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Dans le cadre de la remise en état végétal du site de Méric, la ville a procédé à des interventions légères qui visent à préserver les qualités champêtres et écologiques du site sans compromettre la mise en place d’un projet global d’aménagement ultérieur lors de la précision d’une vocation politique des bâtiments et du site public. Pourtant, à travers les prescriptions végétales recommandées sur le site, préfigurent des priorités et des thématiques d’aménagement construites autour de deux priorités paysagères (cf. esquisse du projet) :

*La reconstitution patrimoniale d’un cadre paysager agricole et champêtre susceptible d’avoir inspiré le peintre impressionniste.

*La préservation de la diversité végétale d’une site autrefois cultivé puis abandonné comme terrain en friche et îlot de reconquête de la nature en ville.

De façon plus précise, les interventions principales concernent :

- La construction de vergers conformément aux vergers préexistants sur les terrasses :

L’histoire de Mas Méric a révélé en effet la pratique de l’agriculture fruitière dès le XVIIe siècle, notamment dans les plaines de vignes complantées d’oliviers et d’amandiers, sur les terrasses basses qui épaulent visuellement le domaine et au niveau de l’allée d’honneur aujourd’hui plantée de vieux pins .

En 1992, la ville présente un projet de replantation de vergers sur les terrasses du domaine en s’appuyant sur les vestiges de fruitiers existants : figuiers, amandiers, jujubiers :« L’histoire du Mas de Méric montre que la partie horticole (fruitiers, potager...) correspond depuis le XIXe siècle à un aspect paysager et traditionnel de l’économie domestique d’une famille bourgeoise de Montpellier :

« Aussi, le Service des Espaces Verts envisage aujourd’hui la remise en valeur d’un verger ornemental dans l’esprit des anciennes cultures du 19ème siècle en se fixant trois objectifs :

- Une intégration paysagère du verger à l’ensemble du parc à l’anglaise, ce qui implique une cohérence de composition, un choix d’essences à floraison et fructification visuellement attrayantes, une sélection de ports d’arbres variés (espaliers, treilles, gobelets, cordons...)

- Un choix d’espèces et variétés de fruitiers typiques de la région méridionale ou introduite dans l’Hérault avant la fin du XIXe siècle pour offrir aux visiteurs une collection variétale riche, évoquer l’ancienne vocation agricole du site et les expérimentations agronomiques de l’ancien propriétaire Gaston Bazille.

- Une information du public sur les fruitiers présentés notamment leur date d’introduction, les usages et traditions par rapport aux fruits, le mode de culture, etc...

Ce site exceptionnel pour sa qualité paysagère et son histoire nous amène à procéder à des aménagements paysagers avec un grand souci de rigueur méthodologique et historique. »13

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Selon extrait d’une présentation du projet de restauration du parc dans la Déclaration du Conseil Municipal du 20 juin 1992

Les service espaces verts collaborent avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier et un spécialiste de l’histoire des variétés fruitières, le directeur du Centre de Pomologie des Cévennes, pour le choix rigoureux d’essences fruitières susceptibles d’avoir été plantées au XIXe siècle, notamment des figuiers « Pastillère », des amandiers « Princesse », à la dame, « Marcona rose », des pommiers « Api étoile », des poiriers « Bon chrétiens d’été », des abricotiers « Royal », des jujubiers d’origine non chinoise.

Au total, 42 arbres sont plantés et gérés pendant 2 ans par une pépinière agricole. Les essences rares sont fournies par des pépinièristes collectionneurs de vieilles variétés.

En parallèle, dans un souci de mémoire des traces de cultures anciennes, il est constitué un alignement de figuiers dans l’axe principal du Parc pour prolonger l’amorce de la perspective créée au XIXe siècle par des figuiers existants et des bosquets de baliveaux de fruitiers sur le pourtour de la grande prairie .

Une esquisse dessinée en 1992 révèle un projet d’un carré de vignes qui ne fut pas réalisé ultérieurement (cf. plan du projet).

* La recicatrisation des lisières de garrigue

Dans les espaces de recolonisation végétale du site, notamment les versants boisés, les abords du mur de clôture de la rue Ferrand, le petit bois à proximité du domaine, la ville gère et complète les plantations en tentant de recicatriser les lisières de garrigue avec les essences spontanées identifiées sur le site.

