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CHAPITRE II. ELEMENTS CLES DU MECANISME POUR UN DEVELOPPEMENT PROPRE (MDP)

II.6. Répartition sectorielle et spatiale du MDP

II.6.5. Répartition des investissements dans le MDP

La mise en œuvre d’activités de projets du MDP est subordonnée aux flux d’investissements, généralement des investissements directs étrangers vers des régions/pays hôtes. Les raisons principales qui poussent les investisseurs à affecter leurs capitaux dans le marché des crédits-carbone (MDP) sont la conformité pour les uns et la plus-value sur le marché secondaire pour les autres (Cochran & Leguet, 2007). Jusqu’en décembre 2011, l’ensemble des investissements totalisaient 170.264 millions de dollars et leur répartition montre aussi des disparités entre les continents/pays et entre les secteurs.

D’une part, à cette date, la quasi totalité des investissements sont attirés par l’Asie-Pacifique (tableau 8), avec toujours la suprématie de la Chine (montant cumulé de 110.006 millions de dollars, soit près de 65 %) et dans une moindre mesure celle de l’Inde (34.803 millions de dollars, soit environ 20 %). L’Afrique reste largement sous-représentée avec 3.907 millions de dollars (soit environ 2 %). Quant aux PMA, la part investie dans ces derniers reste marginale, car elle représente environ 0,5 % de tous les investissements (soit 797 millions de dollars), et la part des PMA d’Afrique n’est que seulement 234 millions de dollars, soit environ 0,1 % (tableau 24). Ces disparités corroborent parfaitement les disparités observées dans la répartition des activités de projets. Le tableau 8 ci-dessous donne un aperçu de la répartition de ces investissements pour des activités de projets enregistrées.

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Tableau 8 : Répartition continentale des investissements pour les activités de projets enregistrées

Continent/pays

hôtes Projets 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Total %

Millions de dollars américains (M$)

Chine 1.753 0 67 1.512 5.987 11.501 20.517 32.875 37.547 110.006 64,6 Inde 769 5 114 1.428 4.200 1.347 4.375 7.055 16.279 34.803 20,4 Reste de l’Asie 498 0 86 2.072 469 387 1.061 2.043 1.982 8.100 4,8 Amérique latine 570 22 472 2.839 1.750 1.709 1.356 645 2.183 10.976 6,4 Afrique 77 0 125 461 311 77 515 788 1.630 3.907 2,3 Moyen Orient 35 0 0 3 480 67 555 29 786 1.920 1,1 Euro-Asie centrale 41 0 7 127 6 5 84 44 279 552 0,3 Total 3.743 27 872 8.442 13.203 15.093 28.463 43.479 60.686 170.264 100,0 Total PMA 27 0 20 39 23 5 9 327 374 797 0,5

Source : Notre compilation à partir de l’UNEP Risoe Centre CDM/JI pipeline, décembre 2011.

D’autre part, le tableau 9 ci-dessous donne un aperçu de la répartition des investissements pour chaque type d’activité. Il montre en même temps l’équivalence de puissance énergétique que certaines de ces activités de projets possèdent, le coût/investissement moyen pour chaque type d’activités de projets et la puissance moyenne correspondant à chacune des activités de projets dans le cas où ces activités de projets génèrent de l’énergie. On peut lire dans ce tableau que les activités de projets du secteur énergétique exigent plus d’investissements que celles du secteur industriel. Cela est dû au fait de différences dans la facilité de leur mise en œuvre.

En effet, comme indiqué dans une interview (annexe 10), les crédits-carbone générés par les activités de projets industrielles sont basés sur des mesures très simples dont la ligne de base est facile à calculer étant donné que les méthodologies existent depuis longtemps. Par conséquent, les investissements y relatifs sont hyper-rentables. Par contre, les activités de projets énergétiques renferment plus d’incertitudes sur le calcul de la ligne de base, qui peut être revue (à la baisse ou à la hausse) au gré des fluctuations économiques. Ce sont des activités de projets difficiles à mettre en œuvre, et dont les investissements sont moins rentables par rapport à ces activités de projets du secteur industriel. Par ailleurs, d’après Leguet & Elabed (2008), la moyenne des crédits-carbone réellement générés par les activités de projets énergétiques oscille autour de 60-80 % des estimations planifiées, alors qu’elle peut aller au-delà de 100 % dans les activités de projets industrielles.

