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CHAPITRE 2. Les leviers de la lutte contre les violences faites aux femmes et la

4. De rares dispositifs ciblant les hommes

A quand les hommes auteurs de violences sensibilisés, inquiétés ? A quand les hommes, en tant qu’hommes, sensibilisés, éduqués, impliqués dans la lutte contre les violences ? Ces questions, volontairement provocatrices, ont pourtant légitimité à être posées.

Les violences envers les femmes étant des violences masculines, c’est que « le « problème des hommes » est encore à soulever sur le plan théorique, ainsi que la question de la rééducation des hommes » notait Hanmer (1977, p. 87). « Dans quelle mesure ces campagnes de prévention [des trois premiers plans triennaux de l’Etat français] servent-elles alors à prévenir les violences si leurs auteurs ne sont quasiment jamais la cible de la prévention ? » écrivent les chercheures Hernandez Orellana et Kunert (2014, p. 85), 37 ans après Hanmer.

Nous nous intéressons, dans cette partie, à restituer que de tels dispositifs ciblant les hommes existent, mais qu’ils sont rares, et qu’ils vont tenter de sensibiliser les hommes, plutôt que les auteurs de violences. Nous pointons ensuite qu’il existe des freins dans le sens cette démarche, mais aussi des intérêts à les inclure. Nous notons également que les études d’impact de tels dispositifs restent difficiles. Enfin, nous évoquons en quoi la recherche permet de mieux cerner le phénomène des violences masculines mais aussi, que l’engagement des hommes, étudié, existe, et peut être qualifié d’engagement improbable.

4.1 A quand les hommes sensibilisés ? Les rares campagnes les

ciblant

4.1.1 Deux grandes campagnes et modèles positifs des hommes

Des campagnes visant les hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes existent, nous retiendrons deux exemples d’ampleur internationale et symbolique. Leur objet n’est pas d’inquiéter ou d’incriminer les hommes ni les hommes violents, mais plutôt de prôner un engagement pour, en faveur des femmes, et pour des masculinités positives. La lutte, à travers ces campagnes, s’inscrit ainsi dans une visée positive, opposée à négative, de formes d’engagement plutôt que de rejet.

4.1.1.1 Campagne HeForShe

Lancée en 2014, la campagne HeForShe, de l’ONU Femmes dont l’ambassadrice est alors Emma Watson63, se présente comme « une invitation adressée aux hommes et à

toutes les personnes, quelle que soit leur identité de genre, à se déclarer solidaires des femmes afin de créer une force vive, visible et unie en faveur de l’égalité des sexes. Les hommes du mouvement HeForShe ne restent pas en marge64 ». En 2018 est publié un

rapport valorisant les initiatives conduites à travers le mouvement HeForShe, de l’égalité du genre, The HeForShe movment and its Champions65. Cette démarche illustre la

perspective de mise en avant des avancées positives, plutôt que les constats négatifs des violences qui perdurent. Elle fait écho à l’Initiative 10x10x10 de HeForShe, qui visait, dès

63 « Meet the women behind Emma Watson’s viral femnism campaign », by Caroline Fairchild, Fortune

journal, december 18, 2014. http://fortune.com/2014/12/18/emma-watson-feminism/

64 Le mouvement HeForShe https://www.heforshe.org/fr/movement 65 Emerging Solutions for Gender Equality, 2018, UN Women,

https://www.heforshe.org/sites/default/files/2018-

2015 à « engager 10 gouvernements, 10 entreprises et 10 universités en tant que puissants leviers pour l’égalité des sexes.66 ».

Cette campagne ne s’adresse donc pas aux hommes violents, en tant que tels, mais aux hommes en tant qu’hommes, dans une perspective de modèles positifs : des hommes qui marquent leur soutien (nous préférons marquer que s’engager) aux causes défendues en faveur des intérêts des femmes. Il semble moins question de pointer les violences, que d’exposer et d’extraire de ces campagnes qui se déclineront internationalement, des solutions et initiatives positives.

