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comparaison sur la base d’analyses pétrographiques et chimiques

3 Comparaison avec d’autres sites de consommation

Les sites lyonnais de la rue du Souvenir (160-140 av. J.-C.) et du Verbe-Incarné ont livré des amphores des mêmes ateliers à des pourcentages semblables (Maza 2003a, 2003b ; Thierrin-Michael et al. 2002, 2005). On y constate également une forte présence des amphores de la région de Mondragone (Campa-nie du Nord).

La situation paraît toute autre sur des sites de la même période dans le Sud de la France, comme Aix-en-Provence et Martigues, où les amphores de Campanie prédominent, notamment les exemplai-res de type Eumachi de Pompéi qui totalisent près de 40 % (Maza et al. 2003, Maza communication orale ; Thierrin-Michael et al. 2005), et où les amphores d’Albinia et de Cosa manquent presque totalement. Maurice Picon a, en outre, relevé la présence d’am-phores d’un grand nombre d’ateliers différents sur cer-tains sites de la côte, jusqu’à une quarantaine, comme à l’oppidum de La Lagaste (Aude, France) (Hesnard

et al. 1989).

4 Discussion

Cette étude permet de tirer les conclusions suivantes : – environ deux tiers des amphores proviennent

de grands ateliers connus, parmi lesquels ne se Fig. 5. Diagramme bivariant

K2O sur MgO avec l’ensemble des échantillons des quatre sites étudiés. Les champs de variation du groupe de références Eumachi de Pompéi et du groupe des Eumachoïdes B (Hesnard et al. 1989) sont indiqués par des ellipses. Les échantillons correspondant aux caractéristiques de pâte type Eumachi se placent tous dans l’un ou l’autre des deux champs. (G. Thierrin-Michael ; S. Maître - OCC/SAP)

Fig. 6. Proportions des groupes définis, relatives aux deux sites bâlois, en tenant compte des lèvres (et tessons caractéristiques pour Bâle, Münsterhügel).

(G. Thierrin-Michael ; S. Maître - OCC/SAP)

Premières journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien Premières journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien

trouvent pas seulement des lieux de production d’Étrurie comme Albinia et Cosa, mais également ceux de la région de Mondragone en Campanie du Nord. Selon André Tchernia (Tchernia 1986), cette région a produit dans l’Antiquité le célèbre cru du Falerne ;

– il n’y a qu’un petit nombre de groupes, au maxi-mum une douzaine, correspondant à des origines différentes, sur les quatre sites considérés et l’on trouve les mêmes groupes principaux sur chacun des sites. Ces groupes principaux totalisent plus de la moitié des amphores.

Ceci renvoie à l’idée que toute cette région avait les mêmes fournisseurs, voire que le vin acheminé par bateau aurait pu avoir été réparti sur les différents sites de son trajet. Par la coïncidence avec les résul-tats concernant les sites lyonnais, la voie Rhône-Saône-Doubs, pour l’approvisionnement en vins jusqu’à Bâle, se trouve confirmée.

Le petit nombre de groupes et leurs origines per-mettent encore d’autres déductions : sous l’hypo-thèse de base qu’un groupe représente une origine, et que l’origine des amphores correspond à la pro-venance du vin qui a été consommé, nous pouvons admettre la consommation d’une petite sélection de vins. Comment l’interpréter ? Par une offre restreinte de la part des fournisseurs ? Par un choix délibéré de la part des consommateurs ? Il faudrait réévaluer les divergences qui se dessinent assez nettement entre les lots d’amphores dans le Sud de la Gaule et sur les sites de l’axe Rhône-Saône-Doubs ; vu la contem-poranéité de certains sites étudiés, par exemple Aix-en-Provence, Terrain Coq et les deux sites lyonnais, ou l’oppidum de La Lagaste et les sites présentés ici, le facteur temps ne peut pas être avancé comme cause majeure. En introduction, l’hypothèse des vins médiocres réservés aux « barbares » a été évoquée.

Elle se base principalement sur la présence massive d’amphores étrusques parmi le mobilier amphori-que – les vins d’Étrurie étant considérés de moins bonne qualité. Mais est-ce que cette idée peut être maintenue face à l’identification des grandes quanti-tés d’amphores issues de la région de Mondragone ? Certainement pas si elles avaient contenu le fameux cru de Falerne. La structure sociale fortement hiérar-chisée des peuples gaulois rendrait tout à fait plau-sible que des vins de qualité très différente aient été consommés, même dans le cadre de festins et de cérémonies esquissé par M. Poux (Poux 2004). Les résultats des analyses ont ouvert des pistes à suivre qui sortent du domaine de l’archéométrie.

