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CHAPITRE VI. POTENTIEL D’ACTIVITES DE PROJETS DU MDP EN AFRIQUE

VI.1. Potentiel dans le secteur de l’énergie

L’Afrique doit actuellement relever les défis essentiels liés au faible développement de son secteur énergétique. La consommation de la biomasse (dont les forêts) compte pour plus de 73 %, l’électricité représente une moyenne de 5 % et les produits pétroliers 22 % de la consommation totale d’énergie finale (Kebede et al., 2010). Avec près de 3,6 % de la consommation énergétique globale en 2007 (EIA, 2010), l’Afrique accuse un manque criant d’approvisionnement énergétique pour accroître son développement économique. Cette

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faible consommation d’énergie reflète également le faible niveau de développement général de l’Afrique, étant donné l’influence positive de la consommation de l’énergie, surtout de l’électricité, sur la croissance économique (Yoo, 2005). Ce potentiel est analysé dans les sources renouvelables suivantes : hydro, solaire, éolien, géothermie.

VI.1.1. Potentiel en énergie hydroélectrique

L’Afrique est dotée d’un grand potentiel de production hydroélectrique : 4.000 TWh/an bruts théoriques, dont 1.000 TWh/an économiquement exploitables, avec une puissance installée de 20.300 MW, dont la moitié revient à la République Démocratique du Congo (Africa Progress Panel, 2009 ; UNIDO, 2009). Ce potentiel représente 15 % du potentiel hydroélectrique mondial (Africa Progress Panel, 2009) et, en raison des conditions géographiques, la plus grande partie de ce potentiel est située en Afrique subsaharienne (Gaul et al., 2010). Ce grand potentiel de la région est dû particulièrement à une situation hydrographique comprenant des grands lacs et fleuves ainsi que des rivières aux courants rapides (UNEP, 2006). Le tout s’inscrit dans neuf grands bassins hydrographiques, tels qu’ils sont repris dans le tableau 25 ci-dessous.

Tableau 25 : Les neuf grands bassins internationaux d’Afrique

Bassin Superficie

(km2) % de l’Afrique

Pays concernés

Congo 3.789.053 12,5 Angola, Burundi, Cameroun, Congo, R.D. Congo, République

Centre Africaine, République unie de Tanzanie, Rwanda, Zambie

Nil 3.112.369 10,3 Burundi, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Ouganda, R.D.

Congo, République unie de Tanzanie, Rwanda, Soudan,

Lac Tchad 2.381.635 7,8 Algérie, Cameroun, Niger, Nigeria, République Centre Africaine,

Soudan, Tchad

Niger 2.273.946 7,5 Algérie, Benin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée,

Mali, Niger, Nigeria, Tchad

Zambèze 1.340.291 4,5 Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, République

unie de Tanzanie, Zambie, Zimbabwe

Orange-Senqu 896.368 3,0 Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie

Sénégal 438.181 1,6 Guinée, Mali, Mauritanie, Sénégal

Limpopo 412.938 1,3 Afrique du Sud, Botswana, Mozambique, Zimbabwe

Volta 394.194 1,3 Benin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Togo

Total 15.083.977 42,3 35 pays (dont 24 PMA)

Source : UNEP, 2006.

Le tableau 25 indique que ces bassins concernent la majorité des PMA d’Afrique. Il montre aussi qu’un pays peut appartenir à plus d’un bassin à la fois, ce qui peut constituer un avantage pour son approvisionnement en ressources hydriques et énergétiques. Dans ce contexte, le développement d’activités programmatiques reste favorable, afin de minimiser les coûts de transaction et augmenter la rentabilité des activités de projets. Ces cours d’eau font de l’Afrique un continent à énorme potentiel d’énergie renouvelable. Cependant, le continent africain exploite seulement 8 % de son potentiel hydroélectrique, alors que

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l’Amérique latine exploite 30 % de son potentiel, et les USA atteignent plus de 50 % d’exploitation de leur potentiel hydroélectrique (World Bank, 2010).

