III – Le patient hypertendu et son médecin
PRESENTATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE DU GROUPE DE RÉPONDANTS HYPERTENDUS
Un groupe « âgé »
Une famille « traditionnelle » et un lien social soutenu
Les Professions et Catégories socioprofessionnelles (PCS) : une majorité d’employés
Un niveau d’étude faible
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Dans notre groupe d’hypertendus, il y a une sur-représentation de femmes, puisqu’elles constituent plus de la moitié de la totalité des personnes interrogées (39 femmes et 29 hommes). La moyenne d’âge est élevée (68,5 ans), avec des fourchettes d’âge dominantes : entre 61 et 70 ans (38% des individus) et 71 et 80 ans (28%). La situation matrimoniale est « traditionnelle » au regard de l’âge de notre population. À propos des catégories sociaux professionnelles, les individus se concentrent plutôt dans le bas de la pyramide sociale française par rapport à la détention de diplômes et au centre par rapport aux emplois qu’ils ont obtenus.
Un groupe « âgé » :
La répartition par âge (en pourcentages) :
4% 18% 38% 28% 12% - de 50 ans entre 50 et 60 ans entre 61 et 70 ans entre 71 et 80 ans + de 80 ans
Notre groupe d’enquêtés est âgé puisque la grande majorité a plus de 60 ans (52 sur 68, avec une moyenne d’âge de 68,5 ans). Nous avons préféré le présenter en « fourchettes d’âge » étant donné l’écart entre l’individu le plus jeune et le plus âgé (de 40 ans à 95 ans). Ainsi, nous avons une vision non erronée de la réalité du groupe d’enquêtés en identifiant une concentration massive de femmes et d’hommes de plus de 60 ans (30 femmes sur 39, 22 hommes sur 29).
Tableau 1 : Des fourchettes d’âge
Ages Hommes Femmes TOTAL
- de 50 ans 1 2 3 Entre 50 et 60 ans 5 7 12 Entre 61 et 70 ans 13 12 25 Entre 71 ans et 80 ans 9 11 19 + de 80 ans 1 7 8 Total 29 39 68
La famille « traditionnelle » et un lien social soutenu
La famille « traditionnelle » domine : « on s’est choisi pour la vie, on s’est marié, et on a eu des enfants ». Étant donné l’âge élevé de notre groupe de répondants, ceci n’est pas surprenant car ils appartiennent à des générations où le divorce n’était pas encore banalisé.
Répartition en fonction de la situation matrimoniale
marié 66% divorcé 9% veuf 25% célibataire 0% marié divorcé veuf célibataire
Tableau 2 : Les situations matrimoniales : la « famille traditionnelle » domine (en chiffres)
Hommes Femmes TOTAL
Mariés(ées) 23 19 42 Divorcés(ées) 4 3 7 Veufs (ves)* 2 14 16 Célibataires 0 0 0 Situation inconnue 3 2 5 Total 29 39 68
Répartition des hommes et femmes en fonction de leur situation matrimoniale (en chiffres) 0 5 10 15 20 25 hommes femmes marié(es) divorcés(es) veufs(ves) célibataires
Sur l’ensemble du groupe de répondants, 42 sur 68 vivent en couple et 2 femmes séparées vivent avec leurs enfants adultes. Autrement dit, 44 vivent en famille, ce qui n’est pas sans conséquence sur le soutien d’une personne malade. Par ailleurs, il est à noter que 2 familles vivent à plusieurs générations sous le même toit, structure familiale dite « famille- souche » devenue rarissime en France. Nous en trouvons dans le groupe de répondants car il concentre surtout des individus du monde rural.
Il est peu surprenant d’avoir un groupe où les veuves constituent une part importante : 16 sur 68 (contre 2 veufs sur 68) car l’espérance de vie des hommes est inférieure à celle des femmes. En effet, selon l’INSEE, « l’espérance de vie à la naissance atteint 75,5 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes »(Pinson, 1996). Toutefois veuvage n’est pas synonyme ici de solitude.
Dans la majorité des cas, quelle que soit leur situation matrimoniale, nous avons des individus qui ont « des relations de parenté » (Segalen, 1996) fréquentes, autrement dit, le lien social est bien existant et même important.
Le lien social « ce sont les échanges qui naissent de la collaboration dans le travail en commun, ceux qui s’établissent à l’intérieur d’une famille et à l’occasion de relations sociales plus larges » (Schnapper, 1996.). Par le lien social, l’individu est intégré à la société. La fréquence et l’intensité du lien social sont primordiales dans notre enquête, car il n’est pas sans conséquence sur la santé des individus. En effet, « le soutien social agirait comme un « tampon » face à des situations stressantes» et diminuerait les risques de mortalité (Adam, Herzlich, 1994).
