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Variabilité des dépôts de crémation durant le Bronze final et le début du Hallstatt à Ungersheim, Lehle (Haut-Rhin, F)

3 Organisation des dépôts au cours du Bronze final I-IIa

Les dépôts funéraires attribués à cette période sont au nombre de treize, d’après le matériel céramique

Premières journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien

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(24 individus en offrande secondaire et 5 en offrande primaire), auquel il faut ajouter les quatre dépôts datés à partir du matériel métallique, soit dix-sept au total. Cette première période regroupe des dépôts très différents qui signalent une importante variabilité de la gestuelle funéraire dès le début du Bronze final (fig. 3). Elle conduit également à poser la question de la fonction réelle de certains de ces dépôts pour lesquels l’interprétation n’apparaît pas évidente.

3.1 Les dépôts de crémation en fosses allongées

Ces dépôts sont très caractéristiques du début du Bronze final. Il s’agit de fosses rectangulaires ou ovalaires d’une longueur variant entre 1 et 2 m (DP 4006, 4014, 4036). Le dépôt 4045 peut être placé dans cette catégorie, malgré un mauvais état de conservation général de la fosse, dont seul le fond est conservé. La forme de la fosse 4006 demeure également imprécise, mais la répartition d’une cou-che charbonneuse de résidus de crémation permet d’appréhender l’orientation générale du creusement dans le sens nord-ouest / sud-est, qui correspond également à l’orientation générale des fosses 4014 et 4036. Ces deux dernières présentent une forme rectangulaire bien marquée, la fosse 4036 étant plus large que la fosse 4014. L’organisation géné-rale des dépôts dans ces deux sépultures présente des similitudes au niveau de la gestion des résidus charbonneux, toujours plus nombreux le long des parois longitudinales. Dans la fosse 4014 (fig. 3), la répartition de cette couche de résidus, conservée sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur, a permis la mise en évidence d’un effet de délimitation linéaire attribuable à la présence d’un élément rigide venu maintenir la couche de résidus contre la paroi du creusement. Cette répartition permet également de signaler la volonté de bien séparer dans la sépulture les offrandes primaires, qui ont participé au fonction-nement du bûcher, des offrandes secondaires déposées dans la fosse lors de l’aménagement de la sépulture. Cet effet de délimitation linéaire apparaît également dans la sépulture 4036, mais la localisation générale des résidus diffère toutefois dans ces deux fosses puis-qu’ils sont dispersés le long de la paroi sud-ouest dans la sépulture 4036 et le long de la paroi nord-est dans la sépulture 4014. Dans ces deux dépôts de crémation, une couche charbonneuse résiduelle apparaît égale-ment sur le fond de la fosse ; cette dernière est recou-verte en partie par l’ossuaire dans la tombe 4014.

Dans la sépulture 4006, la couche de résidus est également dispersée le long de la paroi nord-est, mais une forte accumulation se retrouve également dans le comblement de la majeure partie de la moitié est de la fosse. Un effet de délimitation linéaire apparaît toutefois dans la moitié nord, laissant supposer la présence d’éléments rigides en matériau périssable utilisé pour séparer les résidus des offrandes secon-daires. Les observations effectuées dans la sépulture 4014 permettent d’envisager la présence d’un cof-frage aménagé directement dans la sépulture. Cette

hypothèse peut également être proposée pour la sépulture 4006, bien que les arguments taphonomi-ques soient plus ténus.

L’organisation des dépôts dans les fosses allon-gées conduit à quelques remarques concernant l’or-ganisation de la crémation des corps durant le début du Bronze final. La séparation des résidus de créma-tion et la disposicréma-tion des offrandes dans les fosses montrent clairement une volonté de séparer les élé-ments qui participent directement à l’aménagement de la sépulture autour des os du défunt, des résidus provenant du bûcher, constitués principalement de charbons de bois. Il faut, en effet, noter que les offrandes primaires en céramique sont peu, voire pas, représentées dans ces sépultures, alors que cer-tains objets métalliques de la sépulture 4014 ont à l’évidence subi l’action du feu. Cette relative absence des offrandes primaires en céramique est d’autant plus intéressante que pour la sépulture 4014, il est permis de proposer l’hypothèse d’une tombe-bûcher où le corps a été brûlé à l’emplacement même de la sépulture. Dans ce dernier cas, il apparaît que le nom-bre des offrandes primaires en céramique était très limité (1 tesson). Un nettoyage soigneux du bûcher doit être envisagé dans ce cas, avec peut-être un rejet à l’extérieur de la fosse des tessons brûlés. Ce type de rejet pourrait être mis en relation avec au moins une fosse ne contenant pas d’offrandes secondaires et pas d’ossuaire (cf. infra), mais à l’intérieur de laquelle la céramique fragmentée a subi l’action du feu.

