• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE VI. POTENTIEL D’ACTIVITES DE PROJETS DU MDP EN AFRIQUE

VI.11. Potentiel dans les programmes d’activités du MDP

Les performances de l’Afrique en termes de mise en œuvre d’activités programmatiques, par rapport aux activités de projets du MDP classique, sont analysées au deuxième chapitre (sous-section II.6.4). Le tableau 6 montre que 58 programmes d’activités sont susceptibles de générer environ 2,6 MtCO2e d’ici 2012 en Afrique (Fenhann, 2012). Dans l’étude de la Banque Mondiale (De Gouvello et al., 2008), il est annoncé un potentiel de 361 programmes d’activités. Les opportunités pour ce type d’activités se rencontrent dans plusieurs domaines d’activités. Ils concernent notamment : l’amélioration de la production du charbon de bois, l’usage de Jatropha pour la production des biocarburants (biofuel/biodisel), l’amélioration de la génération de vapeur, l’amélioration de l’efficacité énergétique dans l’industrie, le passage aux lampes fluorescentes compactes, les systèmes solaires photovoltaïques dans les zones rurales reculées, la diffusion à grande échelle des foyers améliorés (De Gouvello et al., 2008 ; Africa Progess Panel, 2009 ; Timilsina et al., 2010).

139

L’exploitation du potentiel par la voie d’activités programmatiques contribue aux solutions à des difficultés d’ordre financier. En effet, comme rappelé précédemment, la mise en place du MDP programmatique avait, entre autres objectifs, de réduire les coûts de transactions impliqués dans le modèle du MDP classique et de permettre aux activités de projets de très petite taille, non admissibles à ce dernier modèle, d’intégrer le marché du MDP. En outre, selon la liste susmentionnée des domaines compatibles avec les activités programmatiques, on peut remarquer que la plupart des programmes d’activités visent à l’amélioration des systèmes d’approvisionnement énergétique, ce qui contribue à l’amélioration des conditions de vie (bien-être) des populations locales (rurales).

VI.12. Conclusion récapitulative

Ce chapitre vient de mettre en évidence le potentiel de mise en œuvre d’activités de projets du MDP en Afrique en général et dans ses PMA en particulier (Afrique subsaharienne). En dépit de la faible part de marché de l’Afrique dans l’actuel système du MDP, les pays d’Afrique en général, et ses PMA en particulier, disposent d’un potentiel important en matière d’activités de projets du MDP. Les possibilités de générer des crédits-carbone et des services énergétiques en Afrique subsaharienne dans le cadre d’activités de projets du MDP sont identifiées. Le tableau 26 fait un récapitulatif du potentiel technique et économique estimé pour des activités de projets du MDP en Afrique subsaharienne par l’étude de la Banque Mondiale (De Gouvello et al., 2008). Toutefois, ce potentiel reste loin d’être exhaustif, car l’étude n’a pas couvert tous les secteurs et pays de la région.

En effet, certains domaines comme, entre autres, la géothermie, les parcs éoliens, les foyers améliorés, les petites centrales hydroélectriques, ne sont pas explorés à ce stade de l’étude. Dans le secteur de la gestion des déchets, spécialement les déchets des décharges, seules trois activités de projets dans trois villes (Abidjan, Conakry et Dakar) ont été identifiées. En outre, l’étude a ciblé 44 pays d’Afrique subsaharienne, le Lesotho, l’Erythrée, le Djibouti et le Sao Tome-et-Principe ne sont pas inclus. Ces aspects expliquent qu’une autre partie du potentiel du MDP dans la région reste encore à évaluer et que des investigations sont encore nécessaires.

En particulier, dans le secteur de l’agriculture, seules les activités de projets de gestion des résidus agricoles, résidus des sucreries (considérées dans le cadre des déchets) et des plantes de culture pour la production des biocombustibles (considérées dans le cadre de la biomasse-énergie) sont prises en compte. Néanmoins, ce secteur reste responsable d’autres sources d’émissions de GES (CO2, CH4, N2O) directement liées aux pratiques agro-pastorales, telles que l’élevage (fermentation entérique), la riziculture, la gestion du fumier, l’utilisation d’engrais azotés, les modes d’utilisation des terres, l’irrigation, la gestion des sols, qu’il importe d’explorer en vue d’en évaluer le potentiel de réduction y relatif. Néanmoins, en raison des spécificités de ce secteur vis-à-vis des populations, son intégration dans les mécanismes de marché reste toujours problématique (section V.4).