En particulier, le projet de plantation du parking est exprimé comme tel dans une présentation d’appel d’offres aux élus le 12-09-1993 :

« Pour ce faire, nous avons adopté un parti d’intégration du parking au boisement adjacent, en plantant de manière dense et informelle cet espace par des essences communes à l’état spontané : Frênes, Pins pignons, Pins d’Alep, Erables champêtre ou de Montpellier . De même, nous avons traité les transitions entre le parking et son environnement par des créations de bosquets-lisières faits d’arbustes typiques de ce lieu (pistachiers lentisques et térébinthes, arbousier, baguenaudier, buplèvre ligneux, laurier tin...) » Dans certains lieux sensibles, le gestionnaire utilise les vocabulaires et des méthode de plantation qui s’apparentent à celles d’un naturaliste qui travaillerait sur la préservation de la flore d’une réserve naturelle.

* La grande prairie fleurie

Dans un premier temps, en 1992, le service d’espaces verts mit en œuvre son projet de prairie naturelle ouverte à tous les usages remplaçant une ancienne vigne de deux hectares. En particulier, dans un rapport de présentation des objectif en 1992, il est écrit :« La grande plaine anciennement destinée aux cultures des vignes est couverte aujourd’hui d’une vaste prairie rustique. Le service des espaces verts entendait utiliser cet espace comme champ d’activités libres sans surcharge du site par des équipements quelconques ».

L’idée de prairie non arrosée, faite d’adventices et de fleurs saisonnières, ouverte aux jeux de ballons et aux pique-niques, fut concrétisée pour la première fois dans la ville dans le domaine de Méric pour conforter à la fois l’image d’espace de loisirs liés à la campagne et le souhait de renouvellement du paysage végétal annuel dans la prairie.

A partir de 1995, cette expérience fut approfondie esthétiquement par la création d’un motif champêtre éphémère : une prairie d’espèces messicoles qui apporte un fleurissement campagnard dans une ville méditerranéenne au printemps : le champ est labouré. Un agriculteur sème des lins bleus, des coquelicots, des centaurées et des phacélies. Cette gestion est répétée tous les 2 ans en variant la composition de semences.

Au printemps, la prairie fleurie est laissée haute sur 2 hectares. En fin de printemps, la fauche sélective est pratiquée en préservant des îlots choisis pour des raisons esthétiques, à la façon de la gestion du « jardin en mouvement » énoncée par G. Clément. L’été, pour des raisons de sécurité contre l’incendie, la prairie sèche est fauchée ; à l’automne, la prairie verte est coupée et le foin mis en ballots sur le site après fructification. Ces manipulations sont réalisées par un agriculteur pour des raisons économiques et techniques, et non par le service technique. Le projet s’appuie à la fois sur des références picturales pour l’interprétation sur le terrain des tableaux impressionnistes du XIXe siècle, et de façon plus contemporaine sur le Land art pour la mise en œuvre d’un fragment monochrome printanier de 2 hectares dans la ville, un peu dans l’esprit des projet du paysagiste Jacques Simon. Cependant, il participe aussi à la biodiversité du parc par l’apport de nouvelles espèces annuelles et bisannuelles qui n’y existaient pas.

*Un schéma directeur paysager d’ensemble : les différentes entités paysagères

Le parti d’aménagement du service des espaces verts repose essentiellement sur la conservation des traces historiques et sur les potentialités existantes du site. Selon les concepteurs, le parc doit réunir des unités spatiales contrastées tant dans les formes que les ambiances qui renvoient aux diversités d’usage dans la mémoire agricole et familiale du lieu :

-Le jardin anglais, ponctué d’essences exotiques prestigieuses sur une prairie fleurie traversée par un cheminement en calade qui mène à l’orangerie et au lavoir.

-Des terrasses intimes, fermées sur elles -même par des haies bocagères comprenant des fruitiers, des figuiers remarquables et des petits murets. Elles constituent des entités à l’échelle de l’homme animées par une fontaine rurale, un porche en voûte végétale, des vues sur l’église de Castelnau.

-La prairie fleurie, espace ouvert, libre d’usage sur une surface de deux hectares, premier plan des terrasses et du domaine historique perçus dans le loin. Elle est encadrée par le bois méditerranéen et un cheminement bordé de lisières de coronilles.

Sa forme est rectangulaire, calquée sur l’ancienne parcelle de vignes.

- Le boisement dense, spontané n’a pas fait l’objet de restructuration depuis un siècle et correspond à un échantillon de garrigue de pins parasols réunissant toutes les composantes de sous -strates arbustives et arborées.

- La ripisylve en friche du Lez s’étale de part et d’autre de la rue de la Draye, composée de frênes, de chênes blancs, chênes verts et platanes. Elle est marquée par quelques végétaux exotiques plantés au 19ème siècle comme le séquoia géant. La rupture avec le boisement méditerranéen est franche, de part et d’autre d'un dénivelé dans le versant du parc.

Au total, de façon simplifiée, cinq unités paysagères caractérisées par une mémoire, une ambiance, une composition, une palette végétale différentes, voire même contrastées peuvent être distinguées.

Planche photos 11: le Parc Méric

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