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CHAPITRE 3. Résultats

4. Les formes de DDG, intentions et processus persuasifs

formes que revêt de DDG ? Par-là, quelle première typologie, première lecture flottante, peut-on construire ? Nous proposons ici, depuis notre méta-analyse, des formes de DDG. Imparfaites, elles sont néanmoins issues de notre analyse par lecture flottante et codifiant depuis plusieurs indicateurs le DDG. Nous précisons à chaque forme les intentions créatives et les processus persuasifs, qui correspondent aux questions de recherche secondaires de la question de recherche 4. Il s’agit de la question de recherche

5 : Quelles sont les intentions construites des créatifs, inférées aux créatifs, de ces

dispositifs de DDG ? Et de la question de recherche 6 : Quels sont les processus persuasifs et effets d’influence, construits a priori par l’analyste, que peuvent viser les

formes de DDG ? Notamment, nos intuitions initiales de recherche sur l’inconfort et l’empathie se retrouvent-elles ?

Ces formes sont des grandes lignes par lesquelles nous pouvons apprécier le DDG dans ses déclinaisons. Elles sont imparfaites au sens où leur qualification unique simplifie nécessairement l’hétérogénéité que chaque forme peut revêtir. Cela signifie aussi que des dispositifs auraient pu être classés dans deux formes mais qu’il a été nécessaire de faire un choix, aux dépens d’un autre.

Nous pensons que la quantification des formes n’est pas la donnée la plus importante à retenir : c’est davantage la qualification de ces formes qui fait sens. En effet, si l’inversion peut être la forme la plus souvent mobilisée du DDG, elle peut aussi être surreprésentée proportionnellement aux autres formes, car l’inversion est certainement la forme la plus « évidente » de DDG, la plus aisée à plus aisée à trouver et à référencer.

4.1 Forme de DDG : inversion du genre, des rôles sociaux sexués

4.1.1 Définition, limite, intention et violence

Près d’un quart des dispositifs collectés (23,7%, 82/346 dispositifs au total) correspondent à une forme de DDG qui inverse le genre, des rôles sociaux sexués. L’inversion du genre est la stratégie créative. Il s’agit ici d’intervertir les rôles sociaux sexués. L’inversion du genre manipule et interroge les systèmes de valeurs sur le féminin et le masculin. Elle ne déconstruit pas vraiment les normes de genre, mais elle les reproduit telles qu’elles s’imposent et assignent les individus, en faisant poser les injonctions sur le féminin aux hommes, et inversement. Il s’agit aussi de performer le genre conformément aux attentes, mais ces attentes sur le féminin sont performées par les hommes, et inversement. De même, les cibles de violences faites aux femmes sont les hommes et ces violences sont conduites par des femmes. En ce sens, si l’inversion manipule les valeurs, son revers est de garder une binarisation sexuée. Elle peut rendre compte de l’artificialité de la norme, du caractère construit des rôles, mais elle reste enfermée dans le processus de genrage des individus. Cependant, cette forme fait souvent appel au collectif et pas seulement à l’individu pour ancrer ses propos à un niveau collectif. Le genre, dans cette forme de DDG, prend le sens plutôt interactionnel : c’est par l’interaction que se construit l’asymétrie des relations. On pourrait ainsi rapprocher cette forme de la définition matérialiste de Delphy.

La plus grande limite de cette forme, l’inversion, est de rester dans la binarité de genre : les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Cette limite a son pendant positif : il s’agit de marquer la différence genrée dans les actes violents et dans l’illustration par le collectif, d’un système de domination.

Nous y voyons ici deux risques d’interprétation : la décrédibilisation de l’événement, en tant que situation jugée improbable, et le renversement. Le renversement peut prendre deux formes : le célèbre renversement ça arrive aussi aux hommes (déjouant le marquage genré des violences dénoncées), suivi de celui réassignant chacun·e à sa place.

En somme, l’argumentation logique de l’inversion du genre est plutôt déductive et réflexive : si dans une autre version de notre monde les rôles et la norme étaient inversés, et que je trouve ce monde, ces rôles et cette norme anormaux, alors pour pourquoi je ne vois pas dans notre monde l’anormalité de certaines situations -en particulier les violences et le sexisme.

