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1.1.3- L’observatoire économique urbain de Douala

CHAPITRE II : LA VILLE DE DOUALA : INTERACTION ENTRE SYSTEME URBAIN ET POLARISATION DES ENTREPRISES

INTRODUCTION DU CHAPITRE II

I. 1.1.3- L’observatoire économique urbain de Douala

L’évolution récente du contexte économique, aussi bien au plan international (mondialisation, renforcement de l’intégration sous régionale) que local (conséquences de la crise économique des années 80, des mouvements de restructuration et de privatisation des entreprises ou de l’ajustement structurel), auquel s’ajoutent les nouvelles préoccupations en matière d’aménagement de l’espace urbain et de développement durable148, obligent désormais à adopter de nouvelles méthodes de connaissance et de veille susceptibles de permettre une meilleure anticipation des mutations à venir (J. R. ESSOMBE EDIMO, 2007b). C’est dans cette perspective que l’idée de la mise en place d’un dispositif d’observation et d’animation du développement de Douala à vu le jour avec la création de l’observatoire urbain de Douala.

Dans le but de satisfaire aux exigences sus mentionnées, et afin de consolider son action d’acteur de développement de la ville, la CUD s’est alors engagée à construire et à recourir à des indicateurs capables d’identifier les clés de réussite, ainsi que les forces et faiblesses des phénomènes socioéconomiques de la ville et, surtout, à ce donner les moyens de pourvoir à leurs évolutions. L’observatoire économique urbain de Douala encore appelé Observatoire de la Statistique et des Etudes Economiques de Douala (OSEED) est un outil de mesure capable de permettre une meilleure connaissance de l’espace économique et social de la ville, et les missions à lui assignées concernent :

- La collecte et le traitement de toutes données relatives à l’activité économique de la ville ; - La gestion de la base de données sur l’économie locale, ainsi que celle d’un centre

informatique économique de la ville ;

- L’évaluation des politiques sectorielles initiés par l’Exécutif Municipal ;

- La réalisation de toute étude de nature à éclairer ce dernier sur la situation économique et sociale de la ville ;

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Douala a intégré, dès 2002, les villes africaines désignées « villes du NEPAD ». Même si l’efficacité de cette institution fait désormais de plusieurs critiques, selon le témoignage du dernier sommet de l’Union Africaine tenu en mars 2006 à Alger.

- La participation aux actions de promotion de la ville, en rapport avec les administrations et les opérateurs concernés (à l’instar de l’A2D).

De même, l’Observatoire assure un rôle en matière de prospective, de veille et de l’alerte. Tout comme il permet à l’Exécutif Municipal de mieux décliner, sur le plan local, les politiques économiques et nationales. Ses activités concernent tant l’économie, l’emploi, la formation, l’habitat, les zones industrielles que l’environnement ou le tourisme à Douala, avec pour chaque composante la nécessité de collecter des données disponibles pouvant servir à mieux comprendre les caractéristiques du territoire et du développement local.

Au-delà de ces pratiques courantes d’animation de l’économie locale ou de gestion des liaisons entre l’économique et le social (X. GREFFE, 1988 et 2002), il s’est surtout agi pour la Communauté Urbaine de poser les jalons d’une architecture institutionnelle qui désormais, devait s’appliquer à œuvrer pour une meilleure lisibilité et pour un accompagnement amélioré au tissu économique local. Action d’autant plus pertinente que la loi149 sur la décentralisation de juillet 2004 n’a pas, à proprement parler, mis sur pied un cadre précis pour l’intervention économique de collectivités territoriales décentralisées (CTD).

Cette construction quoique inachevée, d’un contexte institutionnel pour une dynamique de développement industriel à l’échelle local à Douala se présente ainsi comme l’amorce d’une « logique de territoire » de la part de l’Exécutif Municipal. Dans le même ordre d’idées la stratégie globale de développement projetée et mise à l’étude pour Douala, a consisté à la mise en place d’un cadre participatif intégrant les différents acteurs du développement de la ville (c’est-à-dire, les «élus, les administrations les chambres consulaires et autres représentants du secteur privé ou encore de la société civile). Depuis 2009 d’ailleurs, l’OSEED, véritable outil d’aide à la décision (tant pour l’Exécutif Municipal que pour les entreprises locales) est désormais placé sous la Direction du Développement Urbain au sein de la CUD.

A côté de cet ensemble fonctionnel qui œuvre pour le développement local à Douala, l’on peut ajouter, entre autres, institutions la Chambre de Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA) créée en 1921, et qui est un maillon facilitateur dans l’implantation de

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Elle ne fonde d’ailleurs pas véritablement un droit à l’intervention, se contentant d’ouvrir des marges de tolérance circonscrites. Le rôle accordé aux C.T.D. (cas de la collecte et de la redistribution ou de l’utilisation de la fiscalité locale) reste symptomatique d’une grande prudence et ne leur donne pas davantage les moyens pour l’élaboration des politiques d’aménagement du territoire et de la production qui serait plus proche des besoins locaux.

148 certaines entreprises à Douala. En plus de sa mission représentative des intérêts des milieux d’affaires privés dans les domaines du commerce, de l’industrie, des prestations de services et de l’artisanat, la CCIMA, entretient un réseau de relations avec tous les organismes intéressés par les activités du secteur privé. Les missions de la CCIMA sont d’intérêt professionnel (apporter assistance et encadrement aux chefs d’entreprises, notamment les PME), de promotion industrielle, commerciale et de coopération (apporter l’information, l’appui et l’assistance aux opérateurs économiques pour la recherche de produits, de technologies ou de partenaire étrangers), et d’encadrement des sociétés à travers sa plate forme du dialogue public/privé.

