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4 Les différents moments et fonctions de l’évaluation – « La ronde du temps »

Dans le document Balises pour l’alphabétisation populaire (Page 138-141)

5 Les outils d’évaluation au service de la formation

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5.1 La Roue sous ses différentes formes – Outil d’analyse

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5.2 Des toiles d’araignée – Grilles d’autoévaluation

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5.3 Mes chemins d’apprentissages – Portfolio des apprenants

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5.4 L’utilisation de Mes chemins d’apprentissages

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6 « La ronde du temps » – Quelques mises en pratiques

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6.1 Accueillir en formation

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6.2 Soutenir pendant la formation – Les évaluations continues

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6.3 En fin d’une période de formation

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PARTIE 5

BALISES POUR

L’ÉVALUATION

BALISES POUR L ’ÉV AL U A TION 129

Développer des pratiques d’évaluation émancipatrices est un enjeu important de l’al- phabétisation populaire et de ce cadre qui vise notamment à formaliser les pratiques de formation et d’évaluation et à soutenir l’apprenant dans la maitrise de son parcours de formation.

L’évaluation permet prise de distance, prise de parole et prise de pouvoir sur les appren- tissages et sur leur place dans la vie. C’est un outil de participation, impliquant l’ensemble des acteurs de la formation avec des enjeux individuels et collectifs :

enjeux individuels d’apprentissage mais aussi de reprise de pouvoir pour les appre- nants : le pouvoir d’être auteur de l’évaluation, le pouvoir de prendre distance, de comprendre les processus en train de se dérouler et d’avoir prise sur eux, le pouvoir d’affronter les prescripteurs de tout type ;

enjeu collectif pour les groupes d’apprenants lorsqu’il s’agit de participer à la construction des critères d’évaluation des apprentissages, de la formation ou des projets menés et de savoir s’ils ont eu les effets escomptés.

Pour accompagner les pratiques d’évaluation, des méthodes et des outils d’analyse, d’éva- luation et de formalisation des processus d’apprentissages, de formations, de savoirs, de pouvoirs sont proposés :

La Roue en format plan, présentée dans la partie précédente pour construire les projets, les analyser et situer les apprentissages réalisés.

Mes chemins d’apprentissages, portfolio des apprenants pour garder mémoire et traces des apprentissages, les organiser, s’y arrêter, les mettre à distance, les évaluer.

Des grilles d’évaluation sous forme de toiles d’araignée permettant de définir sur quoi portera l’évaluation et quels en seront les critères, en s’appuyant sur la Roue. Tant les formateurs que les apprenants pourront s’appuyer sur ces outils d’évaluation pour construire, analyser, expliciter et visibiliser projets et apprentissage.

Comme tous les autres outils et modes d’actions de l’alphabétisation populaire, les pro- cessus d’évaluation sont émancipateurs s’ils sont en cohérence avec les principes des pédagogies émancipatrices qui invitent à mettre au centre la solidarité du groupe et le sens qu’a la formation pour les apprenants (voir partie consacré à l’alphabétisation populaire). L’évaluation sera émancipatrice si elle s’insère naturellement dans le pro- cessus de formation et travaille le rapport à soi, le rapport aux autres, le rapport au pouvoir et le rapport au savoir. Elle « tricote » ensemble processus d’égalité, processus d’autorisation qui vise le développement du pouvoir d’agir, processus d’apprentissage qui vise l’acquisition de savoirs émancipateurs, processus de réflexivité.

L’évaluation implique de réguler la dynamique de groupe, d’évaluer les effets et impacts en lien avec le sens de la formation, les projets menés ainsi que les apprentissages des savoirs de base. Les outils d’évaluation proposés sont conçus pour réguler et non pas pour positionner rapidement dans une logique administrative de contrôle, de tri et de sélection dénoncée page 133.

Avant de présenter ces nouveaux outils, qui sont amenés à s’enrichir, et quelques exemples de leur mise en pratique, cette partie clarifie particulièrement la notion d’évaluation des apprentissages et distingue ses différents aspects.

BALISES POUR L ’ÉV AL U A TION 130

1 ÉVALUATION : DE QUOI PARLE-T-ON ?

1.1 L’enjeu de l’évaluation en alphabétisation

populaire

« Ce n’est pas compris », « C’est excellent », « Ca n’avance pas », « Tu lis mieux », « Ils ont un petit niveau », «Ils parlent bien », « Les progrès sont faibles », « Ça sert à rien ce qu’on fait », « Avec vous, on travaille bien».

Le quotidien des formateurs et des apprenants en alphabétisation est ponctué de ces affirmations. Ces prises de position régulières sur le vécu en formation sont des manières implicites d’évaluer. Or, sur quoi reposent ces déclarations ? Des évidences ? Des obser- vations ? Avec quels critères ? Quels outils ? Comment celui qui entend ces jugements le concernant peut-il les comprendre sans savoir sur quoi ils reposent ? Comment, à partir de déclarations relevant plus d’une impression très générale, avoir une vision claire du processus d’apprentissage en train de se dérouler et agir dessus ? Comment s’éman- ciper, renforcer son autonomie sans partage des outils de pensée ?

Ce cadre de référence et les outils d’évaluation proposés invitent à passer d’une évalua- tion implicite à une évaluation explicite, avec pour enjeu la maitrise par l’apprenant de son parcours de formation et de la maitrise par le groupe des processus d’apprentissage.

Les personnes et les groupes en alphabétisation ont souvent une image de soi dépréciée, une tendance à se sous-estimer, à se soumettre au formateur, ils peuvent être en attente de situation scolaire ou encore porter les stigmates des souffrances d’école. L’évaluation va les doter d’outils pour tenter de dépasser ces freins au pouvoir d’agir qui les traversent et apprécier le chemin parcouru et à parcourir. L’évaluation, construite au fil du processus avec les groupes en formation est la condition du partage du pouvoir entre apprenants et formateurs, du « penser ensemble » l’action de formation.

En participant à une formation en alphabétisation, les personnes vont vivre la transfor- mation d’une situation initiale insatisfaisante vers une situation plus favorable : passer d’une situation où l’on n’ose pas ouvrir son courrier à une situation où l’on comprend les lettres que l’on reçoit, d’une situation où l’on n’ose pas sortir de chez soi à une situation où l’on apprend à débattre dans un groupe, d’une situation où l’on ne sait pas tenir un stylo à une situation où l’on peut compléter un formulaire, d’une situation où l’on se sent isolé à une situation où l’on participe à une association de son quartier…

Avoir une maitrise de ses apprentissages est se rendre compte des transformations vécues, de celles souhaitées et des moyens d’y parvenir. L’évaluation garantit ces temps réflexifs de mise en lumière des savoirs, des stratégies et des effets et, ceci, dès l’entrée en formation, pour atteindre les enjeux de l’alphabétisation populaire :

BALISES POUR L ’ÉV AL U A TION 131

L’évaluation est indispensable. Sans évaluation, la formation n’est plus un processus

coconstruit mais est soit un programme niant les apprenants en présence et leurs pro- jets soit une addition de contenus désorganisés. L’évaluation est ainsi indispensable au processus de formation. C’est en évaluant que le formateur peut avoir une vision des impacts des projets, de son mode d’action, du sens des objectifs poursuivis et des conte- nus travaillés et peut les modifier si nécessaire. C’est en évaluant que les apprenants vont pouvoir observer, analyser les effets de la formation dans leur vie ainsi que tous les changements dans leur acquisition de compétences et de savoirs.

Dans le document Balises pour l’alphabétisation populaire (Page 138-141)