Au-delà de l’argumentation logique, l’inversion est un procédé impressif, visant en premier les hommes : proposer, le temps du moment de réception, de se mettre dans les chaussures (à talon ?) des femmes, du moins, de faire l’expérience, par procuration et par effort empathique, du sexisme, de la menace et de la mise en jeu de soi à travers les agressions ou les représentations objetisantes.

Les intentions persuasives passent également par le trouble, en jouant sur les attentes faites par chacun·e sur le monde, et en particulier sur le genre, pour faire vaciller les récepteur·trice·s. Alors que l’inversion se découvre, l’idée est de susciter un inconfort émotionnel et cognitif, avant que l’équilibre puisse se rétablir. Il s’agit ici du processus de dissonance cognitive : éveil d’une dissonance suivie de l’inconfort émotionnel entrainant possiblement un changement d’attitude (Fointiat, Gosling, et al., 2013).

Un quart des dispositifs d’inversion du genre (24,4%, 20 dispositifs) traitent de plusieurs formes de violences : ce sont des violences multiples, transversales (harcèlement, insulte, agression, sexisme) qui semblent ainsi pointer le caractère à la fois individuel et collectif de ces violences. Les autres objets dénoncés en majorité dans cette catégorie sont plus ciblés : il s’agit d’objetisation et sexualisation des femmes dans la pub (11), du sexisme (11), ou encore de violences, inégalités et discriminations homo-lesbo- trans phobes (8). Ces lieux de violences, inégalités et discriminations s’envisagent eux aussi à un niveau collectif : la publicité constitue un espace partagé qui véhicule des représentations genrées, décriées, le sexisme s’inscrit également dans un système partagé, et enfin, les inversions liées aux sexualités ou identités de genre vont renverser la norme (hétérophobie, cisphobie) ou illustrer des personnages connus (la Chancelière allemande Angela Merkel lesbienne, des acteur·trice·s).

4.1.2 Exemple : court-métrage « Majorité Opprimée » d’Eléonore Pourriat

(2010)

Le court-métrage d’Eléonore Pourriat « Majorité Opprimée » (2010)149 (voir Annexe

B) construit un monde dystopique où les rôles femmes-hommes, le public le comprendra progressivement, sont inversés. A travers la journée du personnage principal, Pierre, la réalisatrice déroule les remarques infériorisantes qui lui sont faites, les sifflements dans la rue, les insultes, mais aussi une agression sexuelle, un dépôt de plainte où la policière remet en question le témoignage de la victime et une compagne culpabilisatrice.

Le film de 10 minutes qui se présente comme comédie qui devient grinçante, est ponctué aussi de ce sexisme ordinaire et de privilèges : les femmes courent torses-nus, 149 « Majorité Opprimée », Eléonore Pourriat, 2010, https://www.youtube.com/watch?v=kpfaza-Mw4I

elles occupent majoritairement l’espace public, ponctuent leurs discours de sexisme bienveillant ou hostile. Pierre, en tant qu’homme, est aussi blanc. Face à l’assistant paternel, Nissar, nouvellement « cagoulé » (pour le voile) à qui il dépose son enfant, Pierre tient un discours féministe et moralisateur, alors que lui-même a intériorisé certaines contraintes liées à sa condition. Nissar avouera quand même que c’est sa femme « qui veut ». Après son discours face au nounou, Pierre regardera tout de même à gauche et à droite avant d’oser ouvrir un bouton de sa chemine parce qu’il fait chaud. L’intériorisation de sa condition passe aussi par ses attitudes, il n’est pas surpris d’être abordé dans la rue, mais fatigué de cette situation. Sa tenue le rattrapera : il est abordé puis insulté par une femme sans-abris, qui le rappellera à l’ordre (genré) parce qu’il « dandine son petit cul, dans son petit bermuda bleu-marine ». La compagne de Pierre n’y manquera pas non plus, il ne faut pas s’étonner de se faire agresser, alors que Pierre l’a été sexuellement, quand on s’habille « comme un petit allumeur ».

