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RÉFLÉCHIR – QUESTIONNER – CHERCHER Liberté de penser et pensée critique

Dans le document Balises pour l’alphabétisation populaire (Page 102-106)

« C’est parce que l’homme ne peut jamais aliéner sa liberté de penser qu’il est un homme,

c’est-à-dire un être sinon libre, du moins susceptible de l’être, en tout cas digne de l’être. »

René Galichet

« La pensée, ou le raisonnement, constitue la caractéristique distinctive de l’être humain, lui

permettant de se situer par rapport à lui-même, à autrui, au monde réel, de se comprendre lui-même, de comprendre autrui, le monde et d’agir avec et sur lui-même, autrui, la réalité,… Elle est au cœur de toute action, de toute activité, de tout savoir… La pensée ne peut exister sans un moyen de symbolisation, langages et langues, qu’elle contribue à développer en retour, ni sans l’échange avec autrui, dont le rôle est essentiel et indispensable. Elle n’en constitue pas moins le produit d’une construction personnelle, radicalement individuelle. » Colette Dartois

Se poser des questions :

fixer son attention sur des éléments de l’environnement, s’étonner, s’indigner, être

curieux, vouloir savoir et comprendre, méditer ;

poser des questions, remettre en question, douter.

Développer attitudes et démarches de recherche et d’analyse critique : se représenter la situation ;

questionner, problématiser, rechercher des explications, confronter ;

observer, expérimenter, se documenter, distinguer faits, opinions, émotions ; analyser la situation, repérer les logiques, les possibles, les contradictions, les pro-

cessus ;

débattre, délibérer, interroger, argumenter ; imaginer, créer, inventer, modéliser, abstraire,…

Mobiliser et développer, en situation, l’ensemble des processus mentaux : attention ;

perception, observation, comparaison ; classification, sériation, analogie ;

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SE SITUER

La construction d’une relation avec le monde, avec les autres et avec soi-même qui ques- tionne, qui «  construit en problème  », rejette tout fatalisme, toute impuissance, toute oppression qui nient que l’apprenant puisse être l’auteur et l’acteur de sa vie.

Réfléchir sur soi-même pour se reconnaitre, travailler le rapport à soi et aux autres,

reconstruire identité et estime de soi (voir page 69).

S’estimer et se faire confiance : reconnaitre ses potentialités d’action dans un contexte

donné, prendre conscience de ses qualités, pouvoir les exprimer, savoir affronter le regard des autres, avoir le respect de soi et des autres.

Acquérir les repères de temps et d’espace (historiques, géopolitiques, spatiotemporels, mathématiques,…) nécessaires pour réfléchir sur soi-même et comprendre sa situation :

Se situer dans sa propre histoire et la situer dans celle de sa famille, de son groupe

social, de son pays, du monde,…

Situer sa situation personnelle dans un contexte plus vaste. Comprendre ses

difficultés de lecture et d’écriture, par exemple, impliquera de s’informer sur l’analphabétisme dans le monde, et d’en comprendre les causes, de faire appel à l’histoire de l’écriture, à l’histoire de l’école, à l’histoire du travail, aux pédagogies et à sa manière d’apprendre…. Mais aussi de situer son histoire et de la comparer à celles des autres personnes du groupe ou de son entourage, d’en analyser les points communs et différences, de problématiser et de rechercher des explications, d’envisager des actions permettant d’arrêter la « fabrique de l’illettrisme »,…

Se situer dans les divers espaces signifiants : environnement immédiat, ville, pays,

monde, univers, sans oublier de situer la formation et se situer par rapport à elle.

Pourquoi et comment je suis en formation ? Quelles situations insatisfaisantes à transformer ? Quel engagement ? Quelles difficultés ? Quels atouts ? Quels droits ?

Se situer et analyser ses relations et rapports de pouvoir entre soi et les autres, soi et le monde.

Situer ses connaissances et ses apprentissages : être conscient qu’on n’est pas

nul, savoir nommer ses atouts, ses émotions, ses capacités ; connaitre ses modes d’apprentissages, prendre conscience de ses modes de perception, de raisonnement.

Évaluer les effets de ses apprentissages. Identifier ce qui les freine et ce qui les facilite.

