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Chapitre 2 : L’immigration au Québec : politiques, structures et informations

2.3 Les initiatives de la Ville de Québec en matière d’intégration des immigrants

2.3.2 Initiatives liées à la Ville de Québec

Différentes initiatives ont été mises en place par la Ville afin d’accueillir les personnes immigrantes et de favoriser leur intégration par le biais de différences sources et ressources d’information. La Ville offre des séances d’accueil et d’orientation et organise annuellement une cérémonie officielle d’accueil; elle a instauré un programme d’égalité en emploi et de stages qui visent spécifiquement les personnes immigrantes; elle offre aussi des ressources informatives (répertoire des organismes et site Internet). Il y a quelques années, la Ville a créé puis aboli un Conseil Interculturel qui devait donner une voix aux personnes immigrantes devant le conseil exécutif. Évidemment, la Ville elle-même ne constitue pas la seule entité sur son territoire à développer des initiatives pour appuyer l’intégration des personnes immigrantes. Compte tenu du financement volatile qui s’avère le lot des organismes communautaires, ces initiatives ne perdurent pas toutes, mais l’une d’entre elle fait figure d’exception : le 211, un service maintenant essentiel dans la recherche d’aide et de ressources dans la région.

2.3.2.1 Les actions de la Ville

Des séances d’accueil et d’orientation sont offertes aux nouveaux arrivants. Celles-ci présentent les : « services offerts par la Ville de Québec; fonctionnement, organisation et valeurs de la ville; caractéristiques de Québec (transport, géographie…); quartiers de Québec, types d’habitation et attraits de la ville; participation citoyenne dans la ville » (Lepage 2009). Il est aussi possible d’explorer quelques arrondissements par le biais d’une visite guidée en autobus afin de se familiariser avec les services de proximité disponibles (comme les écoles, les grandes artères et les commerces). De plus, une cérémonie d’accueil est organisée une fois par année, en compagnie du maire et des élus, pour les familles immigrantes arrivées au courant de la présente année. « C’est une occasion pour les nouveaux arrivants d’échanger et de faire connaissance avec les élus et les responsables d’organismes et avec leurs pairs » (Cammas 2011).

Le programme « Égalité 5 » pour l’accessibilité à l’emploi à la Ville est basé sur la loi sur « l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics » du gouvernement du Québec. Égalité 5 vise donc les femmes, les autochtones, les minorités visibles (« toute personne autre qu’autochtone et qui n’est ni de race, ni de couleur blanche »), les minorités ethniques, (« toute personne dont la langue maternelle n’est ni le français, ni l’anglais ») et les personnes ayant un handicap (Dallaire et Sefrioui 2007 :4). La Ville possède aussi un programme de stages rémunérés qui est spécialement conçu pour les nouveaux arrivants.

Accessible à partir de la section « Nouveaux Arrivants » du site de la Ville de Québec, un répertoire des organismes qui dispensent des services aux immigrants dans la Ville de Québec est offert. Auparavant, au début de mon terrain de maîtrise, ce répertoire était disponible en version papier sous la forme d’un organigramme de services. Le défaut de cet outil était la mise à jour des informations, car les services offerts peuvent changer rapidement dans le monde communautaire.

La création de 1-888-MeVoila en 2009, à la fois une ligne téléphonique et un site internet, résultat d’un partenariat de Québec International, de la Ville de Québec, d’Emploi Québec, du MICC ainsi que de la Chambre de commerce de Québec (Rossetti 2009) constituait un portail qui s’adressait à la fois aux chercheurs d’emplois (immigrants, bien sûr) et aux employeurs. On y retrouvait, notamment, des guides développés à l’intention des deux publics cible afin d’harmoniser leur adaptation mutuelle : le Guide pratique sur l’Immigration se déclinait en version « Guide de l’entreprise » et « Guide de l’immigrant ». Fait intéressant, la section destinée aux chercheurs d’emplois était disponible en anglais, français, espagnol et portugais. Cependant, il semble que ce service ne soit plus disponible (août 2014). Il aurait été remplacé par « Québec en tête » qui prend le relais, autant pour les chercheurs d’emploi que pour les entreprises (avec zone spécifique dédiée aux entreprises).

