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Les critères de choix et la sélection des modèles de paix

4. LA TROISIÈME ÉTAPE DE LA RECHERCHE: LA CONCEPTION DU

4.1 Les critères de choix et la sélection des modèles de paix

Pour concevoir le contenu du matériel pédagogique, il nous a semblé important de prendre des modèles qui, en apparence, n’ont rien de commun entre eux afin d’apporter une diversité. En ce sens, nous espérons que les participantes et participants pourront se reconnaitre ou se sentir concernés par ces personnes à la fois semblables et différentes.

Les critères de sélection des modèles de paix ont porté sur une diversification à partir des éléments suivants: l’époque, la nationalité, le genre, la culture et le culte, le champ d’activités. Ainsi, nous avons choisi le Mahatma Gandhi, Mère Teresa, Martin Luther King, Wangari Maathai et Cheikh Ahmadou Bamba. Nous les présentons en fonction des critères retenus et des événements marquants de leur vie.

- L’époque: deux personnalités de la fin du XIXe siècle, non-lauréates du prix Nobel

de la paix (le Mahatma Gandhi et Cheikh Ahmadou Bamba), et trois autres du XXe

siècle, lauréates (Mère Teresa, Martin Luther King et Wangari Maathai). L’époque dans laquelle les modèles de paix ont vécu se rapporte à la période étudiée dans notre problématique, partant de la Première Guerre mondiale à nos jours.

- La nationalité: un Indien (le Mahatma Gandhi), une Albanaise (Mère Teresa), un Américain (Martin Luther King), une Kényane (Wangari Maathai) et un Sénégalais (Cheikh Ahmadou Bamba). Ainsi, les cinq modèles de paix sont d’origine de quatre continents différents.

- Le genre: nous avons retenu deux femmes (Mère Teresa et Wangari Maathai) et trois hommes (le Mahatma Gandhi, Martin Luther King et Cheikh Ahmadou Bamba).

- La culture et le cultuel: nous avons choisi un hindou (le Mahatma Gandhi), une catholique (Mère Teresa), un protestant (Martin Luther King), une animiste (Wangari Maathai) et un musulman (Cheikh Ahmadou Bamba).

- Le champ d’activités: là encore, nous avons voulu rester dans la diversité de leurs œuvres: l’indépendance de l’Inde (le Mahatma Gandhi), l’aide aux plus démunis (Mère Teresa), l’égalité des droits civiques pour les Noirs (Martin Luther King), l’action environnementale (Wangari Maathai) et la construction d’une cité de paix (Cheikh Ahmadou Bamba).

Par ailleurs, précisons que nous avons voulu choisir des modèles de paix décédés pour pouvoir étudier et analyser leur vie entière. De ce fait, le Dalaï Lama ou Aung San Suu Kyi, tous deux prix Nobel de la paix, n’ont pas été sélectionnés. Aussi le prix Nobel de la paix Nelson Mandela, mort en 2013, aurait pu faire partir de notre sélection d’autant plus qu’il est souvent cité en tant que leader contre l’apartheid en Afrique du Sud (Morselli et Passini, 2010). Cependant, l’étude de son autobiographie, Un long chemin vers la liberté (Mandela, 2013), révèle que Mandela a créé une branche militaire pour la lutte armée contre l’apartheid dans les années 1960 et nous avons déjà des modèles de paix qui ont milité pour les libertés politiques.

Par le choix des modèles de paix, nous avons privilégié la diversité et l’hétérogénéité. Rappelons notre définition du modèle de paix: un être qui incarne la paix universelle et auquel chacun peut se rattacher (Guibert-Lassalle et Lemaitre, 2009). C’est ainsi que ces femmes et ces hommes, que rien ne semble réunir, sont en fait unis dans la quête d’un même idéal, celui de la paix.

Les cinq modèles de paix choisis sont présentés dans le matériel produit d’une manière chronologique pour les quatre premiers et Cheikh Ahmadou Bamba est placé en dernier car il est le moins connu.

Dans le deuxième chapitre de la thèse, nous avons abordé les résultats empiriques d’études évaluatives sur l’éducation à la paix. Ces études portent sur différentes stratégies d’éducation à la paix telles que la médiation, la résolution de conflits, la promotion de la paix, l’éducation relative à l’environnement et l’éducation holistique. Le choix des cinq modèles de paix permet de relier chacun particulièrement avec une des facettes de l’éducation à la paix. De cette manière, nous avons mis en relation:

 Le Mahatma Gandhi et la médiation pour éduquer à la paix;  Mère Teresa et le travail social pour promouvoir la paix;

 Martin Luther King et la résolution de conflits pour établir la paix;  Wangari Maathai et l’éducation relative à l’environnement pour la paix;  Cheikh Ahmadou Bamba et l’éducation holistique pour construire des artisans

de paix.

Chacun de ces modèles de paix a apporté un changement majeur au sein de sa société. Même si on peut considérer leur propre situation, il est intéressant de montrer la prise en compte de la société dans sa globalité et de chacun dans sa singularité. Ces modèles sont allés à la découverte de l’altérité et ont œuvré dans une perspective

universelle (Ernst, 2002). L’analyse de leurs vies peut intéresser toutes les époques, toutes les cultures et permettre à chacun des individus de trouver quelque chose pour s’y reconnaitre (Bruner, 2010). Les retombées de leurs actions ont une résonnance planétaire qui touche toute l’humanité (Gardner, 1999) et elles montrent de manière pratique et concrète l’étendue des résultats auxquels la lutte menée par les moyens de la paix peut aboutir.

Les vies de ces modèles de paix constituent par excellence la preuve que chacun peut devenir un artisan de paix car il appartient à chacun d’être responsable et garant de la paix en soi et dans le monde. L’analyse du cheminement de la conscience de ces modèles qui ont eu un engagement planétaire au service de la dignité humaine est un des moyens de parvenir à développer en chacun les qualités essentielles en faveur de la paix (Palestini, 2012). En ce sens, l’éducation à la paix basée sur la vie des modèles de paix donne la possibilité d’aider chacun à prendre conscience des faits de sa vie, à analyser le regard qu’il a de lui-même et à se développer en artisan de