation, donc en fonction des réseaux d’appartenance […]. (Deville-Stoetzel et al., 2012 : 81, emphase ajoutée)

Dans cette perspective où les réseaux sont positionnés centralement dans l’obtention de compétences et d’informations, on peut proposer que l’intégration repose en bonne partie sur les stratégies qui permettront de les développer et de les mobiliser, et donc sur ce moyen.

De son côté, Vatz Laaroussi relève les réseaux comme un endroit de réalisation pour certaines femmes, de développement de stratégies d’intégration pour elles-mêmes et leur famille, ainsi qu’une façon de pallier au volet de l’emploi professionnalisant qui fait parfois défaut :

C’est grâce à ces réseaux que les femmes maghrébines remplissent les fonctions sociales qu’elles n’atteignent que peu au travers de leur insertion dans l’emploi. En particulier, c’est là qu’elles vont construire leurs stratégies d’insertion et celles de leur famille dans la société d’accueil : la création d’un commerce familial va, par exemple, pouvoir être discutée, facilitée, voire financée avec l’aide de ce réseau. C’est là aussi qu’elles vont s’investir socialement et trouver une reconnaissance qu’elles n’ont pas sur le marché du travail : plusieurs femmes qui ont des qualifications dans le domaine de la santé (médecins, biologistes) ou de l’éducation (professeurs) vont rendre des services aux autres familles au sein de ces réseaux et garder ainsi un pied dans leur domaine. Elles vont tisser les liens qui leur permettent de se sentir exister au travers de leur identité multiple. C’est aussi dans ces réseaux qu’elles vont pouvoir assumer les fonctions de transmission et de changement inhérentes à leur vision de l’éducation de leurs enfants et à leur rôle de mère. (Vatz Laaroussi 2008 :63)

Les réseaux sont un moyen, pour certaines femmes, de combler différents besoins liés à des sphères spécifiques qui ne sont pas nécessairement pleinement réalisées (comme la quête d’un emploi professionnalisant) ou encore de miser davantage sur l’éducation et l’intégration de leurs enfants.

À titre de transition, vers un autre volet de l’intégration, une dernière citation de Deville-Stoetzel et al., qui met en évidence la mobilisation des réseaux comme ressources de facilitation (donc à titre de stratégie) au niveau de l’insertion professionnelle, notamment :

À partir des récits recueillis, nous avons reconstitué les parcours migratoires des familles, en mettant en évidence la façon dont les réseaux de relations étaient mobilisés comme ressources destinées à faciliter le processus d’établissement, tant au niveau du soutien et de l’entraide au quotidien que de la mobilité résidentielle et de l’insertion professionnelle. (Deville-Stoetzel et al. 2012 : 81)

Les réseaux sociaux dans l’intégration économique des immigrants

Dans différentes recherches, l’auteur Renaud et de nombreux collaborateurs se sont intéressés à l’insertion professionnelle de différents groupes d’immigrants. Ils font fréquemment référence aux réseaux sociaux dans cette perspective, mais dans ces cas, ils mentionnent davantage les réseaux de type « ethnique » :

[…] avec le temps, les groupes d’immigrants se familiarisent avec les us et coutumes du marché du travail, forment leur réseau ethnique et, le cas échéant, construisent leur « enclave ». La constitution de réseaux est donc au centre de cette hypothèse. Peu à peu, les groupes d’immigrants s’inscrivent dans un processus de socialisation au marché du travail, c’est-à-dire qu’ils font l’apprentissage de la culture propre au marché du travail et de ses modalités locales. (Renaud, Piché et Godin 2003 : 179)

Dans une autre recherche, il semble que la préexistence de réseaux, de liens dans la société d’accueil puisse faciliter l’accès au marché du travail. Il est important de considérer les « […] réseaux sociaux auxquels peut recourir l'individu à son arrivée au Québec. Cette explication pourrait s'appliquer aux Haïtiens de notre cohorte qui sont admis massivement dans la catégorie famille : les réseaux sont en place depuis quelques décennies et fonctionnent bien, du moins quant à l'insertion dans le marché du travail » (Piché, Renaud et Gingras 2002 : 86). L’insertion professionnelle pourrait reposer, selon ces collectifs d’auteurs, sur la capacité pour les personnes immigrantes de mobiliser des réseaux (ethniques ou non) et donc, à juste titre, de faire du réseautage professionnel. Cependant, à l’image des femmes de mon échantillon qui recherchaient un emploi professionnalisant, il faut se demander quel type d’emploi sera accessible via ces réseaux : « [a]u niveau de l’emploi plus généralement, les liens forts aident les personnes immigrantes à trouver un emploi lorsqu’il s’agit d’emplois peu qualifiés dans des secteurs où les immigrants sont surreprésentés » (Gauthier 2013 : 18).

