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Au-delà des différentes hypothèses de filiation cultu-relle, basées sur la typologie, que nous pourrions proposer, tel que le rapprochement de ces indus-tries avec les Moustériens de tradition acheuléenne, à denticulés ou proches du monde micoquien, nous préférons insister sur un fait précis partagé par les deux corpus en présence. Nous sommes, en effet, en présence de deux industries caractérisées par un fond moustérien fort et traditionnel, mais aux mar-ges duquel se développe une production d’éclats laminaires ou allongés avérée. Nous estimons qu’au travers de cette dernière transparaît une indubitable volonté d’obtenir un type de support défini morpho-logiquement et techniquement.

Il est primordial de comprendre que ces produc-tions lamellaire et laminaire ne sont pas directement illustrées par une chaîne opératoire complète. Nous n’avons effectivement pas pu mettre en évidence de véritable nucléus orienté vers une production lepto-lithique, par contre certains éléments (fig. 8.6 à 8) nous conduisent à appréhender cette production avec une approche plus intégrée au sein de systèmes de production plus classiques.

Bien sûr, la confusion créée par l’étroitesse des

corpus autorise seulement à mettre en lumière cette

chaîne opératoire d’éclats laminaires ou allongés, mais il nous semble intéressant et pertinent de relever

ce rapprochement technique et morphologique com-mun à deux industries régionales. La question est alors de savoir si cette similitude révèle une réalité plus profonde. Nous réitérons ici notre sentiment de prudence quant à de trop hâtives conclusions. Un fait technologique n’est pas indubitablement le corol-laire d’une réalité culturelle et encore moins le signe d’une évolution. Aussi, contentons-nous pour l’heure de la mise en évidence de deux systèmes techniques identiques au sein des deux collections moustérien-nes les plus importantes de Franche-Comté. Il nous paraît, en effet, peu assuré d’affirmer directement la filiation entre la production laminaire et un éventuel signe d’évolution des nos sociétés moustériennes.

Pour poursuivre le débat…

En ce qui concerne le niveau VIII de Gigny, la coha-bitation d’un débitage laminaire et d’un outillage bifacial proche des industries du Paléolithique moyen du Centre de l’Europe est plus qu’intéres-sante et prometteuse. En effet, de récentes découver-tes en Haute-Saône, notamment celle d’une pointe foliacée de type « blattspitzen » (Lamotte et al. 2006), autorisent à poursuivre la piste d’une convergence culturelle entre les complexes moustériens de l’Est et du Centre de l’Europe sur le sol franc-comtois. À de futures opérations archéologiques de prouver cette réalité plus que séduisante.

Fig. 8. Industrie lithique du Trou de la Mère Clochette. 1. Racloir double convexo-concave ; 2. Denticulé ; 3 et 4. Couteaux à dos abattu ; 5. Encoche clactonienne ; 6. Éclat, élément de chaîne opératoire lamellaire ; 7. Pointe pseudo-Levallois, élément de chaîne opératoire laminaire ; 8. Lame à crête, élément de chaîne opératoire laminaire. Échelle 1 : 2. (P. Lopinet)

Premières journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien

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Premières journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien Les artisans moustériens de la Baume de Gigny (Jura, F)

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Résumé

Le mobilier du gisement de Bure, Montbion a été piégé dans deux des dolines qui découpent le substratum rocheux de la région. Bien qu’en situation secondaire, le matériel est cohérent du point de vue typologique, technologique et pétrographique. Le débitage ainsi que le façonnage des outils ont été réalisés sur place. Les matières exploitées sont principalement d’origine régionale proche. Les tendances générales du débitage montrent une exploitation unipolaire des nucléus, avec dans quelques cas une phase bipolaire en début d’exploitation. Les produits sont surtout lamellaires, mais peuvent être laminaires lors des premières phases de débitage.

L’outillage comprend de nombreuses armatures microlithiques. On y trouve principalement des trian-gles scalènes, des pointes à base naturelle et des pointes à base transversale. Le reste du corpus est composé d’outils du fond commun, dont des éclats et lames retouchés, des grattoirs et des burins.

L’industrie lithique de Bure paraît pouvoir se rattacher au groupe du Jura septentrional, techno-complexe du Mésolithique ancien II/III à tendance Beuronienne.

Abstract

The flint deposits of Bure, Montbion have been trapped in two of the sink holes which cut the local bedrock. Even though in secondary position, the finds are typologically, technologically and petrographically homog-enous. The core reductions as well as tools working shape have been flaked in this area. The raw material used to make the artefacts is mostly to be found in the surrounding area. The main characteristics of the core reduction show a unipolar cutting pattern, sometimes starting with a bipolar phase. The production mostly consists of bladelets, but some blades result of the first cutting phase of core reduction. A lot of microlithic artefacts are to be found among the tools, mostly scalenes triangles and natural as well as retouched base points. The rest of the artefacts consists of common basic tools like retouched blades and flakes, end-scrap-ers and burins. It seems that the lithic industry of Bure is to be linked with the northern Jura group, techno-complex of the lower Mesolithic II/III, Beuronian tendency.

Zusammenfassung

Die Fundstelle von Bure, Montbion wurde zwischen zwei der Dolinen gefangen, welche das Felssubstratum der Region teilen. Obwohl das archäologische Material in sekundärer Lage geborgen wurde, bildet dieses, wegen seiner Typologie, seiner Technologie und der verwendeten Rohstoffen, einen einheitlichen corpus. Die Bearbeitung sowie die Fertigung der Artefakte geschahen in situ. Die verwendeten Rohstoffe sind regionaler Abstammung.

Das Abschlagmaterial weist in erster Linie eine unipolare Nutzung des Nukleus auf, in manchen Fällen schon eine frühe bipolare Verwendung. Die daraus gewonnenen Abschläge sind vorwiegend Mikroklingen, doch von den ersten Arbeitsvorgängen resultieren auch sämtliche Klingen. Unter den mikrolithischen Arte-fakten findet man ungleiche Klingesdreiecke und kantenretuschierte Spitzen mit und ohne Basisretusche(-n) ; das restliche Material besteht aus herkömmlichen Werkzeugen, wie Abschlägen, retuschierten Klingen, Krat-zern und Sticheln.

Die Steinartefakte aus Bure, Montbion gehören zur Gruppe des nördlichen Jura, einem Technokomplex aus dem Frühmesolithikum II/III, mit Beuronien-Tendenz.

Nouvelle présence mésolithique en Ajoie : le site de Bure, Montbion (Jura, CH)