Autrement dit, dans les déterminants de la santé, il est clair que les individus isolés ont plus de risques de tombés malades. Dans le cadre de notre recherche, malgré le taux de personnes veuves, la plupart vivent très entourées. Cette particularité tient au contexte de l’étude qui s’est principalement déroulée en milieu rural. En effet, vivre seul à la campagne n’a pas le même sens qu’en ville car un réseau de solidarité et d’entraide est plus présent. 25% de notre groupe vit seul à la suite du décès de son conjoint, néanmoins, ils sont très entourés. C’est d’ailleurs le plus souvent la famille au sens large (descendants, frères, sœurs, cousins…) qui constitue les liens sociaux de nos interviewés. En effet, nous avons constaté qu’ils étaient entourés dans le sens où ils avaient de fréquentes visites de leurs descendants (enfants, petits- enfants, mais aussi du reste de leur famille (frères, sœurs, cousins…). Par ailleurs, leurs sorties chez ou avec la famille étaient aussi régulières.
L’exception de notre groupe est une personne, isolée du reste de la société. Il s’agit d’Emile, 75 ans, ingénieur à la retraite. Il vit seul, ne sort jamais (ses courses sont faites par sa voisine) et ne reçoit jamais chez lui. Il a un fils qu’il voit une fois par an. Il rapporte son isolement à un problème de santé qui l’empêche de pouvoir marcher. Ses seules visites sont celles de la voisine (1 fois par semaine) et du médecin (1 fois par mois).
Les Professions et Catégories socioprofessionnelles (PCS) : une majorité d’employés
Dans le cadre de notre recherche, il est important de mettre en évidence le niveau social et culturel des individus rencontrés. En effet, ainsi que le précise G. Vigallero, il est « impossible de penser la santé en dehors de ses modèles sociaux, impossible d’ignorer l’évidente inégalité sociale et culturelle face à la mort. C’est qu’existe une différence dans l’exposition au risque bien sûr, mais aussi une différence dans les représentations et les actions quotidiennes, dans les modèles mentaux et les sensibilités » (Vigarello, 1997 : 12).
Dans la nomenclature officielle de l’Institut National de la Statistique et Etudes Economiques (INSEE), les retraités se concentrent dans la catégorie 7 ; cette dernière est divisée en 4 groupes : « Anciens agriculteurs exploitants », « anciens artisans, commerçants, chefs d’entreprise », « anciens cadres et professions intermédiaires », « anciens employés et ouvriers ». Dans le cadre de notre recherche, afin d’avoir les résultats les plus fins possible, nous avons choisi de nous référer à la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles en faisant abstraction de la catégorie « retraités ». Bien entendu, les précautions ont été prises de spécifier sur le tableau présentant l’échantillon (Annexe 2: Vision générale du groupe par âge, sexe, situation matrimoniale, catégorie professionnelle et niveau d’études) , les individus retraités et ceux qui sont en activité professionnelle au moment de l’enquête.
Répartition socioprofessionnelle de l’échantillon (en chiffres)
0 5 10 15 20 25 30 agriculteur exploitant artisan, commerçant, chef d'entreprise cadre supérieur profession intermédiaire employé ouvrier sans profession
Tableau 3 : Répartition des catégories socioprofessionnelles de la population française et de la population d’enquête1 :
Profession et catégories sociales Population française Population d’enquête
Agriculteurs exploitants 2,7% 9%
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise 6,7% 16%
Cadres, professions intellectuelles supérieures 13,1% 9%
Professions intermédiaires 23,1% 7%
Employés 29,9% 50%
Ouvriers 25,4% 9%
Ensemble 100% 100%
Les individus interviewés se regroupent en majorité sous la catégorie « employés », 50%, et les « agriculteurs exploitants » et les « artisans, commerçants, chefs d’entreprise » sont également surreprésentés. Par ailleurs, les « cadres supérieurs », les « professions intermédiaires » et les « ouvriers » sont sous-représentés.
Tableau 4: Répartition des hommes et des femmes dans leur groupe socioprofessionnel (en chiffres)
Hommes Femmes TOTAL
Agriculteurs exploitants 2 3 5
Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 5 4 9
Cadres et professions intellectuelles
supérieures 5* 0 5
Professions intermédiaires 2 2 4
Employés 11 18 29
Ouvriers 3 2 5
Sans activité professionnelle 0 9 9
Réponse non précisée 1 1 2
Total 29 39 68
* dont 2 cadre sortis du rang. Ils sont passés par la petite porte et peu à peu ont gravi des échelons.