Le film dessine ainsi à travers les discours, les images, les rôles des personnages et les violences le continuum de celles-ci. La répétition d’actes violents, la banalité des situations du point de vue des personnages, mais aussi les représentations des institutions (le mariage, la police) favorisent la mise en lien entre actes violents et dimension collective de ces violences. La découverte progressive de l’inversion et aussi le rythme crescendo du film marquent l’intention de malaise visée par la réalisatrice. Par ailleurs, l’intention de s’adresser aux hommes est aussi significative : se mettre dans les chaussures de Pierre pour voir, à travers la fiction, ce que peuvent éprouver les femmes en tant que femmes.

Eléonore Pourriat décrit sa production comme « œuvre de fiction (…) mais aussi une comédie » et exprime son intention : « Je veux l'égalité entre les hommes et les femmes : c'est tout ce que revendique mon film. Et pour cela, je continuerai à me battre à coups d'histoires, de répliques, de gros plans, avec mes moyens d'artiste, bec et ongles.150 » Elle

explique, plus précisément sur ses intentions : « d’essayer de faire ressentir, sinon faire comprendre aux spectateurs masculins qui n'ont pas forcément conscience de ce qui peut se passer, des discriminations envers les femmes et de leur faire prendre conscience de ça, (…) et d'en rire et d'en ressentir. Je crois qu'on est assez ému et assez bouleversé à la fin, on passe du rire à l'ordre de quelque chose de plus, relevant du malaise. Ce qui m'intéressait était de retranscrire ce que peut être une discrimination que l'on ne ressent pas forcément dans son quotidien.151 » Elle qualifie l’inversion dans cette même interview

par « l’absurde, l’ironie », une manière « d'interroger des fonctionnements, des comportements, des réactions, en les mettant en lumière par l'ironie » dans son article sur le Huffington Post.

150 Huffington Post, Les blogs, Eléonore Pourriat, le 7 juin 2014, mis à jour le 5 octobre 2016, « "Majorité

opprimée", bilan d'un succès à retardement », https://www.huffingtonpost.fr/eleonore-pourriat/majorite- opprimee-comment-expliquer-le-succes_b_4917100.html

151 Interview d’Eléonore Pourriat par L’Archipel contre-attaque, Nicolas Caudeville, 12 février 2014,

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/article-polemique-autour-du-genre-le-court-metrage- majorite-opprimee-tourne-a-perpignan-fait-le-buzz-sur-122520958.html

Ce film de 2010 a peu d’écho à sa sortie, il reçoit néanmoins le prix du meilleur court- métrage au festival de Kiev. Il connaît un « succès à retardement », en 2014, alors qu’il est mis en ligne sur YouTube en 2014, puis sous-titré avec plus de 9 millions de vues en un mois. En 2014, alors que le film s’internationalise et que les retombées presse affluent, la réalisatrice explique ainsi cet effet : « en France, il y a cinq ans, on me demandait si le féminisme était encore contemporain. Maintenant, mon film fait le buzz parce que les droits des femmes sont en danger, comme c’est le cas en Espagne avec la limitation de l’avortement, ou l’homophobie et le sexisme grandissant en France152 ».

Si la réception du film est plutôt positive dans la presse153 ou dans les retours reçus par

la réalisatrice, des retours d’internautes ont pu être aussi violents, comme en témoigne la réalisatrice dans son article : « Un internaute a été jusqu'à souhaiter le viol de toute l'équipe du film ! » Quant aux critiques négatives, elles ont porté sur la scène entre Pierre et Nissar, auxquelles la réalisatrice répond : « Dans certains articles, quelques messieurs m'ont accusée de racisme, de sexisme ou encore d'islamophobie. Est-ce faire preuve de tous ces délits que de traiter une femme voilée/un homme cagoulé par la dérision au même titre qu'un(e) sexagénaire, un(e) policier(e), un(e) blond(e), une bande de jeunes ? ». La réalisatrice poursuit : « Majorité opprimée est non seulement une œuvre de fiction (pas un documentaire ou un reportage) mais aussi une comédie. Dans mon travail de scénariste, j'ai toujours privilégié ce genre parce qu'il permet d'interroger des fonctionnements, des comportements, des réactions, en les mettant en lumière par l'ironie. Les femmes voilées font partie de la société dans laquelle je vis, et je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas en rire, comme je le fais de tous mes semblables. Je souris de cet homme cagoulé pour satisfaire sa femme, de même que je souris de ce père de famille condescendant et fort de ses certitudes d'homme libre. C'est ma politique d'intégration ».

