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Le programme de promotion de la conduite pacifique dans des écoles

2. LES ÉTUDES ÉVALUATIVES SUR L’ÉDUCATION À LA PAIX

2.1 L’évaluation de programmes axés sur la promotion des conduites pacifiques

2.1.1 Le programme de promotion de la conduite pacifique dans des écoles

Le rapport de Rondeau, Bowen et Bélanger (1999) traite du programme de promotion de la conduite pacifique mis en place par le Centre Mariebourg dans cinq écoles primaires du Nord-Est de Montréal. Ce centre Mariebourg est un organisme sans but lucratif qui œuvre pour prévenir la violence auprès des jeunes et leur famille. Le programme comporte deux objectifs d’intervention. Le premier est de conscientiser, sensibiliser et former les intervenants de l’école et tous les élèves au

développement des habiletés sociales et à la résolution de conflits interpersonnels. Le second consiste à sélectionner, former et encadrer des élèves du deuxième cycle du primaire à être médiateurs pour agir et prévenir des conflits sociaux entre les élèves, par la médiation.

Rondeau et al. (1999) ont non seulement évalué l’implantation du programme faite de façon progressive sur deux ans, mais aussi les effets de ce programme. L’évaluation de l’implantation comporte trois objectifs: identifier les éléments des activités, repérer les conditions favorables permettant d’intégrer le programme dans les activités du milieu scolaire et cerner le degré d’appropriation du programme par les milieux. L’évaluation des effets vise à évaluer, d’une part, les retombées des actions des élèves-médiateurs sur leur propre développement social et affectif, ainsi que sur le climat social de l’école et, d’autre part, les effets à long terme du programme.

L’implantation a été réalisée par dix intervenants externes auprès de 1197 élèves lors de la première année à raison de 15 heures par semaine et auprès de 2122 élèves durant la deuxième année pendant 10 heures par semaine. Les résultats proviennent de l’analyse des informations recueillies dans les procès-verbaux hebdomadaires, les bilans semestriels et les feuilles de route établies par les médiateurs. Les auteurs considèrent que l’approche qualitative est recommandée pour l’analyse de ce type de programme sachant qu’il n’existe pas de modèle universel.

L’évaluation de l’implantation de la médiation a consisté à mesurer l’écart entre les prévisions et les attentes exprimées par les intervenants et la réalisation effective sur le terrain. De façon concrète, les élèves-médiateurs ont reçu une formation théorique et pratique basée sur des techniques d’écoute et de communication pendant dix heures. Le travail par équipe de quatre à cinq médiateurs a consisté à résoudre des conflits mineurs tels que des bousculades, des malentendus, des moqueries ou des suites de batailles dans la cour de récréation. Les résultats

montrent une diminution de la fréquence des conflits. Une grande majorité des élèves a apprécié la présence des élèves-médiateurs, même si certains auraient préféré régler les problèmes sans les médiateurs. Il ressort que les élèves du premier cycle ont eu recours aux médiateurs bien plus que ceux du deuxième cycle. Enfin, les élèves- médiateurs ont occasionnellement fait état de frustrations en raison des moqueries d’élèves du deuxième cycle à leur endroit. Les résultats montrent également que les membres du personnel de l’école ont participé activement à la médiation. Cependant, les chercheurs ont relevé le manque d’encadrement des élèves-médiateurs.

Tout au long des deux années d’implantation, les chercheurs ont observé une appropriation partielle du programme. En effet, ils ont constaté que les attentes envers le programme étaient liées essentiellement à la réduction de la violence dans les écoles, alors que la promotion d’habiletés sociales pacifiques est au centre du programme. De plus, ils ont remarqué que ce programme demande une implication soutenue qui peut décourager. Lors de la mise en œuvre du programme, l’appropriation par le personnel scolaire a été très variable d’une école à une autre. Le retrait progressif des intervenants externes devait constituer le premier élément déclencheur qui vise à provoquer l’appropriation. Les chercheurs ont aussi relevé que l’intégration de nouveaux élèves, et le roulement du personnel scolaire et de direction dans les écoles ont demandé certaines adaptations au programme et ont pu nuire ou favoriser le processus d’implantation et d’appropriation.

L’étude des effets a visé à évaluer les impacts du programme sur l’ensemble des élèves ainsi que l’effet différentiel de recevoir le programme sur un an et sur deux ans. Les mesures ont été réalisées deux fois par an, ce qui a représenté 28 collectes de données pour évaluer certaines dimensions relatives aux élèves. Différents instruments ont été utilisés: le Questionnaire d’évaluation du comportement au primaire évalue les dimensions de prosocialité, de retrait social et d’agressivité; le Répertoire des habiletés sociales a trait aux dimensions de contrôle de soi et d’expression; le questionnaire Self perception profile for children concerne les

compétences scolaires et sociales, le comportement et l’estime de soi; une évaluation sociométrique complétée par chacun établit la préférence sociale de chaque élève dans son groupe; des entretiens menés selon le Social problem solving interview (SPSI) évaluent la capacité de chacun à résoudre des conflits.

Les analyses statistiques des données recueillies montrent que les retombées du programme VLP diffèrent en fonction de la durée d’implantation et le type d’élèves-médiateurs ou non médiateurs. Les élèves semblent apprécier les activités présentées lors des ateliers. Des effets significatifs sont soulignés pour l’ensemble des élèves des écoles ayant participé au programme. Les acquisitions d’habiletés au plan socio-cognitif s’associent à des modifications du comportement comme l’utilisation du message-je, en lien avec les objectifs des ateliers. Par exemple, l’élève acquiert des habiletés comportementales pour résoudre des conflits, il est plus à l’écoute de l’autre et exprime plus d’empathie à son égard. Le personnel de l’école a aussi donné aux élèves une certaine confiance en eux-mêmes et des responsabilités pour régler un conflit. L’étude souligne une diminution de l’agressivité et du retrait social et une augmentation du contrôle de soi chez les élèves-médiateurs. En effet, pour remplir sa tâche de médiateur, l’élève développe le contrôle sur lui-même et le calme afin de devenir un modèle de conduite. Les résultats suggèrent que les retombées positives du programme se produisent par étapes quand il s’échelonne sur plus d’une année et de façon séquentielle. Cependant, certains résultats paraissent se contredire et les retombées du programme varient d’une école à l’autre en raison de la diversité des environnements scolaires. Par conséquent, les auteurs préconisent un complément à cette recherche pour évaluer plus précisément les habiletés développées dans le cadre du programme VLP.

2.1.2 La résolution de conflits et la médiation par les pairs dans des écoles