5 Remerciements

Les échantillons ont été mis à disposition par Philippe Barral, Université de Franche-Comté, responsable des fouilles du Petit-Chauvort à Verdun-sur-le-Doubs et du Tertre à Authumes ; Norbert Spichtig, Archäolo-gische Bodenforschung Basel-Stadt, responsable des fouilles de Bâle, Gasfabrik, et par Eckhart Deschler-Erb, Archäologische Bodenforschung Basel-Stadt et Historisches Seminar, Universität Zurich, chargé de l’interprétation des fouilles 1978 de Bâle, Münster-hügel. Les analyses chimiques ont été réalisées par Vincent Serneels, la préparation des pastilles en verre par Patrick Dietsche et Odette Marbacher, les lames minces par Jean-Paul Bourqui, tous du Département de géosciences de l’Université de Fribourg. Un grand merci aussi à Anne Hochuli-Gysel et à Joseph Thierrin pour la relecture critique du manuscrit. Le financement de cette recherche est dû au Fonds national suisse de la recherche (projet MHV 21.65866.01), à l’Archäologis-che Bodenforschung Basel-Stadt et à la DRAC de Bour-gogne. Qu’ils soient ici, tous vivement remerciés. SiO2 TiO2 Al2O3 Fe2O3 MnO MgO CaO Na2O K2O P2O5 SUM Ba Cr Cu Nb Ni Pb Rb Sr Y Zn Zr Étrurie N (région Livourne)

AM943 60.17 0.71 15.45 6.11 0.11 2.18 10.22 0.91 2.56 1.53 100.17 952 204 20 13 131 20 120 393 25 94 175 Albinia, n=10 moyenne 63.98 0.76 16.53 6.60 0.16 2.29 5.58 1.24 2.77 0.44 100.49 362 143 32 16 72 17 130 226 26 112 143 écart type 3.99 0.05 0.84 0.51 0.03 0.17 2.17 0.12 0.12 0.41 0.21 29 20 6 1 6 2 7 36 2 10 8 Cosa (Sest), n=11 moyenne 60.73 0.75 15.39 6.09 0.12 2.45 10.61 0.85 2.77 0.64 100.57 546 134 16 18 52 24 140 365 29 101 224 écart type 1.59 0.06 1.01 0.52 0.02 0.19 1.04 0.25 0.26 0.25 0.28 96 30 4 4 7 5 12 59 2 10 24 Mondragone, n=42 moyenne 62.24 0.66 15.78 5.25 0.13 2.07 9.20 1.35 2.95 0.58 100.38 583 89 27 26 40 30 166 328 31 93 246 écart type 1.99 0.06 1.24 0.38 0.02 0.22 2.28 0.25 0.42 0.23 0.26 187 14 20 5 4 7 23 46 3 8 29 Type Eumachi AM1018 53.27 0.88 17.92 7.72 0.16 4.28 11.09 1.58 2.82 0.47 100.39 735 141 35 28 60 25 121 448 31 109 212 AM931 53.80 0.89 17.90 7.77 0.16 4.32 10.05 1.76 3.10 0.39 100.37 827 157 33 27 59 25 155 471 30 105 215 AM988 55.24 0.87 19.33 7.61 0.15 3.48 8.54 1.85 3.45 0.42 101.17 882 121 38 30 53 35 172 503 29 111 216 Eumachoïde B AM954 51.62 1.22 16.68 12.03 0.25 4.30 10.59 0.90 2.31 0.49 100.56 422 175 27 28 61 22 147 234 37 152 253 AM967 53.87 0.99 16.88 9.31 0.21 4.07 11.14 0.91 2.25 1.01 100.82 580 161 49 27 64 25 128 252 36 127 226 AM972 50.82 0.98 16.55 8.91 0.19 5.78 12.47 1.37 2.14 1.03 100.45 666 209 186 26 72 19 90 407 33 108 225 AM936 50.52 1.05 14.19 10.10 0.24 5.49 15.05 0.73 2.40 0.49 100.45 447 194 41 27 63 21 108 256 37 122 257 AM944 47.93 1.41 14.10 14.83 0.28 5.45 13.04 0.80 1.81 0.61 100.46 374 194 21 29 62 16 101 216 42 161 269 AM987 54.04 0.97 14.85 9.11 0.22 4.56 12.96 1.09 2.24 0.44 100.66 431 151 35 26 58 21 127 301 36 126 223 AM914 49.53 1.28 14.44 12.64 0.26 5.22 13.25 0.89 2.07 0.55 100.31 369 205 27 29 58 18 109 273 39 146 286

Fig. 7. Moyennes et écarts type des groupes d’échan-tillons attribués à des ateliers et compositions chimiques de quelques autres échantillons caractéristiques. (G. Thierrin-Michael - OCC/SAP)

Premières journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien

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Premières journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien Amphores à vin entre Verdun-sur-le-Doubs (Saône-et-Loire, F) et Bâle (Bâle-Ville, CH) (IIe et Ier siècles av. J.-C.)

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Notes

1 Détermination due à Marie-Brigitte Carre.

2 Les compositions chimiques des groupes de références sont accessibles par Internet sur le site du groupe d’ar-chéométrie de l’Université de Fribourg :

http:/www.unifr.ch/geoscience/mineralogy/archmet. 3 Moyennes et écarts type en figure 7.

4 Composition chimique de l’échantillon attribué à l’Étru-rie du Nord en figure 7.

5 Moyennes et écarts type en figure 7.

6 Compositions chimiques des échantillons de type Euma-chi en figure 7.

7 Indication de Marie-Brigitte Carre.

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