• Aucun résultat trouvé

1.3.3- L’approche par les réseaux

CHAPITRE I : LES ANALYSES TERRITORIALES DE LA LOCALISATION DES ENTREPRISES

INTRODUCTION DU CHAPITRE I

I. 1.3.3- L’approche par les réseaux

Le réseau est la dimension spatiale d’une forme de régulation des rapports qui ne se limitent pas aux relations capital/ travail, mais prend en compte les relations entre les unités de production.

L’initiateur de cette approche est P. VELTZ (1996 op.cit.). Il montre, à partir du cas de l’industrie aéronautique française et du district toulousain, que la tendance à l’externalisation ne se justifie pas seulement par des contraintes de concurrence. L’organisation qui était hiérarchisée devient une organisation en réseaux dont les principes de base sont le partenariat, la contractualisation des relations, la flexibilité et la coopération entre les entreprises.

P.VELTZ rappelle que dans la période de croissance dite des « trente glorieuses », la division spatiale du travail s’est étroitement calquée sur la division sociale et technique du travail dans les entreprises, surtout les plus grandes. Le modèle taylorien fonctionne et ses principes restent « étroitement liés au mode conceptuel d’A. SMITH, où les bénéfices de la division du travail résultent d’abord d’économies de répétitivité et de spécialisation104 ».

Aujourd’hui la question n’est plus de savoir comment diviser, mais comment relier. P.VELTZ (2000) met en opposition deux grandes formes d’organisation qu’il refuse de choisir : celle de la grande firme du modèle de quasi-intégration verticale, qui peut être spatialement concentrée ou non, et celle du réseau éclaté de petites et moyennes entreprises, qui est spatialement concentrée (cas du district) ou, au contraire, dispersée.

Cependant, le même auteur estime que le second modèle ignore les tendances lourdes de la mondialisation des marchés et les complémentarités qui existent entre les deux modèles. Comme tendances lourdes il retient :

103

VELTZ, P. 1996. Mondialisation, villes et territoires : l'économie d'archipel. Paris: PUF.

104

Veltz P., “hiérarchie et réseaux dans l’organisation de la production et du territoire” in BENKO G., LIPIETZ A. (2000) La Richesse des Régions PUF

∗ le poids du marché du travail qualifié est un facteur de la métropolisation. Il cite ici le cas du marché des cadres du marketing en région parisienne.

∗ Le rôle du marché des services spécialisés joue en faveur de la métropolisation. Tous les services délocalisés, notamment la formation et la recherche, n’ont pas coupé le cordon ombilical avec Paris.

∗ L’internalisation des entreprises complique et freine la décentralisation des fonctions. Les fonctions de conception et de marketing/ commercialisation ont tendance à se regrouper sur des sites métropolitains.

∗ La fin du système taylorien de structures pyramidales peut apparaître comme un facteur permissif de la décentralisation.

∗ Le passage d’un « territoire-zone » à un « territoire-réseaux » complique les rapports entre collectivités et entre l’industrie et l’administration.

On peut dire de l’approche en termes de réseaux défendue par P. VELTZ quant au développement local, qu’il s’agit d’une analyse qui relève d’abord de l’économie industrielle et qui ne prend en compte l’économie des territoires qu’à partir de l’évolution industrielle. Mais le mérite des travaux de P.VELTZ réside, selon nous, dans le fait d’une tentative d’intégration de l’économie industrielle et de l’économie spatiale, ou plus précisément, de la politique industrielle et de la politique d’aménagement du territoire.

En nous penchant sur la distinction opérée par B. PECQUEUR (1989)105 sur la question des réseaux. Nous remarquons que ce dernier insiste pour dire que la notion de réseau dans l’approche du développement local et de localisation des entreprises n’est pas réductible aux relations de marché, après quoi il distingue trois types de réseaux:

2 les réseaux de flux matériels,

2 les réseaux de relations de nature institutionnelle,

2 les réseaux à caractère informel.

L’entreprise (plus particulièrement les PME) est placée au cœur de ces réseaux. Elle peut être considérée comme « un système ouvert de communication pour lequel et dans lequel circulent des informations de toute nature ». Les réseaux les plus moteurs dans le développement local sont les réseaux interentreprises dans une économie dense en PME. Ces réseaux interentreprises ne concernent pas seulement l’échange de marchandises ou de services marchands, mais surtout

88 l’échange de savoir-faire, d’informations d’ordre technologique, technique, commercial, etc. Ce sont naturellement des réseaux complètement informels et qui connaissent souvent une déperdition d’efficacité lorsque l’on veut les formaliser.

D’autres types de réseaux peuvent être envisagés. On peut parler de réseaux spatiaux et de réseaux fonctionnels, de réseaux locaux et globaux qui s’attachent à l’échelle spatiale, de réseaux basés sur des infrastructures et de réseaux de contact, etc.106 La densité des réseaux aboutit à des économies d’agglomération qui inculquent aux PME un rôle moteur dans l’approche du développement local ; ceci tient à de multiples raisons que l’on peut résumer autour des caractéristiques propres aux PME et dont la liste n’est pas exhaustive : flexibilité, lisibilité, capacité non bridée d’innovation, etc.

Le cadre théorique de la localisation étant posé, intéressons-nous à présent à la question du choix territorial d’implantation des entreprises.

3%12&'1()*+,1-&..+-*.+/0,11&12*(/2+'/-+*311&'1&3-.&4.+'&'1

Les choix de localisation des entreprises sont perçus différemment, selon que l’on se situe du côté des néoclassiques ou du côté des béhavioristes. L’approche néoclassique simplifie fortement l’analyse du choix de localisation, en supposant un comportement des dirigeants parfaitement rationnels et le coût de l’information négligeable. Elle ne prend pas non plus en compte la durée du processus dans le temps.

Les études menées auprès des firmes pour « défaire» le mécanisme du choix montrent en réalité des processus plus complexes où interviennent parfois successivement à la fois, les facteurs économiques mais aussi des préférences spatiales et, d’autres considérations plus qualitatives. Cette situation a conduit, à partir de la fin des années 60 et, surtout, des années 70, au développement d’un nouveau courant de recherche qui se veut plus réaliste et cherche à combiner la démarche inductive et la démarche inductive. Il repose sur les théories béhavioristes et s’attache, principalement, au comportement des industries lors du choix de localisation. L’analyse du choix de localisation des entreprises est faite suivant trois grandes approches, celle institutionnelle, celle économique et celle stratégique.

1

1

106

Cf Demazière C. et Moulaert B., « le développement économique local en Europe » in Du Local au global, op. cit., p. 65