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CHAPITRE 2. Les leviers de la lutte contre les violences faites aux femmes et la

2. Les mobilisations féministes

Nos lectures sur les violences faites aux femmes et la lutte contre celles-ci nous conduisent à considérer l’importance des mobilisations sociales dans les avancées sociales et sociétales sur ces violences. Agissant en contre-pouvoir, en contre-publics subalternes (Fraser, 2001), les mouvements féministes sont à l’origine d’agitations sociales ayant une influence positive dans l’émergence de la problématique des violences faites aux femmes, avec des avancées législatives Jarpard (2011).

Notre curiosité est attirée par l’influence de ces mobilisations féministes, laquelle est souvent mentionnée dans nos lectures, mais peu approfondie. Nous souhaitons alors étudier, dans les recherches conduites dans des disciplines voisines (sociologie, philosophie et science politique), dans quelle mesure les mobilisations sociales féministes

fon(den)t l’émergence de cette problématique. Finalement, notre curiosité est plus

qu’assouvie, puisqu’il y a pléthore de recherches sur cet objet. Nous avons donc souhaité faire un point sur cette littérature afin de comprendre ce qu’en disent celles et ceux qui ont étudié ce phénomène des mobilisations sociales féministes comme facteur d’émergence, de politisation et d’imposition dans l’agenda collectif (actualité, politique) des problématiques des violences faites aux femmes et plus largement, des préoccupations féministes. Notre point de départ sera de trouver ce que signifie et recouvre le terme de « mouvements féministes ». Puis, nous nous intéressons à ses contre-mouvements, antiféministes. Nous abordons ensuite les liens entre mobilisations féministes et recherches, à travers le concept de genre. Puis, nous nous intéressons à leur influence sur le processus législatif, à leur influence mesurée sur la mise à l’agenda et les politiques publiques. Enfin, inversement, nous voyons l’influence d’une mise à l’agenda d’une problématique sur la mobilisation.

2.1 Définitions croisées

Les définitions relatives aux mobilisations ou mouvements féministes affirment, premièrement que mouvements de femmes et mouvements féministes ne sont pas synonymes. Deuxièmement, ces définitions s’ancrent dans une perspective où le genre est un construit. Ainsi, Gerhard (2004), en sociologie, indique que « il faut préciser d’emblée que toute action politique menée par des femmes et dans lequel le fait d’être femme constitue le motif de l’organisation commune, ne relève pas nécessairement du féminisme. Sinon, on encouragerait la naturalisation et l’essentialisation de la différence des sexes, alors que sa mise en question, son dépassement et sa redéfinition ont

précisément constitué la raison principale de la révolte et de l’émergence du féminisme moderne ». Cette perception est partagée par Jenson et Lépinard (2009), en science politique, (citant Karen Beckwith) « « mouvement de femmes » peut signifier des mouvements de droite ou antiféministes aussi bien que des mouvements de gauche ou féministes, mais exclure la mobilisation des femmes au sein d’autres mouvements sociaux ».

Troisièmement, amorcé par les distinctions faites, ce qui qualifie un mouvement féministe est l’objectif, la visée d’émancipation. Gerhard (2004) exprime ainsi que « de manière pragmatique et condensée, nous dirons que le féminisme désigne l’ensemble des tentatives menées par des femmes pour leur reconnaissance, leur autodétermination, leur participation politique et le respect de leurs droits. L’objectif visé est double (…) » Jenson et Lépinard (2009) convergent également en ce sens, puisqu’il est possible de rapprocher, dans leur hétérogénéité, les mouvements relevant d’une démarche féministe, telle que (mentionnant Mary Dietz) : « le féminisme est un mouvement à la fois global et local, social et politique, qui présuppose un contenu normatif doublé d’un objectif d’émancipation. »

Quatrièmement, car les définitions se superposent superbement, elles mettent en jeu un objectif double, invoquant chacune les dimensions individuelles et collectives de l’objet de la lutte. Pour Gerhard (2004), « l’objectif visé est double : d’une part la libération ou la liberté de décision de chaque femme en tant qu’individu, et d’autre part, la transformation fondamentale de la société et de son ordre des genres ». Quant à Jenson et Lépinard (2009), évoquant « un contenu normatif doublé d’un objectif d’émancipation », elles poursuivent : « Ainsi, ses objectifs peuvent être variés (renverser la domination masculine, mettre fin à la discrimination, assurer la libération sexuelle des femmes, faire advenir une prise de conscience ou féminiser la démocratie) et sont énoncés au nom de principes normatifs eux aussi variés (l’égalité, les droits, la liberté, l’autonomie, la dignité, la reconnaissance, le respect, la justice...) Cette définition permet de distinguer entre des mobilisations de femmes et une mobilisation féministe ».