La disposition générale des dépôts dans ces fos-ses allongées rappelle finalement l’organisation des sépultures à inhumation. La différence de traitement entre les éléments de parures portés par le défunt sur le bûcher et les offrandes de vases qui intervien-nent plus directement lors de l’aménagement de la tombe, indique un traitement spécifique du matériel funéraire.

3.2 Les ossuaires

La gestion des ossuaires apparaît très variable durant la période du Bronze final I-IIa. Le regroupement des os brûlés dans un contenant en céramique n’est pas la règle, ce qui permet là encore de constater une importante variabilité des traitements funérai-res. Seules les sépultures 4021 et 4027 présentent des dépôts en contenant céramique, mais la couche d’os brûlés y est souvent limitée et non corrélée au module du vase, comme c’est le cas de la sépulture 4021 où seuls 533,6 g d’os brûlés ont été déposés dans un vase de gros gabarit.

Plusieurs ossuaires ne contiennent pas de conte-nant rigide. Dans la sépulture 4014, le dépôt d’os brûlés présente une forme circulaire très régulière qui évoque un contenant souple (sac en cuir, tissu, osier). Dans les autres cas, par exemple, les dépôts 4025 (fig. 3), 4042 et 4046, la présence de contenant souple est difficile à argumenter pour les ossuaires qui ont pu également être simplement déposés sur le fond des fosses. Aucun tesson n’a pu être mis en évidence à proximité de ces dépôts. Ces dépôts 4025,

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4042, et 4046 non associés à des offrandes en céra-mique, en position primaire ou secondaire, consti-tuent apparemment une spécificité de ce début du Bronze final.

3.3 Les dépôts contenant très peu d’ossements brûlés

La crémation des corps sur un bûcher funéraire néces-site non seulement la gestion des restes humains brû-lés, mais aussi celle des autres résidus de la crémation qui peuvent correspondre à des vases fragmentés et des résidus charbonneux non triés contenant encore des restes humains, des fragments de bronze, des frag-ments de verre fondu… L’aménagement de la sépul-ture peut ne constituer qu’un mode de traitement des restes humains auxquels sont associées de nouvelles offrandes (secondaires). Mais les offrandes primaires déposées sur le bûcher ne sont apparemment pas tou-jours récupérées pour être déposées dans les sépultures. Les fragments lacunaires de vases retrouvés dans cer-tains dépôts évoquent une gestion spécifique des résidus de crémation. Le dépôt 4035 (fig. 3) contient quelques grammes d’os humains et des fragments de bronze qui évoquent bien un dépôt de crémation. Les stigmates observés sur le vase de grand volume retrouvé fragmenté dans la fosse évoquent bien un passage sur un bûcher funéraire et non une utilisation domestique. L’absence d’offrande secondaire dans cette fosse et de tout ossuaire conduit à douter de la fonction sépulcrale du dépôt. Il peut s’agir d’une fosse

aménagée pour recevoir des résidus de crémation non destinés à un dépôt dans une sépulture.

Le dépôt 4033 soulève les mêmes questions, bien que l’agencement des vases évoque ici un dépôt d’of-frandes secondaires. Là encore, la présence résiduelle d’os brûlés (moins de 10 g), alors que les vases sont bien conservés, pose le problème de l’interpréta-tion de ce dépôt. La présence d’offrande secondaire oriente toutefois l’hypothèse vers une fonction funé-raire, mais le dépôt très résiduel d’os brûlés peut indiquer une fonction particulière. Il est ainsi pos-sible que ce dépôt ne constitue pas l’unique lieu de sépulture de cet individu.

4 Organisation des dépôts au cours