140

Tableau 26 : Estimation du potentiel d’activités de projets du MDP en Afrique subsaharienne

Technologie ou type de project MDP Projets Réduction d’émissions (MtCO2e) Energie (GWh/y - MW) Valeur des crédits (M$) Investissement

Annuelle Durée de vie31 Production Puissance 10$/tCO2e 15$/tCO2e Milliards $ $/tCO2e

Biocombustibles à partir de Jatropha (Biodiesel-Elec) 555 176,8 3.712,0 218.767 27.748 37.120 55.680 53,57 14,43

Résidus agricoles (Residue-Agr) 553 140,8 1.408,4 216.842 27.504 14.084 21.126 38,51 27,34

Récupération de gaz torché (FGR) 55 91,8 917,6 353.409 44.826 9.176 13.764 - -

Cogénération dans l’industrie (CHP-Ind) 373 72,9 729,4 156.314 17.844 7.294 10.941 17,84 24,46

Résidus forestiers (Residue-Forest) 321 62,6 625,8 98.415 12.483 6.258 9.387 17,48 27,93

Hydroélectricité (Hydro) 26 25,2 528,6 35.961 6.443 5.286 7.929 9,43 17,84

Amélioration des installations de vapeur (Steam) 211 36,6 366,4 - - 3.664 5.496 - -

Addition d’un second cycle turbine à gaz (CCGT) 204 36,1 360,8 51.912 5.931 3.608 5.412 7,12 19,73

Passage aux bus à voie rapide (BRT) 63 12,4 260,2 - - 2.602 3.903 - -

Production du charbon de bois améliorée (Charcoal) 68 22,5 224,8 - - 2.248 3.372 0,22 0,98

Résidus industries du bois (Residue-Wood) 406 20,3 203,4 31.987 4.057 2.034 3.051 5,68 27,93

Lampes fluorescentes compactes (CFL) 49 13,3 132,7 17.269 15.246 1.327 1.990,5 4,76 35,87

Equipements domestiques efficaces (EE-HH) 30 7,4 74,4 11.131 1.412 744 1.116 - -

Biocombustibles à partir de Jatropha (Biodiesel-Tran) 60 3,2 66,2 - - 662 993 - -

Déchets gazeux dans les raffineries (Refinery) 26 4,3 43,4 5.777 659 434 651 0,92 21,20

Photovoltaïque en zones rurales isolées (PV) 16 4,0 40,4 5.049 144 404 606 2,3 56,93

Valorisation de Typha australis (Typha) 40 3,1 31,0 4.675 593 310 465 0,83 26,77

Réduction du Clinker en cimenteries(Clinker) 46 2,8 28,4 - - 284 426 0,12 4,23

Méthane issu des mines de charbon (CMM) 18 2,5 24,7 809 109 247 370,5 0,13 5,26

Cogénération dans les sucreries (CHP-Sug) 67 2,4 24,4 3.489 661 244 366 0,99 40,57

Equipements efficaces dans l’industrie (EE-ind) 20 1,5 15,5 5.837 740 155 232,5 - -

Réduction des pertes distribution d’électricité (T&D) 20 1,1 11,3 31.974 4.056 113 169,5 - -

Récupération de gaz des décharges (LFG) 3 0,9 9,0 49 10 90 135 0,01 1,11

Réduction des fuites de méthane dans les pipelines 13 0,1 0,7 - - 7 10,5 - -

Total 3.24332 744,6 9.839,5 1.249.666 170.466 98.395 147.592,5 159,91

Source : Adapté de De Gouvello et al., 2008 ainsi que Timilsina et al., 2010.

31 En ce qui concerne la durée de vie des activités de projets du MDP, une période de comptabilisation de 21 ans a été utilisée pour Jatropha (biodiesel/biofuel), hydroélectricité, passage à BRT ; pour les autres technologies, une période de comptabilisation de 10 ans a été retenue (De Gouvello et al., 2008).

141

Il ressort du tableau 26 une estimation d’un potentiel total de l’ordre de 3.243 activités de projets incluant 361 programmes activités en Afrique subsaharienne, avec des réductions d’émissions de GES de l’ordre de 9.839,5 MtCO2e sur la durée de vie des activités de projets. D’après Timilsina et al. (2010), la part de l’ensemble des PMA revient à 49 % des activités de projets et à 46 % des crédits-carbone. Cette part reste largement supérieure à celle que ces derniers détiennent dans l’état actuel du MDP qui est d’environ 27 % pour les activités de projets et près de 22 % pour les réductions d’émissions (tableau 19). De toutes ces activités de projets, il peut en résulter une puissance additionnelle de l’ordre de 170.466 MW d’une production de 1.249.666 GWh/an d’électricité.