Dans notre groupe, hommes et femmes ne se répartissent pas de la même façon sur l’échiquier des groupes socioprofessionnels. En effet, ils se concentrent dans la catégorie « employés ». Parmi les femmes, 9 sur 39 n’ont pas travaillé ou très peu. Elles appartiennent à la génération où les femmes étaient beaucoup moins nombreuses à exercer une activité salariée.
Un niveau d’études faible
Concernant le niveau d’études, il est faible dans le sens où 79% des personnes a un diplôme inférieur au baccalauréat dont 12% non diplômés.
Répartition de la population en fonction de son niveau d’études (en pourcentages) :
12% 67% 12% 9% sans diplôme diplôme < bac niveau bac bac +
La tendance de notre population d’enquête est d’être faiblement diplômée, la majorité a appris un métier manuel.
Tableau 5 : Répartition des hommes et des femmes en fonction de leur niveau d’études
Niveau
d’études/diplômes Hommes Femmes TOTAL
Sans diplôme 0 7 7 BREVET ELEMENTAIRE 1 1 2 Certificat d’études 4 9 13 Brevet professionnel 0 1 1 Brevet de technicien en ferronnerie 1 0 1 CAP – BAP 8 1 9 BEPC 2 3 5 BEP 0 1 1 compagnon 1 0 1 Diplôme d’aide- soignante 0 1 1 Arrêt au lycée 0 1 1 Diplôme de secrétaire 0 4 4 Niveau baccalauréat 0 1 1 Baccalauréat 3 2 5 Diplôme de l’école normale 0 1 1 Diplôme d’infirmière 0 1 1 Diplôme de conseiller d’éducation 1 0 1 BTS 1 0 1 Bac + 4 1 0 1 Bac + 5 1 0 1
Non précisé 5 5 10
Total 29 39 68
CAP : capacité d’aptitude professionnelle BEP : brevet d’enseignement professionnel BTS : brevet de technicien supérieur
Pierre Aïach souligne l’intérêt de mettre en évidence le niveau d’instruction, le revenu, le degré d’utilisation des biens culturels légitimes, la valeur sociale du réseau de relations pour mesurer la hiérarchie sociale face à la mortalité. Il constate que dans notre société, « la mortalité sociale découpe, d’une façon on ne peut plus nette, une structure hiérarchisée avec, à sa tête, les privilégiés du savoir et de l’avoir (professions libérales, industriels, cadres supérieurs, etc.) et, à la base, les dépossédés de ce savoir et de cet avoir (ouvriers non qualifiés et employés pour la grande part » (Aïach, 1997 : 66). D’autre part, la « sous- déclaration » des troubles de santé lors des visites chez le praticien, concerne également les individus situés en bas de la pyramide sociale. Ce sont eux aussi, qui consultent plus tard lors d’un problème de santé (parfois trop tard). Cette combinaison de facteurs, étroitement liés à la classe d’appartenance, sont des points primordiaux pour appréhender et comprendre la réaction des patients atteints d’hypertension artérielle mais aussi celles des praticiens face à ces patients.
ANNEXE 3 : Groupe de répondants hypertendus par âge, sexe, situation matrimoniale, catégorie professionnelle et niveau d’études
Prénom Age Sexe Situation
matrimoniale PCS En professionnelle activité Niveau d’études et/ou de diplôme René 77 H Veuf, 1 enfant Profession
intermédiaire Non Non précisé
Michèle 52 F Divorcée, 2 enfants Employée Invalidité seconde Luc 81 H Marié, 1 enfant dcd Commerçant non CAP Renée 75 F Mariée, 1 enfant
dcd Commerçante Non Brevet professionnel
Véronique 70 F Veuve, 4 enfants Employée Non Bac Alphonse 74 H Marié, 3 enfants Agriculteur
exploitant Non Non précisé
Robert 70 H Marié, 6 enfants Chef d’entreprise
Non CAP Janine 70 F Mariée, 6 enfants Sans profession Non Non précisé
Michel 70 H Marié, 3 enfants Artisan Non Certificat d’études Annie 63 F Mariée, 3 enfants Employée Non Brevet d’Aptitude
Professionnelle Albert 70 H Marié, 4 enfants Cadre supérieur Non Certificat d’études Emile 75 H Vit seul, 1 enfant Cadre supérieur Non Bac + 5
Lilas 82 F Veuve, sans enfant Commerçante Non Certificat d’études Auguste 80 H Marié, 2 enfants Employé Non Certificat d’études
Marcelle 68 F Mariée, 1 enfant Employée Non Diplôme de secrétaire Simone 66 F Mariée, 3 enfants Sans profession Non Non précisé Mireille 68 F Mariée, 2 enfants Employée Non Certificat d’études
Elise 70 F Veuve, 3 enfants Employée Non Diplôme d’aide- soignante Nine 75 F Veuve, 8 enfants Agricultrice
exploitante Non Sans diplôme
Laure 68 F Mariée, 3 enfants Employée Non Certificat d’études Jean 75 H Veuf, 1 enfant Cadre supérieur
sorti du rang
Non Non précisé
Ginnette 82 F Veuve, sans enfant.