L’initiative d’inclure les hommes dans cette lutte est par ailleurs initiée plus tôt, en 2008, par Ban Ki-moon, alors Secrétaire Général des Nations Unies, dans l’annonce de la campagne « Tous Unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » lancée par le Fond de Développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). « Il nous incombe à tous, hommes et femmes, (…) de contribuer à mettre un terme à la violence contre les femmes67 » déclare-t-il. Cette campagne vise à « stimuler, recenser et présenter les

nombreuses actions entreprises pour éliminer les violences faites aux femmes68 ». Cette

prise de position est pour Minerson, alors directeur général de la Campagne White Ribbon, « la reconnaissance du devoir des hommes dans la prévention, ainsi que leur rôle comme agents de changement.69». C’est également sous le mandat de Ban Ki-moon qu’est créé

ONU-Femmes, institution qui regroupe les activités des Nations-Unies relative à ce domaine70, en 201071.

Enfin, précédant cette campagne « tous unis », la Déclaration et le Programme de la

Quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing de 1995 constitue le texte de

référence et initiateur de cette inclusion des hommes. La Déclaration de 1995 affirme : « Nous sommes résolus à [article 25] encourager les hommes à participer pleinement à toute action favorisant l’égalité72 » Cette position est maintenue, 20 ans après :

66 Science Po Paris et Schneider Electric rejoignent Impact 10x10x10

http://www.onufemmes.fr/sciences-po-paris-et-schneider-electric-rejoignent-impact-10x10x10/

67 Citation de Ban Ki-moon issue la présentation pour la Journée internationale de la femme, 8 mars

2009, sur le site des Nations Unies : https://www.un.org/fr/events/womensday/2009/

68 « L’ONU appelle à l’action pour éliminer la violence contre les femmes » sur le site de des Nations

Unies, 23 novembre 2010. https://news.un.org/fr/story/2010/11/202222-lonu-appelle-laction-pour- eliminer-la-violence-contre-les-femmes

69 Minerson, Todd, Humberto Carolo, Tuval Dinner, et Clay Jones. « Dossier d’information - Mobiliser les

hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste ». Condition féminine Canada, 2011. http://whiteribbon.ca/wp-content/uploads/2012/12/crb_cfc_dossier.pdf. Consulté le 18 mai 2016

70 Anciens Secrétaires généraux de l’ONU, Ban Ki-moon, sur le sure des Nations Unies :

https://www.un.org/sg/fr/formersg/ban.shtml

71 Son rôle est « d’apporter un appui aux organes intergouvernementaux dans l’élaboration de politiques, règles

et normes mondiales (…) et d’assurer la coordination et le suivi au niveau du système des Nations Unies de ses propres engagements en faveur de l’égalité des sexes ». Les Comités Nationaux de l’ONU Femmes existent dans 15 pays dont la France. ONU Femmes : https://www.onufemmes.fr/qui-sommes-nous/onu-femmes/

72 Déclaration de Beijing,

« encourager les hommes à apporter davantage de contributions en tant que défenseurs de l’égalité des sexes73 ».

Ainsi, le fil de l’objectif d’inclure les hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes est tissé depuis la toile politique internationale, en passant par des organisations et des initiatives locales.

4.1.1.2 White Ribbon Campaign

La seconde campagne significative et symbolique que nous avons retenue est celle de la White Ribbon Campaign, ou Ruban Blanc, initiée au Canada en 1991 à la suite du massacre de l’Ecole Polytechnique de Montréal, puis internationalisée. « Le ruban blanc représente le serment d’un homme, qui a juré de ne jamais commettre ou tolérer d’acte de violence à l’endroit des femmes et de ne jamais passer sous silence la violence faite aux femmes. La Campagne du ruban blanc est maintenant active dans plus de 60 pays, avec la collaboration des Nations Unies, des gouvernements et de la société civile aux quatre coins du monde.74 » Leur mission : « We challenge and support men and boys to realize

their potential to be part of the solution in ending all forms of gender-based violence.75 »