Ce potentiel de 3.243 activités de projets se rapproche de la moitié de toutes les activités de projets du MDP développées au niveau mondial de 7.532 en décembre 2011, tandis que le potentiel énergétique (170.466 MW) dépasse de moitié celui attendu au niveau global dans le cadre actuel du MDP estimé à 319.511 MW (tableau 3). En termes de répartition spatiale, tous les PMA inclus dans l’étude possèdent au moins un potentiel d’une activité de projet (De Gouvello et al., 2008), ce qui n’est pas le cas dans le MDP actuel, où jusqu’en décembre 2011 seuls 16 PMA avaient déjà développé au moins une activité de projet et/ou une activité programmatique.

En outre, plus de 64 % du potentiel de réductions des émissions sont liés à la biomasse (résidus agricoles, résidus forestiers, résidus du bois d’œuvre, Jatropha, Typha, bagasse, charbon de bois). La biomasse fournit en même temps près de 43 % du potentiel d’accroissement des capacités de production de l’énergie (soit 73.046 MW de puissance additionnelle). Dans la plupart des activités de projets, l’investissement conduit à la fois à la réduction des émissions de GES et à la production de l’énergie. Les cinq premières technologies d’activités de projets qui offrent de meilleures opportunités pour ces deux paramètres sont : la production de l’énergie à partir de Jatropha, les résidus agricoles, les résidus forestiers (les trois types d’activités étant liés à la biomasse), la récupération des gaz torchés et la cogénération dans l’industrie.

Du point de vue économique (rentabilité financière ou retour sur investissement), le tableau 26 montre que pour des activités de projets dont les données étaient disponibles, le coût d’investissement dans ces activités de projets a été estimé à 159,91 milliards de dollars en 2008. Si l’on considère un prix moyen des réductions d’émissions compris entre 10-15 $/tCO2e, la vente des réductions d’émissions générées par le potentiel d’activités de projets caractérisées pourraient correspondre à 98-148 milliards de dollars. La comparaison des deux montants montre que le retour sur investissement n’est pas assuré. Cependant, étant donné que la plupart de ces activités de projets réduisent non seulement les émissions de GES, mais aussi génèrent de l’énergie valorisable, une partie du coût d’investissement peut être couverte par des revenus de la vente de l’énergie. En effet, l’énergie susceptible d’être produite sur le cycle de vie des différentes activités de projets considérées est de 15.298.668

142

GWh. En supposant un prix minimum unitaire hypothétique de 30 $/MWh33, cette quantité d’énergie aurait une valeur d’environ 460 milliards de dollars sur la durée de vie des différentes activités de projets.

Cette valeur reste nettement supérieure au coût d’investissement estimé à près de 160 milliards de dollars, ce qui permettrait un bon retour sur investissement. Néanmoins, il s’est avéré que la valorisation de cette énergie se heurte à divers obstacles comme ceux liés aux marchés et infrastructures énergétiques dans la région. Aussi, il s’indique que l’apport d’un tel montant (160 milliards de dollars) en Afrique subsaharienne à travers les investissements dans le cadre du MDP (investissement additionnel) pourrait permettre de lever la barrières des capacités financières des pays (De Gouvello et al., 2008) et ainsi contribution à l’exploitation de ce potentiel.

En considérant le coût de réduction ($/tCO2e) par type d’activités de projets, la comparaison des données des tableaux 12 et 26 montre que dans certains cas, le coût de réduction des émissions de GES reste limité en Afrique subsaharienne contrairement à la perception générale. En effet, les données du tableau 12 fournissent un coût moyen de réduction de : 39,99 $/tCO2e dans l’hydroélectricité, 8,03 $/tCO2e dans les cimenteries, 4,30 $/tCO2e dans les mines de charbon, 5,21 $/tCO2e dans la récupération de gaz des décharges, 155,08 $/tCO2e dans le solaire, 35,34 $/tCO2e dans le changement de combustibles fossiles. En calculant le coût de réduction à partir des données du tableau 26, on trouve les valeurs suivantes : 17,83 $/tCO2e dans l’hydroélectricité, 4,23 $/tCO2e dans les cimenteries, 5,26 $/tCO2e dans les mines de charbon, 1,11 $/tCO2e dans la récupération de gaz des décharges, 56,93 $/tCO2e dans le solaire, 14,43 $/tCO2e dans le changement de combustibles fossiles.