Le tableau 6 montre bien que la CCIMA entretient des relations avec plus de 60 entreprises du total des firmes enquêtées. Ces relations sont, à 40 % , liées à l’enregistrement aux fins des droits de commerce, suivies à 28,33% de l’assistance et de l’encadrement professionnel, sans oublier sa capacité à faciliter l’implantation de quelques 14 entreprises de celles ayant fait l’objet de notre étude. Ceci explique l’existence d’un véritable lien de proximité institutionnelle entre les entreprises de Douala.

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Tableau 6 : relation entre les entreprises et la CCIMA à Douala

Types de Rapports avec la Chambre de commerce de Douala Effectifs Fréquences (%)

Registre de commerce 24 40

Assistance et encadrement professionnel 17 28,33

Facilité d'implantation 14 23,33

Contrôle des prix de produits 2 3,33

Promotion industrielle ou commerciale 3 5

Total 60 100

Source : notre enquête

Par ailleurs, plusieurs autres institutions à l’instar de la SYNDUSTRICAM150, du GICAM, du Crédit Foncier du Cameroun (CFC), de la MAGZI151 et du FNE152, etc., entretiennent des relations multiformes avec les entreprises de Douala. Ces relations sont généralement d’ordre professionnel (encadrement et soutien aux entrepreneurs), d’affaires (partenariat), humain (proposition, renforcement et /ou transfert de compétences), fiscal (rente foncière) et, parfois, consistent en l’accompagnement et en la défense des intérêts des entreprises. Comme l’indique le tableau 7, 24 entreprises entretiennent des relations professionnelles avec ces diverses institutions. Pour 27 d’entres elles, il s’agit des relations d’affaires. Alors que pour 16 autres, il s’agit de relations allant de l’accompagnement à la défense des intérêts. De leurs côté, les relations humaines et fiscales ne

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Syndicat des Industriels du Cameroun

151

Mission d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles

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sont entretenues qu’avec, respectivement, 6 et 7 entreprises. Nous notons donc que 80 entreprises entretiennent des rapports multiformes avec les institutions patronales, soit 38,46%, sur l’effectif total de 208 entreprises enquêtées à Douala.

Tableau 7: relations de proximité entre les entreprises et les autres institutions entrepreneuriales

Types de Rapports avec les autres institutions Effectifs Fréquences (%)

Professionnels 24 30

D'affaires 27 33,75

Humains 6 7,5

Fiscaux 7 8,75

Autres (accompagnement, et défense des

intérêts) 16 20

Total 80 100

Source : notre enquête

Ces différentes relations prouvent à l’évidence l’étroitesse des liens de proximité qui existent entre les entreprises de Douala et les institutions d’encadrement dans l’optique de promotion de la compétitivité. Or développer l’industrie au Cameroun, c’est la rendre capable de tirer profit des avantages de l’économie de marché qui sont aujourd’hui au centre des enjeux auxquels dépend la capacité du secteur industriel à s’affirmer comme le moteur de la croissance, créateur des richesses et d’emplois. Cette capacité dépend, elle aussi, des spécificités structurelles de l’économie.

1.1.2 – Spécificités structurelles de l’économie de Douala

La crise des années 80 et la longue période d’ajustement structurel, ont eu des incidences profondes sur la société et l’économie de Douala, surtout au niveau de ses différentes infrastructures. Suite à plusieurs contrats d’objectifs, notamment celui de 1992 signé entre l’Etat central et l’Agence Française de Développement (AFD), la viabilisation des moyens financiers de la CUD a été effective. Cette mesure visait, entre autres, le traitement des dettes croisées Etat/ CUD et la recherche des mécanismes de relance des activités économiques dans la ville de Douala où les infrastructures avaient été fortement détériorées. A cet égard, la reconstruction de la compétitivité de la ville s’appuie d’abord sur la recherche de l’amélioration de l’environnement des entreprises à travers une réhabilitation/rénovation des infrastructures, suite à la mise en place progressive de structures d’animation du milieu économique (J.R.ESSOMBE EDIMO, 2005 op.cit).

L’environnement économique structurel à Douala est caractérisé par l’existence des entreprises avec des activités plurielles que nous regroupons en cinq grands secteurs (tableau 8).

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Tableau 8 : Répartition des entreprises enquêtées par secteur d’activités Secteurs d’activités Effectifs Fréquences

Industrie de transformation 89 42,79 Commerce 44 21,15 Service 49 23,56 Bâtiment 13 6,25 Transport 13 6,25 Total 208 100

Sources : notre enquête

Les données de ce tableau nous donnent ici l’occasion de caractériser plus en profondeur la ville de Douala. Nous notons à partir de ce tableau que Douala concentre plus de 208 PME enquêtées à taille comprise entre 5 et 250 employés. La plupart de ces entreprises œuvrent dans le secteur de l’industrie manufacturière (soit 42,79%) suivi du secteur de service (23,56%) et d’entreprises du commerce (21,15%). Alors que moins de 15% œuvrent dans le transport, bâtiments et travaux publics comme l’indique le graphique 2.

Graphique 2 : répartitions des entreprises par secteur d’activités

Source : notre enquête

Ces différents secteurs offrent à Douala une économie solidement encrée dans une dynamique évolutive que nous mobilisons dans le cadre d’une spécification et spécialisation au cas par cas. Nous basons nos analyses sur les trois premiers secteurs d’activités du point de vue de leur place prépondérante dans l’économie de Douala. Les secteurs BTP et Transports sont analysés dans la partie réservée à la spécificité urbaine et aux infrastructures à Douala.