L’une des dernières campagnes est #20minute4change, incitant les pères à engager une discussion avec leurs fils sur le consentement76. L’un des fondateurs de White Ribbon

est Michael Kaufman77. Docteur en science politique, il a travaillé avec les Nations Unies

et est membre du Conseil Consultatif sur l’égalité des sexes du G7 (2018). Il est aussi auteur et engagé dans la promotion de l’égalité et de l’engagement des hommes dans la lutte. Il a notamment écrit un texte traduit dans de nombreuses langues, Les 7 « P » de la

violence masculine78 : Patriarcat, Privilège, Permission, Paradoxe du pouvoir des hommes,

l’armure psychique (mentale) de la virilité, la masculinité comme cocotte-minute psychique, les expériences du passé. Il vise à demander « pourquoi les hommes utilisent la violence envers les femmes ? » et en expose les « raisons paradoxales ». Ces réflexions sont, nous présente-t-il, aussi « pertinentes pour l’usage de la violence des hommes et des garçons envers les autres hommes79 ».

A travers ces deux campagnes significatives, la construction de la position des hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes est celle de modèle d’hommes en tant qu’hommes positifs, soutiens ou acteurs en faveur des causes défendues. C’est aussi une perception qui implicitement cherche, par des modèles positifs, à en faire émerger 73 Introduction par Dr Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe, Directrice Exécutive,

ONU Femmes, http://www.onufemmes.fr/wp-content/uploads/2017/01/BPA_F_Final_WEB.pdf

74 Minerson, Todd, Humberto Carolo, Tuval Dinner, et Clay Jones. « Dossier d’information - Mobiliser les

hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste ». Condition féminine Canada, 2011. http://whiteribbon.ca/wp-content/uploads/2012/12/crb_cfc_dossier.pdf. Consulté le 18 mai 2016

75 Site internet White Ribbon Campaign https://www.whiteribbon.ca/about.html 76 Campagne #20minutes4change : https://www.whiteribbon.ca/campaigns.html

77 « Born out of tragedy, white ribbon campaign seeks transformation », journal The Toronto Observer,

by Seljan Gryphon on Decembre 7th, 2008

78 « Les 7 « P » de la domination masculine » court-article de Michael Kaufman, 1999

http://ecbiz194.inmotionhosting.com/~micha383/wp-content/uploads/2009/01/kaufman-les-sept- c2ab-p-c2bb-de-la-violence-masculine-french.pdf

d’autres. L’idée sous-jacente s’apparente aussi à une stratégie de containment : de progressivement marginaliser et isoler ceux dont les comportements masculins violents deviennent intolérables et exclus par les pairs.

4.1.2 Freins et questions posés à l’intégration des hommes à la lutte contre les

violences faites aux femmes

Plusieurs freins sont notables dans la lutte contre les violences faites aux femmes, aux hommes. Ces oppositions relèvent, selon nous, d’une préoccupation autour des intérêts des femmes à défendre et du combat en leur faveur. Certains éléments ne constituent pas des freins mais des réflexions, des questions posées sur la manière de construire ces campagnes. Elles font échos aux intérêts posés ensuite de sensibiliser les hommes et des éléments d’étude sur les men et masculinity studies.

4.1.2.1 Freins financiers

Concernant les freins à communiquer aux hommes, le premier est celui de la question financière. Financer des programmes et des campagnes contre les violences faites aux femmes ciblant exclusivement les hommes viendrait se soustraire aux financements globaux de la lutte et donc à ceux accordés aux femmes. Or, la question de l’argent est un problème central : sans moyen, pas de dispositifs communicationnels ou autres. Plus généralement, le manque d’argent pour la lutte contre l’égalité est décrié. En France, le rapport initié par la Fondation des Femmes en 2016, Où est l’argent pour les droits des

femmes ? Une sonnette d’alarme, pointe le « sous-financement (…) pour l’égalité entre les

femmes et les hommes (…) insuffisant pour la mise en pratique de ces politiques par les acteur·trice·s de l’égalité80 ».

4.1.2.2 Question du niveau individuel et collectif de la cible

Ensuite, nous nous posons une question quant au niveau de la cible, individuelle ou collective. S’adresser aux hommes, en tant qu’individus, à l’instar des campagnes étatiques de santé publique, pose le même problème d’individualisation du phénomène, voire de psychologisation. Ce type de communication contreviendrait à la construction féministe du problème -les violences faites aux femmes s’envisagent collectivement et elles ne résultent pas d’actes isolés. Au-delà de ces deux risques, celui aussi de l’essentialisation peut apparaître. Ces éléments reprennent les éléments que nous avons développés à travers la définition des violences faites aux femmes.

