CHAPITRE II : LA VILLE DE DOUALA : INTERACTION ENTRE SYSTEME URBAIN ET POLARISATION DES ENTREPRISES
INTRODUCTION DU CHAPITRE II
I. 1.2.1 - Le secteur industriel : une Spécificité/ spécialisation dans léconomie de Douala
I.1.2.3. Le secteur service : spécialité et spécification dans léconomie de Douala
Bien quils soient très difficiles à cerner sur le plan statistique, les services contribuent de façon décisive à lemploi et à léconomie camerounaise en général et celle de Douala en particulier, notamment par la majorité des micro-entreprises dénombrées dans ce secteur. On estime que les services (formels et informels) contribuent pour près de 40% au PIB national. Leur part augmente beaucoup plus vite que celle de lindustrie, ce quon doit bien interpréter plutôt comme un signe de la faiblesse de celle-ci que comme un signe de dynamisme véritable du tertiaire. Cest ainsi en quelque sorte par défaut de croissance véritable des productions que les activités de distribution prennent une place prépondérante.
160 Parmi les services, on note une part importante des « Services de restauration » qui comprennent, notamment, le secteur de la restauration de rue (qui sest fortement développé depuis une dizaine dannées dans toutes les grandes villes africaines), les « services de réparation », et le « transport urbain » (taxi et surtout moto taxi) et interurbain de personnes et de marchandises. Les « autres services » concernent notamment la coiffure et les autres services personnels (réparations de tous produits), le lavage et nettoyage de textiles, les services de « tradipraticiens » et soins médicaux, la photographie, la maintenance, le cinéma/spectacle/radio, les locations diverses, la manutention et les services daccès aux réseaux de télécommunication (télé-centre).
En termes de valeur ajoutée, les principales branches sont les activités commerciales (44 % du total national du secteur), les activités diverses (24 %) et les transports (10%). En termes dactivité de services liés aux exportations, les transports viennent nettement en tête soit (56%). Cette branche, qui est la seule véritablement motrice est localisée principalement à Douala. Il en va de même de lintermédiation financière, activité importante mais faiblement dimensionnée (3% de la valeur ajoutée seulement). Cest surtout sur le plan de lemploi que les services sont déterminants. On estime quils fournissent 33 % de lemploi formel et une part bien plus importante mais mal quantifiée de lemploi informel.
Comme on peut sy attendre, vu son importance dans léconomie du pays, le secteur formel des services est fortement développé à Douala, hors de la fonction publique de niveau supérieur et qui, quant à elle, est essentiellement concentrée à Yaoundé. Les établissements de services aux particuliers et aux entreprises sont estimés à quelques 1980 unités en 2006 à Douala162 et apparaissent comme la plus grosse branche du secteur «tertiaire » de la ville.
En ce qui concerne les services relatifs à lintermédiation financière, lOSEED en 2006 a dénombré en moyenne 229 établissements financiers dans la ville de Douala. Ces derniers comprennent, outre les banques (au nombre de 32, dont 11 directions et 21 agences), des établissements de micro finance (pour un total de 132, agences comprises) et 65 sociétés dassurances (y compris les agences). On observe ainsi une prolifération des établissements de micro finance dans la ville et qui, en matière de collecte de lépargne, sont en concurrence directe avec les établissements bancaires traditionnels. Contrairement à ces derniers, les établissements de micro finance sétalent en effet dans bon nombre de quartiers de la ville. Le secteur bancaire occupe entre 3.000 et 4.000 personnes dans la ville, pour la plupart concentrées dans l'arrondissement de Douala I163.
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OSEED (2006c) : les établissements de services aux particuliers et aux entreprises à Douala, rapport provisoire n° 7, nov. CUD, p.9.