Concluant respectivement leurs définitions, Gerhart (2004) met l’accent sur une distinction entre des mouvements sociaux opposés aux intérêts féministes, quand Jenson et Lépinard (2009) pointent que le qualificatif féministe s’entend historiquement. Chaque définition rappelle et pointe également la visée égalitaire et la poursuite d’un combat contre les inégalités, discriminations et violences en tant que phénomènes sociaux. Ainsi Gerhart (2004) exprime que : « A vrai dire, la recherche sur les mouvements sociaux a aussi intégré dans ses analyses les mouvements conservateurs, réactionnaires et surtout totalitaires et extrémistes. Pour les féminismes, je voudrais néanmoins préciser que la pertinence d’une utopie et les chances de réussite d’une politique féministe -et cela caractérise l’histoire des féminismes modernes depuis la Déclaration des droits de la

femme d’Olympe de Gouges en 1791 – sont liées à des principes radicalement

démocratiques et à une conception des droits humains incluant les droits de la femme ; l’objectif étant d’abolir les rapports sociaux inégalitaires que sont les rapports entre les

sexes et, par-là, la mise sous tutelle, la discrimination et l’oppression des femmes en tant que femmes ». Quant à Jenson et Lépinard (2009), elles expriment que « toutefois, elle [une mobilisation féministe] ne limite pas non plus le féminisme à la période contemporaine ou à la deuxième vague, ni à la condition d’auto-identification d’un mouvement comme féministe. Cette définition met en outre l’accent sur les inégalités entre hommes et femmes, les discriminations ou les violences, comme autant de faits sociaux, de produits de relations sociales et non de circonstances individuelles ».

Une mobilisation ou un mouvement féministe se distingue d’un mouvement de femmes, au sens où cette perception d’une part serait essentialiste et où d’autre part, son objet est justement une opposition à ce prisme naturalisant. S’excluent ainsi les mouvements ayant une autre visée ou allant à l’encontre des intérêts des femmes, y compris des mouvements de femmes. Ces mouvements féministes visent une perspective d’émancipation dans une visée individuelle et collective et finalement politique, de changement. Leurs objets peuvent être variés, en faveur des intérêts individuels des femmes -leurs droits par exemple, et collective -dimensions normative ou de transformation de la société, comme le rejet du patriarcat et des normes genrées. La visée est clairement égalitaire, opposée aux inégalités, discriminations et violences, et appréhendant ces phénomènes comme sociaux et construits.

2.2 L’opposition des mouvements antiféministes ou masculinistes

Des mouvements antiféministes ou masculinistes s’opposent aux mouvements féministes. L’antiféminisme, ou backlash, se définit comme une attaque du féminisme portant sur « une objectivisation des femmes en fonction des fantasmes masculins, une remise en cause des gains féministes des décennies précédentes au nom du dualisme sexuel, de la complémentarité et de la hiérarchie des sexes » explique Faludi (Trat et al., 2006).

Cet antiféminisme peut s’opposer au « féminisme d’Etat » - désignant « l’intégration de féministes et d’enjeux féministes dans l’appareil étatique (…) dans les institutions étatiques, y compris les politiques publiques et sociales » (Dupuis-Déri, 2013) L’auteur parle alors d’« antiféminisme d’Etat », désignant un « contre mouvement (…) une résistance explicite (quoique l’antiféminisme puisse prétendre à des fins rhétoriques qu’il n’est pas antiféministe, et même qu’il est féministe) et organisée au féminisme, dans le but de s’opposer aux revendications, aux actions et aux acquis, voire à l’existence du mouvement féministe ». Il peut prendre différentes formes : « antiféminisme religieux (avant tout chrétien (…) et surtout « anti-choix »), nationaliste, mais aussi « proféminisme », l’antiféminisme libéral [« qui propose une conception individualiste et prétend que l’égalité entre les sexes est atteinte, et que les femmes comme les hommes jouissent de la même liberté face aux mêmes opportunités »]) et le masculinisme ».