En ce sens, parallèlement à la communication, la recherche envisage aussi ces risques. Ainsi, dans les études qui vont s’intéresser aux hommes violents, des précautions sont prises. Par exemple, De Neuter, qui s’intéresse aux violences masculines et aux racines de

80 Comité ONU Femmes Franc, Fondation des Femme, Fonds pour les Femmes en Méditerranée, Haut

Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, et W4. « Où est l’argent pour les Droits des femmes ? », septembre 2016.

http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_argent_et_ddf_2016_09_13_vf-2.pdf. Consulté le 18 mai 2018

celles-ci dans le couple, prend la précaution de « préciser que tenter de comprendre les mécanismes psychiques à l’œuvre dans les violences conjugales masculines n’implique pas que nous cherchions à minimiser la responsabilité des auteurs. Notre projet est d’élaborer une compréhension des causes en vue d’améliorer les traitements offerts par les cliniciens à ces hommes violents et à ces femmes qui souffrent et endurent cette violence masculine » (Neuter, 2013).

4.1.2.3 Frein et question du niveau individuel et collectif des violences

Le troisième frein ou problème posé qui nous semble pertinent de relever, est celui de l’objet de la lutte dans une communication ciblant les hommes. L’objet est-il celui de la violence au niveau de l’individu -e.g. un viol- ou au niveau collectif -e.g. la culture du viol ? Ce choix est signifiant et l’angle d’attaque est différent : s’adresser aux hommes / aux auteurs de violences ; définir ce qu’est un viol / ce qui participe à la culture du viol. La capacité à englober les comportements se pose également : actes violents qualifiant un viol, comportements et discours participant à la culture du viol.

4.1.2.4 Question sur l’angle du bénéfice

L’objet de lutte pose aussi la question suivante : à qui bénéficie le changement de comportements visé par les messages ? La communication s’intéresse-t-elle à changer les attitudes et les comportements masculins, c’est-à-dire la construction du genre et le construit masculin, pour lui-même -i.e. bien-être des hommes ? Ou s’intéresse-t-elle à sortir des injonctions du genre, dans les intérêts des femmes -i.e. refus et opposition à la violence, la sienne et celles des autres,- ou à agir contre les violences masculines.

4.1.2.5 Question de la place des hommes

Enfin, quatrième question, qui nous le pensons n’est pas la moins importante si nous devions hiérarchiser : la question de la prise de pouvoir dans le mouvement. Le féminisme, combat des femmes pour les femmes, pour leurs droits et contre les violences, en opposition aussi à l’invisibilisation des femmes dans l’Histoire, est un mouvement anticipateur, de prise de pouvoir et de capacité d’agir. Les féministes n’attendent pas d’être sauvées, slogan féministe de 1968 à l’appui : « Ne me libère pas, je m’en charge ! » repris par Clémentine Autain (2013) pour l’un de ses ouvrages. La présence des hommes pose ainsi question, à la fois en tant que cible de communication, mais aussi dans les mouvements féministes. L’appropriation de la cause, ou encore le détournement de ses objectifs peuvent constituer des freins (nous en avons discuté point 2.2, page 49). Cependant, cela ne signifie pas que les hommes n’y ont pas leur place : « Loin de moi l’idée que les hommes n’ont pas leur part à prendre dans cette affaire. (…) le féminisme est un combat politique, donc appropriable par toutes et tous, et que changer la place des femmes dans une société suppose de changer celle des hommes. L’émancipation féminine débouche sur une remise en cause de la masculinité » nous dit Autain (2013, p. 11).

Dans le milieu universitaire, où des recherches récentes s’intéressent aux violences masculines ou à l’engagement des hommes dans les mouvements féministes, des précautions sont prises. A l’instar de Neuter (2013), Jacquemart, qui présente dans son travail de thèse Les hommes dans les mouvements féministes français dans une perspective

socio-historique, précise en quoi cette recherche peut être conduite : les travaux ont reconnu la place centrale des femmes dans ces mouvements, les hommes y étant minoritaires. A la faveur de cette reconnaissance première, il est désormais possible de s’intéresser aux seconds, sans que cela semble vouloir invisibiliser à nouveau les femmes (Jacquemart, 2015, p. 18-19).