Positionnement des femmes de cette recherche

Évidemment, le risque d’isolement social relevé au début du chapitre 3 vient teinter cette réflexion sur l’influence des réseaux sociaux, qu’ils soient fortement présents ou encore limités, dans le processus d’intégration de mes informatrices. En effet, j’ai recensé que leur réseau relativement réduit poussait ces femmes à chercher à combler certains besoins liés à leur intégration par différents intermédiaires. Au niveau de l’appui émotionnel, elles se tournaient beaucoup vers la famille, nucléaire ou élargie, installée localement ou à l’étranger, la famille étant elle-même une forme de réseau social Du côté de l’appui informatif, elles comptaient sur la découverte d’un informateur-clé ainsi que sur les informations et ressources relayées par les organisations locales et communautaires de proximité. Si on se reporte à l’analyse des définitions de l’intégration en fonction des quatre sphères principales, les réseaux sociaux, et plus précisément l’idée de

développer des liens d’amitié avec les Québécois, avaient trouvé leur place dans la sphère sociale. Au niveau de cette sphère, ce sont quatre femmes, soit le tiers de l’échantillon, qui ont fait mention d’éléments reliés à l’aspect social de l’intégration.

En extrapolant à partir de ces données, je pourrais avancer que pour le tiers de mon échantillon, le fait d’être acceptées par les Québécois et de développer des liens avec eux constitue une fin de leur intégration. Si on souhaite s’en tenir strictement à l’aspect « élément principal » de l’intégration, seule Clara a déclaré que l’objectif ultime de son intégration serait d’avoir des amis québécois. En tenant compte de la ventilation des femmes dans ces deux approches, il appert de façon claire que la majorité des femmes interrogées n’adhèrent pas à ce paradigme.

Grâce, à la fois aux propositions d’autres auteurs sur ce sujet et, surtout, aux propos qui ont été recueillis lors de cette recherche, je peux maintenant avancer que les réseaux sociaux semblent être un moyen, une stratégie dans un ensemble de stratégies, utilisée par les immigrants afin d’atteindre leurs objectifs, néanmoins toujours éminemment personnels, étayant le désir d’intégration dans une société d’accueil.

Conclusion

Dans ce quatrième chapitre, j’ai abordé les réseaux sociaux et les stratégies d’intégration mobilisés par les femmes immigrantes de mon échantillon. Croyant au départ pouvant catégoriser de façon bien détaillée les réseaux de mes participantes (qui sont les gens qui les composent et quels sont les liants de ces relations, quels sont les apports de ces réseaux), j’ai constaté qu’il était complexe de classifier les gens (les semblables ou l’altérité), d’autant plus que la majorité de ces femmes avait un réseau assez limité, composé en moyenne de moins de cinq personnes. J’ai donc concentré mon attention sur le type d’appui recherché dans les réseaux. J’ai observé que mes informatrices recherchaient principalement de l’appui émotionnel, trouvé principalement auprès de la famille (nucléaire ou élargie, locale ou transnationale), ainsi que de l’appui informatif, qu’elles trouvaient auprès d’un informateur-clé. Certaines d’entre elles souhaitaient ensuite retransmettre les informations obtenues, devenant à leur tour des informatrices.

Dans un deuxième temps, je me suis questionnée sur les stratégies mises en place, outre les réseaux sociaux, par les femmes immigrantes interrogées, afin de surmonter les difficultés du quotidien, mais aussi d’atteindre les objectifs d’intégration qu’elles se sont fixés. J’ai relevé trois stratégies principales utilisées par de nombreuses informatrices : l’implication sociale, le retour aux études et la mobilité secondaire. À mon avis, il est intéressant de constater la place prépondérante de la famille, qui est un réseau social en elle-même,

dans la construction des réseaux sociaux, la recherche d’appui mais aussi dans les autres stratégies d’intégration. La famille semble être au cœur des stratégies des immigrantes de mon échantillon.