En Afrique subsaharienne, l’étude de la Banque Mondiale (De Gouvello et al., 2008) a estimé un potentiel de 26 activités de projets du MDP, susceptibles de générer 528,6 MtCO2e de réductions d’émissions de GES avec une production d’électricité de 35.961 GWh/an pour une puissance additionnelle de 6.443 MW. Il existe actuellement (décembre 2011) seulement 19 activités de projets d’hydroélectricité mises en œuvre dans le cadre du MDP en Afrique subsaharienne qui attendent réaliser des réductions d’émissions de GES de l’ordre de 8,15 MtCO2e d’ici 2012, avec une puissance additionnelle de 1.613 MW (Fenhann, 2012), ce qui reste de loin inférieur au potentiel estimé par l’étude de la Banque Mondiale. Au niveau des onze PMA d’Afrique sélectionnés29, l’étude du Ministère fédéral allemand de l’environnement (Arens et al., 2011) a estimé un potentiel annuel de réductions d’émissions d’environ 18,8 MtCO2e, avec une production hydroélectrique de 17.233 GWh/an.

VI.1.2. Potentiel en énergie solaire

L’Afrique dispose aussi d’un énorme potentiel solaire, car beaucoup de ses pays reçoivent, en moyenne, 325 jours de plein soleil par an, ce qui donne au soleil la capacité de produire de l’énergie utile pratiquement à n’importe quel endroit de l’Afrique (Africa Progress Panel, 2009). Avec un ensoleillement moyen compris entre 3.000-7.000 Wh/m2/jour (Chineke & Ezike, 2010), cette quantité dépasse la quantité requise pour répondre aux besoins énergétiques des ménages en électricité (éclairage, radios, téléviseurs) qui est évaluée par Adeoti et al. (2001) à une moyenne de 2.324,5 Wh/jour. En termes d’énergie solaire photovoltaïque, la puissance totale installée en Afrique a atteint seulement 11 MW en 2008 alors que la puissance potentielle était de 15.200 MW à la même date (Arens et al., 2011).

Cela montre que le continent doit encore fournir des efforts pour valoriser cette ressource énergétique encore inexploitée. En Afrique, les régions désertiques (essentiellement le Sahara, et dans une moindre mesure le Kalahari et le Namib) offrent un fort potentiel en énergie solaire (Africa Progress Panel, 2009). A titre d’exemple, les pays d’Afrique du Nord sont en train de planifier le développement de centrales solaires conjointement avec des pays européens, notamment avec l’initiative "Desertec". D’après Arens et al. (2011), Desertec a pour objectif le développement d’une puissance installée de 40 GW au moyen d’unités d’énergie solaire concentrée (CSP : Concentrated Solar Power Plant). Elles permettront complémentairement de satisfaire 15 % des besoins en électricité de l’Europe (Africa Progress Panel, 2009 ; Arens et al., 2011).

L’étude de la Banque Mondiale (De Gouvello et al., 2008) a estimé un potentiel de réduction de 4,4 MtCO2e pour 16 pays d’Afrique subsaharienne. Ce potentiel reste faible, ce qui rend problématique la faisabilité de ces activités de projets dans la région. Ce manque de

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Ces pays sont les suivants : Burkina Faso, R.D. Congo, Ethiopie, Malawi, Mali, Mozambique, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Zambie. Les résultats relatifs au potentiel d’activités de projets du MDP dans ces pays sont synthétisés dans le tableau 27.

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faisabilité est accru par le fait que l’énergie solaire reste encore parmi les sources les plus coûteuses d’énergies renouvelables (tableau 12). Cependant, cette technologie permet de fractionner de petites activités de projets dans des installations en réseaux décentralisés, ce qui reste un avantage pour l’Afrique avec un habitat dispersé et en l’absence de réseau de distribution centralisé. Par ailleurs, en décembre 2011, il y avait seulement 10 activités de projets du MDP solaire en Afrique (dont huit en Afrique subsaharienne : quatre en Afrique du Sud, deux au Rwanda et deux au Madagascar) pouvant générer environ 0,4 MtCO2e jusqu’en 2012 avec une puissance additionnelle de 189 MW (Fenhann, 2012). Par conséquent, pour rendre ce secteur attractif au marché du MDP et exploiter le potentiel disponible dans la région, il convient d’intégrer les activités de projets solaires dans un contexte plus étendu d’activités programmatiques susmentionné.

