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CHAPITRE V. EVOLUTION DE LA SITUATION DU PROCESSUS DU MDP EN AFRIQUE

V.4. Secteurs couverts par les activités de projets du MDP en Afrique

L’analyse de la base de données de l’UNEP Risoe Centre (décembre 2011) montre que la mise en œuvre d’activités de projets du MDP en Afrique concerne les secteurs autres que : transports, agriculture, usage de CO2, distribution de l’énergie, énergie marémotrice et industrie (gaz industriels : HFCs, PFcs et SF6), comme le montre le tableau 21.

Tableau 21 : Répartition sectorielle des activités de projets du MDP en Afrique

Type de projet Nombre et part d’activités de projets Volume et part des crédits (2012kCERs)

Nombre Afrique (%) Secteur (%) Volume Afrique (%) Secteur (%)

Eolien 31 14,49 1,60 5.605 5,00 1,68 Gaz de décharges 29 13,55 7,73 16.182 14,44 8,06 Biomasse énergie 27 12,62 3,28 4.475 3,99 2,70 Foresterie 19 8,88 30,65 2.578 2,30 12,76 Hydroélectricité 19 8,88 0,95 8.151 7,27 1,86 Changement de combustibles 12 5,61 8,57 5.732 5,11 3,35

EE dans les ménages 11 5,14 13,41 935 0,83 17,30

EE à la production 11 5,14 2,29 4.184 3,73 2,10 Réduction du N2O 11 5,14 11,96 17.054 15,22 6,77 Solaire 10 4,67 5,29 424 0,38 6,71 Emissions fugitives 9 4,21 16,98 37.269 33,25 45,10 Evitement du méthane 8 3,74 1,16 1.622 1,45 1,53 EE dans l’industrie 6 2,80 3,95 435 0,39 2,35 Cimenteries 4 1,87 7,02 6.393 5,70 18,47 EE du côté de l’offre 3 1,40 2,80 160 0,14 0,27 Energie géothermique 2 0,93 9,09 812 0,72 6,06

Méthane houiller ou grisou 1 0,47 1,00 52 0,05 0,05

EE dans les services 1 0,47 2,91 15 0,01 1,42

Agriculture 0 0,00 0,00 0 0,00 0,00

Usage de CO2 0 0,00 0,00 0 0,00 0,00

Distribution de l’énergie 0 0,00 0,00 0 0,00 0,00

HFCs 0 0,00 0,00 0 0,00 0,00

PFCs et SF6 0 0,00 0,00 0 0,00 0,00

Energie des marées 0 0,00 0,00 0 0,00 0,00

Transport 0 0,00 0,00 0 0,00 0,00

Total Afrique 214 100,00 2,84 112.076 100,00 4,11

Total PMA d’Afrique 57 26,64 0,76 24.656 22,00 0.90

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La répartition des activités de projets du MDP par secteur ou catégorie d’activités en Afrique montre des tendances similaires que pour la répartition sectorielle mondiale (tableau 3) : elle est caractérisée par un grand développement d’activités de projets du MDP dans le secteur énergétique et dans le secteur de la gestion des déchets. D’après Fenhann (2012), ces secteurs restent attractifs compte tenu du nombre d’activités de projets développées : 60,3 % pour l’énergétique et 17,3 % pour la gestion des déchets. Néanmoins, en termes de crédits-carbone attendus, on retombe dans une situation similaire à celle de la répartition générale dans le monde où les activités de projets du MDP réduisant les GES à PRG élevé l’emportent. Dans le cas de l’Afrique ce sont les activités de projets réduisant le N2O et des activités de projets ciblant la réduction du méthane qui génèrent des volumes importants de crédits-carbone (tableau 21).

La mise en œuvre d’activités de projets du MDP dans les secteurs de l’énergie et de gestion des déchets répond à la nécessité générale du continent. En effet, il est à la fois déficitaire en valorisation de sources d’énergie, surtout d’énergie propre et renouvelable (solaire, éolienne, hydraulique), et confronté à la problématique de la gestion de ses déchets. D’une part, trois quart des pays d’Afrique subsaharienne ont recours à l’énergie de la biomasse (Howells et al., 2008) et le taux d’électrification en Afrique en général, et en Afrique subsaharienne en particulier, reste le plus faible du monde avec des disparités entre le monde rural et le monde urbain (tableau 22). D’autre part, la problématique de la gestion des déchets en Afrique reste préoccupante : les pays africains se caractérisent par une gestion inadaptée de leurs déchets compte tenu, entre autres, du financement restreint de leurs services publics et du manque de ressources techniques et humaines efficaces (Couth & Trois, 2011). Bien que cette configuration dans le domaine de la mise en œuvre d’activités de projets du MDP en Afrique reflète l’image de celle des autres pays émergents, la capacité de l’Afrique à attirer des investissements directs étrangers en la matière reste très faible.

Tableau 22 : Taux d’accès à l’électricité en 2009 dans les agrégats régionaux

Régions/sous-régions Population sans

électricité (M) Electrification : taux en % Electrification urbaine : taux en % Electrification rurale : taux en % Afrique du Nord 2 99,0 99,6 98,4 Afrique subsaharienne 585 30,5 59,9 14,3 Toute l’Afrique 587 41,9 68,9 25,0

Chine et Asie de l’Est 186 90,8 96,4 86,5

Asie du Sud 612 62,2 89,1 51,2

Moyen orient 22 89,5 98,6 72,2

Amerique Latine 31 93,4 98,8 74,0

Pays en développement 1.438 73,0 90,7 60,2

Economies en transition et OCDE 3 99,8 100,0 99,5

Monde 1.441 78,9 93,6 65,1

Source : Adapté de l’IEA, Word Energy Outlook 2010 (http://www.iea.org/weo/electricity.asp juillet 2011).