Finalement, j’ai souhaité répondre au troisième volet de ma question de recherche, à savoir si les réseaux sociaux sont un moyen d’atteindre l’intégration ou une fin en soi, pour les femmes rencontrées. À la lumière des définitions de l’intégration récoltées ainsi que leur utilisation des réseaux sociaux, je suis en mesure d’avancer que pour mes informatrices, les réseaux sociaux sont un moyen à mobiliser pour faciliter leur intégration. Même si certaines des femmes rencontrées ont indiqués que de développer des liens avec des Québécois faisaient parti de leurs objectifs d’intégration, le « poids » de cet élément n’était pas suffisant pour conclure que le développement de réseaux sociaux représente un objectif final d’intégration pour la majorité. Ce constat des réseaux sociaux comme une stratégie d’intégration a aussi été posé par différents auteurs, autant dans les volets social (Deville-Stoetzel et al. 2012; Vatz Laaroussi 2008) qu’économique (Renaud, Piché et Godin 2003; Piché, Renaud et Gingras 2002).

Conclusion générale

Ce mémoire a fait état d’une recherche s’intéressant à la façon dont est vécu le processus d’intégration par des femmes immigrantes installées dans un quartier spécifique, situé dans la Ville de Québec. Cette recherche était composée de trois objectifs spécifiques étroitement liés. Mon premier objectif était d’élaborer des définitions empiriques de l’intégration, à savoir de m’intéresser spécifiquement aux objectifs d’intégration fixés par chacune des participantes à la recherche. Les éléments de définitions amassés ont été classés dans des « sphères » préalablement définies (sociale, culturelle, économique et politique) ou créées sur mesure pour bien représenter leurs propos (sphères socio-culturelle et synergique). Mon deuxième objectif de recherche était d’étudier les rôles des réseaux sociaux dans le processus d’intégration des immigrantes. J’ai ainsi constaté que les cases que j’avais fixées au départ pour les classer et les analyser (les semblables et l’altérité, les apports et les liants) étaient trop rigides. J’ai donc porté mon attention aux appuis recherchés par les femmes de mon échantillon dans les réseaux sociaux, soit l’appui émotionnel et l’appui informatif. Mon troisième objectif de recherche était de regrouper mes deux objectifs précédents afin de vérifier si les réseaux sociaux étaient considérés un moyen ou une fin de l’intégration par ces immigrantes.

La combinaison de ces trois objectifs m’a ainsi permis de répondre à la question qui a guidé le développement de cette recherche : En fonction de leur définition de l’intégration, comment sont utilisés les réseaux sociaux par les immigrantes dans un quartier spécifique en 2010-2011, dans le cadre de leur processus d’intégration? En définitive, grâce aux différents éléments constitutifs des définitions de l’intégration de mes informatrices ainsi que leur utilisation des réseaux sociaux comme source d’appui, j’ai pu conclure que le développement des réseaux sociaux est davantage un moyen à mobiliser dans le processus d’intégration, donc une stratégie, qu’une fin en elle-même.

J’ai abordé cette recherche en mobilisant quatre concepts principaux, m’appuyant sur la littérature et les propositions d’autres chercheurs : les immigrants, l’intégration, les stratégies et les réseaux sociaux. Bien que je ne souhaitais pas trop définir l’intégration afin de donner aux participantes de ma recherche la possibilité de développer des définitions qui leur étaient propres, je devais tout de même mettre en place une certaine structure, positionner l’idéologie derrière ce concept, à savoir : l’intégration et non pas l’assimilation; l’intégration mutuelle qui sous-entend l’implication de la société d’accueil dans le processus de même que positionner l’immigrant comme un acteur de son intégration et détenteur d’une capacité d’agir. Ce sont ces caractéristiques qui m’ont permis d'avancer la notion de stratégie et de l’utiliser dans mon analyse sur les moyens mis en place par les femmes immigrantes pour surmonter les défis du quotidien et atteindre leurs objectifs d’intégration.

