• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1 : S’intéresser aux réseaux sociaux et à l’intégration des immigrants au Québec : problématique et

1.4 Orientations méthodologiques de la recherche

1.4.1 Axes méthodologiques

La réalisation de cette recherche repose sur un paradigme qualitatif puisque j’ai tenté d’obtenir le point de vue et les opinions des personnes immigrantes sur leur processus d’intégration, et ce, par l’entremise d’entrevues. Ainsi, comme le mentionnaient Deslaurier et Kérisit « la logistique même de l’approche qualitative (terrain,

observation participante, entrevues non directives, récits de vie) oblige le chercheur à un contact direct avec le vécu et les représentations des personnes qu’il étudie » (Deslaurier et Kérisit 1997 : 106).

Plus spécifiquement, je souhaitais comprendre le processus d’intégration des immigrantes sur deux volets, à savoir la définition qu’elles se font de l’intégration et l’importance des réseaux sociaux dans le processus d’intégration, et je formulais l’hypothèse qu’ils se trouvent liés à un certain niveau qu’il me restait à découvrir empiriquement. L’originalité de cette recherche consiste à obtenir une définition empirique de l’intégration, c'est-à-dire formulée par les personnes immigrantes elles-mêmes en fonction de critères subjectifs, plutôt que d’opter pour d’autres définitions de l’intégration plus académiques et qui semblent parfois être éloignées de la réalité sur le terrain.

1.4.1.1 Intégration

Mon premier objectif a été d’élaborer des définitions empiriques de l’intégration. Au fil des entrevues, de façon itérative, j’ai été en mesure de développer des éléments de définition de l’intégration; ils prennent la forme de grands thèmes récurrents. Lors de l’analyse des données, j’ai constaté qu’en plus d’un élément principal, plusieurs femmes mentionnaient des éléments secondaires comme constituants de leur manière de se représenter l’intégration. J’ai aussi tenté de me détacher d’une logique d’enchaînement (comme celle qui émane d’une affirmation comme : « on doit apprendre le français avant de trouver un travail au Québec ») pour me centrer sur l’ensemble des propos de chaque femme, car même si l’on pourrait penser que la maîtrise du français devrait être sous-jacente à toute autre action liée à l’intégration (par exemple poursuivre sa scolarité ou se faire des amis québécois), il ne s’agit pas d’un élément relevé par toutes.

J’ai été surprise de constater que certains éléments récurrents dans les propos des femmes ne dénotent pas nécessairement la même chose. À titre d’exemple, la « maîtrise du français » se décline de différentes façons : pour une femme, ce thème peut faire référence à la capacité de poursuivre des études à un niveau universitaire en français; pour une autre, à la possibilité de converser avec la caissière à l’épicerie et pour une troisième au fait d’être capable d’utiliser les expressions québécoises couramment. Aussi, il m’a semblé pertinent, dans une tentative de faire ressortir certains liens, de mettre en lumière les aspects importants des éléments de définitions fournis par les participantes, par rapport aux sphères de l’intégration telles que définies précédemment (sociale, culturelle, économique ou politique), tout en respectant, évidemment, la diversité des points de vue.

Ces volontés d’empirie et d’itération inscrivent cette recherche dans une approche empirico-inductive puisque la recherche s’est raffinée en fonction des données récoltées à fur et à mesure de son avancement. Cela

relève aussi la volonté d’être très près de la réalité des personnes immigrantes et de leur cheminement à travers le processus d’intégration.

Afin d’aborder la réalité des personnes immigrantes, il m’a semblé nécessaire de connaître le passé pour comprendre le présent. L’importance du parcours migratoire ne peut pas être diminuée dans le cadre d’un actuel processus d’intégration puisque les immigrants arrivent au pays avec maints bagages de vie, parfois complexes. En fonction de cet aspect, j’ai recensé ce que l’on appelle des histoires de vie. La collecte de ces données m’a permis d’établir des liens entre les différents éléments de définition de l’intégration énoncés par les femmes rencontrées et leurs diverses « caractéristiques » (entre autres leur parcours migratoire, leur pays d’origine et leur langue maternelle).

1.4.1.2 Réseaux sociaux

Le deuxième objectif de recherche a été d’étudier les rôles des réseaux sociaux dans le processus d’intégration des immigrantes. Au départ, j’avais planifié de subdiviser cet objectif de recherche en trois objectifs secondaires : a) comment s’insèrent les immigrantes dans des réseaux sociaux, b) identifier ceux qui les composent et les liens qui les unissent (liants), c) comprendre comment et à quelles fins (notamment par le biais des apports) les réseaux sociaux sont utilisés lors du processus d’intégration par les immigrantes. Cependant, la réalité fut toute autre, car la mise en place de réseaux sociaux pour les personnes immigrantes n’est pas instantanée, il s’agit davantage d’un processus, comme l’intégration. Ainsi, dans le contexte de mon échantillon - la majorité des femmes étaient au Québec depuis deux ans - les réseaux sociaux étaient plus ou moins au rendez-vous. J’ai donc davantage ciblé mon analyse autour des deux principaux appuis recherchés à travers les réseaux existants, qui se sont avérés être, en l’occurrence, l’appui émotionnel ainsi que l’appui informatif, comme je l’aborderai plus loin.

1.4.1.3 Mise en liens

Enfin, le troisième objectif de recherche lie les deux précédents ensemble afin d’obtenir des réponses à la question de recherche principale, c'est-à-dire de comprendre comment la définition empirique de l’intégration influence l’utilisation des réseaux sociaux chez les femmes immigrantes. En fait, une certaine hypothèse de causalité entre les deux éléments avait été envisagée, à savoir que le volet de l’intégration sur lequel l’emphase est portée (par exemple obtenir un emploi ou avoir des amis) viendrait influencer le genre de réseaux sociaux dans lesquels se trouvent impliquées les personnes immigrantes. À ce niveau, c’est en fait l’ensemble du questionnement de ce mémoire qui s’est joué puisque cette mise en lien a permis de vérifier si les réseaux sociaux sont un moyen ou une fin de l’intégration. Les éléments majeurs qui sont ressortis de cette mise en liens sont l’importance du temps dans le processus d’intégration ainsi que la recherche de liens

avec des Québécois. Évidemment, lors des entretiens (voir schéma d’entrevue en annexe 2), cette thématique faisait partie des questions de mon schéma d’entrevue (Selon vous, quels sont les rôles qu’occupent

actuellement la société d’accueil (et ses membres) dans le processus d’intégration? Selon vous, devraient-ils occuper d’autres fonctions?). Néanmoins, selon moi, ce n’est pas nécessairement le fait d’avoir abordé un

sujet qui importe, dans les propos des participantes, mais bien ce qu’elles en ont dit de manière spécifique.