Concubinage Agricultrice exploitante Non Certificat d’études Annette 68 F Mariée, 3 enfants Profession
intermédiaire Non Diplômée de l’école normale Florence 95 F Veuve, 3 enfants Agricultrice
exploitante Non Sans école à 12 ans diplôme, arrêt Solange 75 F Veuve, 4 enfants Sans profession Non Diplôme de secrétaire
Louise 76 F Veuve, 2 enfants Sans profession Non Sans diplôme Arrêt école à 9 ans Isidore 74 M Marié, 3 enfants
(1 dcd) Artisan Non Compagnon
Georgette 70 F Vit seule, 3 enfants Employée Non Certificat d’études Micheline 82 F Veuve, 2 enfants Sans profession Non Niveau Certificat
d’études Noa 50 F Mariée, 5 enfants Sans profession Non BEPC Bernadette 83 F Veuve, 1 enfant Commerçante Non Non précisé
Didier 67 H Marié, 2 enfants Ouvrier qualifié Non CAP
Louis 64 H Marié, 1 enfant Employé Non Bac
Marguerite 58 F Mariée, 2 enfants Employée Non diplôme de secrétaire, arrêt des études en 1°
au lycée Valérie 82 F Veuve, 4 enfants Employée Non Diplôme de secrétaire
Charles 75 H Non précisé Non précisé Non Non précisé Lionel 64 H Marié, 1 enfant Profession
intermédiaire
Non Diplôme de conseiller d’éducation Mélanie 63 F Mariée, 2 enfants Commerçante Oui Niveau Bac
Pierre 57 H Divorcé, 2 enfants Ouvrier Non, invalidité Certificat d’études Christophe 66 H Marié, 2 enfants Agriculteur
exploitant Non Brevet
Hélène 80 F Veuve, 6 enfants Employée Non Certificat d’études Jacqueline 55 F Mariée, 3 enfants Employée Oui Certificat d’études
Edouard 63 H Marié, 1 enfant Cadre Oui Bac + 4
Guillaume 54 H Marié, 2 enfants Employé Oui Certificat d’étude, CAP Arnold 64 H Marié, 3 enfants,
divorcé, concubinage
Employé Non Bac
José 73 H Marié, divorcé, remarié, 2 enfants
Employé Non Brevet de technicien de ferronnerie
Georges 72 H Marié, 4 enfants Employé Non CAP
Philippe 57 H Marié, 7 enfants Employé Oui CAP
Laurent 40 H Marié, 3 enfants Employé Oui CAP
Clément 68 H Marié, 1 enfant Cadre Non Non précisé Mathilde 55 F Mariée, 2 enfants Profession
intermédiaire Non, chômage Diplôme d’Etat d’infirmière Damien 70 H Divorcé, 3 enfants Ouvrier Non CAP - BEPC
Paul 56 F Mariée, 2 enfants Employée Non précisé Certificat d’études, BEPC
Clémentine 43 f Mariée, 5 enfants Ouvrière Non, arrêt longue maladie
BEPC – Brevet d’Etudes
Nestor 61 H Marié, Employé Oui Bac
Zoé 80 F Mariée, 5 enfants
(3 dcd) Sans profession Non Certificat d’études Paul 59 H Marié, 2 enfants Chef
d’entreprise Non, arrêt maladie depuis 11 mois Bac + 2 (BTS) Myrtille 66 F Mariée, 3 enfants Employée Non Bac
Benoît 60 H Marié, 2 enfants Employé Non BEPC
Honorine 72 F Divorcée, remariée,
2 enfants Sans profession Non Sans diplôme Luciana 60 F Divorcée, 3 enfants Employée Non Sans diplôme Alida 80 F Mariée, 4 enfants Employée Non Non précisé Justine 48 F Veuve, 2 enfants Employée En invalidité BEPC – CAP- BEP
Rémi 62 H Marié, 2 enfants Employé Non CAP
Rosine 79 F Mariée, séparée, 3 enfants (1 dcd)
Employée Non Brevet élémentaire,
diplômée des Arts appliqués Adèle 75 F Mariée, veuve,
remariée, 2 enfants (1 dcd)
Employée Non (en invalidité
avant la retraite) Sans diplôme Henriette 82 F Mariée, 10 enfants Sans profession Non Sans diplôme