• Aucun résultat trouvé

Section 4 Les percussions

Dans le document Le droit selon la musique (Page 186-194)

Partie 1 Le droit à l’usage de la musique

Partie 2 Le droit dans l’écriture musicale

1. S OUS PARTIE 1 I NSTRUMENTATION ET VO

1.1. Chapitre 1 L’orchestration

1.1.4. Section 4 Les percussions

Le droit vibre sous la pulsation des percussions, dans leur intervention éclatante comme dans leur battement sourd.

Si les timbales remportent la palme, nombreux sont les autres instruments percussifs dont le timbre a été retenu par les compositeurs, selon les temps, selon les mœurs.

- la loi

Un messager, après un rappel à la loi, disparaît sous fond de timbales, de tamtam, de grosse caisse et de caisse claire (La Femme sans Ombre de R. Strauss, acte III) :

523 Le mandarin : « Peuple de Pékin ! Voici la loi : Turandot, la pure, épousera l’homme, de sang royal, qui

résoudra trois énigmes obscures. Mais si l’homme succombe à cette épreuve, que sa tête tombe sous le glaive ! ».

Lorsque des ministres déchirent la Constitution, le froissement du papier officiel est illustré musicalement par les percussionnistes (Le grand Macabre de Ligeti, troisième tableau).

- les droits subjectifs

Les timbales sont associées aux cuivres lors des célébrations domestiques (Le Mariage

Secret de Cimarosa, acte II), religieuses (Lady Macbeth de Mtensk de Chostakovitch, acte III, huitième

tableau) ou tout simplement loufoque (La Périchole d’Offenbach, acte I, scène 14) du mariage.

Néanmoins, certaines percussions font résonner leur timbre propre : touches de clochettes durant la conclusion de l’acte de mariage (Madame Butterfly de Puccini, acte I, exemple avant la lecture de l’acte) :

Et également ponctuation du gong au cours du rituel du pacte (La Femme sans ombre de R.

Strauss, acte I), jeu sur la présence ou l’absence du glockenspiel afin de relancer l’exposé

monotone d’un avocat (L’Affaire Makropoulos de Janacek, acte I), long carillon de cloches

conduisant au moment de la signature fatale (Doktor Faust de Busoni, prologue II). Un autre

carillon de cloches clôt une scène d’épouvante au cours de laquelle est fondue la septième balle revenant au diable aux termes du pacte maléfique (Le Freischütz de Weber, acte II, scène 5).

Elles s’unissent (triangle, gong, xylophones) pour soutenir la voix cristalline de l’empereur regrettant d’avoir consenti une promesse dangereuse (Turandot de Puccini, acte II) :

- le jugement

Les percussions sont mobilisées dans les grandes évocations du Jugements dernier.

Les timbales (Requiem de Verdi, exemple des timbales et des hautbois) :

associées à la grosse caisse (Requiem de Gouvy, avec une citation inattendue à la symphonie n°103

« Roulements de timbales » de J. Haydn) ponctuent l’effroi de l’Humanité en ce jour de colère.

Le Judicare du credo est chanté au son des timbales et trompettes (Harmoniemesse,

ou éclate dans un choral soutenu par un martèlement de timbales (Docteur Faust de Busoni, prologue II).

Dans l’ordre profane, les percussions martèlent les différentes phases d’une procédure contentieuse.

Au seuil du procès, les cloches d’une cathédrale retentissent à l’arrivée des moines de l’Inquisition524 (Don Carlos de Verdi, acte III, quatrième tableau) cependant qu’une agitation sur

fond de caisse claire évoque l’attente nerveuse de la prison préventive (Lulu de Berg, acte II, film).

Les battements sourds de la timbale solo appuient l’attente de son ouverture (Lohengrin de Wagner, acte I, scène 2) :

Puis, un roulement de tambour retentissant conduit le héros devant ses juges (Till l’Espiègle de R. Strauss) :

Quelques instants avant l’audience, une percussion funèbre précède l’entrée de l’accusateur public (André Chénier de Giordano, acte III) et les timbales associées aux cuivres

une manifestation de la justice seigneuriale (Les Noces de Figaro de Mozart, acte III, scène 4) :

524 Les moines : « Ce jour est un jour de colère, un jour de deuil, un jour d’effroi. Malheur ! Malheur au

téméraire qui du ciel a bravé la loi ! Mais le pardon suit l’anathème si le pécheur épouvanté se repent à l’heure suprême sur le seuil de l’éternité ! ».