4.1.3 Exemple : chronique Sophia Aram « Avec un viol toutes les 8 minutes, il

serait temps de refuser d’être traitée comme une chienne » (2015)

« Salut les garçons… mais c’est quoi qu’est-ce qu’il se passe ici il y a un lâcher de beaux gosses ou quoi ? (…) Hey, Bruno Duvic, il est à toi ce joli petit cul ? Hey dis-moi, dis-moi, c’est ton téléphone ou t’es juste content de me voir là ? Et les petites lunettes là à côté c’est qui ? C’est quoi son petit nom ? Thomas ! Thomas comment ? Thomas Legrand, hey c’est plus un nom c’est une promesse ma parole ! Et tout est grand comme ça chez toi ? Ouais tu dis non, tu dis non, mais tu sais que j’aime bien quand on me dit non, j’aime bien quand

152 Madame Le Figaro « La vidéo choquante d’un homme opprimé fait le buzz en Angleterre », Assma

Maad, 11.02.2014 http://madame.lefigaro.fr/societe/video-choquante-dun-homme-opprime-fait-buzz- angleterre-110214-717702

153 Des exemples de retombées presse à l’international positive au Royaume-Uni sur The Guardian, le 26

février 2014, « Oppressed Majority: the film about a world run by women that went viral », https://www.theguardian.com/lifeandstyle/womens-blog/2014/feb/11/oppressed-majority-film- women-eleonore-pourriat ou en Inde sur DNA, le 7 mars 2014 « Have you watched the Sex Exchange ?” http://www.dnaindia.com/lifestyle/report-have-you-watched-the-sex-exchange-1967505

on me résiste…154 » Sur 3 min 25 de sa chronique à heure de grande écoute sur France

Inter, Sophia Aram prend deux longues minutes pour mettre mal à l’aise les journalistes et invités hommes autour de la table du studio. Elle se joue d’une position masculine - contrairement au titre de la drague, de harcèlement, à ses pairs masculins de la radio, pour ironiser sur les propos tenus par Sophie de Menthon, qu’elle cite « être sifflée dans la rue, c’est plutôt sympa ». Et d’en conclure, dans un sens ou dans l’autre, se faire siffler ou harceler n’est pas plaisant. Après les noms d’oiselles donnés à Sophie de Menthon, « la fille de « J’aime ma boîte » » et aux autres « gourdasses se complaisant dans leurs rôles de teckel manucuré », Sophia Aram revient sur l’intériorisation des femmes et le contrôle dans l’espace public qu’elles vivent et subissent. Elle passe, non sans ironiser sur les violences sexuelles également, sur le chiffre de la fréquence des viols et de conclure, de façon polémique (faire appel à un tiers dans l’argumentation) « Avec un viol toutes les 8 minutes, il serait temps de refuser d’être traitée comme des chiennes ».

En 2015, l’affaire Weinstein n’a pas encore éclaté, ni les hashtag metoo ou balance ton porc, Catherine Deneuve et un collectif de 100 femmes n’ont pas encore écrit une tribune pour défendre une liberté d’importuner155 qui fera polémique. Mais en avril 2015 est

publié l’Avis du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes sur le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun156 avec le chiffre « 100%

des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou agressions sexuelles, conscientes ou non que cela relève de ce phénomène ». Le chiffre est largement relayé le jour-même dans la presse nationale157.

La publication de Sophie de Menthon sur Twitter et décriée par Sophia Aram dans sa chronique est en fait une réaction, le même jour, face à ce chiffre publié, que la presse a aussi relevé158.

