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Place de l’Afrique dans l’économie mondiale

Parce que ses économies sont petites et fragmentées, le régionalisme pourrait permettre à l’Afrique d’assurer sa survie au sein de la nouvelle économie mondiale (CEA 2000a).

Plus que toute autre région, l’Afrique a besoin d’intégrer les marchés sous-régionaux, de promouvoir le développement durable et de mettre en place les capacités et la com-pétitivité requises pour participer, comme il se doit, au nouveau système commercial multilatéral.

Or l’Afrique a besoin du multilatéralisme et du régionalisme pour relever efficacement les défis du développement. Il faudra donc que les pays africains encouragent le régio-nalisme pour élargir leurs marchés et exploiter les économies d’échelle. Il leur faudra également prendre une part active au processus de l’OMC, pour bénéficier de l’accès aux marchés et se prémunir contre les mesures protectionnistes injustes.

Il existe en Afrique plusieurs façons d’encourager le multilatéralisme à partir du régio-nalisme, à savoir:

• Dépasser le simple cadre des questions liées au commerce et au bien-être au niveau mondial et adopter des mesures destinées à promouvoir l’investissement étranger, le capital humain, le développement technologique, l’amélioration des infrastruc-tures, la mise en valeur efficace des ressources naturelles et les réponses appropriées aux défis environnementaux;

• Jouer un rôle modérateur pour assurer la mise en place de réformes commerciales visant à améliorer la qualité de la vie;

• Créer des blocs économiques et politiques plus grands, capables de négocier plus efficacement au sein des forums internationaux;

• Constituer des groupements pour promouvoir les exportations afin de contreba-lancer les groupements protectionnistes nationaux;

• Renforcer la compétitivité sur les marchés nationaux, faire baisser les prix, amélio-rer la qualité et fabriquer des produits plus compétitifs sur les marchés mondiaux;

Renforcer l’intégration régionale permettra à l’Afrique de devenir partie intégrante de l’économie mondiale et d’échapper à une plus grande marginalisation. Or beaucoup reste à faire pour rendre les mécanismes d’intégration régionale de l’Afrique conformes aux exi-gences de l’OMC au titre de l’article XXIV du GATT. L’un des défis pour le continent consistera à garantir une coexistence harmonieuse entre les mécanismes sous-régionaux et le système multilatéral auquel appartient désormais la majorité des pays africains.

L’autre défi sera de renforcer la capacité de ces pays afin de les rendre compétitifs au niveau du système commercial multilatéral. L’élargissement de l’OMC, notamment après la récente admission de la Chine, ne fera que renforcer la concurrence à laquelle doivent faire face les produits africains sur les marchés mondiaux. Pour rester compéti-tifs, les pays africains devraient veiller à ce que leurs programmes d’intégration saisissent les opportunités offertes par la mondialisation, en encourageant les liens transfrontaliers

Renforcer l’intégration régionale permettra à l’Afrique de devenir partie intégrante de l’économie mondiale

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entre unités de production, pour se préparer à prendre part aux processus de production au niveau mondial. Les pays africains, ainsi que les groupements sous-régionaux, devraient examiner les occasions d’accroître leurs exportations en s’efforçant de pro-mouvoir celles qui offrent les meilleures perspectives.

Malgré la perte des accords préférentiels due à la libéralisation des échanges, les pays africains devraient s’efforcer de maintenir leurs parts d’exportation des produits agri-coles traditionnels, notamment du sucre et des boissons tropicales, en améliorant leurs techniques de production et en levant les obstacles dans le domaine de l’offre. Ils devraient aussi accroître les exportations de produits agro-alimentaires et de matières premières en favorisant les investissements destinés à améliorer la production et en sup-primant les goulets d’étranglement au niveau de la transformation locale, tels que l’in-suffisance des infrastructures, les mécanismes de commercialisation peu satisfaisants et les réglementations des opérations de change peu attrayantes.

Les partenaires pauvres peuvent tirer des avantages substantiels des mécanismes d’in-tégration entre pays industrialisés et pays en développement. Les pays industrialisés devraient aider les pays africains à instaurer avec eux des liens plus étroits et à devenir des acteurs plus efficaces au sein de l’économie mondiale. Les organisations interna-tionales peuvent apporter leur aide en encourageant ce genre d’intégration.

Conclusion

La stratégie la plus crédible pour faire face aux problèmes endogènes et exogènes de développement de l’Afrique est celle d’une intégration régionale redynamisée. Pourquoi?