Enfin, pour illustrer notre argument quant au risque de récupération, au cours de nos années de recherche, un exemple flagrant d’occupation de l’espace féministe par un homme, de manière frauduleuse, s’est illustré par le plagiat. Le Petit Guide du féminisme

pour les hommes de Jérémy Patinier a ainsi été retiré de la vente, après que Noémie

Renard, auteure féministe, ait pointé les plagiats dont elle était victime81. Ce cas, ponctuel,

est pourtant très symbolique : le premier conseil d’un guide féministe écrit par un homme pour les hommes ne pourrait-il pas être de ne pas soustraire aux femmes leur discours ?

4.1.3 Intérêts à inclure les hommes dans la lutte contre les violences et

difficiles mesures des impacts

Nous citons, à partir des intentions exprimées de White Ribbon mais aussi de l’ONU, les intérêts à communiquer aux hommes. Nous concluons brièvement sur les problèmes constatés dans les mesures d’impact des dispositifs de lutte ciblant les hommes.

4.1.3.1 La question n’est plus « pourquoi », mais « comment »

Concernant les intérêts à inclure les hommes, ils sont évidemment mis en avant, par exemple, à travers l’ONU et White Ribbon, présentés plus haut.

Pour Minerson, directeur de la campagne de White Ribbon82, « la question

fondamentale n’est plus de savoir « pourquoi » nous devrions travailler avec les hommes et les garçons, mais de déterminer « comment » procéder ». A la question des atouts et des intérêts à communiquer aux hommes et plus largement, à les impliquer, plusieurs pistes se dessinent. Ces intérêts relèvent principalement de changement de la norme, des objets cognitifs et affectifs et des comportements, dont l’objectif est l’égalité est la lutte contre les violences masculines.

Les premiers relèvent du changement des normes sociales du genre, sous-jacentes aux violences faites aux femmes83. Plus qu’un changement, il s’agit de les rendre

« intolérables84 ». Cela nous évoque l’idée de marginalisation des comportements violents

81 « Un guide du féminisme pour les hommes retiré de la vente pour plagiat » par Bertrand Guyard,

journal Le Figaro Culture, publié le 13/06/2018 http://www.lefigaro.fr/livres/2018/06/13/03005- 20180613ARTFIG00136-un-guide-du-feminisme-pour-les-hommes-retire-de-la-vente-pour-plagiat.php

82 Minerson, Todd, Humberto Carolo, Tuval Dinner, et Clay Jones. « Dossier d’information - Mobiliser les

hommes et les garçons pour réduire et prévenir la violence sexiste ». Condition féminine Canada, 2011. http://whiteribbon.ca/wp-content/uploads/2012/12/crb_cfc_dossier.pdf. Consulté le 18 mai 2016

83 ONU Femmes « Pourquoi travailler avec les hommes et les garçons pour prévenir la violence à l’égard

des femmes et des filles ? » http://www.endvawnow.org/fr/articles/192-pourquoi-travailler-avec-les- hommes-et-les-garcons-pour-prevenir-la-violence-a-legard-des-femmes-et-les-filles-.html?next=193 Consulté le 28 septembre 2016.

84 ONU Femmes. « Leçons relatives aux messages clés ». http://www.endvawnow.org/fr/articles/1151-

et attitudes sexistes tolérées parce que normalisées, à l’instar de ce que Kaufman85

évoque : « isoler et marginaliser progressivement les hommes qui s’accrochent à leur pouvoir et à leurs privilèges ». L’idée est que les hommes s’impliquent dans le changement des normes86, par des prises de position, au niveau des pairs, au sein de ses

groupes sociaux d’appartenance (famille, amis etc.) Cette perspective, déjà comportementale, est celle où « les hommes remettent en question les croyances, les valeurs et les normes sociales qui tolèrent l’inégalité et les violences sexospécifiques, et [où] ils encouragent l’adoption d’idées alternatives sur la masculinité parmi leurs pairs et