En ce sens, l’inversion des rôles et la thématique prise par Sophia Aram dans sa chronique ont un caractère événementiel : le contexte médiatique est précis, le style ironique pour pointer et décrédibiliser une réaction allant à l’encontre des intérêts de la lutte contre les violences. Sophia Aram se joue dans sa performance radio audiovisuelle 154 Chronique de Sophia Aram dans le 7/9 de France Inter, le 20 avril 2015, « Sophia Aram drague

l’équipe de la matinale en direct » https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-sophia-aram/le- billet-de-sophia-aram-20-avril-2015

155 La tribune de 2018, sur Le Monde, 9 janvier 2018, « Nous défendons une liberté d’importuner,

indispensable à la liberté sexuelle », https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/09/nous-defendons- une-liberte-d-importuner-indispensable-a-la-liberte-sexuelle_5239134_3232.html

156 Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes sur le harcèlement sexiste et les violences

sexuelles dans les transports en commun, 16 avril 2015, « Avis sur le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun » http://www.haut-conseil-

egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hcefh_avis_harcelement_transports-20150410.pdf

157 Par exemple, L’Express, 16 avril 105, « 100% des femmes ont déjà été harcelées dans les

transports » https://www.lexpress.fr/actualite/societe/100-des-femmes-victimes-d-harcelement-sexiste- dans-les-transports-en-commun_1671800.html ; ou 20 minutes, 16 avril 2015, « Harcèlement dans les transports: «100% des femmes ont déjà été victimes» » https://www.20minutes.fr/societe/1587751- 20150416-harcelement-transports-100-femmes-deja-victimes

158 Par exemple, sur le Huffington Post, 16.04.2016, « Sophie de Menthon trouve "plutôt sympa" de se

faire siffler dans la rue, son tweet crée la polémique » https://www.huffingtonpost.fr/2015/04/16/sophie- de-menthon-plutotsympa-siffler-harcelement-de-rue-tweet-polemique_n_7076816.html

de ses collègues, du public aussi, et de celle dont la réaction participe d’un sexisme aussi partagé par les femmes. Sophie de Menthon n’est pas la cible ni le sujet de la chronique, elle est une sorte de trampoline sur lequel Sophia Aram rebondit, une opportunité d’expression de révolte de la chroniqueuse qui par ailleurs s’attaque souvent aux thématiques liées aux droits des femmes.

Sophia Aram balaie ainsi plusieurs types de violences, harcèlement, agression sexuelle et sexisme, avec ironie et distance critique, et pointe aussi la participation de certaines femmes au système de domination, qu’elle marginalise « à part quelques gourdasses… ». Elle use aussi d’analogie contextuelle (« la main aux fesses dans le cadre d’une envie commune » versus « dans la rue ou dans le métro, et sans aucune autre forme de procès ») ou historique (« même s’ils semblent loin les temps préhistoriques où une femme ne pouvait pas se pencher pour trouver de l’eau dans la rivière sans qu’un abruti ne l’attrape par derrière ») pour marquer le caractère social, culturel et contractuellement évident des différences entre drague et sexualité d’une part, harcèlement et agression d’autre part.

4.2 Forme de DDG : Visibilisation de l’auteur de violence et

renversement de la culpabilité

4.2.1 Définition, limite, intention et violence

Une autre tendance de forme de DDG est celle de la visibilisation de l’auteur de violence et le renversement de la culpabilité. Cette forme générique -qui comporte quelques déclinaisons, représente 86 dispositifs, soit près d’un quart de la BDD (24,9%).

Elle peut prendre la forme de jeu visuel, de représentation iconique ou textuelle ou à l’inverse d’hyperréalisme, avec une forte tendance à dénoncer et renverser la culpabilité sur l’auteur. Nous avions initialement nommé cette forme en ajoutant qu’elle accentuait les caractéristiques de l’auteur de violence. Or, après étude des dispositifs, il s’agit moins d’accentuer ses caractéristiques que de les rendre visibles. Nous n’avons plus retenu l’accentuation car il s’agit, dans cette catégorie, très souvent de reprises d’éléments existants : les histoires semblent ne pas s’inventer, mais préexister à l’histoire qui est