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COMPRENDRE LE MONDE

Rapport au monde, aux autres, à soi

« Un des facteurs les plus importants de l’oppression et de l’inégalité sociale est que beaucoup

d’entre nous ne savent pas lire le contexte sociopolitique dans lequel nous vivons. Nous ne connaissons souvent ni nos droits à revendiquer, ni le système qui nous contrôle, ni les lieux de pouvoir susceptibles d’être influencés par une action de contestation. Même quand nous sommes conscients de l’injustice et de l’oppression, nous avons souvent du mal à les nommer, à les problématiser. Dans ce sens, nous sommes tous plus ou moins politiquement illettrés. »

(Ouvrage collectif, Pratiques émancipatrices. Actualités de Paulo Freire)

Comprendre le monde, c’est aussi se donner les moyens « d’affronter les défis sociaux et

de freiner le dépérissement démocratique que suscite, dans tous les champs de la politique, l’expansion de l’autorité des experts et spécialistes de tous ordres, qui rétrécit progressivement la compétence des citoyens ». Ce qui nécessite d’« affronter la complexité pour appréhen- der, comprendre et, qui sait ? résoudre les problèmes auxquels la société est confrontée. »

Edgar Morin

Accéder à l’information et aux savoirs, clés de compréhension du monde, indis-

pensables pour :

connaitre son environnement et s’y situer ; comprendre l’actualité ;

développer une analyse et une compréhension critique et systémique de ce

qui se passe autour de nous et dans le monde (voir Démarche de recherche page 92) ;

affronter l’incertitude et les crises du monde.

Ce qui nécessite d’acquérir les savoirs nécessaires à la compréhension des enjeux géo- politiques d’un monde global ainsi que les questions de société, dont les questions « politico-technico-scientifiques » qui font aujourd’hui débat (nucléaire, OGM, intelli-

gence artificielle, etc.).

Relier les connaissances des différents acteurs (apprenants, formateurs,…) et les

savoirs des différentes sciences. Acquérir la possibilité de les articuler et de les organiser. Percevoir et concevoir le contexte, le global (la relation tout/parties),

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CONSTRUIRE ENSEMBLE

« Retrouver l’intelligence collective du ‘pouvoir avec’ : le pouvoir collectif d’entreprendre un

combat, une action. » Majo Hansotte

« Un processus d’éducation populaire implique la rencontre, la discussion et la confrontation

à l’autre et aux autres. Il est collectif et repose sur la reconnaissance des capacités de chacun à nommer ce qu’il vit, à l’analyser et à agir pour le transformer. Cette expression structurée et confrontée développe un savoir propre et permet de construire une identité collective. »

Marina Mirkes

« Une pédagogie émancipatrice passe par l’acquisition voulue, organisée, outillée et systéma-

tisée de comportements de solidarité. » Francis Tilman

Au-delà d’un vivre ensemble qui ne serait qu’un modus vivendi de communautés ou de personnes vivant l’une à côté de l’autre, il s’agit d’apprendre à « agir avec », à « penser et décider avec », à « pouvoir avec », pour construire ensemble des apprentissages et des

savoirs, une compréhension mutuelle, une société commune. Soit de nouveaux rapports au savoir, aux autres, aux valeurs, au pouvoir, au monde, basés sur la participation, la coopération, la solidarité, la réciprocité, la confrontation des points de vue.

Ce qui implique :

de construire ensemble un cadre clair et sécurisant basé sur les principes démocra-

tiques du gouvernail des Intelligences citoyennes (présenté page 77) ;

de partager écoutes et paroles ;

de partager expériences, ressources, cultures, éthique, esthétiques, capacités et

savoirs de tous ;

de confronter ses pratiques et ses stratégies d’apprentissages à celles des autres ; de confronter des points de vue, de travailler les conflits, de mener débats et

délibérations argumentés ;

de faire de la diversité une chance pour chacun et pour tous ;

d’établir des liens, de se relier, de construire une confiance réciproque ; de se décentrer ;

d’expérimenter le collectif, le travail en groupe, de nouveaux modes d’apprentis-

sages et d’exercice du pouvoir ;

de mettre en œuvre des projets collectifs et actions politiques communes et

conscientes ;

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Dans le document Balises pour l’alphabétisation populaire (Page 102-106)