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CHAPITRE V. EVOLUTION DE LA SITUATION DU PROCESSUS DU MDP EN AFRIQUE

V.6. Répartition des investissements dans le marché MDP en Afrique

L’Afrique représente globalement 2,3 % des investissements impliqués dans des activités de projets du MDP (tableau 8), et seuls quelques pays développés du continent bénéficient de ces investissements. Le tableau 24 ci-dessous montre que ces investissements restent largement orientés vers des pays qui connaissent un certain niveau de développement sur le continent comme le Kenya, l’Egypte, le Nigeria, le Maroc et l’Afrique du Sud.

Tableau 24 : Répartition des investissements dans des activités de projets du MDP enregistrées en Afrique

Pays hôtes Projets 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Total %

Millions de dollars (M$) Afrique du Sud 20 53 122 8 37 20 11 251 6,4 Egypte 10 34 168 21 308 201 732 18,7 Ouganda 9 14 1 362 377 9,6 Maroc 8 125 97 1 12 235 6,0 Kenya 5 48 178 500 726 18,6 Nigeria 5 258 457 135 496 1.346 34,5 Côte d’ivoire 3 4 10 33 47 1,2 Rwanda 3 2 2 0,1 Cameroun 2 4 2 6 0,2 R.D.Congo 2 3 3 0,1 Tunisie 2 19 19 0,5 Ethiopie 1 4 4 0,1 Liberia 1 6 6 0,2 Madagascar 1 17 17 0,4 Mali 1 74 74 1,9 Mauritanie 1 22 22 0,6 Sénégal 1 14 14 0,4 Tanzanie 1 6 6 0,2 Zambie 1 20 20 0,5 Total Afrique 77 125 461 311 77 515 788 1.630 3.907 100,0

Total PMA d’Afrique 21 0 0 20 0 5 113 365 524 13,4

Source : Compilation à partir de l’UNEP Risoe Centre CDM/JI pipeline, décembre 2011.

En effet, ils totalisent à eux seuls un montant de 3.290 millions de dollars en décembre 2011, soit 84,2 % du total des investissements MDP affectés à l’Afrique. Les PMA du continent impliqués dans des activités de projets du MDP comptent pour seulement 524 millions de dollars (soit 13,4 % des investissements du MDP en Afrique), dont 377 millions de dollars

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reviennent à l’Ouganda, soit 9,6 % de tous les investissements du MDP affectés à l’Afrique jusqu’en 2011. En outre, Il est indiqué dans la première partie que les investissements dans les activités de projets du MDP restent fonctions à la fois du nombre d’activités de projets dévolues à un secteur donné (tableau 9) et de la quantité de crédits de réductions, soit la taille et le type d’une activité de projet considérée (Michaelowa et al., 2003 ; Michaelowa & Jotzo, 2005). Ainsi les faibles investissements qu’on retrouve dans les PMA restent donc liés, d’une part, à leur nombre d’activités de projets largement réduit et d’autre part, au petit volume de leurs réductions d’émissions résultant de ces activités de projets.

Pour exemple, d’après le tableau 24 ci-dessus, le Madagascar comme le Mali disposent chacun d’une seule activité de projet du MDP enregistrée. En se rapportant aux données de la CCNUCC et de l’UNEP (CDM/UNFCCC data, décembre 2011 ; Fenhann, 2012), le "Small-Scale Hydropower Project Sahanivotry in Madagascar" est susceptible de générer 44.196 tCO2e/an avec un investissement de 17 millions de dollars, tandis que le "Félou Regional Hydropower Project" au Mali entend générer 188.282 tCO2e/an avec un investissement de 74 millions de dollars. Etant donné que ces deux activités de projets sont de même catégorie (hydroélectricité : énergie renouvelable), c’est le volume des réductions d’émissions générées qui détermine le capital investi.

En effet, les coûts de réduction pour les deux activités de projets ramenés sur une période de 10 ans reviennent à : 38,5 $/tCO2e pour le Madagascar et 39,3 $/tCO2e pour le Mali. Ces coûts sont comparables au coût moyen inscrit dans le tableau 12 qui est de 37 $/tCO2e pour l’hydroélectricité. Cela indique que le coût de réduction des émissions de GES n’est pas prohibitif dans les pays d’Afrique en général, et même dans ses PMA en particulier.