Cette première évaluation (en grande partie basée sur une étude de la Banque Mondiale) du potentiel dans les pays d’Afrique subsaharienne (à majorité PMA) nécessite donc d’être élargie pour explorer des secteurs et des zones géographiques qui n’ont pas été couverts. Ceci pourrait révéler un potentiel supplémentaire en termes de réductions d’émissions de GES et de production d’énergie dans cette région. A cette fin, des études nationales et sectorielles seraient vivement appréciées et pourraient contribuer à changer l’image de ces pays d’Afrique, surtout les PMA, en matière de potentiel d’activités de projets du MDP, et surtout pour augmenter leur visibilité dans ce marché du carbone. L’étude du Ministère fédéral allemand de l’environnement (Arens et al., 2011) qui a estimé un potentiel de réductions d’émissions de GES d’environ 128,6 MtCO2e/an dans quelques PMA d’Afrique subsaharienne et dont les résultats sont synthétisés dans le tableau 27 ci-dessous, constitue une première contribution à cette exploration plus approfondie du potentiel d’activités de projets du MDP dans les PMA d’Afrique.

33 D’après une étude comparative de l’UPDEA (Union des producteurs, transporteurs et distributeurs d’électricité d’Afrique) relative aux tarifs d’électricité pratiqués en Afrique, les prix moyens calculés varient de 0,0101 $ à 0,34 $/kWh en basse tension et de 0,0145 $ à 0,34 $/kWh en moyenne tension (UPDEA, 2009).

143

Tableau 27 : Synthèse du potentiel d’activités de projets du MDP (MtCO2e/an) pour certains PMA d’Afrique

Ethiopie Tanzanie D.R Congo Ouganda Mozambique Malawi Zambie Sénégal Burkina Faso Mali Rwanda Total/secteur

Résidus agricoles 11.457 9.629 5.720 4.540 4.850 4.915 3.454 1.220 1.574 1.474 484 49,316 Résidus forestiers 8.174 3.433 6.029 6.019 1.486 460 664 - - - 849 27,114 Hydroélectricité 8.175 5.471 1.090 - 88 - 100 3.035 173 528 187 18,846 Poêles de cuisson 1.533 2.097 2.561 1.546 679 720 177 376 409 278 305 10,682 Charbon de bois 538 1.047 527 1.020 686 670 1.204 312 46 123 69 6,242 Résidus de bois 722 902 868 1.403 313 123 199 - - - 221 4,752 Géothermie 186 857 - 2.725 - - - - - - - 3,768 Biocarburants 396 342 139 118 227 77 150 135 49 25 52 1,768 EE à l’utilisation finale 130 150 240 10 140 30 140 160 550 70 - 1,620 Transports 332 176 147 93 135 62 124 186 59 48 52 1,415

Déchets solides municipaux 142 140 635 72 53 34 63 93 58 60 33 1,383

Mines/Ciment 127 125 20 51 38 20 51 344 - - 12 0,788

Sucreries (canne à sucre) 40 100 60 60 - 100 100 20 - - - 0,480

Pertes à la distribution 50 20 20 - - - 10 240 40 20 - 0,400

Houille (Coal Bed) - 15 19 - - - 37 - - - - 0,071

Total par pays 32,001 24,506 18,075 17,657 8,695 7,211 6,473 6,120 2,959 2,626 2,263 128,586

Source : Adapté d’Arens et al., 2011. EE = Efficacité Energétique.

144

L’étude de la Banque Mondiale montre que de larges opportunités peuvent être rencontrées dans les secteurs liés à la biomasse (résidus agricoles, résidus de forêts, résidus du bois d’œuvre, charbon de bois) qui comptent pour 68 % du potentiel estimé dans les onze pays considérés, soit 87,424 MtCO2e/an. Il y a donc des possibilités de valoriser la production d’énergie propre (résidus) et/ou l’efficacité énergétique (charbon de bois), alors que la biomasse reste encore utilisée de façon rudimentaire pour des besoins culinaires, de chauffage et d’éclairage. En effet, d’après la base de données de l’UNEP-Risoe Centre CDM/JI pipeline (Fenhann, 2012), 27 activités de projets du MDP étaient en cours de développement en Afrique jusqu’en décembre 2011, soit près de 13 % de toutes les activités de projets du MDP développées sur le continent à cette date.

