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1. LE CONTEXTE DU MONDE CONTEMPORAIN: ENTRE GUERRE ET

1.2 Toujours en Europe: la Deuxième Guerre mondiale et la réponse politique en

1.2.2 L’Organisation des Nations Unies

C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que l’Organisation des Nations Unies (ONU) a été formée. Comme pour la SDN, c’est en réponse aux atrocités de la guerre que cette institution est fondée, dans l’urgence du maintien de la paix.

Dès 1941, le président Franklin Roosevelt pour les États-Unis et le premier ministre Winston Churchill pour le Royaume-Uni signent la Charte de l’Atlantique. Cette Charte définit les principes d’une organisation idéale du monde d’après-guerre

et introduit le terme de « Nations Unies » pour la première fois. Puis, à la suite des négociations de Dumbartan Oaks et de Yalta, ce projet des Nations Unies se précise. Et, lors de la conférence de San Francisco (25 avril-26 juin 1945)2, regroupant

l’ensemble des acteurs du conflit, la Charte des Nations Unies est rédigée selon un principe majeur: éviter la violence au niveau international (Lewin, 2006). Ainsi, une nouvelle réponse politique en faveur de la paix est apportée le 24 octobre 1945 avec la création de l’ONU, marquant réellement la fin de la SDN.

Cette institution promeut les notions de droit, de justice, de dignité, d’égalité, de tolérance et la valeur de la personne humaine. Ses objectifs essentiels visent non seulement le maintien de la paix, la sécurité internationale et la coopération, mais aussi le développement des relations amicales entre les nations et des droits fondamentaux de l’homme (Sciora et Stevenson, 2009). Cependant, innovation par rapport au texte de la SDN, l’ONU permet l’usage de la violence à l’encontre d’un agresseur en cas de légitime défense. En 1945, le préambule de la Charte des Nations Unies en fait état:

Nous, peuples des Nations Unies Résolus

- à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances;

- à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites;

- à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international; - à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande;

2 La conférence de San Francisco est nommée: 25 avril-26 juin 1945.

Document téléaccessible à l’adresse <http://www.larousse.fr/encyclopedie/groupe- homonymes/conférences_de_San_Francisco/143028>. Consulté le 22 novembre 2013.

Et à ces fins

- à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage;

- à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales; - à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu’il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l’intérêt commun; - à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous les peuples.3

Dans ce préambule, l’engagement « à préserver les générations futures du fléau de la guerre » est spécifié. Cette fois encore, la notion de guerre est convoquée en premier lieu, alors que celle de la paix n’apparait qu’au cinquième aliéna réservé à l’individu dans lequel on considère que la tolérance permet de « vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage » et, au sixième aliéna, dans un point de vue international (Durand, 2008).

Par ailleurs, le 10 décembre 1948 constitue une date très importante pour l’ONU: c’est à cette date qu’elle a adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cette déclaration constitue un texte fondateur de l’éducation à la paix (Hermon, 1997). Elle contribue à relancer le débat sur un des éléments essentiels de la paix: le respect des droits de l’homme (Grossi, 2007). Actuellement, cette déclaration étendue à l’échelle de la planète semble la seule à vouloir protéger les hommes de la violence, de l’inégalité, de l’exploitation et en quelque sorte des différents maux de la terre (Ernst, 2002).

Depuis sa création, l’ONU joue un rôle primordial pour promouvoir la paix et contrer la guerre à travers ses six organes principaux: le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, le Conseil de tutelle, la Cour internationale de justice, l’Assemblée générale et le Secrétariat dirigé par le Secrétaire général. Aussi, penchons-nous sur son Conseil de sécurité qui vise le maintien de la paix. Dès 1945

3 Charte des Nations Unies. Préambule. Document téléaccessible à l’adresse

et jusqu’à nos jours, cinq membres permanents, vainqueurs de la guerre (Chine, États- Unis d’Amérique, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni) sont désignés et pourvus du droit de véto. Compte tenu de sa composition, la décision suprême ne dépend que de cinq nations, dont plusieurs sont européennes. Pour assurer sa responsabilité de maintien de la paix, le Conseil de sécurité dispose de la possibilité de recourir à l’action militaire pour faire cesser une guerre. Or, en ce début du XXIe

siècle, la composition du Conseil de sécurité n’est plus représentative des populations ou des religions de notre monde contemporain (De Senaclens, 1998). L’Inde ou les États d’Afrique, entre autres, n’en font pas partie, de même que le Brésil et le Japon. Ce défaut de représentation et cette inadaptation au monde contemporain entraînent un manque de légitimité et, de ce fait, l’ONU risque de devenir entièrement anachronique (Bertrand, 1986). Il n’en demeure pas moins que l’ONU, organisation de grande importance, et notamment grâce au Conseil de sécurité, devrait représenter l’humanité aussi bien dans sa diversité sociale, culturelle, cultuelle, raciale qu’au point de vue du genre (Sciora et Stevenson, 2009).

En terminant, il est important d’ajouter que la Charte des Nations Unies définit ses buts et ses principes dès son chapitre I, dans son article 1, selon des orientations précises:

1. Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin: prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l’ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix;

2. Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde;

3. Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l’homme et

des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion;

4. Être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes.4

Dès les deux premiers points de son article 1, le but essentiel de l’ONU est indiqué: celui d’éviter la guerre et de maintenir la paix. Malgré cela, durant la Guerre froide, seul le concept de maintien de la paix était communément employé. Après 1990, de nouveaux concepts, soumis par l’ancien secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros-Ghali, ont été énoncés, en particulier, dans l’Agenda pour la paix, en 1992 (Devin, 2009). Des taxonomies ont été précisées et quatre expressions phares ont été retenues: le maintien de la paix, le rétablissement de la paix, l’imposition de la paix, la consolidation de la paix (David, 2006).

Au fil des années, l’ONU s’est dotée d’une vingtaine d’institutions spécialisées agissant dans des domaines d’activités très diversifiés allant de la santé à l’agriculture jusqu’au financement du développement, toujours dans un objectif de recherche de solutions pacifiques. Ainsi, l’ONU a mené d’importantes actions en faveur de la paix: elles sont si nombreuses qu’elles ne peuvent être citées dans ce travail. Même si ses implications et ses réalisations ont permis le plus souvent de rétablir la paix, en ce début du XXIe siècle, des conflits perdurent et sont encore

d’actualité.

4 Charte des Nations Unies. Chapitre I. Document téléaccessible à l’adresse

<http://www.un.org/fr/sections/un-charter/chapter-i/index.html>. Consulté le 25 novembre 2013.

1.3 Dans le monde actuel: des conflits armés nationaux et internationaux et la