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3.2.1-Les systèmes territoriaux de production

CHAPITRE I : LES ANALYSES TERRITORIALES DE LA LOCALISATION DES ENTREPRISES

Encadré 1 : Trois comportements de localisation face à la concurrence

II. 3.2.1-Les systèmes territoriaux de production

Dans une optique de développement endogène, un système territorial de production constitue un ensemble organisé d’acteurs et de ressources qui interagit dialectiquement avec un environnement externe. Pour disposer d’une capacité propre d’action (autonomie), il doit entretenir des processus destinés à assurer sa vitalité et sa pérennité. A ce titre, le système territorial de production doit assurer sa compatibilité avec l’évolution de l’environnement technologique et de marché, ce qu’il réalise au moyen de processus d’innovation(a). Le maintien ou le renouvellement de cette cohérence interne s’opère par l’intermédiaire d’un processus d’auto-identification(b). Par ailleurs, afin d’assurer sa pérennité, le système territorial de production renouvelle ses éléments constitutifs par un processus de reproduction(c) (D. MAILLAT et al, 1993).

II.3.2.1.a- Les processus d’innovation

Ils mettent en jeu différents éléments constitutifs du système territorial de production comme les ressources matérielles et humaines, le savoir-faire ou le capital relationnel ainsi que le capital naturel. En effet, une innovation peut porter sur un produit ou sur une technologie, mais elle peut également être structurelle ou organisationnelle.

Les processus d’innovation :

• aboutissent à l’adaptation, à la transformation ou à la restructuration de tout ou partie du système territorial de production ;

• contribuent au maintien de sa vitalité et de sa compatibilité avec les transformations de son environnement technologique et de marché ;

• se manifestent par l’intégration ou le développement de technologies nouvelles, l’apparition de nouveaux produits ou de nouveaux modes d’organisation de la production, l’adaptation à

128 des marchés devenus volatiles, la réorganisation du système de production ou la constitution de centres de recherche.

Dans son objectif de susciter la nouveauté et le changement, les processus d’innovation engendrent des tensions à l’intérieur de la région. Intervient alors les processus d’auto-identification.

II.3.2.1.b- Les processus d’auto-identification

Ils mettent en œuvre les capacités fédératives du système. Ils reposent sur des acteurs comme les collectivités publiques (communes, villes, municipalités) ou certains groupements privés (organismes de promotion ou de défense d’intérêts, associations diverses). Leur action tend à développer la cohérence par le jeu des coopérations et des solidarités entre les différents acteurs du système régional, de même que la valorisation d’une identité collective et de normes ou de règles admises par la collectivité régionale.

Les processus d’auto-identification constituent le complément indispensable des processus d’innovation. Ces derniers introduisent une tension qu’il s’agit de contrôler afin que la cohérence entre les différentes composantes du système territorial de production soit maintenue tant au niveau cognitif qu’au niveau matériel.

L’émergence et la mise en œuvre des processus d’auto- identification contribuent à empêcher le démembrement des ressources locales, à conserver le caractère de complexité organisée du système territorial de production, à en faire autre chose qu’un amas d’éléments juxtaposés. Mais les ressources locales ainsi que la région ne sont pas imperméables au temps. Ce qui signifie que la viabilité du système territorial de production est aussi conditionnée par sa capacité à se répliquer, à se reconstituer.

II.3.2.1.c- Les processus de reproduction

Leur rôle consiste à répliquer les éléments constitutifs du système (acteurs, ressources, savoir-faire, règles, capital relationnel, etc.). Comme le soulignent G. BECATTINI et E. RULLANI (1995) : « produire ne signifie pas seulement transformer un ensemble d’inputs (donnés) en un output (produit fini) selon des procédés techniques donnés, en un intervalle de temps donné, mais signifie aussi reproduire les conditions matérielles et humaines à partir desquelles démarre le processus de production lui-même ».

Du point de vue des activités, on relève que : ces trois processus qui entretiennent la dynamique d’un système territorial de production sont lies à trois types d’activités : les activités d’incubation, les activités de captage et les activités de diffusion.

En ce qui concerne le processus d’innovation, les activités d’incubation (centres ou cellules de recherche, élaboration de prototypes, activités de marketing) agissent dans le sens d’une combinaison créatrice des ressources régionales visant à garantir la compatibilité du système territorial de production avec l’extérieur. Les activités de captage participent à l’intégration, à l’assimilation par les acteurs locaux de développements réalisés hors de la région mais ayant une pertinence pour elle. Ces activités peuvent par exemple porter sur des techniques ou sur des qualifications.

Aux activités d’incubation et de captage s’ajoutent les activités de diffusion qui contribuent à l’essaimage dans l’ensemble du système régional. On pense aux activités de formation, en particulier de formation continue, aux activités d’interface de divers types (favorisant le contact entreprise-recherche, entreprise-administration, entreprise-entreprise, etc.) ou encore à certains services aux entreprises (d’appui technologique ou d’accès au marché). Ces activités de diffusion constituent le relais interne dans le processus d’innovation. Elles résultent donc des relations qui sont tissées entre les écoles, l’administration, les entreprises et les associations professionnelles, de la nature des liens de sous-traitance reliant les entreprises régionales entre elles et avec les grands groupes implantés dans la région ou encore des caractéristiques des chaînes de mobilité de la main-d’œuvre sur le marché local de l’emploi.

Les processus d’auto-identification suscitent, à l’image des processus d’innovation, des activités d’incubations de captage et de diffusion. Les activités d’incubation contribuent à la constitution d’un langage commun, au développement de la culture technique et des savoir-faire ou encore à la définition des normes et standards dans le domaine technique. Cela nécessite des emprunts à l’extérieur, c’est à dire des activités de captage (observation de solutions adoptées ailleurs, prospection d’entreprises extérieures pouvant amener des compétences manquantes (chaînon manquant), organisations de foires, etc.

Les processus d’auto-identification reposent fondamentalement sur l’ensemble des acteurs régionaux. A cet égard, il s’agit de citer l’ensemble des organisations socioprofessionnelles (associations professionnelles, syndicats, clubs d’intérêts, etc.), les pouvoirs publics locaux, les médias ou encore les partis politiques.

130 Les processus de reproduction relèvent, à l’instar des processus d’innovation et d’auto-identification, d’activités d’incubation, de captage et de diffusion. Dans le domaine de la formation par exemple, l’adaptation des filières de formation procède d’activités d’incubation alors que l’on peut assimiler l’activité spécifique d’enseignement professionnelle à une activité de diffusion. La gestion des chaînes de mobilité du marché du travail ou la mise sur pied de stages de formation à l’intérieur et à l’extérieur de la région constituent également des vecteurs de reproduction des actifs locaux. Quant au captage, il fait référence à l’acquisition d’un savoir-faire ou de compétences par recours à des enseignants extérieurs. Mais il peut également procéder de l’implantation d’entreprises exogènes, du recours à un marché du travail externe ou de l’entrée de PME locales sur des marchés internationaux leur permettant de renouveler et d’enrichir leur savoir-faire.

La question qui se pose est celle de la localisation de ces différentes activités et celle des lieux où les interactions entre les différents acteurs locaux se manifestent.