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Section 1 Les bois

Dans le document Le droit selon la musique (Page 155-162)

Partie 1 Le droit à l’usage de la musique

Partie 2 Le droit dans l’écriture musicale

1. S OUS PARTIE 1 I NSTRUMENTATION ET VO

1.1. Chapitre 1 L’orchestration

1.1.1. Section 1 Les bois

Le droit est accompagné par l’arborescence des bois au grand complet (du piccolo au contrebasson). Les bois apportent au droit leurs timbres chaleureux quoique graves, sauf dans le cas où le timbre particulier de l’un d’eux se distingue pour illustrer un moment de droit.

- la loi

La famille des bois bûche sur les aspects institutionnels et matériels de la loi.

Le timbre moelleux des clarinettes (et des cordes graves) interprète le thème de l’assemblée des boyards (Boris Godounov de Moussorgski, acte IV, scène 1) alors queles Tables

de la Loi sont exhibées à l’issue de deux mesures d’un éclat surnaturel réunissant le piccolo, la première flûte et les altos (Moïse et Aaron de Schoenberg, acte II).

- les droits subjectifs

Les bois se joignent d’emblée à l’arrivée d’un professionnel du contrat : le notaire

(Don Pasquale de Donizetti, acte II), le bailleur avec la flûte et le piccolo (La Bohème de Puccini,

acte I, scène 4) :

et l’avocat noir progressant au rythme boiteux des bassons associés aux violoncelles (Porgy and Bess de Gershwin, acte II, scène 1)488.

Mais ils s’exhibent pareillement lors de la conclusion et l’exécution d’une convention.

L’offre et de l’acceptation d’un mariage se rencontrent au gré du hautbois (Le Vaisseau

Fantôme de Wagner, acte I) :

ou des bassons en présence d’autres instruments (la présentation du pacte dans Robert le Diable

de Meyerbeer, acte V, scène 3).

Chronologiquement, un basson s’amuse d’abord à accompagner l’exorde du chef de famille cherchant à imposer un mariage à sa fille (Le Mariage secret de Cimarosa, acte I, scène 3) :

Puis le cor anglais appuie une demande de consentement paternel préalable (La Juive

d’Halèvy, acte II, scène 7, n°12 Trio). Un hautbois contrepointe ensuite les paroles de deux

notaires faisant lecture de l’acte de mariage (Lo Speziale de J. Haydn, acte II) avant que les bois

appogiaturés accompagnent le « oui » des mariés (La Périchole d’Offenbach, acte I, scène 14).

Le son du hautbois suscite une réminiscence du mariage lors d’une demande en divorce (Stiffelio de Verdi, acte III, deuxième tableau). Le thème des droits du mari489 sur son

épouse donné aux bassons et aux cors (La Walkyrie de Wagner, acte I) achève ce cortège

nuptial.

Les bois ne désertent pas non plus les actes unilatéraux.

À l’orée de la mort, la flûte, le hautbois et la clarinette brocardent le notaire égrainant les formules d’un testament (Gianni Schicchi de Puccini) :

succession (Sœur Angélique de Puccini).

- le jugement

Certains thèmes associés à la personne du juge sont joués par les bois (Peter Grimes de

Britten, prologue), le hautbois en particulier (Libuse de Smetana, acte I Jugement de Libuse)490. Les

bois accompagnent également le juge lors de son arrivée cérémonieuse (Le Tricorne de

Falla)491 ou de sa déconfiture (Le Corregidor de Wolf, acte I).

Ces « bois de justice » participent également aux différentes phases du procès : des doubles croches lancinantes secondent le premier énoncé du Tuba mirum (Requiem de Dvorak) :

Avec les cuivres, ils sonnent l’ouverture d’une ordalie (La Femme sans Ombre de R. Strauss,

acte III) et mettent en valeur l’entrée d’une cour martiale (Billy Budd de Britten, acte III,

deuxième tableau). Avec la basse, les flûtes et hautbois présentent le Seigneur assis sur

son trône de justice (Motet pour l’Offertoire de la Messe Rouge de M.-A. Charpentier).

490 Ce motif figure au chapitre 2 de la sous-partie 3 de la présente partie. 491 Ce motif figure au chapitre 2 de la sous-partie 3 de la présente partie.

Puis à la volée, la clarinette soutient la défense de l’accusé (Till l’Espiègle de R. Strauss) :

et le basson souligne l’amertume de sa culpabilité (Le Freischütz de Weber, acte III, scène 6)492 :

Aussi, le hautbois sert de toile de fond au désarroi du juge seigneurial (Les Noces de Figaro de Mozart, acte III, scène 4)493 :

et le cor de basset joue l’apaisement à l’évocation du juge miséricordieux (Pie Jesu du

Requiem de Mozart)494:

492 Max : « Monseigneur, je ne mérite point votre grâce, les mensonges du mort m’ont séduit, j’ai quitté le

chemin de la piété et de la vertu, c’est le désespoir qui me poussa ».

493 Le Comte : « Je suis éperdu, abasourdi, il vaut encore mieux partir ».

494 « Ô juge qui punissez justement, accordez-moi la grâce de la rémission des péchés avant le jour où je devrai

Lors de la pendaison, les derniers frémissements du héros sont figurés par des trilles à la flûte :

alors que la clarinette entame une véritable descente aux enfers (Till l’Espiègle de R. Strauss) :

La clarinette escorte les condamnés à mort dans leur dénuement solitaire (La Juive

d’Halèvy, acte IV). La fille du roi des Maures, sur un accompagnement fluide de hautbois

et de clarinette, intercède auprès de son père en faveur de chevaliers chrétiens

Une distinction est à opérer entre les dirigeants et les exécutants.

Au faîte du pouvoir, les clarinettes saluent la dévolution du pouvoir royal (Idoménée de Mozart, acte III) :

La sonorité chaleureuse des flûtes, hautbois et clarinettes marque l’entrée des dignitaires de l’Etat, succédant aux cuivres dans l’évocation dolce d’une autorité clémente quoique affirmée (La Clémence de Titus de Mozart, acte II, scène 5) :

Dernier maillon du pouvoir, les sous-fifres manquent singulièrement de branche : le gendarme insulte ses hommes sur fond de flûte et, doublé par le hautbois, exige une récompense (Le Nez de Chostakovitch, acte III, huitième tableau). Des exempts de police

analphabètes se font berner dans la description du coupable, le staccato des clarinettes laissant entendre qu’il y a malice (Boris Godounov de Moussorgski, acte I, scène 2).

l’arrivée du Commissaire du peuple (Dialogues des Carmélites de Poulenc, acte II, quatrième

tableau), reptation de tierces chromatiques par les deux bassons avant l’irruption des

gardes (Boris Godounov de Moussorgski, acte I, scène 2) :

Un récitatif anxieux accompagné des cordes, de la clarinette basse, du basson et du contrebasson exprime la crainte d’être découvert (Lady Macbeth de Mtensk de Chostakovitch, acte III, huitième tableau).

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