VI.1.3. Potentiel en énergie éolienne

Le meilleur potentiel en énergie éolienne en Afrique reste localisé en Afrique du Nord et à ses extrémités à l’est, à l’ouest et au sud, où l’on enregistre de grandes vitesses de vents (African Developement Bank, 2004) accessibles à des infrastructures. Or, l’Afrique est située en grande partie dans la zone intertropicale, et beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne sont traversés par des vents de faibles vitesses, en particulier les pays sans littoral (Arens et al., 2011). Actuellement l’Afrique dispose seulement d’une puissance installée de 567 MW (Belward et al., 2011), une part infime (près de 0,35 %) de la puissance mondiale qui a atteint 160 GW à la fin de 2009 (IPCC, 2012).

Jusqu’en décembre 2011, l’Afrique accueillait 31 activités de projets d’éoliennes en développement, localisées principalement en Afrique du Sud (13 projets) et en Afrique du Nord (un en Tunisie, quatre en Egypte et sept au Maroc), le reste de l’Afrique subsaharienne compte seulement six activités de projets localisées également dans des pays côtiers : Angola, Ile Maurice, Sénégal (avec une activité de projet chacun), et trois au Kenya. L’ensemble de ces activités de projets est susceptible de générer des réductions d’émissions de GES de l’ordre de 5,6 MtCO2e jusqu’en 2012, avec une puissance additionnelle allant jusqu’à 4.102 MW (Fenhann, 2012). Au niveau de l’Afrique subsaharienne, les études de la Banque Mondiale et du Ministère fédéral allemand de l’environnement susmentionnées n’ont pas évalué le potentiel dans ce secteur, en raison du manque de données. Mais comme la plupart des PMA sont enclavés dans cette zone intertropicale où seuls des vents de faibles vitesses sont présents, cette technologie reste moins adaptée à ces pays.

VI.1.4. Potentiel en énergie géothermique

L’énergie géothermique reste une source renouvelable d’énergie inexploitée de part le monde : seuls 10.715 MW sont exploités jusqu’en 2009 (IPCC, 2012) contre 60.000 MW du potentiel global (Africa Progress Panel, 2009). Cette énergie est abondante dans de nombreuses régions d’Afrique (UNIDO, 2009). La vallée du Rift, qui s’étend de l’extrémité nord de la mer Rouge jusqu’au Mozambique, est considérée comme idéale pour produire de

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l’énergie géothermique. Ce potentiel important, inclut le Djibouti (moins de 860 MW), l’Ethiopie (plus de 1.000 MW), le Kenya (2.000 MW), la Tanzanie (650 MW) et l’Ouganda (450 MW) (Africa Progress Panel, 2009). Au total, il est estimé un potentiel géothermique de l’ordre de 14.000 MW dans la vallée du Rift, mais seulement 200 MW sont actuellement exploités (The Economist, 2008) alors que quelques pays d’Afrique, dont le Kenya (45 MW) qui reste le pionnier de l’énergie géothermique dans la région, l’exploitent commercialement (Karekezi, 2002 ; Arens et al., 2011).

Dans le contexte du MDP, le Kenya reste le seul pays à avoir développé les activités (deux) de projets utilisant la technologie géothermique pour l’Afrique en date de décembre 2011. Ces dernières sont susceptibles de générer des réductions d’émissions de l’ordre de 0,8 MtCO2e jusqu’en 2012, avec une puissance installée allant jusqu’à 83 MW (Fenhann, 2012). D’après l’étude du Ministère fédéral allemand de l’environnement (Arens et al., 2011), il est estimé un potentiel géothermique de 1.300 MW dans seulement trois pays où les données sont disponibles et accessibles (Ethiopie, Tanzanie, Ouganda), susceptibles de produire une quantité d’énergie électrique de 10.545 GWh/an, avec des réductions annuelles d’émissions de GES allant jusqu’à 3,8 MtCO2e. Cette technologie reste plus avantageuse par rapport aux autres technologies susmentionnées (hydro, solaire et éolien) qui sont souvent soumises à de contraintes météorologiques. De plus, l’exploitation du potentiel géothermique demande peu d’espace (terres) par rapport à l’hydro, l’éolien et le solaire (parcs solaires).