La position masculiniste prétend ainsi que « le féminisme est « allé trop loin » et que les hommes -et surtout les pères séparés ou divorcés- souffrent aujourd’hui en raison de la domination des femmes en général et des féministes en particulier ». Le masculinisme

est aussi désigné comme « un état d’esprit à l’égard des hommes et des femmes, qui tend à affirmer que les premiers sont victimes des « excès » des secondes. (…) Le remède, entend-on encore murmurer, ce serait que les femmes soient rappelées à l’ordre (…) cette idéologie, en fait très ancienne (…) a pris, au cours des dernières décennies, la forme d’une mouvance d’une radicalité extrême dont l’objectif non avoué, mais évident, est d’entraver la liberté des femmes que les acteurs de cette mouvance ne considèrent pas comme leurs égales » (Palma, 2010).

Fait intéressant, alors que les masculinistes s’opposent aux féministes, certains « ne rechignent pourtant pas à se servir de travaux féministes pour étayer leur démonstration » dans le but de relativiser les violences faites aux femmes (Bourge, 2013). En détournant des concepts, comme le sexisme, s’envisageant au pluriel chez les masculinistes, il s’agit alors de « laisse[r] entendre que le sexisme ne serait pas un système de discrimination lié au genre (entendu comme relation de pouvoir), mais une simple manifestation de violences physiques et psychologiques dans les couples en général ». Les leviers d’influence des masculinistes reposent sur « quelques groupes de pression et des sites internet » mais aussi « le soutien de personnalités publiques » nous dit Bourge.

Ces mouvements antiféministes et masculinistes cherchent à avoir une influence, au niveau politique et peuvent se matérialiser différemment : « sous forme de déclarations publiques, de lobbying, d’attaques juridiques, de vigiles, de manifestations, de perturbation d’événements féministes, etc. » (Dupuis-Déri, 2013). L’auteur y voit aussi son infusion, par l’antiféminisme d’Etat, à travers des « gouvernements ou partis antiféministes », notamment les gouvernements de « droite conservateurs et néolibéraux [qui] nuisent aux intérêts des femmes et bataillent pour réduire l’influence des féministes », des « fonctionnaires antiféministes » mais aussi à travers les institutions. Pour ces dernières, il évoque des « responsables de la condition masculine nommés », se positionnant sur des approches différentes et signifiantes entre les « intérêts des femmes » versus « l’égalité », ouvrant la voie « pour que des groupes d’hommes viennent se présenter comme partenaires dans la recherche de l’égalité et, conséquemment, comme admissibles à l’octroi de ressources jusqu’alors dédiées aux femmes ». Enfin, il évoque, à l’instar de Bourge, le « lobbying » de ces contre-mouvements auprès des organisations politiques.

2.3 Le genre : concept central approprié par les féministes et le

milieu de la recherche

Si certains détournent et éludent le concept de genre à l’instar des masculinistes, ce concept est un élément central dans les mobilisations féministes, mais aussi dans la recherche sur les violences faites aux femmes. Il n’est presque pas surprenant que les opposants au féminisme s’attellent à ce nerf (de la guerre). Ils tentent de le « discréditer » de « rendre l’existence de leur combat [masculiniste] légitime » auprès « des pouvoirs publics et des médias en matière de lutte contre les violences faites aux femmes » (Bourge, 2013).