V.7. Conclusion

Le présent chapitre a analysé l’évolution du processus du MDP en Afrique qui révèle une situation critique essentiellement dans les PMA, au niveau de la mise en œuvre des activités de projets. Aux niveaux politique et institutionnel internationaux, l’Afrique a rempli certains engagements, car tous les pays africains sont Parties à la CCNUCC et au Protocole de Kyoto. En plus, les structures institutionnelles nationales (Autorités Nationales désignées) ont été mises en place dans la plupart des pays de ce continent, même si ces dernières souffrent du manque de capacités leur permettant d’assurer au mieux leurs fonctions. On relève par contre une lacune importante en termes d’auditeurs (Entités Opérationnelles Désignées), car une seule entité reste disponible sur tout le continent.

La répartition des activités de projets du MDP à travers les pays africains montre de fortes similitudes avec la répartition mondiale en termes de disparités. En effet, les investissements ne sont attirés que par un petit nombre de pays plus développés que d’autres. Les PMA restent toujours marginalisés dans le marché du MDP, bien qu’un grand nombre de ceux-ci remplissent les conditions de participation, conformément aux Accords de Marrakech (décision 17/CP7). Mais, peut-on toujours croire que le fait d’avoir rempli les conditions de

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participation suffise à lui seul pour bénéficier de la mise en œuvre d’activités de projets ? La situation actuelle du MDP en Afrique montre que ces conditions restent nécessaires mais pas suffisantes pour accéder au marché du carbone. Autrement dit, ces dernières méritent d’être renforcées par d’autres dispositions (ou réformes) de nature à réduire les obstacles à l’investissement dans ces pays.

Plusieurs secteurs d’activités socioéconomiques en Afrique sont couverts par les activités de projets du MDP. Les secteurs d’activités les plus exploités en Afrique sont l’énergie, la gestion des déchets et, dans une moindre mesure, la foresterie (tableau 21). Cette situation est également similaire à celle qui prévaut au niveau mondial où les activités de projets de ces deux premiers secteurs prédominent (tableau 3). La prépondérance de ces activités de projets (énergétiques, gestion des déchets, foresterie) indique qu’un potentiel exploitable dans ces secteurs reste disponible. En particulier, les activités de projets dans le secteur énergétique révèlent les besoins du continent en la matière étant donné même son déficit énergétique, surtout en matière de production de l’électricité (tableau 22).

En outre, la mise en œuvre des activités programmatiques ouvre de bonnes perspectives pour élargir le marché du carbone à l’Afrique, surtout dans les PMA, car les premières années de son développement ont déjà montré une meilleure évolution du système dans la région par rapport au MDP classique (figure 7). C’est pour cette raison qu’il importe de renforcer les règles régissant ce système et encourager son implémentation dans la région d’Afrique. Ainsi, une forte implication dans les programmes d’activités est de nature à accroître la familiarisation des parties prenantes avec cette approche. Cela peut contribuer à réduire les déséquilibres observés dans la répartition géographique de ces activités de projets de compensation.

Néanmoins, il faut souligner ici que le secteur de l’agriculture reste inexploité en Afrique, une situation présente également au niveau mondial où seulement deux activités de projets sont en cours de développement dans ce secteur. Pourtant, ce secteur reste actuellement la base de l’économie de beaucoup de pays d’Afrique en général et de ses PMA en particulier. En outre, ce secteur mérite une attention particulière en raison de ses spécificités vis-à-vis des populations des PMA qui vivent essentiellement de ce dernier. Dans ce contexte, l’intégration de ce secteur dans un marché focalisé sur le carbone risque de compromettre les intérêts des populations, y compris la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Ainsi, la prise en compte de ce secteur dans des approches sectorielles bénéficiant des financements publics ou dans le contexte des PANA reste indispensable.

Enfin, la situation critique qui prévaut en Afrique en termes de mise en œuvre d’activités de projets du MDP ne doit en aucun cas éclipser les potentialités dont dispose le continent en la matière. La mise en évidence du potentiel d’activités de projets du MDP dans différents secteurs du continent africain en général et dans ses PMA en particulier, dont il est question dans la suite (sixième chapitre), peut apporter un changement dans la perception actuelle du continent africain en termes d’opportunités de compensation des émissions de GES.

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