J’ai réalisé ma collecte de données en menant une recherche de terrain dans un quartier spécifique, grâce à la collaboration d’un organisme-contact. J’ai donc fait de l’observation participante dans différents évènements (fêtes de quartier et de Noël) et rencontres hebdomadaires (activités, distribution alimentaire, cafés-rencontre) qui rythmaient la vie du quartier. De plus, j’ai fait de la recherche documentaire à partir des différents rapports produits par les instances fédérales et provinciales en lien avec l’immigration (principalement Citoyenneté et Immigration Canada et ministère de l’Immigration et des Communautés Culturelles) ainsi qu’au niveau de la Ville de Québec, pour mieux connaître et comprendre les politiques et structures d’accueil qui étaient en place au moment de ma recherche. Aussi, j’ai mené des entretiens semi-dirigés auprès de douze femmes immigrantes résidant dans une même paroisse et ses environs, concentrées en fait sur le territoire d’un quartier spécifique. La cueillette de données provenant de ces entrevues constitue véritablement le cœur de ce mémoire, car ce sont ces femmes qui m’ont permis de mieux comprendre la vie quotidienne des ménages immigrants et leurs difficultés, les aspirations et objectifs d’intégration des femmes immigrantes, ainsi que le développement et la mobilisation des réseaux sociaux dans leur processus d’intégration.

J’ai structuré mon mémoire en fonction de quatre chapitres thématiques. Le premier chapitre a établi un cadre de référence théorique, conceptuel et méthodologique pour développer ma recherche. Le deuxième chapitre s’est attardé aux contextes politique et structurel entourant l’immigration en général, et aux personnes immigrantes en particulier. Dans ces chapitres, j’ai découvert qu’il existait une certaine méconnaissance du processus d’intégration tel que vécu concrètement par les personnes immigrantes. D’une part, certains auteurs et chercheurs abordent l’intégration de façon assez fixe et rigide (éléments obtenus ou non) ou n’osent pas avancer une définition. D’autre part, les membres de la société d’accueil connaissent souvent mal les immigrants et voient leurs perceptions se décaler de la réalité notamment par le biais des idées et des concepts véhiculés par les médias traditionnels. J’ai constaté que la qualité de l’information qui transige de part et d’autre du parcours migratoire s’avère souvent assez variable; cette situation n’avantage ni la société d’accueil, ni les nouveaux arrivants qui arrivent au pays mal équipé pour faire face à ce nouveau vivre- ensemble.

Les chapitres 3 et 4 constituent le cœur de l’analyse des propos des femmes que j’ai rencontrées. Elles m’ont permis d’entrer dans leur quotidien afin de comprendre l’intégration de manière concrète. Dans le chapitre 3, j’ai exploré dans un premier temps les difficultés des ménages des nouveaux arrivants. J’ai ensuite réalisé une analyse approfondie, systématique et exhaustive des entretiens pour en faire ressortir les différents éléments des définitions de l’intégration, telle que vécue par mes informatrices. J’ai découvert toute la complexité qui se cache derrière les objectifs de chacune de ces femmes. En somme, à travers les propos des femmes que j’ai rencontrées, j’ai pu développer une approche empirique de l’intégration, définissant le concept à travers la réalité quotidienne de mes informatrices, plutôt que selon un prisme exclusivement objectif. Évidemment, le

processus d’intégration ne se résume pas en quelques mots, chaque femme priorisant des aspects (éléments et sphères) par rapport à d’autres. Il en ressort néanmoins l’importance de l’emploi de type professionnalisant, provenant de la sphère économique, de même que la maîtrise de la langue française de l’aspect culturel. Il semble aussi que le temps et l’implication des Québécois soient des éléments essentiels à l’intégration.

Ces femmes ont apporté des nuances très intéressantes par rapport à des éléments qui auraient pu sembler très objectifs : la recherche de la maîtrise de la langue peut varier selon l’utilisation (expression orale, compréhension de textes, rédaction) et les contextes (scolaire, professionnel ou pour faire son épicerie); l’obtention de la citoyenneté canadienne peut représenter un passeport qui permet de voyager sans tracas, le droit de vote ou la reconnaissance de l’atteinte de l’intégration, le sentiment d’appartenance s’ancre sur des