Or le genre est un concept central dans les mobilisations féministes et dans la recherche féministe qui va s’attaquer notamment aux violences faites aux femmes. Fassin (2008) retrace avec précision l’introduction du genre, -son appropriation et sa continuation- dans les champs des mobilisations féministes et des recherches féministes, qui deviendront les recherches sur le genre. Fassin explique ainsi que le « genre n’est pas seulement un savoir, c’est aussi, inséparablement, un pouvoir. (…) Le féminisme va entreprendre non seulement de poursuivre la logique de dénaturalisation engagée depuis John Money et Robert Stoller autour de la catégorie de genre, mais de renverser leur perspective, pour substituer à l’entreprise de normalisation une opération critique ». Si le concept de genre connaît une introduction asymétrique dans le champ des recherches féministes entre la France et les Etats-Unis, les liens entre mobilisations féministes et recherches féministes n’y sont pas étrangers : « la plupart des chercheuses françaises envisagent-elles le terme gender avec prudence, voire avec méfiance, pour lui préférer, justement, les « rapports sociaux de sexe » : elles craignent en effet que le genre n’occulte les femmes, ou plus précisément les rapports de domination qui constituent la différence des sexes. La réticence est donc d’abord d’ordre politique. C’est aussi qu’elles sont plus proches que leurs consœurs américaines de leurs origines militantes, car plus éloignées de la constitution d’un champ autonome qui en redéfinit les termes outre-Atlantique. »

Simonetti (2016, p. 682) résume succinctement cette influence des mobilisations sociales sur la recherche puis sur les politiques : « les années 1970 demeurent décisives pour le développement du champ de recherche sur le genre et la violence. Sous l’impulsion du mouvement des femmes, les féministes abordent la violence contre les femmes selon une veine protestataire et produisent une littérature qui alterne récits de souffrance et de rage, et des travaux se situant au carrefour de l’action militante, de l’observation empirique et de l’analyse critique des rapports de domination entre les sexes ».

Bereni et al. (2012, p. 7) sur les années 1970 l’expriment de manière similaire : « la riche tradition intellectuelle qui s’est développée depuis les années 1970 à proximité ou dans le sillage des mouvements féministes ». « L’approche consistant à contester le déterminisme biologique et à analyser les rapports de pouvoir entre les sexes a connu son essor dans le prolongement des mouvements féministes dits de la deuxième vague, qui ont émergé à partir des années 1970 dans la plupart des pays occidentaux. Après une période « militante », marquée par leur imbrication dans l’agenda des mouvements féministes, ces études sont entrées dans une phase d’institutionnalisation » (Bereni et al., 2012, p. 10). D’ailleurs, l’empreinte militante, pour traiter du genre, se maintient : « les perspectives les plus militantes constituent selon nous un apport fondamental à la réflexion sur le genre, et le concept de genre tel que nous l’entendons vise à rendre compte de dimensions aussi bien matérielles que symboliques » (Bereni et al., 2012, p. 14).

Les années 1970 marquent ainsi un tournant, où les mobilisations sociales dites de la seconde vague imposent un discours pointant le « politique » des affaires jugées relevant du « privé », à l’instar de la sexualité, de la contraception, et « gagnent » des combats par des reconnaissances législatives. Elles sont précédées des féministes dites de la première

vague, de la seconde moitié du XIXe siècle, lesquelles plaidaient pour le droit de vote ensuite acquis. Cette contestation de la première vague a été conduite « d’abord, d’une manière discrète, à travers des mobilisations féminines variées dans la « société civile », puis plus frontalement par des mobilisations féministes centrées autour de la revendication au droit de suffrage » (Bereni et al., 2012, p. 214). Après ces deux premières vagues ont suivi des féministes dites de la troisième vague (1990-), empreintes de la précédente (Lamoureux, 2011), voire d’une quatrième vague encore en question, liée notamment à la mobilisation en ligne (Bertrand, 2018).

L’émergence d’antiféminisme, que Fassin (2008) situe dans les années 1990, apparaît alors que fleurissent les revendications féministes et des avancées sociétales en ce sens. Le genre apparaît à la suite d’oppositions antiféministes, dans un contexte déjà politisé sur ces questions : « Ce qui change à la fin des années 1990, ce n’est donc pas la politisation, déjà inscrite dans le paysage français au début de la décennie ; c’est la légitimité de cette politisation ». Introduit dans le monde universitaire, médiatique et politique, le genre peut aussi perdre sa dimension critique initiale, celles des mobilisations féministes et de la recherche universitaire, en devenant un outil « normatif », alors que les « politiques de l’Etat s’approprient le concept que le féminisme avait détourné, pour transformer le regard critique en projet normatif ».