En outre, le secteur de la foresterie attire l’attention. Contrairement à la distribution mondiale des activités de projets du MDP (tableau 3) où ce dernier secteur représente moins de 1 % du total des activités, le tableau 21 montre que l’Afrique se caractérise par un développement particulier pour ce type d’activités. Ce secteur occupe en effet la quatrième

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position (en nombre) avec près de 9 % de toutes les activités développées sur le continent, et près de 31 % au niveau mondial au sein du même secteur. Néanmoins, la particularité des crédits-carbone forestiers, en raison de leur caractère temporaire (Gardette & Locatelli, 2007) et leur exclusion du système européen d’échange de quotas (EU-ETS), conformément à la Directive 2003/87/CE, les rend moins attrayants que d’autres crédits-carbone du MDP.

Par ailleurs, le tableau 21 montre que le secteur de l’agriculture n’est pas représenté en Afrique : aucune activité de projet n’est développée dans ce secteur, alors que ce secteur reste la clé du développement du continent, surtout en Afrique subsaharienne. En effet, ce secteur participe pour plus de 30 % du PIB (environ 50 % au Burundi, en République Démocratique du Congo, au Rwanda, au Tchad) et emploie plus de 60 % de la population active en Afrique (World Bank, 2006). Par conséquent, il peut constituer un secteur cible de réductions d’émissions de GES en Afrique. Hormis une partie des impacts de l’agriculture comptabilisée dans d’autres secteurs tels que l’énergie (utilisée pour le transport, la climatisation…), l’industrie (production des engrais) ou le secteur de l’UTCATF, les émissions de GES directement imputables à l’agriculture dans les pays africains représentent 37 % (Bazin, 2010). Ceci implique que ce secteur mérite aussi une attention particulière en termes de réductions d’émissions associées. Des raisons qui puissent expliquer cette situation de non-exploitation du secteur de l’agriculture sont multiformes.

D’un part, certaines activités de projets de ce secteur sont analysées dans d’autres secteurs comme l’énergie ou la gestion des déchets (cas des activités de traitement des résidus agricoles). En outre, bien que le CH4 et le N2O contribuent fortement aux émissions africaines de GES, le potentiel de réduction de leurs émissions est faible dans la plupart des systèmes agricoles sur le continent. En effet, ceux-ci n’utilisent pas ou peu d’engrais azotés, favorisent déjà le recyclage des nutriments, et les alternatives pour alimenter les animaux sont limitées (Bazin, 2010). Par ailleurs, peu de méthodologies mieux élaborées existent dans ce secteur comparativement aux autres secteurs, notamment ceux de l’énergie et de gestion des déchets (UNFCCC, 2012).

D’autre part, excepté les émissions de GES liées à certaines activités spécifiques tels que l’élevage et la gestion des déchets agricoles, le secteur de l’agriculture risque de générer des réductions d’émissions ayant un caractère temporaire, comme dans le cas des activités de projets forestières. En effet, il n’y a pas de garantie que le carbone séquestré par diverses pratiques agricoles reste pour longtemps dans les sols. En outre, les technologies associées au monitoring et à la vérification de la séquestration des GES par les pratiques agricoles peuvent s’avérer complexes et coûteuses si l’on veut réellement préserver l’intégrité environnementale du système. Ces dernières recommandent par ailleurs d’intervenir sur le fonctionnement des processus microbiens impliqués dans les émissions de N2O (INRA, 2011).

Néanmoins, ce secteur reste problématique en termes de réduction des émissions associées mais aussi d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques. En particulier pour l’Afrique, essentiellement ses PMA, l’urgente priorité est de relever les défis d'adaptation du

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secteur agricole et d'améliorer les connaissances sur les impacts climatiques sur le secteur agricole (SBSTA, 2012). Ainsi, il convient d'assurer la sécurité alimentaire, d’éradiquer la pauvreté et d’améliorer le développement socioéconomique et la durabilité des moyens de subsistance. Les méthodologies (lignes directrices) applicables adaptées au secteur agricole ne font pas encore l’unanimité au sein de la communauté scientifique, elles font toujours l’objet d’études au sein de l’organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique de la CCNUCC. Les soumissions des parties à ce dernier sur les points de vue des enjeux dans ce secteur (SBSTA, 2012) écartent l’option de considérer le secteur de l’agriculture dans les mécanismes de marché et soutiennent l’idée de considérer plutôt le secteur de l’agriculture dans les approches sectorielles conformément à l'article 4, paragraphe 1 (c), de la CCNUCC.

Toutefois, à défaut d’intégrer les activités de projets potentielles du secteur de l’agriculture dans le cadre du MDP classique, une alternative à cette situation serait de considérer ce secteur dans un mécanisme séparé, comme pour le cas des mécanismes d’atténuation susmentionnés : NAMAs et le REDD+ (section IV.3). En particulier, ces deux derniers mécanismes font intervenir moins d’acteurs du secteur privé (Arens et al., 2011) qui restent fortement attachés à une logique de rentabilité du marché. En outre, en raison de la spécificité du secteur agricole, essentiellement pour les populations de PMA, ce secteur peut être traité dans le cadre des Plans d’Action Nationaux d’Adaptation (PANA). En effet, l'adaptation dans le secteur de l'agriculture est très essentiel pour les PMA comme le prouvent les soumissions des PANA : la plupart des projets identifiés dans les PANA sont dans le secteur de l'agriculture (UNFCCC, 2011).