Au cours des débats, le motif de l’accusation est soutenu par des accords de cuivres et des timbales (Billy Budd de Britten, acte II, deuxième tableau), l’âne greffier braie à grand

renfort d’ondes Martenot (Jeanne d’Arc au Bûcher d’Honegger, Scène 4 Jeanne livrée aux bêtes), la

réponse fatidique est lâchée sur une tenue de saxophone à laquelle succède le leitmotiv rythmique aux timbales (Grandeur et Décadence de la Ville de Mahagonny de Weill, acte III), le procès dépouillé à l’extrême est ponctué par les cuivres puis par un roulement

de grosse caisse (Aïda de Verdi, acte IV, premier tableau)525 :

525 Les prêtres : « Défends-toi ! Radamès, ton sort est décidé. Tu mourras de la mort des traîtres, sous le temple

Après le prononcé du jugement, l’irruption dans le bagne est notamment soutenue par un roulement de timbales (Lady Macbeth de Mtensk de Chostakovitch, acte IV, neuvième tableau). De

même, l’équipage vient assister à l’exécution au son d’une fugue rythmique des timbales et autres percussions (Billy Budd de Britten, acte IV, deuxième tableau).

Dans sa cellule, le condamné à mort sait pour qui sonne le glas (L’Opéra des Gueux de J.

Gay, acte III). Une cloche sonne quatre heures, prélude de l’exécution du condamné

(Tosca de Puccini, acte IV)526. La cloche des morts tinte le long d’un chemin douloureux

(Symphonie fantastique de Berlioz, La Marche aux supplices). Avec moins d’infortune, le tocsin

sonne pour prévenir le peloton d’exécution de l’innocence de l’accusée (La Pie Voleuse de Rossini, acte II, scène 12).

Une foule est le témoin de l’appel des condamnés, sur un très beau thème funèbre et impérieux accompagné de roulements de tambour (Manon Lescaut de Puccini, acte III, scène 5) :

Au moment fatidique où tout expire, la cloche des morts tinte à nouveau sur un roulement de timbales (La Juive d’Halèvy, acte V, scène 3).

- le pouvoir

Certaines percussions interprètent un leitmotiv dédié au pouvoir : le tambour apparaît au fil de l’œuvre là où l’abus de pouvoir entraîne l’injustice et l’humiliation (La Pie

Voleuse de Rossini), une pédale grave confiée aux cloches scandent le thème du chef de la

police (Tosca de Puccini, acte I).

526 Cf. la didascalie : Le Geôlier s’approche de Cavaradossi et, ôtant son bonnet, lui montre l’Officier ; puis,

Sans prétendre au rang de phrase musicale, une grosse cloche sonne lors de l’élection d’un nouveau doge (Les deux Foscari de Verdi, acte III, second tableau). Les cloches des

cathédrales du Kremlin tintent lorsqu’une procession avance pour honorer le nouveau

tsar (Boris Godounov de Moussorgski, prologue, second tableau) :

Les percussions participent régulièrement aux manifestations de la force publique, même si des sbires du clergé et les créanciers y pourvoient sur fond de cuivres, timbales en tierce, grosses caisses puis de percussions seules (Docteur Faust de Busoni, prologue II).

Ainsi, les timbales associées aux trompettes escortent la brigade sur le départ (Lady

Macbeth de Mentsk de Chostakovitch, acte III, septième tableau) :

ou provoquent une entrée fracassante de la force armée (La Dame Blanche de Boieldieu, acte III).

Et si un coup de cymbale, accompagné du triangle et de la caisse claire, évoque le carreau cassé par le fugitif qui se défenestre (Boris Godounov de Moussorgski, acte I, second tableau) :

c’est sur un trille de timbales et de triangles qu’on s’empare de l’accusé et le traîne devant le tribunal (Till l’Espiègle de R. Strauss) :

Aux temps modernes, une sirène de police se fait entendre après la commission d’un assassinat (La Sainte de Bleecker Street de Menotti, acte II).

Dans le document Le droit selon la musique (Page 186-194)