Toutefois, bien que d’importants investissements soient réalisés dans des activités de projets du secteur énergétique, ces dernières peuvent générer de l’énergie électrique commercialisable. On peut alors penser que c’est sur base d’un effet multiplicateur (valeur ajoutée en termes de production d’énergie valorisable) que ces activités de projets sont attractives. Ainsi, les revenus résultant de la vente de cette énergie sont susceptibles de combler le déficit financier quand le retour sur investissement direct n’est pas assuré par la revente des seuls crédits-carbone.

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Tableau 9 : Répartition sectorielle des investissements dans les activités de projets enregistrées

Type d’activité de projet Activités de projets

développées

Activités de projets enregistrées

Investissement des activités de

projets enregistrées (M$)

Energie totale

attendue (MW)

Investissement moyen par

activité de projet (M$)

Energie par activité

de projet (MW)

Eolien 1.932 870 60.784 83.836 69,87 43,39

Hydroélectricité 1.992 1.114 47.201 83.180 42,37 41,76

EE du côté de l’offre 107 28 13.084 84.921 467,29 793,65

Changement de combustibles fossiles 140 69 12.240 36.184 177,39 258,46

Transport 47 11 9.422 - 856,55 -

EE à la production 481 203 5.853 10.647 28,83 22,16

Biomasse énergie 823 399 5.414 10.663 13,57 12,96

Solaire 189 60 2.669 3.082 44,48 16,31

Gaz des décharges 375 217 2.368 1.585 10,91 4,22

Distribution de l’énergie 25 6 1.909 - 340,25 -

Emissions fugitives 53 23 1.754 327 76,26 6,17

Energie géothermique 22 12 1.735 1.605 144,58 72,95

Evitement du méthane 717 420 1.129 538 2,69 0,75

Méthane houiller ou grisou 100 53 1.104 1.265 20,83 12,65

EE dans l’industrie 152 65 1.099 103 16,91 0,67

Energie des marées 2 1 807 1.574 807,00 787,00

Réduction du N2O 92 68 482 - 7,09 -

PFCs and SF6 18 14 405 - 28,93 -

Cimenteries 57 19 258 - 13,58 -

Foresterie 62 35 192 - 5,48 -

EE dans les ménages 82 27 139 - 5,15 -

EE dans les services 34 5 78 2 15,60 0,06

HFCs 23 22 78 - 3,55 -

Usage du CO2 5 2 60 - 30,00 -

Agriculture 2 0 - - - -

Total/moyenne 7.532 3.743 170.264 319.512 45,49 42,42

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Néanmoins, la question qui reste posée concerne les marchés d’écoulement de l’électricité générée, particulièrement pour des activités de projets mises en œuvre dans les PMA, avec des populations se retrouvant avec un pouvoir d’achat trop faible (PNUD, 2011) pour s’approvisionner. En plus, l’absence de réseaux électriques suffisamment étendus ne facilite pas la transmission de cette énergie. Il s’indique que les pouvoirs publics arrêtent des dispositions nécessaires pour garantir au mieux la valorisation de l’énergie générée. D’une part, l’accès facile à des réseaux électriques élargis reste indispensable. D’autre part, la subvention de l’électricité renouvelable, en lieu et place des subventions accordées aux combustibles fossiles, reste un impératif qui permet son accès facile à la population locale. Ce sont de telles mesures rassurant les investisseurs qui rendront ces activités de projets de plus en plus attractives dans la région.

II.7. Relations entre le Mécanisme pour un Développement Propre, l’Aide Publique au