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Dans le domaine des assurances, on note les entreprises comme la Citoyenne Assurance (85 employés en 2006), CHANAS AXA Assurances (91 salariés en 2006), AGF Cameroun (95 salariés en 2006) et de nombreux courtiers. La micro-finance sest beaucoup développée au cours de cette dernière décennie (Express Union, 56 salariés à Douala). Au total ce sont près de 2000 personnes qui sont occupées dans ce secteur. En outre depuis 1996, il faut aussi mentionner la création de la Bourse des valeurs mobilières (Douala Stock Exchange). Malgré des débuts assez timides cette institution vise la promotion de Douala comme place financière nationale et régionale. Même si elle demeure concurrencée par la Bourse régionale des valeurs mobilières de Libreville.
Globalement, le secteur financier formel est pourvoyeur denviron 5000164 emplois dans la métropole régionale Si ce secteur reste important pour la ville, il nen demeure pas moins judicieux quil faille encore le développer à léchelle internationale. Ce qui confirme la centralité assez modeste de Douala hors de ses frontières (CUD, 2009). Douala dispose donc dun important potentiel de développement.
Le développement du secteur de services financiers de Douala est, sans doute, freiné par la répartition des fonctions et des équipements avec Yaoundé. En effet, les deux villes se concurrencent au niveau des équipements de transports internationaux et disposent daéroports modestes (par leur trafic à Yaoundé et par leur équipement à Douala), qui sont lun et lautre peu attractifs. De même, les activités financières sont étroitement dépendantes des conditions urbaines et résidentielles. A cet égard le cadre de Douala est moins apprécié que celui de la capitale165.
A lexception notable des services du port, de laéroport, des transitaires et négociants qui leur sont liés, le secteur des services est orienté vers la population de lagglomération. Ceux-ci ne contribuent que faiblement au rayonnement de la ville.
Un des signes du faible dynamisme et du caractère endogène du secteur des services est labsence dun véritable centre urbain, la faiblesse de limmobilier de bureau et la modestie des événements organisés. En revanche, dans ce secteur, certaines branches sont considérées comme moteur de léconomie urbaine, au même titre que lindustrie.
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CUD (2009), Rapport final de synthèse du diagnostic, URBAPLAN, Lausanne/Douala, Janvier
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Pour une agglomération de deux millions dhabitants le secteur des services est assez faiblement développé à Douala. Dans ce domaine encore, la division entre Yaoundé et Douala, qui prive la ville de lapport de ladministration de niveau national et de toutes les activités qui gravitent autour de la fonction de capitale (ambassades, représentation consulaires, institutions internationales financières et de développement -BM, ONU, PNUD ; coopérations bi- et multilatérales, partis politiques et syndicats, information, journaux, télévision, etc.) donnent à la ville du littoral un profil particulier et la mettent en situation de relative infériorité par rapport aux autres grandes villes côtières (Abidjan, Lomé, Cotonou, Lagos, Libreville, Luanda, etc.) qui cumulent les fonctions économiques
162 Toutefois, il ressort de notre étude que sur 208 entreprises enquêtées dans la ville de Douala, toutes formelles, 89 relèvent des industries, 44 des commerces et 49 des services, avec des entreprises spécialisées dans les bâtiments et travaux publics, puis des entreprises spécialisées dans le transport soit 13 respectivement. La plupart de ces entreprises sont localisées hors zone industrielle (HZI). Cette répartition est consignée dans le tableau 9 ci-dessous.
Tableau 9: Répartition des entreprises par secteurs dactivité et par lieu dimplantation Secteurs dactivités Nombre ZI % ZI Nombre HZI % HZI
Industrie 13 68,42 76 40,21
Commerce 2 10,52 42 22,22
Services 2 10,52 47 24,86
Bâtiments et Travaux Publics (BTP) 1 5,26 12 6,35
Transport 1 5,26 12 6,35
TOTAUX 19 100,00 189 100
Source : notre enquête
Au total des entreprises enquêtées, nous remarquons à partir de ce tableau 9 que plus de 90% sont localisées hors zone industrielle. Cette situation nous amène à nous pencher sur les spécificités urbaines de la ville.