En outre, au niveau national, ce tableau montre que certains pays tels que l’Ethiopie, la Tanzanie, la R.D. Congo et l’Ouganda possèdent un grand potentiel de réduction pour la biomasse. Ces quatre pays représentent à eux seuls 72 % du potentiel total évalué pour l’ensemble des onze pays couverts par l’étude, soit 92,239 MtCO2e/an. La prédominance des résidus agricoles dans le potentiel des pays d’Afrique subsaharienne tient au fait que leurs économies sont largement basées sur des activités agro-pastorales. Etant donné que ces pays se situent dans la région tropicale, leur potentiel dans les activités de projets liées à des résidus forestiers se justifie. Ce sont essentiellement les pays tropicaux à vaste étendue qui restent les mieux indiqués pour ce potentiel.

D’après Timilsina et al. (2010), bien que les pays plus avancés que d’autres dans cette région disposent d’un grand potentiel de réductions d’émissions (Afrique du Sud : 2.325,1 MtCO2e, Nigéria : 1.503,9 MtCO2e, Kenya : 265,9 MtCO2e, Côte d’Ivoire : 233,3 MtCO2e, Namibie : 223,8 MtCO2e…), certains pays moins avancés affichent également un potentiel appréciable (R.D. Congo : 696,8 MtCO2e, Angola : 520,5 MtCO2e, Ethiopie : 485,5 MtCO2e, Mozambique : 415,7 MtCO2e, Tanzanie : 332,3 MtCO2e…), contrairement à la situation générale de l’état actuel du MDP (tableau 19). Par ailleurs, tant d’après l’étude du Ministère fédéral allemand de l’environnement qui est menée à petite échelle, que celle de la Banque Mondiale sur l’Afrique subsaharienne, la production d’énergie dans plusieurs activités de projets est clairement identifiée comme une opportunité. La voie est ouverte pour adopter une croissance sobre en carbone, c’est-à-dire respectueuse du climat.

L’exploitation de cette opportunité devrait nécessiter de gros investissements (en moyens techniques et financiers) que certains de ces pays d’Afrique subsaharienne (particulièrement les PMA) ne pourraient pas mobiliser. Le recours à des investissements directs étrangers, en particulier ceux apportés dans le cadre de la mise en œuvre d’activités de projets du MDP, peut changer la donne pour ces pays. Ces derniers investissements bénéficient de cette valeur ajoutée incorporée dans la monétarisation des réductions d’émissions (crédits-carbone) associées à ces activités de projets. Ils peuvent alors se révéler moins risqués que les investissements des projets conventionnels, une fois l’activité de projet enregistrée.

145

Néanmoins, bien que les différentes activités de projets, identifiées ci-dessus, soient susceptibles de produire une quantité appréciable d’énergie (essentiellement l’électricité), ce qui constitue une bonne chose pour une Afrique en manque criant d’énergie en général et d’énergie électrique en particulier, un autre problème reste son intégration dans des réseaux de distribution pour sa valorisation. La situation de pauvreté dans laquelle se trouvent confrontées les populations de ces PMA d’Afrique ne peut permettre la rémunération de tout le service énergétique qui serait produit. En effet, il existe bon nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (moins de 1,25 $ par jour) en Afrique subsaharienne et la moyenne du RNB par habitant [PPA] en 2009 se situe à 2.050 $ tandis que celle des PMA est à 1.393 $, avec des écarts allant de 2.471 $ au Djibouti à 176 $ au Zimbabwe (PNUD, 2010) et même 137 $ au Burundi (Miniplan & PNUD, 2011).

Afin de valoriser cette énergie potentielle, qui serait bien utile au développement des pays d’Afrique et particulièrement les PMA, les gouvernements de ces pays doivent adopter des stratégies permettant un approvisionnement en électricité sur le marché local par la population et permettant la commercialisation de surplus éventuels vers les marchés extérieurs. D’une part, pour l’approvisionnement du marché local, cela signifie des politiques favorables au développement d’infrastructures mais aussi à des subventions des énergies vertes en lieu et place de subventions des combustibles fossiles. D’autre part, au niveau du marché extérieur, il serait indiqué l’adoption et/ou l’adaptation de réglementations dans une perspective d’intégrer les réseaux extérieurs d’électricité (interconnections). Une telle stratégie pourrait rassurer les investisseurs intéressés par le marché du MDP africain. Dans les lignes qui suivent (septième chapitre), il est discuté différentes barrières à la mise en œuvre d’activités de projets du MDP dans les pays d’Afrique en général et particulièrement dans les PMA, qu’il convient de lever/atténuer pour permettre l’exploitation de ce potentiel.

146

Chapitre VII. BARRIERES A LA MISE EN ŒUVRE D’ACTIVITES DE PROJETS DU MDP EN AFRIQUE EN