Le genre, emprunté aux études psycho-médicales, est ainsi approprié par les mobilisations féministes et les recherches féministes. Les liens entre ces deux champs sont forts : tant aux Etats-Unis qu’en France, à la différence que dans cette dernière, les liens y sont pudiques. L’exemple donné par Rebreyend (2013) est ainsi éclairant. Elle illustre cette distance asymétrique des deux côtés de l’Atlantique avec la préface de l’ouvrage d’Anne Fausto-Sterling Sexing the body. Pour son édition états-unienne (2000), Rebreyend pointe que Fausto-Sterling « rappelle combien des éléments personnels et politiques peuvent imprégner les points de vue scientifiques. Elle ne cache pas son parcours féministe militant et n’hésite pas à donner des données sur sa vie privée (…) « d’hétérosexuelle déclarée » (…) « d’homosexuelle déclarée » avant de se trouver en « situation de transition » ». Dans l’édition traduite en France du même ouvrage (en 2012) Rebreyend analyse que la chercheure et féministe américaine, en préface, « insiste sur sa formation scientifique ».

Pourtant, l’introduction du genre dans la recherche féministe, devenue recherche sur le genre, constitue un « tournant majeur en science politique et en sciences sociales en général (…) l’opposition entre des recherches sur les femmes et des recherches féministes qui structurait ce champ d’études a été remplacée par une typologie qui distingue les recherches axées sur les femmes et utilisent comme concept central le sexe, et celles qui mobilisent le concept de genre » (Jenson & Lépinard, 2009). Après 30 ans de variations du genre en France en sciences humaines (Fassin, 2008), Bertini (2009b) pointe « l’urgence d’un gender turn » en SIC et Coulomb-Gully (2009), dessinant le panorama de l’introduction du genre dans notre discipline, situe ce gender turn, au début des années 2000. Les deux auteures pointent l’intérêt d’une poursuite des études en SIC et Genre.

Alors que le genre infuse et s’envisage dans des disciplines en sciences humaines, mais aussi en biologie (reprenons l’exemple de Fausto-Sterling (2012)) ou neurobiologie (par exemple, (Vidal, 2013)) à travers le prisme critique, ce sont des questions épistémologiques qui se posent, dans notre discipline mais aussi aux sciences naturelles (Bertini, 2009b; Coulomb-Gully, 2010; Vidal, 2013), en philosophie (Dorlin, 2008), dans des disciples variées (Couchot-Schiex et al., 2018).

Nous avons tenté d’illustrer, par un croquis, l’influence du féminisme, ou plutôt les liens forts entre mobilisations féministes et recherches, à travers le concept de genre. Bien que ce panorama soit imparfait -mais par ailleurs ne constitue par le cœur de ce que nous souhaitons développer ici- nous nous intéressons maintenant, en ayant mieux défini ce que signifie mobilisations féministes, ses contre-mouvements et l’importance du genre, aux influences de ces mobilisations féministes sur la/les politiques.

2.4 Influence des mobilisations féministes et question au

militantisme

La recherche en science politique, vraisemblablement plus développée qu’en SIC, offre pléthore de prismes pour envisager les mobilisations féministes et leur influence. Certains de ces travaux abordent la question du militantisme des mobilisations féministes.

Précisons de prime abord que cette revue de la littérature vise à pointer, à travers les recherches conduites par leur auteur·e·s, l’importance des mobilisations sociales, infusant et influençant la politique et les politiques publiques (Boussaguet & Jacquot, 2009; Leca, 2012), c’est-à-dire qu’elles se situent « entre la sociologie politique et l’analyse des politiques publiques », et la recherche.

Il s’agit par exemple des degrés de militantisme des organisations féministes, liés aux conditions de leur création, à leur évolution entre les années 1970 et 2000 et la question de la salarisation et de la professionnalisation, ayant aussi un impact interne et sur les valeurs défendues (Flahault & Loiseau, 2008).

Il peut s’agir aussi, au-delà de la professionnalisation, de la question de l’autonomie économique des organisations féministes, d’une appropriation de la cause par les institutions, un « processus s’assimilant à un encastrement administratif, établissant une coupure avec le militantisme (…) une remise en cause de la grille de lecture dénonçant le patriarcat et la domination masculine comme cause de ces phénomènes » (Herman, 2011) La recherche s’intéresse aussi au transfert d’une cause premièrement défendue par des mobilisations féministes : l’exemple de Boussaguet (2009) est celui des violences sexuelles sur les enfants, mais reprises ensuite par d’autres acteurs (association de