En raison des nombreuses insuffisances qui pèsent sur les capacités et les ressources limi-tées de ces pays. Des efforts collectifs, soutenus par un engagement politique dynamique en matière d’intégration, peuvent aider à surmonter ces énormes défis.

La relance des efforts d’intégration nécessitera une évaluation approfondie des résul-tats obtenus dans ce domaine aux niveaux national, régional et continental, compte tenu des nouvelles réalités continentales et mondiales. Cette évaluation consistera à faire le point sur les progrès accomplis, à mesurer les résultats et les capacités des institutions nationales, régionales et continentales en matière d’intégration régionale. Elle devra également apprécier les politiques dans ce domaine. Les enseignements tirés de l’éva-luation permettront d’orienter les actions futures.

Une question pertinente qui se pose est de savoir dans quelle mesure – le cas échéant – les communautés économiques régionales ont permis aux pays africains de faire face aux défis de développement auxquels ils sont confrontés. L’un des principaux objectifs devrait consister à accroître les possibilités d’investissement pour augmenter les reve-nus des Africains et pour utiliser les ressources non exploitées – réduisant de ce fait la dépendance vis-à-vis du monde extérieur et créant les conditions nécessaires pour un La stratégie la plus

crédible pour faire face aux problèmes endogènes et exogènes de développement de l’Afrique est celle d’une intégration régionale redynamisée

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Possibilités et nécessité 27 développement durable et autonome. Ce n’est que grâce à la transformation des

struc-tures de production africaines qu’un tel développement pourra intervenir. A ce stade, la question qui se pose est de savoir si les communautés économiques régionales ont été les artisans de ces changements, de la transformation socio-économique des économies africaines, de la réduction de la pauvreté généralisée grâce à une croissance soutenue et de la création d’un marché commun africain devant donner naissance à une commu-nauté économique.

Pour comprendre le rôle que jouent la coopération et l’intégration dans la solution des problèmes de développement de l’Afrique, il faut également dépasser ce cadre et analy-ser les objectifs qui ne relèvent pas strictement des communautés économiques régionales.

La paix et la sécurité, les questions environnementales, les engagements de l’Afrique au niveau mondial ne peuvent pas être dissociés des questions d’intégration régionale. Dans certaines régions, les conflits et l’instabilité ont entravé l’intégration régionale. Par ailleurs, le VIH/sida, le paludisme et les autres maladies infectieuses menacent de compromettre l’intégration dans une grande partie du continent. De même, la mondialisation représente un énorme défi pour les perspectives économiques en Afrique et l’évaluation de l’inté-gration régionale sur le continent devra porter sur toutes ces questions.

Notes

1. Coopération régionale fonctionnelle – coopération entre différents pays en vue de la réalisation de tâches spécifiques telles que le développement des infrastructures régio-nales ou le partage des ressources naturelles transfrontalières – qui peut offrir certains des avantages potentiels de l’intégration régionale. Une telle coopération peut être per-çue comme une variante limitée de l’intégration régionale qui peut se faire dans un cadre indépendant ou dans celui d’un mécanisme d’intégration régionale formel.

2. On peut différencier ces mécanismes selon les caractéristiques économiques des pays en partenariat: entre pays industrialisés, entre pays en développement ou entre pays industrialisés et pays en développement; voir El-Agraa 1997 et Banque mondiale 2000b.

3. Viner 1950; DeRosa 1998; Anderson et van Wincoop 2000; Panagariya 2000.

4. Pour une étude des documents de base, voir DeRosa 1998; Robinson et Thierfelder 1999; Venables 2000; Lewis et autres 2002.

5. Entre autres gains signalés, on peut également citer les effets d’échelle et ceux de la concurrence notés par la suite.

6. Les gains sont calculés comme étant la différence entre le PIB dans un contexte d’in-tégration régionale et hors ind’in-tégration du genre spécifié et exprimé en pourcentage du PIB hors intégration.

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7. L’argument général en faveur de la coopération régionale et le rôle joué par les méca-nismes d’intégration régionale pour promouvoir cette coopération sont examinés dans le document de la Banque mondiale (2000b), tandis que Bond (1997) étudie l’inves-tissement régional dans les infrastructures de transport.

8. CEA 1989; Sachs et Warner 1997; Easterly et Levine 1997; Collier et Gunning 1999; Banque mondiale 2000a.

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