Le Conseil Interculturel avait été créé par l’ancien maire Jean-Paul l’Allier afin de faire le pont entre les immigrants de la Ville de Québec et le conseil exécutif. « Créé officiellement par la Ville de Québec au printemps 2002 […] [l]e rôle de ses douze membre est justement d’aviser et de conseiller le conseil municipal et le comité exécutif en matière d’intégration des immigrants et de rapprochement interculturel » (Allard 2002). L’abolition du Conseil interculturel n’a été mentionnée, à ma connaissance, que dans le journal Les

Immigrants de la Capitale, en juillet 2011. Titrant « Déception et amertume après l’abolition du Conseil

interculturel de la Ville de Québec », Milhai Claudiu Cristea rapporte les paroles d’André Marceau, l’ex- président du Conseil. M. Marceau a entre autres mentionné que l’ensemble des membres du Conseil agissaient bénévolement (une quinzaine de personnes environ) et devait fonctionner en l’absence d’un budget. « Nous avons tenté naturellement de savoir pourquoi cette décision a été prise par la Ville. Nous avons compris que pour la Ville, le Conseil ne semblait pas apporter les résultats espérés. Mais comment faire mieux avec si peu de moyens et de légitimité? » (Cristea 2011). Il semble, selon la responsable du dossier de l’immigration, Mme Michelle Morin-Doyle, que « la Ville de Québec a choisi une «nouvelle orientation, plus directe et plus simple» » en consultant, notamment par la mise à jour de la politique d’immigration de la Ville et les consultations publiques qui y sont liées, la soixantaine d’organismes concernés sur le territoire de Québec (Turgeon et Cristea 2011).

2.3.2.2 Autres initiatives sur le territoire de la Ville

D’autres initiatives destinées à la population immigrante ont aussi été développées au niveau communautaire au fil des années. Néanmoins, il est difficile d’en dresser une liste puisqu’en fonction des subventions, les initiatives naissent, disparaissent et reviennent parfois sous d’autres formules. À travers ces fluctuations, un outil subsiste et représente une véritable mine d’informations : le 211 constitue « un service d’information et de référence centralisé » qui répertorie l’ensemble des ressources communautaires reconnues sur le territoire (211 2011). Il existe à Québec depuis 2008 (plus précisément, ce volet couvre les régions de la Capitale- nationale et de Chaudières-Appalaches). C’est un service qui est présent aussi ailleurs au Canada et qui connaîtra une expansion prochaine au niveau de la province de Québec. Les informations du 211 sont accessibles par ligne téléphonique, sur le site internet et dans son répertoire papier.

Conclusion

Ce deuxième chapitre m’a permis de situer davantage les conditions dans lesquelles les personnes immigrantes arrivent au Québec : les mesures appliquées sont différentes selon la catégorie en fonction de laquelle elles traversent la frontière. Le Québec dispose d’une position particulière par rapport aux autres provinces canadiennes par sa capacité de sélectionner ses travailleurs qualifiés, soit la part la plus importante des immigrants qui s’installent chaque année sur son territoire. Les femmes de mon échantillon font également parti, en majorité, de cette catégorie. Les statistiques de l’immigration au Québec permettent de dénoter le nombre important de nouveaux arrivants, soit autour de 50 000 personnes chaque année, un volume qui passe parfois un peu inaperçu à Québec.

Je me suis aussi intéressée aux filtres de l’information, à la fois sur la manière dont sont informés les futurs immigrants au préalable, mais aussi sur comment les perceptions des membres de la société d’accueil envers les immigrants peuvent être modulées par les médias (images, articles, reportages, et autres). Au fil des conversations avec les femmes qui ont participé à ma recherche et d’autres personnes, croisées en cours de route, j’ai constaté que la qualité de l’information n’était pas toujours au rendez-vous et que cela pouvait biaiser les premiers contacts, de part et d’autre, entre les nouveaux arrivants et la société qui les accueille.

Au niveau de la Ville de Québec, des initiatives, comme une politique municipale et des services d’accueil, sont mises en place à l’attention des personnes immigrantes. Cependant, l’efficacité de ces mesures reste à démontrer.

Actuellement, je constate une augmentation constante du pourcentage d’immigrants résidant dans Québec. Certains organismes dédiés aux immigrants existent, mais leur implication reste relativement limitée dans l’arrondissement sélectionné. Au-delà des chiffres, des structures et des politiques, il y a des personnes. Ces personnes immigrantes qui expérimentent au quotidien cette fameuse intégration, qu’ont-elles à en dire?