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Prédiction - prévision des aléas

TEXTES DISCIPLINAIRES

2.2 La notion d’aléa

2.2.3 Prédiction - prévision des aléas

Prédiction, prévision sont des termes voisins, souvent utilisés indifféremment198. Cependant, dans l’usage courant, la prédiction comporte une connotation d’événements futurs dont on peut annoncer le lieu, la date et l’heure, comme la prédiction des éclipses199. Mais dans la plupart des aléas, il n’est pas possible, à la lumière des connaissances actuelles, de prédire avec ce degré de précision. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. L’histoire est parsemée de cas de prédictions. Il y a eu des prédictions considérées comme réussies200, mais pour combien de cas de prédictions non avérées ou d’événements qui se sont produits sans donner de signes précurseurs visibles201. Ces signes précurseurs sont à la base de la prédiction. Seulement les phénomènes en jeux sont souvent d’une complexité telle qu’un seul précurseur est insuffisant pour prédire l’occurrence d’un événement, plusieurs sont donc nécessaires, mais leur variabilité est trop importante pour obtenir une fiabilité absolue. Etant donné que l’on cherche à prédire pour avertir la population d’un danger imminent, le fait qu’il y ait un degré d’incertitude pose des problèmes importants. En effet, cela peut provoquer un vent de panique, des déplacements de population en masse, des arrêts du fonctionnement économique d’une région, et si la prédiction ne se réalise pas, les bouleversements provoqués, souvent coûteux, auront été produits inutilement.

197 Comme c’est le cas du plutonium 239, dont la période est de 24500 ans. Cela signifie que les déchets doivent être isolés de la biosphère pour sur une échelle de temps géologique (Ramade, 2000).

198 C’est particulièrement le cas en anglais, dans le domaine des aléas géologiques, où l’utilisation dépend du domaine d’études, on utilise plus facilement le terme “prediction” dans le cas des tremblements de terre, et “forecast” dans le domaine de la volcanologie (Hamilton, 1997).

199 On peut déterminer à l'avance la date des prochaines éclipses toales ou partielles, solaires ou lunaires ainsi que leur trajectoire. La prochaine éclipse solaire, totale, aura lieu en août 2001, dans la région de Madagascar.

200 Le tremblement de terre de magnitude locale (ou de Richter) ML 7.3 qui se produisit en Chine, dans la province de Liaoning, le 4 février 1975, avait été prédit sur la base de tremblements de terre précurseurs de plus faibles magnitudes et permit ainsi l’évacuation de la majeure partie de la ville de Haicheng, ne faisant “que” 1 millier de morts et environ 16000 blessés.

201 En 1976, Tangshan, une ville de Chine de 1 million d’habitants fut touchée par un tremblement de terre de ML 7.8 et plus de 230’000 personnes furent tuées.

De fait le terme prédiction s’utilise dans des contextes particuliers de la réalité, où si certaines conditions sont réunies, on peut en déduire qu’un phénomène particulier se produira probablement, mais il ne s’agit plus de dire quand et où et il faut tenir compte d’un certain niveau d’incertitude lié à l’insuffisance des connaissances. Quant au terme de prévision, il semble plutôt être utilisé pour des phénomènes, dont l’évolution est modélisable et observable, comme les changements de temps, les volcans, une inondation, etc.

Finalement prédiction ou prévision, il s’agit au final d’identifier les lieux susceptibles de connaître des aléas et de surveiller, quant cela est possible, l’évolution de la situation. Cela se déroule dans des espaces temporels d’études différents (voir tableau 3).

La prévision à court terme se base sur l’observation de signes précurseurs dont la nature varie en fonction du phénomène étudié. Pour cela, il est nécessaire de disposer d’un système de surveillance adéquat qui permettra ensuite de définir un système d’alerte précoce, dont l’objectif est, tel que défini par le programme d’alerte précoce de l’IDNDR202 (1997), ”de rendre les individus et communautés, menacés par des aléas naturels ou autres, capables d’agir suffisamment à temps et d’une manière appropriée afin de réduire la possibilité de blessures, perte en vie et dommage à la propriété ou aux environnements proches et fragiles”.

Un système d’alerte précoce des aléas est composé de 4 éléments (Parker &

Budgen, 1999) :

• la détection et l’observation de l’aléa,

• la prévision et la préparation du message d’alerte,

• la diffusion du message d’alerte,

• la préparation et la réponse du destinataire du message.

Le développement des systèmes de surveillance et d’alerte peut se faire pour tout type de phénomènes et dans toute région, pour autant que l’intérêt et surtout les moyens économiques et humains soient mis en oeuvre. On peut citer les systèmes de surveillance et d’alerte pour les volcans (ex. le Mont Pinatubo -Philippines, le Piton de la Fournaise -île de la Réunion), les famines (ex. le Sahel), les tsunamis (océan Pacifique).

202 Traduction de Early warning programme of the International Decade for Natural Disaster Reduction (IDNDR).

Prévision intervalle de

Tableau 3 : Prévision et périodes de temps d’un phénomène.

L’établissement et l’utilisation d’un système d’alerte impliquent une prise de responsabilité des autorités. Et une des difficultés surgit lors d’alertes qui se révèlent fausses, comme dans le cas des prédictions; la confiance de la population dans le système s’amenuise et cela peut avoir pour conséquence que lors de l’alerte suivante les gens ne vont plus quitter leur habitation, provoquant ainsi des conséquences humaines importantes. Il y a donc là tout un travail de

sensibilisation, d’éducation sur l’utilité des systèmes. Pour être efficace, un système d’alerte doit être accompagné d’une bonne stratégie de dissémination de l’information, de plans d’autorité et également de plans d’évacuation.

Bien que la planète soit scrutée, observée sous tous les angles par satellites, il n’est guère réaliste d’imaginer que tous les aléas vont être sous surveillance, à l’échelle des communautés et régions concernées. Par conséquent, c’est l’association de la prévision à long terme, c’est-à-dire l’établissement de cartes d’aléas qui définissent des zones potentiellement dangereuses en fonction de critère établis, et la prise de mesures de prévention (actuellement elles sont surtout techniques, comme des constructions résistantes ou un aménagement du territoire qui déclarerait des zones constructibles ou non) qui permettrait de réduire les conséquences humaines et matérielles.